Ecole publique, ET mouvement d'éduc populaire

akhela dit:le privé sélectionne peut être sur l'argent mais pour autant ils accueillent beaucoup d'élèves en difficulté (y a même pas mal de boîte privées spécialisées dans l'accueil de cancres irrécupérables).
Sans juger du reste, j'ai eu une fois (bon y a 5-6 ans maintenant) les chiffres du ratio "personnel de l'Educ Nat"/"élèves" dans les pays développer et la France explosait tout sans pour autant que dans les autre pays ils soient 50 par classe sans pions, alors ma question c'est : mais où il est le personnel de l'Educ Nat (puisqu'à priori il est pas dans les classes) ????
(la question est sérieuse et je comprends les profs qui ont pas envie de se retrouver avec des grosses classes de plus de 30 élèves et qu'ils n'ont pas à faire 35heures de présentiel à l'école puisqu'eux leur boulot les raccompagne à la maison et après les cours).



C'est sur qu'on peut avoir des moyens et être en difficulté à l'école :wink:
Sinon voici une partie de la réponse concernant la "localisation" des enseignants :
- Sont comptabilisés les remplaçants qui sont nombreux pour remplacer les absences longues mais aussi les absences de quelques jours.
Le nombre de remplaçant diminue d'ailleurs beaucoup et ça s'en ressent sur les remplacements d'un jour ou deux notamment dans les zones jugées difficiles.
L'objectif du gouvernement est de faire disparaître les prof. remplaçants et de la replacer par une agence employant on ne sait qui.

- Il y a ceux qui sont mis à disposition des associations complémentaires de l'éduc nat. Ces profs sont rémunérés par l'état et comptabilisés, pour autant ils ne sont pas en classe, mais jouent un rôle de passerelle entre association et éduc nat, ce qui me paraît tout à fait pertinent.

- Il y a aussi toutes les "décharges". Les directeurs, les maitres formateurs, ceux engagés dans le syndicalisme bénéficient d'une décharge, c'est à dire d'enseignants qui complètent leur service leur permettant de remplir leurs fonctions (direction, syndical, formation...).

- Sont également comptabilisés les structures spécialisées :
1) RASED, enseignant qui ne sont pas face à une classe mais qui interviennent en classe ou avec de petits groupes d'élèves "extrait" de leur classe.
2) Les enseignants en IME (1 enseignant pour 5 environ, max 1 pour 10).
3) Les SEGPA (1 pour 12).

- Il y a également les enseignants qui sont dans la formation. Ils sont comptabilisés comme enseignant alors qu'ils n'interviennent que dans la formation continue. De même, des enseignants sont détachés pour gérer la question de l'accueil du handicap. Il y a aussi des postes spécifiques liés aux non francophones, à l'accueil des enfants du voyage...

Voila où sont les enseignants.
Voila pourquoi quand Darkos et bien d'autres annoncent des chiffres de 1 pour 12, ça revient à nier la réalité et l'importance d'avoir un contingent plus important.


Sinon, tout comme El Comandante, je vous engage à lire le dernier bouquin de Todd. Facile à lire et très intéressant dans l'ensemble et abordant la question du Sentiment de baisse de niveau.

Après la démocratie de Todd? Ouki c'est noté. Quel est son avis (en gros) sur ce dont nous parlons ?

EDIT: je viens de trouver cet avis sur le livre :
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ac ... id=1059739
Qu'en pensez vous ?

LeChef dit:
Maldoror dit:
Des élèves en grande difficulté, il y en avait aussi il y a cinquante ans. Il ne me semble pas que l'orthographe des jeunes à l'époque était pire qu'aujourd'hui (si je me trompe, merci de m'en apporter la preuve).

