[CR] Cedar Mountain (Vae Victis n° 153)

[Cedar Mountain 1862]

Eté 1862… un soleil de plomb s’abat sur le comté de Culpeper, en Virginie. Exténués par une marche soutenue dans la chaleur et la poussière, les soldats confédérés prennent place sur le versant est de Cedar Mountain en observant avec inquiétude les troupes de l’Union déjà déployées en face de leurs positions. L’après-midi est bien entamé, et pourtant ce 9 août ne fait que commencer.

Chose promise, chose due; un petit CR de partie sur Cedar Mountain, le jeu en encart proposé dans le dernier Vae Victis, écrit par Pascal Toupy (“paspas” sur ce forum), et utilisant le système Civil War Brigade Series de Worthington Publishing, une mécanique consacrée aux batailles de la Guerre Civile U.S à l’échelle de la brigade. Déjà deux opus ont été publiés; Antietam (dont nous parlons ici) et Shiloh (dont on parle ).

Le système se veut léger (8 pages de règles “standards”) mais néanmoins pas dénué d’intérêt dans les choix à faire comme nous allons le voir par la suite. Les unités de combat (infanterie, cavalerie et artillerie) sont caractérisées par leur Facteur de Combat (FC) qui représente à la fois leur effectif et leur capacité de combat (cette valeur “s’émousse” au fil des pertes) et leur moral (trois couleurs; “or” -le meilleur-, “noir” -normal- et “vert” -le plus faible-). La chaine de commandement est prise en compte et la séquence de jeu, assez courte, se mémorise aisément.

Le scénario joué ici est le scénario historique; quelques variantes sont proposées dans le magazine.

Enfin, je m’excuse par avance pour la qualité des photos; j’ai joué en nocturne avec un éclairage direct au-dessus de la table ce qui crée une ombre disgracieuse (celle de mon téléphone portable !).

La situation de départ


Les positions confédérées, avec le flanc gauche couvert par la division du Général Charles S. Winder; ce dernier est malade depuis plusieurs jours mais il a tenu à être présent pour mener ses hommes et ce malgré les ordres de son chirurgien. Sa position est essentielle car il verrouille le carrefour de Crittenden Gate qui permettrait aux “bleus” de s’engouffrer sur le plateau où sont installés les “gris”. Winder a sous ses ordres paradoxalement la meilleure brigade sudiste (la Brigade Stonewall et son moral “or”, tout à gauche du dispositif) et la plus “jeune” (la Brigade Garnett et son moral “vert”).

Le centre du plateau est occupé par trois batteries (Walker, Courtney et Dement), couvertes par deux grosses brigades (Early et Thomas, FC 16).

A l’extrême droite des positions confédérées se trouve la division menée par le Major général Richard S. Ewell, mais ce dernier a reçu pour consigne de ne pas faire mouvement pour le moment (en terme de jeu, ces unités ne peuvent bouger qu’à compter du tour 7).


L’armée confédérée est dirigée par le Major général Thomas J. “Stonewall” Jackson dont la réputation n’est plus à faire. D’ailleurs, quelques mois auparavant, ses manoeuvres ont ridiculisé son adversaire du jour, le Major général Nathaniel Banks, lors de la campagne de la vallée de la Shenandoah. Peut-être est-ce l’envie de revanche de Banks qui le pousse, en ce chaud samedi, à attaquer alors que les consignes de son supérieur, le Major général John Pope, sont de tenir une ligne défensive en cas de rencontre avec l’ennemi ?


Les forces de l’Union reposent sur une importante concentration d’artillerie (les Réserves 1 à 6). La Première Division, menée par le Brigadier général Alpheus S. Williams, dispose de deux grosses brigades; la Brigade Gordon (FC 15) et la Brigade Crawford (FC 18). Leur tâche est simple; prendre Crittenden Gate !

La Deuxième Division, menée par le Brigadier général Christopher C. Augur, dispose de trois brigades de taille plus modeste (Geary, Prince et Greene). Ce sont pourtant elles qui mèneront l’assaut frontal, directement sur les positions confédérées !

Enfin, la brigade de cavalerie menée par le Brigadier général George D. Bayard jouera les électrons libres et ira là où l’on a besoin d’elle; ces tuniques bleues commencent “démontées” afin d’être opérationnelles au combat (une unité de cavalerie qui combat “à cheval” voit son FC divisé par deux).

Note: Comme il convient de rendre à César ce qui appartient à César, la plupart des détails historiques utilisés dans ce récit proviennent de l’article de Pascal Toupy, Cedar Mountain: Stonewall Jackson forge sa légende, dans le dernier Vae Victis. Le reste provient de quelques recherches sur Internet. L’ordre de bataille provient de la page Wikipédia liée à la bataille.