Et si tu apportais la preuve de ce que tu avances pour commencer ?
Sinon, la scolarité des enfants il y a 50 ans et aujourd'hui a énormément évolué. Entre 1958 et 2008, l'accès à l'éducation a été démocratisé. "Avant", beaucoup sortait du système scolaire sans diplôme (sans même le certificat d'étude).
Actuellement, il est de plus en plus rare de sortir tôt du système scolaire. Les enfants y restent longtemps et nombreux de ceux qui connaissent des difficultés (qui sont plus nombreux du fait de cette démocratisation) s'y perdent très souvent ou rament, réussissent à décrocher un BAC et se perdent à nouveau à l'université.
Preuve en est, les élites sont toujours au niveau (voir même au dessus) à l'échelle du monde. Par contre, les élèves en difficulté galère sérieusement.
Pour ma part, je pense que la démocratisation de l'accès à l'éducation et à la scolarité constitue un progrès et quelque par une évolution positive et humaniste. Par contre, force est de reconnaître qu'une démocratisation de la réussite scolaire et éducative est nécessaire.
Cette démocratisation ne sera possible qu'avec une formation plus poussée des enseignants, une augmentation des moyens car il est difficile d'enseigner à une classe de 25/30 élèves dont une bonne partie en décrochage, à une valorisation des expérimentations réalisées par les uns et les autres et par un travail en équipe associant enseignants, élèves, associations complémentaires de l'éducation nationale et les parents.
Ce n'est malheureusement pas dans ce sens que va le gouvernement actuel qui cherche à former des travailleurs "prêt à l'emploi" ce qui est très différent.


Tu as raison, avant on sortait sansd diplomes, et on avait des boulots pourris, aujourd'hui on sort avec des diplomes bradés, et on a du mal à trouver un boulot.

L'augmentation des moyens? Peux tu me donner les chiffres de l'évolution du budget de l'éducation nationale depuis 25 ans?

Merci d'avance.

Maldo

Maldoror dit:
Tu as raison, avant on sortait sans diplômes, et on avait des boulots pourris, aujourd'hui on sort avec des diplômes bradés, et on a du mal à trouver un boulot.
Maldo

Merci de me donner raison sur quelque chose que je n'ai pas écris...
Merci également de dévaloriser les diplômes de tout le monde également. Je m'en vais de ce pas jeter les miens à la poubelle du coup.
Maldoror dit:
L'augmentation des moyens? Peux tu me donner les chiffres de l'évolution du budget de l'éducation nationale depuis 25 ans?


Où veux-tu en venir ?

merci LeChef, la différence dans les stat que j'avais vu doivent alors peut être venir de la manière de compter dans les différents pays

Maldoror dit:Le fait de pouvoir virer un élève est une très bonne chose, si les parents ne sont pas capables d'élever leur gamin, ce n'est pas à l'école de le faire.


Autant je suis tout à fait d'accord pour dire que l'éducation est un tout et que les parents y ont une place prépondérante, et qu'ils ne doivent pas s'en remettre totalement à l'école, autant laisser des gamins sur le carreau parce qu'ils ont eu la malchance de naitre de parents irresponsables (et plus tard refaire un tour de cercle vicieux), ce n'est pas l'objectif que doit avoir une société. Un des objectifs de l'école, c'est aussi la socialisation, dans tous les sens du terme, et pas seulement de fabriquer des élites qui s'en sortent très bien sans elle.

LeChef dit:
Maldoror dit:
Tu as raison, avant on sortait sans diplômes, et on avait des boulots pourris, aujourd'hui on sort avec des diplômes bradés, et on a du mal à trouver un boulot.
Maldo

Merci de me donner raison sur quelque chose que je n'ai pas écris...
Merci également de dévaloriser les diplômes de tout le monde également. Je m'en vais de ce pas jeter les miens à la poubelle du coup.
Maldoror dit:
L'augmentation des moyens? Peux tu me donner les chiffres de l'évolution du budget de l'éducation nationale depuis 25 ans?

Où veux-tu en venir ?


Une grande majorité des diplômes ont été dévalorisés. Je e pense pas qu'il faille un BTS pour tenir une caisse à la FNAC.

Là où je veux en venir, c'est que c'est un leurre de croire que plus de moyens permettront à l'école d'être plus efficace et de former de meileurs citoyens. J'en veux pour preuve que les gens qui sortent aujourd'hui de terminale ne sont pas plus intelligents, plus cultivés, que ceux qui sortaient de terminale en 1980. Or depuis les moyens de l'Ed Nat ont explosé.

Croire que l'argent permet de mieux enseigner un savoir ou des valeurs, c'est à mon sens avoir une bien piètre idée de la fonction enseignante.

scand1sk dit:
Maldoror dit:Le fait de pouvoir virer un élève est une très bonne chose, si les parents ne sont pas capables d'élever leur gamin, ce n'est pas à l'école de le faire.

Autant je suis tout à fait d'accord pour dire que l'éducation est un tout et que les parents y ont une place prépondérante, et qu'ils ne doivent pas s'en remettre totalement à l'école, autant laisser des gamins sur le carreau parce qu'ils ont eu la malchance de naitre de parents irresponsables (et plus tard refaire un tour de cercle vicieux), ce n'est pas l'objectif que doit avoir une société. Un des objectifs de l'école, c'est aussi la socialisation, dans tous les sens du terme, et pas seulement de fabriquer des élites qui s'en sortent très bien sans elle.


Croire que 100% des élèves peuvent s'en sortir, c'est croire, comme jospin, en une société avec 0% de SDF.

C'est un but vers lequel il faut tendre, mais il faut être humble quant à la possibilité pour l'humain d'évoluer vraiment.

L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Maldo

Keiyan dit:En même temps, question bête : quel était le pourcentage d'analphabètes ou d'illettrés en 1950 ?


C'est une question intéressante ça. Pas trouvé de chiffres mais une indication intéressante : plus de la moitié de la population illettrée est âgée de plus de 45 ans d'après l'ANLCI.

@Maldoror :
Je me permettrai de réagir à propos des moyens et à "l'impossiblilité que 100% des élèves puissent s'en sortir" plus tard, j'ai pas trop le temps.


J'apporte une précision sur l'évolution de l'école sur le plan qualitatif. Ces chiffres sont extraits du bouquin d'Emmanuel Todd (El Comandante, je te propose que nous le contactions pour demander un part sur les bénéfices :wink: ) qui lui même les a extrait des ouvrages suivant :

JP Rivière, Illetrisme, la France cachée, publié en 2001
V. Troger et coll. Une histoire de l'éducation et de la formation, publié en 2006.
Ministère de l'éduc nat, L'éducation nationale en chiffres 2006-2007, publié en 2008


Nombre de sortants sans qualification :
1965 = 35%
1980 = 15%
1990 = 7,5% puis stabilisation

Baccalauréat général, proportion d'une génération
1950 = 4,8%
1960 = 11,3%
1970 = 16,7%
1980 = 25,9%
1990 = 27,9%
1997 à 2006 = environ 33%, stagnation là encore.

Evolution du "niveau supposé" du BAC
résultat du test de raisonnement et de logique passé par les conscrits :
Progression de 18% entre 1981 et 1995.

Il écrit également : "A niveau scolaire équivalent, les performances sont constantes, avec une hausse légère pour les titulaires du baccalauréat".
Extrait de JC Emin et P Esquieu "un Siècle d'Education", Données sociales, INSEE 1999 (p. 40-48).

Par contre, il insiste sur l'idée de stagnation ("pause éducative")qui selon lui conduit à l'interrogation et conduit à la "déprime scolaire" bien relayé par un certain nombre de "déclinologue" (Finkelkraut, Philippe Muray, Nicolas Baverez...).

C'est un "résumé" un peu pèle mèle et rapide.

J'en profite pour répondre à Le Chat (si je ne me trompe) concernant la critique du bouquin de Todd. Comme elle est extraite du monde, je ne peux en lire que quelques lignes (4/5 pas plus). Ce que je lis est tout bonnement NUL.
Pourquoi, simplement parce qu'elle ne concerne qu'une partie du livre, qu'elles occultent toute la recherche effectuée et notamment l'apport théorique et historique faisant un lien entre structure familiale et politique. Ce travail est très documenté et reconnu des universitaires. Il a d'ailleurs fait l'objet d'un bouquin entier.
Après la pensée de Todd peut être discutée, nuancée... mais avec un minimum de rigueur intellectuel.
Maintenant cette rigueur transparaît plus dans le suite de l'article mis en lien... reste que j'en doute un peu.