Je suis impatient de lire la suite. Moi aussi j’ai beaucoup apprécié ce jeu sur la partie solo que j’ai faite.

Merci Uphir pour ce début de CR et vivement la suite !

Super ce que tu as fait Uphir,

A titre perso j’attends la suite avec impatience pour comparer le résultat de ta partie avec les miennes.

Sinon, c’est très bien de mettre en avant un jeu Vae Victis. Ils sortent plus d’un jeu tous les 2 mois (avec des hors séries) et j’ai très peu vu de forum sur Tric trac évoquant leur travail. 

Vivement que tu postes la suite. Ne perds pas de temps à aller sur d’autres forums yes

Amicalement.

Merci de votre intérêt.

Tour 3, 16h20

Non, non, vous n’avez rien manqué ! Le scénario historique commence au tour 3, à 16h20, heure à laquelle l’Union lança son attaque. Les tours 1 et 2 sont utilisés dans la variante qui voit les unités des deux camps rejoindre le champ de bataille; historiquement, la marche des confédérés pour arriver à Cedar Mountain fut très chaotique, la faute aux ordres de Jackson qui provoquèrent un bel embouteillage et des mélanges entre les différentes brigades qui faillirent coûter la victoire aux sudistes. Mais laissons de côté ce what if pour cette partie…

Comme dans la réalité, le scénario s’ouvre par un échange de tirs d’artillerie; seule cette phase pour les deux camps est autorisée au tour 3. Et ce sont les “bleus” qui ouvrent le bal !

Afin de maximiser son efficacité, Banks concentre ses batteries par trois, et c’est là le premier constat sur le système; pour ne pas être trop dépendant du dé (ici un dé à dix faces), il faut aller chercher de gros FC pour son attaque. Je n’ai pas le tableau sous les yeux mais comme cela, je dirai qu’à FC 20 et plus, on commence à être serein.

Les réserves d’artillerie 4, 5 et 6 (FC 21 au cumulé) tirent sur la batterie Andrews qui couvre la route qui mène à Crittenden Gate; cette position sudiste est bien gênante car elle est sur l’axe d’attaque de la Division Williams et prendre d’assaut une artillerie est un exercice périlleux (à “bout portant”, les unités d’artillerie voient leur FC multiplié par deux). Quelques canons sont perdus (-1 FC) mais les “gris” ne reculent pas (les résultats de la table de combat peuvent provoquer des pertes de FC, des retraites, et sauf résultat “-”, des jets de moral en toute circonstance). A l’opposé du champ de bataille, les réserves d’artillerie 1, 2 et 3 (FC 18 au cumulé) tirent sur la batterie Dement… sans résultat !

Les confédérés ripostent à leur tour ! Les batteries Andrews et Walker ciblent la réserve d’artillerie 6, la plus grosse unité de canons (FC 9) de l’Union; c’est touché et quelques artilleurs “bleus” perdent leur outil de travail (-1 FC). Néanmoins, ils ne perdent pas leur sang-froid et restent en position. Les batteries Courtney et Dement tirent sur la réserve d’artillerie 2 sans lui faire de mal.


Un premier tour stérile donc, qui se solde par un différentiel de points de victoire de 0 ! En effet, chaque camp marque 1 PV par point de FC qu’il fait perdre à l’autre. Ici, chaque camp ayant perdu 1 FC sur ce tour, la différence est vite calculée.

C’est peut-être l’un des process les plus rébarbatif du système; personnellement, j’ai utilisé un tableur Excel pour noter les pertes de FC au fil du combat (et avoir ainsi un fil récapitulatif pour rédiger ce CR), mais c’est au final assez fastidieux. “Fatmax” proposait de ne compter les pertes de FC qu’à la fin de la partie, ce qui donne un brouillard de guerre fort sympathique mais peut frustrer les calculateurs du fait que l’on ne sait pas vraiment où l’on en est par rapport à la victoire (il faut se fier à son “feeling” et il n’est pas toujours bon, j’y reviendrai en conclusion). Sinon, je pense qu’un simple papier avec deux colonnes et des “bâtons” au fur et à mesure des pertes doit se faire rapidement.

A venir, le tour 4 et le début des manoeuvres.

Note: Il y a bien un compteur de PVs (et les marqueurs associés) sur le bord de la carte mais bizarrement, en quatre parties, je ne l’ai jamais utilisé !

Juste pour rappel, les propos de Fatmax66 sur le comptage de PVs en cours de partie (tiré du topic sur Antietam 1862):
 

VERDICT: Le jeu est très simple à jouer hormis un peu de subtilités sur les lignes de vue des canons.On compte les points pour chaque perte mais comme lu sur les forums américain c est inutile autant le faire en fin de partie. D autant que selon comment c est embouché c est inutile de le faire…on sait facilement qui gagne.

 

Tour 4, 17h00

Avant de détailler les évènements de ce tour, un petit mot sur la séquence de jeu. Le système est un I go / U go “classique” avec une interruption du joueur “non actif” en milieu de phase, ce qui change pas mal de choses. Le joueur A (dans ce scénario l’Union) commence par vérifier que ses unités sont commandées, puis fait tirer son artillerie. Il effectue ensuite ses mouvements, et son adversaire enchaine alors avec une phase de “tir défensif”. Ceci fait, le joueur A peut effectuer ses attaques et son tour se termine par une phase de ralliement. Le joueur B suit la même séquence de jeu avant que le marqueur de tour ne soit avancé sur la piste.

La subtilité vient, vous l’aurez compris, de cette phase de “tir défensif” qui se produit avant les attaques; qui faire attaquer et où est la question que l’on se pose le plus souvent, et ce d’autant plus que le moindre résultat “positif” sur la table de combat engendre un jet de moral qui peut transformer une superbe offensive en déroute totale avant même d’avoir eu une chance d’attaquer. Faire avancer ses plus grosses brigades est loin de garantir le succès, tout comme le défenseur n’est pas à l’abri de voir sa belle ligne flancher sous l’effet de l’artillerie.

Bien évidemment, on peut essayer de “fiabiliser” les jets de moral de ses troupes en leur attachant des leaders, et ce afin d’optimiser ses chances de réussir une offensive ou de tenir un point clef. Mais ce faisant, on les expose à des jets de perte, perte qui désorganise la chaine de commandement…

Bref, il y a un bel équilibre qui n’apparaît pas forcément à la lecture des “courtes” règles de la série mais qui dans les faits offre une belle profondeur… et pas mal de réflexion. Mais trêve de bavardages…

Focalisées sur la batterie Andrews, les réserves d’artillerie 4, 5 et 6 font à nouveau pleuvoir leurs boulets sur l’artillerie sudiste; malheureusement pour l’Union, sans efficacité ! En revanche, les réserves 1, 2 et 3 visent à nouveau la batterie Dement; cette fois-ci, le moral des “gris” est atteint ! Les artilleurs confédérés réattellent à la hâte leurs pièces, opération qui ne se fait pas sans perte, et retraite du plateau (une unité d’artillerie qui rate un jet de moral perd automatiquement 1 de FC en déroutant).


Encouragé par ce premier succès, Nathaniel Banks ordonne à ses hommes de passer à l’attaque !

Comme convenu, la Première Division se lance à l’assaut de Crittenden Gate, mais la batterie Andrews étant toujours opérationnelle, Williams, qui se porte au combat avec la Brigade Crawford, ne peut attaquer directement par Culpeper Road et pénètre dans les bois qui flanquent la position de la Brigade Garnett. La Brigade Gordon et la cavalerie Bayard ont pour tâche de fixer la Brigade Stonewall afin qu’elle ne menace pas les arrières de Crawford.


Au centre, la Deuxième Division, menée par le Brigadier général Augur en personne, entreprend de gravir les flancs de la montagne qui mènent au plateau où se trouvent les rebelles. Ce sont les Brigades Prince et Geary qui conduisent l’attaque, alors que les 600 hommes de la Brigade Greene restent légèrement en retrait.


Voyant la vague “bleue” déferler sur leurs positions, les confédérés ne se démontent pas.

Fidèle à sa réputation acquise à la bataille de Bull Run, la Brigade Stonewall ne cède pas un yard et accueille la Brigade Gordon d’un feu nourri (-1 FC); les premiers rangs yankees se clairsèment et le moral vacille. Seule la présence de Williams non loin de là pousse les hommes à ne pas reculer (Williams utilise sa relance de destin pour effectuer un nouveau jet de moral -réussi- et éviter que la “puissante” Brigade Gordon -FC 15- ne déroute, compromettant son assaut). Galvanisé par leurs aînés, les jeunes soldats de la Brigade Garnett tirent sur la Brigade Crawford… avec succès (-1 FC), mais les “bleus” ne reculent pas (test de moral réussi).

Dans les champs de maïs qui s’étendent au pied de Cedar Mountain, l’infanterie nordiste progresse sous le feu des batteries d’artillerie rebelles, mais ni Andrews et Walker (sur la Brigade Geary) ni Courtney (sur Prince) ne parvient à endiguer l’avance des formations ennemies.