LeChef dit:@Maldoror :
Je me permettrai de réagir à propos des moyens et à "l'impossiblilité que 100% des élèves puissent s'en sortir" plus tard, j'ai pas trop le temps.

J'apporte une précision sur l'évolution de l'école sur le plan qualitatif. Ces chiffres sont extraits du bouquin d'Emmanuel Todd (El Comandante, je te propose que nous le contactions pour demander un part sur les bénéfices :wink: ) qui lui même les a extrait des ouvrages suivant :
JP Rivière, Illetrisme, la France cachée, publié en 2001
V. Troger et coll. Une histoire de l'éducation et de la formation, publié en 2006.
Ministère de l'éduc nat, L'éducation nationale en chiffres 2006-2007, publié en 2008

Nombre de sortants sans qualification :
1965 = 35%
1980 = 15%
1990 = 7,5% puis stabilisation
Baccalauréat général, proportion d'une génération
1950 = 4,8%
1960 = 11,3%
1970 = 16,7%
1980 = 25,9%
1990 = 27,9%
1997 à 2006 = environ 33%, stagnation là encore.
Evolution du "niveau supposé" du BAC
résultat du test de raisonnement et de logique passé par les conscrits :
Progression de 18% entre 1981 et 1995.
Il écrit également : "A niveau scolaire équivalent, les performances sont constantes, avec une hausse légère pour les titulaires du baccalauréat".
Extrait de JC Emin et P Esquieu "un Siècle d'Education", Données sociales, INSEE 1999 (p. 40-48).
Par contre, il insiste sur l'idée de stagnation ("pause éducative")qui selon lui conduit à l'interrogation et conduit à la "déprime scolaire" bien relayé par un certain nombre de "déclinologue" (Finkelkraut, Philippe Muray, Nicolas Baverez...).
C'est un "résumé" un peu pèle mèle et rapide.
J'en profite pour répondre à Vieux Chat (si je ne me trompe) concernant la critique du bouquin de Todd. Comme elle est extraite du monde, je ne peux en lire que quelques lignes (4/5 pas plus). Ce que je lis est tout bonnement NUL.
Pourquoi, simplement parce qu'elle ne concerne qu'une partie du livre, qu'elles occultent toute la recherche effectuée et notamment l'apport théorique et historique faisant un lien entre structure familiale et politique. Ce travail est très documenté et reconnu des universitaires. Il a d'ailleurs fait l'objet d'un bouquin entier.
Après la pensée de Todd peut être discutée, nuancée... mais avec un minimum de rigueur intellectuel.
Maintenant cette rigueur transparaît plus dans le suite de l'article mis en lien... reste que j'en doute un peu.
LeChef dit:Comme elle est extraite du monde, je ne peux en lire que quelques lignes (4/5 pas plus). Ce que je lis est tout bonnement NUL.

Pour les ceusses intéressés par l'article :wink:

La démocratie court à sa perte. Les valeurs religieuses (le christianisme, le communisme...) se sont effondrées. Le libre-échangisme et son corollaire, la globalisation, détruisent la société à petit feu. Et, pour ne rien arranger, les Français ont élu à leur tête un président « incapable d'exercer le pouvoir ». Un homme qui, sitôt en place, s'est aligné sur les Etats-Unis, tel « un rat pressé d'embarquer sur un navire qui coule ».
Telle est, en quelques mots, la thèse de ce livre coruscant, excessif et déphasé. Déphasé car Emmanuel Todd n'avait pas prévu que la crise financière « représidentialiserait » Nicolas Sarkozy. Ni que « l'Amérique bushiste », qu'il maudit, élirait Barack Obama.
Esprit original et emporté, Emmanuel Todd n'est pas plus indulgent avec les socialistes. Il accuse le PS d'avoir trahi les valeurs de la gauche en se convertissant au capitalisme financier. Il décèle dans la popularité de Ségolène Royal le signe de la « décomposition » du politique. Et il met sur le compte d'un « carriérisme cynique » la promotion du socialiste Pascal Lamy à la tête de l'Organisation mondiale du commerce et celle de Dominique Strauss-Kahn à la direction du Fonds monétaire international.
Il y revient souvent : les élites socialistes sont à mettre dans le même sac que Nicolas Sarkozy. Historien, démographe et sociologue, il voit dans leur complicité objective l'explication du vide idéologique dans lequel la France a sombré. Avec pour conséquence « une montée en puissance des forces antidémocratiques ».
L'exploration de ce vide idéologique est au coeur de sa démonstration. L'effritement des grandes croyances religieuses, explique Emmanuel Todd, accentue le recul du politique. Mais ce recul tient aussi à l'élévation du niveau des connaissances. Affirmation dérangeante pour qui croit que l'éducation favorise mécaniquement la démocratie. C'était vrai hier. Mais les temps changent. L'augmentation des diplômés de l'enseignement supérieur, observe Emmanuel Todd, a modifié la donne en créant une catégorie d'individus réfractaires « aux fortes affiliations qui structuraient la nation, la république, le champ social ».
Ajoutez à ce sombre tableau la tentation de combler le vide religieux et idéologique qu'il dénonce par des revendications identitaires : vitupération de l'islam, création d'un ministère de l'identité nationale, « ethnicisation » de l'imaginaire national... Et l'on comprend pourquoi ce livre a pour titre Après la démocratie.
Celle-ci serait menacée de disparition. Emmanuel Todd n'exclut pas un « coup d'Etat » dont il perçoit la tentation chez Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Il soupçonne de même les socialistes de vouloir « retirer le droit de suffrage au peuple, ou du moins en limiter sérieusement l'exercice ».
On se demande par moments s'il plaisante, mais ce n'est pas le genre. Emmanuel Todd est persuadé que le libre-échange et la mondialisation, considérés par les élites hexagonales comme un horizon indépassable, ont désintégré la société française. Et que ce divorce annonce un nouvel âge de la démocratie, sans le peuple.
La solution coule de source : renoncer à la mondialisation et instituer un protectionnisme salvateur aux frontières de l'Europe. Grâce à ce protectionnisme raisonné, les salaires français, tirés aujourd'hui vers le bas par les ouvriers chinois, remonteront. La cohésion nationale en sortira renforcée. Et la démocratie, enfin !, retrouvera des couleurs.
Saupoudrée de jugements à l'emporte-pièce, cette démonstration hésite souvent entre l'essai et le pamphlet. Elle perd du coup de sa force. Surtout, Emmanuel Todd pèche par présomption. Si la solution qu'il défend était la panacée, on le suivrait sans hésitation. Hélas...

Maldoror dit:Une grande majorité des diplômes ont été dévalorisés. Je e pense pas qu'il faille un BTS pour tenir une caisse à la FNAC.
Là où je veux en venir, c'est que c'est un leurre de croire que plus de moyens permettront à l'école d'être plus efficace et de former de meileurs citoyens. J'en veux pour preuve que les gens qui sortent aujourd'hui de terminale ne sont pas plus intelligents, plus cultivés, que ceux qui sortaient de terminale en 1980. Or depuis les moyens de l'Ed Nat ont explosé.
Croire que l'argent permet de mieux enseigner un savoir ou des valeurs, c'est à mon sens avoir une bien piètre idée de la fonction enseignante.


Ou je deviens une vraie troll ou Madoror se bonifie... :mrgreen:

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis. L'élitisme (parce qu'en fait c'est un peu de ça qu'il s'agit) n'est pas bon dans tous les domaines mais pas d'élitisme, c'est tout aussi nul.

Le mec qui a un BTS, il se retrouve caissier à la fac et il se dit qu'avec son diplôme, il aurait dû trouver mieux... Du coup, il est malheureux.
Deux choses l'une: si le mec qui a un BTS est con comme un balai, c'est peut-être normal qu'il ne trouve pas mieux... mais dans ce cas là, c'est hallucinant qu'il ait un BTS.... Si inversement, le mec est un bon, qu'il mérite son BTS, c'est quand même malheureux que son diplôme ne suffise pas à lui ouvrir d'autres portes que celles du tiroir-caisse de la FNAC...

Je le vois tous les jours avec des ingénieurs: pour moi quand j'étais petite, un ingénieur c'était Waouh !!! Maintenant, quand on voit certaines personnes qui ont leur diplôme, c'est à pleurer... Et inversement, ceux qui sont très bons n'arrivent pas à se faire reconnaïtre parce qu'ils ont un diplôme que tout le monde a aussi...

Dans tout ce débat, on ne fait pas la différence entre éducation et formation professionnelle. Avoir un minimum de bagage, de culture, c'est très bien et c'est bien que le plus possible de monde puisse l'avoir. Par contre, si le principe d'un diplôme est de garantir à un employeur un certain niveau de capacité, je ne vois pas l'intérêt de faire en sorte que tout le monde ait le meme niveau...

Après les histoires de budget de l'éducation nationale, je suis assez d'accord pour dire que, comme pour la plupart des budgets de l'état, il est mal employé (mauvaise répartition) et son usage est mal contrôlé. Par contre, je ne pense pas que faire des coupes sombres dans les effectifs soient le meilleur moyen d'optimiser la gestion de ce budget... Ne pas filer de l'argent pour filer de l'argent, je suis d'accord... il faut mieux contrôler comment cet argent est utilisé. Mais ce n'est pas en supprimant des postes sans regarder comment le reste de l'argent est utilisé que ça ira mieux...

moi je pointerais deux gros défaut dans le système éducatif français (pas dans l'Educ Nat en elle même hein, là ce que je veux dire c'est que c'est un problème de mentalité en général).
1) les voies professionnelles manuelles sont complètement dévalorisées ... et par les profs eux-mêmes parfois (souvent) : dans mon bahut on avait des charrettes entières du gugus qui n'avaient ni le niveau ni la réelle envie de faire des études que les collèges envoyaient malgré tout en section générale, pour finalement y redoubler et se faire réorienter en section pro ou techno mais après s'être fait humilier et traité de con par certains profs qui ne comprenaient (bon moi non plus à l'époque mais j'avais 16 ans) pas que les études c'est pas fait pour tout le monde (que ça n'intéresse pas tout le monde .... surtout pas des matières très théoriques : français, math, histoires ... et d'ailleurs dès qu'un prof de sciences faisait dans le pratique ça marchait souvent mieux pour ces élèves).
2) le monde du travail en France a le culte du diplôme : tu as un diplôme avec un titre qui en jette tu seras le roi (HEC, Science Po, mais même dans les facs c'est devenu un vrai sport de rendre les cursus attractifs en faisant de la com sur l'intitulé : Ex: à Strasbourg j'ai commencé comme étudiant en droit pour finir diplômé en "Droit et Études Européennes" ... ça veut rien dire mais ça en met plein la vue). Le pire c'est qu'on ne regarde même plus le contenu du diplôme mais uniquement l'intitulé, ainsi n'importe quel diplômé de la pire fac de sciences éco de France aura de meilleurs connaissances en finance et en économie qu'un diplômé d'HEC Paris, mais le gus d'HEC aura un salaire de départ 2 à 3 fois plus élevé et ne connaîtra pas le chômage (bon en plus il aura un sacré carnet d'adresses), même chose avec les IEP où on apprend à parler de la pluie et du beau temps et ça marche parce que les concours sont taillé pour eux (pour être juge : droit = coef 1 x 2 matières, culture gé = coef 4 et langue c'est au moins coef 1 voir 2, bref Science Po coef 5ou 6 contre fac de droit coef 2).

3) Que le système scolaire français ne forme absolument pas au monde du travail où les notions de conscience professionnelle, travail en équipe, applications pratiques, psychologie, pédagogie, gestion de carrière, devotion à son patron (euh non, là je m'égare) ne sont pas ou mal enseignés

Personnellement, j'ai plus appris dans tous ces domaines en 25 ans de tennis qu'en 20 ans d'études...

Vieux chat dit:Après la démocratie de Todd? Ouki c'est noté. Quel est son avis (en gros) sur ce dont nous parlons ?
EDIT: je viens de trouver cet avis sur le livre :
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ac ... id=1059739
Qu'en pensez vous ?