La cavalerie Bayard et la Brigade Gordon coordonnent leurs efforts pour chasser la Brigade Stonewall des bois qu’elle occupe (-1 FC) mais rien n’y fait; ces damnés rebs ne reculent pas. En revanche, la Brigade Crawford rencontre plus de succès; en large supériorité numérique (environ 1.700 hommes contre 900), les nordistes infligent de lourdes pertes (-2 FC) à la Brigade Garnett… qui rompt l’engagement et déroute ! (avec un moral “vert”, c’était attendu !).

Au coeur de la bataille, la Brigade Geary parvient à neutraliser quelques canons de la batterie Walker (-1 FC), mais la Brigade Prince échoue devant Courtney.


Cet échec offre une opportunité en or aux artilleurs sudistes; la batterie Courtney fait pleuvoir la mort dans les rangs des yankees qui perdent près de 200 hommes dans cette attaque (-2 FC). Il faut la présence du Brigadier général Augur auprès de ses hommes pour les empêcher de refluer (bonus au jet de moral décisif).

La batterie Andrews cible la Brigade Crawford qui la menace directement avec la déroute de Garnett, mais protégés par les bois, les unionistes ne subissent pas de dégât (-2 au jet d’attaque lorsque la cible est en terrain boisé). Pas plus de succès pour la batterie Walker qui tire sur la Brigade Geary.

Sentant la poussée adverse sur ses positions, “Stonewall” Jackson lance les Brigades Thomas et Early dans la mêlée, pour enserrer les nordistes; ainsi, la Brigade Thomas quitte sa bonne position défensive (le bois de Cedar Mountain) pour attaquer sur le flanc la Brigade Prince, et la Brigade Early effectue un contournement pour attaquer par le côté la Brigade Geary, évitant ainsi de se confronter à trois brigade adverses. Pourtant, cette décision va leur être (très) coûteuse comme nous allons le voir par la suite.

Sur l’aile gauche des confédérés, la Brigade Taliaferro vient prendre la place de la jeune Brigade Garnett, tandis que la Brigade Stonewall, isolée, se recule dans les bois (Stonewall n’est plus commandée du fait de la percée de la Brigade Crawford qui la coupe de son leader -Winder-).


Le temps que la Brigade Taliaferro vienne au secours de la batterie Andrew, cette dernière subit la pression de la Brigade Crawford (-1 FC). Indifférentes à l’arrivée des Brigades Thomas et Early sur leurs flancs, les Brigades Geary et Prince continuent de s’acharner sur les positions d’artillerie sudistes; la batterie Courtney subit des pertes (-1 FC).

Pendant ce temps, les artilleurs nordistes tentent de soulager la pression sur les fantassins. Les réserves d’artillerie 1, 2 et 3 tirent sur la Brigade Thomas avec succès (-1 FC) mais cette dernière ne recule pas. En revanche, une pluie de mort s’abat sur la Brigade Early, ciblée par les réserves d’artillerie 4, 5 et 6; en quelques dizaines de minutes, les rebelles perdent 300 hommes (-3 FC)… et sont obligés de retraiter ! Du haut de Cedar Mountain, Jackson ne peut que contempler le désastre (un “10” au dé avec une attaque à FC 20, ça ne pardonne pas !).

Dans les bois, la Brigade Taliaferro engage avec succès la Brigade Crawford (-1 FC). Et si la Brigade Early a échoué à dégager l’aile gauche du plateau de Cedar Mountain, fauchée par l’artillerie yankee, la Brigade Thomas, elle-même touchée par les canons nordistes, inflige de lourdes pertes à la Brigade Prince (-2 FC); les forces de l’Union ne reculent pas pour autant !


Les succès de la Brigade Crawford et de l’artillerie U.S permettent aux nordistes de terminer ce deuxième tour avec un différentiel de +4 PVs… mais les sudistes sont encore les maîtres de Cedar Moutain et la division menée par le Major général Ambrose Powell Hill n’est plus très loin. “Stonewall” Jackson est confiant…

Après une petite pause liée à une fin d’année chargée (je m’excuse pour l’attente), la suite de ce CR.

Tour 5, 17h40

Les troupes de l’Union ont pris un léger ascendant sur les confédérés, mais il leur faut pousser leur avance avant que les renforts sudistes ne viennent tout compromettre.

Une nouvelle fois, les réserves d’artillerie 4, 5 et 6 tirent sur la batterie Andrews qui gardent l’accès à Crittenden Gate. Cela fait maintenant presque une heure et demi que les artilleurs “gris” sont sous le feu; cette fois-ci, ils craquent et déroutent avec de lourdes pertes dans leurs rangs (-2 FC, auquel s’ajoute encore -1 FC puisqu’il s’agit d’une unité d’artillerie). Ils se réfugient dans les bois, au côté de la Brigade Garnett, elle-aussi en déroute. Ce retrait permet à la Brigade Gordon de manœuvrer pour venir épauler la Brigade Crawford qui en découd avec la Brigade Taliaferro pour la prise de l’important carrefour.

Les cavaliers de Bayard restent au contact de la Brigade Stonewall pour l’empêcher de manoeuvrer à sa guise.


Enfin, au pied de Cedar Mountain, les réserves d’artillerie 1, 2 et 3 ciblent la Brigade Thomas pour soulager la Brigade Prince. Bien que la salve ne provoque aucun dégât significatif, les confédérés sont sur le point de craquer, mais la présence de “Stonewall” Jackson fait qu’ils tiennent bons (Jackson utilise ici sa relance de “Destin” pour rejeter le test de moral… qui réussit !).

Sans doute encouragé par le panache de son adversaire, le Major général Nathaniel Banks éperonne sa monture et traverse le champ de bataille pour venir soutenir l’assaut de la Brigade Geary qui piétine devant la pente gardée par l’artillerie confédérée.

Enfin, la Brigade Greene entame un long mouvement tournant pour prendre pied sur Cedar Mountain, et tourner la Brigade Thomas.


Fidèles à leur réputation, les soldats de la Brigade Stonewall refusent de céder du terrain; ils échangent le feu avec la cavalerie du Brigadier général George D. Bayard mais les bois gênent les tirs et le combat se solde par un statu quo (aucune perte des deux côtés, un test de moral réussit pour la Brigade Stonewall).

A quelques pas de là, la Brigade Taliaferro se voit menacée par l’arrivée de la Brigade Gordon qu’elle prend alors pour cible. En effet, Gordon est en terrain découvert contrairement à Crawford (donc pas de malus à l’attaque), et n’a pas d’officier empilé (donc moins de chance de réussir son test de moral). Une centaine de soldats “bleus” est couchée par le tir défensif (-1 FC) mais ils ne reculent pas ! Les Brigades Crawford et Gordon conjuguent donc leurs efforts sur la Brigade Taliaferro qui perd deux cents hommes dans l’attaque (-2 FC)… mais reste néanmoins sur place grâce à la présence du Général Winder.

Au centre du champ de bataille, les artilleurs sudistes de la batterie Walker font preuve d’un courage exemplaire; ils résistent à l’assaut de la Brigade Geary et infligent même de lourdes pertes aux troupes de l’Union (-2 FC). Autour de lui, Nathaniel Banks voit ses soldats tomber mais il refuse de reculer; les pentes de Cedar Mountain seront gravies au prix du sang !

Sur sa gauche, la Brigade Prince menée par le Brigadier général Christopher C. Augur ne rencontre pas plus de succès; la batterie Courtney, épaulée par la Brigade Thomas, font pleuvoir la mort sur leurs adversaires (-1 FC) et seul le charisme de leur leader empêche les soldats de l’Union de reculer (relance de “Destin” d’Augur après un test de moral raté). Seul petit gain des “bleus”, quelques canons sont neutralisés (-1 FC pour la batterie Walker).

De sa position centrale, “Stonewall” Jackson peut sourire; malgré les pertes, ses hommes tiennent et la division du Major général Ambrose Powell Hill est enfin là ! L’heure est venue pour le sud de contre-attaquer !

Malheureusement, cela commence mal; durement éprouvée par les combats précédents, l’artillerie sudiste ne parvient pas à faire reculer leurs assaillants. Les batteries Walker et Courtney restent sous pression. Seule la batterie Dement se reprend après sa déroute initiale et vient (re)prendre position sur le plateau de Cedar Mountain, prête à faire feu sur la Brigade Greene pour la repousser.

A sa gauche, la Brigade Branch, toute fraîche, menée par Hill en personne arrive également sur les hauteurs pour en chasser les yankees.

Après sa tentative de tourner la Brigade Geary qui s’est soldée par un sanglant échec du fait de l’artillerie nordiste, la Brigade Early se détourne de cette tâche pour venir soutenir la Brigade Taliaferro, au prise avec deux brigades “bleues”.


Les troupes de l’Union sentent bien que leur élan est en train de se briser, mais elles refusent néanmoins de s’avouer vaincu et se défendent vaillamment. De fait, elles vont enchainer un “gros” tour de feu défensif !

Si la Brigade Stonewall et la cavalerie nordiste continuent d’en découdre sans effet notable, partout ailleurs les yankees font parler la poudre. Les Brigades Crawford et Gordon continuent d’user la Brigade Taliaferro qui perd encore une centaine de combattants (-1 FC). Les réserves d’artillerie 4, 5 et 6 expédient à nouveau leurs boulets sur la Brigade Early (-1 FC). Les Brigades Geary et Prince continuent de pousser respectivement sur les batteries Walker et Courney, avec cette fois-ci des résultats notables (-2 FC pour les deux unités sudistes). Enfin, le tir défensif des batteries 1, 2 et 3 couchent deux cents hommes de la Brigade Thomas (-2 FC).