Ca m'interroge car ce que je peux lire de la critique :
(livre)Déphasé car Emmanuel Todd n'avait pas prévu que la crise financière « représidentialiserait » Nicolas Sarkozy. Ni que « l'Amérique bushiste », qu'il maudit, élirait Barack Obama


...n'a rien à voir avec le sujet central du bouquin. :shock:

Attention, ce livre n'est pas une bible, mais il apporte plein de données et se prête à pas mal de discussions.

C'est marrant, j'suis venu sur ce topic parce qu'il y avait marqué (avec de grosses majuscules qui pré-figurait qu'on en parlerait) ET les mouvements d'éducation populaire. Au passage Education nationale ça prend un E majuscule, pas éducation populaire :P

Je risque d'être un peu long, mais j'ai l'impression (qu'encore une fois ^^) l'éducation populaire a été le grand oublié :

Donc pour apporter ma pierre à l'édifice en tant qu'acteur de l'éducation populaire, je dois avouer que la politique restrictive en terme de budget a un effet assez dévastateur aussi. Notre "chance" c'est que l'éducation populaire, longuement soutenu par l'Etat par l'intermédiaire notamment du ministère de la jeunesse et des Sport (parfois en lien avec l'Educ Nat et la Culture) s'est aussi développée indépendamment de ce dernier via le monde associatif et depuis quelques années via les collectivités territoriales. Moins tributaire des orientations politiques du château, l'éduc pop a aussi perdu cet égalitarisme républicain sur le territoire national.

Exemple chez nous dans les Côtes d'Armor : présence faible des grandes fédérations d'éduc pop (MJC, Ligue de l'enseignement/FOL, CEMEA etc ...) même celles à tendance catho (bon pour ça, j'suis pas trop triste). Par contre les collectivités (le département pendant un temps, mais surtout les communes et communautés de communes) ont prit en charge l'éducation populaire. Le soucis étant que selon les étiquettes et orientations politiques de ces collectivités on a le droit à tout et n'importe quoi selon le territoire. (heureusement le travail d'animateur est tel que la mise en réseau est obligatoire et qu'une certaine cohérence finit par émerger au niveau des professionnels à défaut des politiques de chaque service où ces professionnels travaillent)

Bref, là où l'Education nationale, malgré de grosse disparités en terme de qualité, reste à peu près égalitaire, il en complètement différemment de l'éduc pop. A titre d'exemple toujours, dans la collectivité où je travaille, nous avions des objectifs très précis à propos de nos actions en terme d'autonomie, d'expression, d'implication citoyenne des jeunes de 12 à 25 ans sur notre territoire. Parallèlement nous avions des missions de prévention santé, d'aide à l'intégration par l'information et l'accompagnement pour des jobs/logements/projets divers etc ...
Avec nos restrictions budgétaires (celles venant de la CAF, le ministère jeunesse et sports n'a plus de sous depuis ... en a-t-il déjà eu ?), nos service vont tendre vers du loisir uniquement à base d'activités payantes que nous appelons "activités de consommation" (sorties laser-game/bowling/ciné pour schématiser) car ça coûte bien moins cher que ce que j'ai cité précédemment et qu'en dehors de l'encadrement ça ne demande pas vraiment de personnel qualifié (un animateur territorial catégorie B ça coûte quand même plus cher qu'un contractuel/pigiste/saisonnier qui vient juste le jour de l'activité ou du séjour).

Et puis auprès d'élus, usagers qui s'intéressent pas trop à la chose : 20 jeunes qui foutent la paix à leurs parents le temps d'une soirée patinoire-karting ça se quantifie faclement (pour la CAF aussi d'ailleurs), 20 jeunes qu'on aide à trouver un job et logement pour prendre leur autonomie car situation conflictuelle avec les parents avec le système scolaire ou autre, ça c'est difficile à présenter sur les bilans (d'autant que nos service d'infos sont anonymes), des classes entières qu'on informe sur les IST et les formes de violences et de contrôles c'est toujours plus obscurs que des classes qui partent en séjour neige. Les interventions sous formes d'ateliers de théâtre forum etc auprès des parents/profs/jeunes pour apporter des solutions de compréhensions entre ces différents acteurs ça s'oublie, les bons CAF de ces mêmes parents pour aller faire du rafting ou de l'escalade : c'est chiffré. Voilà où est le drame : le chiffre et la rentabilité appliqués aux services à la population.