En comparaison, les attaques des Brigades Taliaferro et Early sur la Brigade Gordon (-1 FC) et de la Brigade Thomas sur la Brigade Prince (-1 FC) font pâle figure.

Alors que les “rebs” pensaient avoir encaissé le plus dur de l’assaut nordiste et pouvoir enfin les “pousser”, un regain d’élan des troupes du nord leur inflige de sérieuses pertes qui compromettent la perspective d’une contre-attaque franche. Pour autant, la situation globale paraît favorable aux sudistes qui tiennent toujours Cedar Mountain.

Il est assez amusant de constater qu’en termes de points, ce tour s’avère largement en faveur des nordistes, qui inscrivent 16 points (dont 2 d’occupation d’objectif) contre seulement 6 à leurs adversaires. Ceci porte l’avance de l’Union à +14 PVs (mais 2/4 PVs pour les objectifs). Mais en terme de ressenti, c’est bel et bien les confédérés qui paraissent victorieux à l’issue de cette phase en ayant “tenu bon”.

Uphir, il me semble que sur certains aspects nous ayons des goûts semblables.

Si le thème t'intéresse, tu pourrais essayer ceci si tu ne l'as pas déjà lu.

https://livre.fnac.com/a209479/James-M-McPherson-La-guerre-de-Secession-1861-1865

 

Je ne l’ai pas lu, mais on me l’a effectivement présenté comme un incontournable sur le sujet. Je vais l’ajouter à ma “to read list”.

Bonjour,

MERCI pour ce passionnant compte-rendu, hâte de lire la suite ! 
Serait-il possible d’avoir s’il-vous-plaît une explication/précision sur les tests de moral notamment concernant l’artillerie et les effets des terrains sur ces tests ? Après deux parties, je ne suis pas sûr de les réaliser correctement.

Je vous remercie.

Cordialement.

Mc Pherson, comme je l’ai déjà signalé, c’est la bible sur la guerre de Sécession !

Frapattoni dit :Bonjour,

MERCI pour ce passionnant compte-rendu, hâte de lire la suite ! 
Serait-il possible d'avoir s'il-vous-plaît une explication/précision sur les tests de moral notamment concernant l'artillerie et les effets des terrains sur ces tests ? Après deux parties, je ne suis pas sûr de les réaliser correctement.

Je vous remercie.

Cordialement.

Content que cela vous plaise (je pense envoyer le tour suivant demain... c'est que ça prend un peu de temps à rédiger !).

Pour les jets de moral, il n'y a pas de différence entre l'artillerie, l'infanterie ou la cavalerie; c'est la même valeur pour les trois armes ! Donc, dès qu'il y a un test de moral à réaliser (tout résultat de combat autre que "-"), il faut faire 5 ou moins pour les unités au moral "verts" (ici, il n'y a que la Brigade Garnett), 7 ou moins pour les unités au moral "noir", et 9 ou moins pour les unités au moral "or" (ici, la Brigade Stonewall).

Si un officier est empilé avec l'unité, il donne un -1 à ce jet de dé.

C'est tout ce qu'il y a savoir pour Cedar Mountain. Dans la série, il y a certains terrains qui donnent un bonus à ce jet de moral (on peut penser à une position retranchée par exemple), mais il y en a pas dans ce scénario.

Est-ce plus clair ?

Ma question concernait surtout la suite d’un échec à un test de moral concernant l’artillerie car un copain avec qui j’ai joué hier après-midi trouvait bizarre que l’artillerie puisse battre en retraite ou être en déroute aussi rapidement/facilement dans le jeu.

Si j’ai bien compris les règles :
- lorsqu’une UC d’artillerie bat en retraite elle perd 1 FC en plus des pertes dues au combat, s’attèle puis se déplace de 2 hexagones, elle fait alors un test de moral et si elle échoue elle déroute de 3 hexagones en direction de l’hexagone de sortie, 
- lorsqu’une UC d’artillerie déroute directement après une attaque, elle perd 1 FC en plus des dégâts dus au combat, s’attèle et se déplace de 3 hexagones en direction de l’hexagone de sortie. 
Est-ce correct ?

Concernant les terrains qui modifient le moral, ne trouvant rien dans le livre de règles, je pensais que les niveaux 1 et 2 ainsi que les bois et les fermes apportaient un bonus pour les tests de moral (voir côté droit du plateau de jeu) mais en fait il ne s’agit que de la légende et des effets du relief sur les déplacements yes. Votre réponse m’a donc beaucoup éclairé sur ce sujet, ce jeu n’est donc pas concerné, il s’agit des autres jeux de la série dans lesquels on trouve des terrains avec effets sur le moral.

Je pense acheter Antietam 1862 ainsi que Shiloh 1862 si j’arrive à les trouver, il me tarde aussi la prochaine sortie concernant cette série évoquée par M. Pascal Toupy dans ce forum me semble t-il.

Je vous remercie beaucoup.

Cordialement.

Frapattoni dit :
- lorsqu'une UC d'artillerie bat en retraite elle perd 1 FC en plus des pertes dues au combat, s'attèle puis se déplace de 2 hexagones, elle fait alors un test de moral et si elle échoue elle déroute de 3 hexagones en direction de l'hexagone de sortie, 

- lorsqu'une UC d'artillerie déroute directement après une attaque, elle perd 1 FC en plus des dégâts dus au combat, s'attèle et se déplace de 3 hexagones en direction de l'hexagone de sortie.
 
Est-ce correct ?
Alors, la Déroute et la Retraite sont deux choses différentes, mais elles peuvent en effet se cumuler. Les quelques différences sont les suivantes:

- La Retraite est automatique et résulte d'un jet de combat (R sur la table). La Déroute résulte d'un test de Moral raté.

- La Retraite est de deux hexagones. La Déroute, de trois. En cas de résultat "R" sur la table des combats, l'unité retraite de deux hexagones, puis fait son test de moral. Si elle le rate, elle recule encore de trois hexagones (pour un recul total de cinq hexagones).

- Une unité qui retraite reste organisée (pas de marqueur). Une unité qui déroute reçoit un marqueur "Déroute" et doit être ralliée.

Voilà en gros les petites subtilités entre les deux process.

Pour le cas particulier de l'artillerie, en effet, si elle n'est pas attelée au moment où elle subit une Retraite et/ou une Déroute, elle perd -1 FC supplémentaire, passe sur sa face attelée, et fait son mouvement de recul. Si elle est attelée, on suit le process normal.

Je n'ai pas les note du designer sous les yeux mais on peut supposer que cette perte supplémentaire de Facteur de Combat symbolise les pièces d'artillerie abandonnées sur place alors que les servants réattellent à la hâte sous le feu de l'ennemi.

Dans tous les cas, vos deux exemples sont corrects.

Quant à votre adversaire, vous pouvez lui rappeler qu'un tour de jeu à Cedar Mountain correspond à 40 minutes (et une heure dans les autres jeux de la série); il y a le temps pour qu'il se passe des choses !
 

Votre réponse m'a donc beaucoup éclairé sur ce sujet, ce jeu n'est donc pas concerné, il s'agit des autres jeux de la série dans lesquels on trouve des terrains avec effets sur le moral.

C'est bien cela. Pascal Toupy l'avait d'ailleurs préciser sur un autre forum. Donc pas de modificateur au jet de moral dû au terrain sur cet opus.
 
Je pense acheter Antietam 1862 ainsi que Shiloh 1862 si j'arrive à les trouver, il me tarde aussi la prochaine sortie concernant cette série évoquée par M. Pascal Toupy dans ce forum me semble t-il.

 

Shiloh et Antietam devraient revenir en boutique; je guette moi aussi ce réapprovisionnement ! Quant à l'avenir de la série, probablement d'autres "petites" batailles dans Vae Victis et effectivement, Pascal Toupy travaille a priori sur un opus qui contiendra plusieurs batailles s'étant déroulées à proximité d'Atlanta.

C'est clairement un bon système pour aborder la guerre civile US et ses particularités, sans rentrer dans des systèmes trop complexes.

MERCI,

Nous allons pouvoir nous y remettre en étant sûrs des règles maintenant !

Après une petite pause liée à divers évènements (festifs) familiaux, la suite de mon CR.

Tour 6, 18h20

Voilà deux heures désormais que confédérés et unionistes s’affrontent pour emporter les hauteurs de Cedar Mountain. Malgré l’arrivée des renforts sudistes, Nathaniel Banks poursuit son effort; il veut sa revanche sur “Stonewall” Jackson !

L’artillerie yankee s’acharne une nouvelle fois sur la Brigade Early, couchant pas moins d’une centaine d’hommes supplémentaires. La brigade déroute à nouveau et Jackson peste ! Early doit aider à tenir la crête mais pour le moment, elle ne fait que reculer sous la pluie de boulets qu’elle reçoit chaque fois qu’elle se positionne ! En revanche, à l’opposée, la Brigade Thomas, toujours au prise avec la Brigade Prince, tient malgré le feu des artilleurs adverses.