En dehors du fait que seules les familles qui ont les moyens accèderont à ces services, nous ne proposons plus grand chose pour pallier à certaines carences de l'Educ nat. Ces élèves qui ne s'épanouissent pas dans l'univers scolaire du "contrôle" (et non de l'évaluation) et de la mise en valeur d'une forme d'intelligence sur d'autres qualités tout aussi essentielles n'auront plus leur place et leur mise en valeur au sein de la communauté. Ce qui ne fera que créer un peu plus l'écart (qu'on constate au collège) entre les futures élites qui agiront sur leur environnement socio-économique et le lumpen-citoyen qui lui, le subira.

Le secteur de l'éduc pop n'est plus angélique et connaît pas mal de travers : l'arroser de financements n'est pas une solution (ça évitera que Maldo me tacle gentiment là dessus :mrgreen: ), mais l'orientation qu'on lui donne va finir par assimiler les animateurs socio-culturel à des GO du club Med et ça, même en exagérant un peu, ça préfigure rien de bon.

Maldo parlait du rôle des parents, qui reste essentiel (même si je ne suis pas aussi généraliste que lui sur la façon de juger si facilement les parents) et à mon sens c'est le premier agent de socialisation pour l'enfant, il doit donc être irréprochable autant que possible (mais en dehors de ces "réels" mauvais parents, donne-t-on la possibilité aux parents d'aujourd'hui d'être irréprochables ? J'y crois pas un seul instant).
L'école et l'Education nationale joue un second rôle vital aussi mais qui connaît des travers que vous avez en grande partie abordé.
Reste ensuite l'éduc pop qui pour certains ne sera qu'un complément d'épanouissement, d'éducation, de découvertes de connaissances, de comportements et de savoir-faire. Pour d'autres, l'éducation populaire a complètement fait d'eux ce qu'ils sont actuellement et leur a permit d'arriver là où ils sont aujourd'hui quand la famille et l'école ont été des échecs.
Mais ce secteur de la dernière chance est en train de se faire dévoyer et de perdre ses grands idéaux fondés par Condorcet suite à la Révolution française, qui s'est cherché pendant tout le 19e siècle (1848, la Commune, 1901 etc ...) et relancé pendant le Front Pop et dans l'élan des mouvements de la Résistance qui ont accouché de nos chères valeurs républicaines qu'on avilit aujourd'hui.

C'est le constat actuel de ces 3 grands agents de socialisation (famille, Education nationale et éducation populaire) qui laisse présager du pire pour nos enfants qui se construisent, pour certains, davantage par les groupes de pairs non-encadré et les médias (TV, Internet) ... qui peuvent pourtant tous deux être de très bons outils éducatifs quand on sait les utiliser et qu'on ne les laisse pas sauvagement guidés par les principes du libéralisme (pas forcément éco) débridé (au nom parfois des valeurs soixante-huitardes)

+1 Shix.

Sinon voici l'évolution du budget Educ nat au cours des dernières années :
http://media.education.gouv.fr/file/32/0/2320.pdf

Le budget augmente certe, mais il est plus ou moins indexer sur le PIB.

Nombre d'élèves par enseignant en élémentaire (CP à CM2).
http://www.education.gouv.fr/cid4096/le ... degre.html
Dernier graphique. Finalement, c'est pas tant le luxe que ça en France.

Evolution du nombre d'élève de 2006 à 2015 : augmentation de 91000 élèves :
http://media.education.gouv.fr/file/02/2/5022.pdf
Le nombre d'élèves va augmenter alors que le nombre d'enseignants diminuent actuellement.

Pour info, au sujet du dernier Todd: lu pour vous : Après la démocratie. Essai sur la décomposition des démocraties

Je trouve cette présentation du bouquin plus à l'image de ce que j'ai lu.
J'apprécie en tout cas l'effort de présentation du livre pleine de détails contrairement à l'autre article, même dans son intégralité.