Le principal mouvement des “bleus” voit la cavalerie de Bayard rompre le contact avec la Brigade Stonewall; le Brigadier général a compris qu’il ne serait pas celui qui mettra en déroute cette solide unité rebelle ! Dans les faits, la forêt et le Facteur de Combat des deux unités se neutralisent; elles pourraient passer l’après-midi à se tirer dessus sans que cela fasse quelque chose ! L’action de Bayard ne fut pas inutile pour autant; il a fixé suffisamment longtemps cette dangereuse unité pour qu’elle ne vienne pas renforcer le centre du dispositif. Bayard et ses hommes tournent donc derrière les Brigades Crawford et Gordon pour débouler sur le flanc de la batterie Walker déjà bien entamée.


Pourtant, malgré cette nouvelle menace, les artilleurs de Walker s’acharnent sur la Brigade Geary qui subit de nouvelles pertes (-2 FC). La Brigade Taliaferro continue d’user la Brigade Gordon (-1 FC) mais cette dernière ne recule pas, au grand dépit de Charles S. Winder qui aimerait bien que l’on vienne le soulager (et ce d’autant plus que les Brigades Crawford et Gordon abattent 200 “gris” en retour; -2 FC).

A l’opposé du champ de bataille, la batterie Courney et la Brigade Thomas coordonnent leurs efforts sur la Brigade Prince… sans succès.

Seule “petite” victoire des confédérés dans cette phase de tir défensif; la batterie Dement, qui avait dérouté au tout début de la bataille, s’est repositionnée sur les hauteurs et ouvre le feu sur la Brigade Greene qui y a pris position. Les “bleus” perdent 100 hommes dans cette affaire (-1 FC) et bien plus important, ils déroutent ! Il n’y a plus de soldat de l’Union sur le plateau de Cedar Moutain; la Star-Splangled Banner n’aura flotté que quelques dizaines de minutes au sommet… insuffisant pour crier victoire !

Au centre, les Brigades Geary (épaulée par Bayard) et Prince continuent d’user respectivement les batteries Walker et Courtney (-1 FC). Mais aussi solides que les cèdres qui couvrent les flancs de la montagne, les artilleurs sudistes restent ancrés sur leurs positions ! Leur résistance est sans doute la meilleure définition du mot courage !

Car grâce à ces deux unités (et bien que leur phase de tir suivante ne donne aucun résultat; leur Facteur de Combat a été plus que sérieusement entamé !), les confédérés ont le temps de réorganiser leur ligne.

Les Brigades Stonewall et Garnett viennent au contact de la Brigade Crawford pour épauler la Brigade Taliaferro. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la Brigade Branch commandée par Ambrose Powell Hill en personne les rejoint pour former une solide ligne sur la gauche des sudistes. Voilà enfin les renforts attendus par Winder !

Sur les arrières, les Brigades Pender et Archer ne sont plus très loin de la ligne de front; ce ne sont pas moins de 3.500 hommes qui arrivent en renfort.


La Brigade Crawford se retrouvent en mauvaise posture et ciblent les jeunes soldats de la Brigade Garnett pour soulager sa position; la tactique est efficace puisque les jeunes sudistes reculent à nouveau après avoir perdu 200 des leurs (-2 FC). La Brigade Gordon s’en prend à la toute fraîche Brigade Branch… sans succès. En retour, elle subit le feu croisé de sa cible et de la Brigade Taliaferro (-1 FC).

Et c’est alors que…

Le centre sudiste s’effondre ! Après avoir si longtemps résistées, et dans la même phase (tir défensif de l’Union), les batteries Walker (-2 FC) et Courtney (-1 FC) sont annihilées ! Les efforts des officiers yankees finissent par payer mais le prix est élevé, les “rebs” ayant préféré mourir sur place plutôt que de reculer. Ce sacrifice a permis aux renforts confédérés d’arriver mais seront-ils suffisants pour combler la plaie béante qui vient de s’ouvrir au coeur des lignes de Jackson ?


Et oui, cela devait arriver ! Après avoir incroyablement tenu (bien mieux même que je ne l’aurais pensé), les deux points de résistance à la progression nordiste “craquent” au même moment. Ce tour voit une nouvelle fois l’Union accroître son avance au score; 10 points contre 5, soit un différentiel de +5 sur ce tour et de +19 PVs au “général”. Mais, la seule unité nordiste ayant réussi à mettre le pied sur l’objectif a été repoussée, et la victoire est donc encore dans le camp des confédérés !

Le prochain tour sera probablement décisif !

Excellent CR !

Uphir est un si bon conteur, que je viens d’acquérir le jeu. Il est arrivé hier soir, les pions sont découpés, il ne me reste plus qu’à vivre l’Histoire.

Merci, merci… mais vous me rappelez par la même que je dois finir ce CR ! (j’ai toutes les photos, la trame, mais je manque de temps pour le rédiger).