Brass Birmingham - curieuses règles

[Brass: Birmingham]

Bonjour,

Je viens de recevoir ce “must have”. Très impressionné par la qualité graphique de l’ensemble.
Mais après lecture du livret et une première partie découverte, ce qui me frappe c’est quand même le coté curieux de nombreuses règles. Vu l’enthousiasme général je ne doute pas que l’ensemble soit cohérent, mais je me demande si je suis le seul à ne pas trouver très logique :

 - Il faut des canaux ou des rails pour déplacer du charbon mais pas pour déplacer le fer ! (il aurait était transporté massivement par des chevaux… j’ai comme un doute, mais j’ai pas vérifié historiquement).
- quand tu empruntes pour investir, tu ne rembourses jamais (classique), mais tu gagnes moins pour tout le reste de la partie ! (curieux capitalisme…)
- il faut avoir impérativement de la bière pour vendre des marchandises ! (Bon, c’est toujours sympa de boire un coup quand on conclu une affaire, mais de là à ce que le manque de bières empêche la transaction, fallait y penser…)
- lors d’une vente, si on utilise la bière gratuite, commune à tous, plutôt que celle qu’on produit soi même en se payant une brasserie, on est récompensé !
- construire une première poterie coûte trois fois plus cher qu’une aciérie ? Ah ?
- pour sa première poterie on imaginerait bien avoir besoin de charbon pour cuire la terre…en fait c’est uniquement de l’acier qu’il nous faut.
- à l’époque des transports par canaux un même entrepreneur ne peux pas construire 2 usines dans la même ville ! Ah bon ?
- à la fin de l’époque des canaux, les usines de niveau 1 et les liaisons par canaux disparaissent. Du coup l’arrivée du transport ferroviaire ralentit plutôt l’économie.
- pour construire une usine un entrepreneur peut utiliser des ressources de l’usine d’un autre joueur sans les payer (et aussi utiliser gratuitement les lignes de transport financés par les concurrents…!) C’était une période de capitalisme solidaire.

Bon aller, tout ça n’a pas beaucoup d’importance du moment que le jeu et bon.

Bon confinement et bons jeux.

Quelques éléments de réponse :

1) le fer représente le progrès technologique. D’où le fait qu’il n’a pas besoin d’être transporté.

2) la bière est l’aspect que je n’aime pas dans Birmingham.

3) poterie = chantiers navals de Lancashire. 

4) pour les canaux qui disparaissent en début d’ère du rail : historiquement, les canaux n’étaient plus assez efficaces pour accompagner le développement croissant des industries de la région. Il a fallu recourir au chemin de fer (temps de transport raccourci).Ce fut également le cas dans la Ruhr, cf le jeu Ruhrschifffahrt.

Tout jeu de plateau est une simulation et par conséquent l’auteur est obligé de faire des choix qui ne sont pas forcément logiques d’un point de vue historique/thématique. Ceci dit, Brass est tout de même l’un des jeux de gestion les plus thématiques que je connaisse.

Les points 2) et 3) (mais aussi les coûts non linéaires des industries) sont ce qui fait que je préfère Lancashire et que mon Birmingham (version KS) est à vendre.

fdubois dit :Quelques éléments de réponse :

2) la bière est l'aspect que je n'aime pas dans Birmingham.
 

Pourtant une bonne bière dans un pub après un dur labeur c'était la base à l'époque (pas qu'à l'époque d'ailleurs 😉). Imagine la grogne des travailleurs si après avoir construit des rails toute la journée ils n'avaient pas une petite bière après, ou même pendant (l'eau n'était pas assainie à l'époque).
Et signer un contrat autour d'un verre c'était aussi la base.
​​​Thématiquement la bière tient la route.

Ensuite qu'elle ne te convienne pas en terme de valeur ajoutée au jeu, ça je peux comprendre, mais je crois que ça n'était pas vraiment la question de Michelseen.
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Bonjour

Je possède Brass Lancashire et je me retrouve dans ce problème à rapprocher de la réalité les régles que je lis. Ces histoires de ports retournés, de vente d’usine de filature, de cubes qui apparaissent sur les mines et les sidérurgie pour aller au marché, qui retournent la tuile une fois vidée, qui sont parfois gratuits, me rendent les régles contre-intuitives.

J’ai cherché en vain (en tout cas à l’heure actuelle) des explications et j’ai donc tendance à me dire que le problème doit venir de moi.

Il m’est souvent arrivé de regretter que les auteurs ne fassent pas de “notes de conception” pour expliquer leurs régles, dans les vieux wargames notamment où j’aurais bien voulu connaitre le pourquoi du comment de certains points.

Vous avez raison, j’ai beau adoré ce jeu, objectivement certaines règles ne sont pas très logiques.
C’est dommage car cette absence de logique sur certains points rendent le jeu difficile à appréhender pour quelqu’un qui le découvre ou le joue peu fréquemment (il faut mémoriser plutôt que retrouver logiquement telle ou telle règle).

Ensuite avec des règles “plus logiques” le jeu aurait il été aussi bon ? c’est pas dit, et c’est peut être ce qui pourrait expliquer ces qqs règles bizarres (notamment le fait de pouvoir prendre des ressources sur les tuiles adverses sans rien payer).

Dantrac dit :
Il m'est souvent arrivé de regretter que les auteurs ne fassent pas de "notes de conception" pour expliquer leurs régles, dans les vieux wargames notamment où j'aurais bien voulu connaitre le pourquoi du comment de certains points.

Justement, du temps de Treefrog Games, Wallace avait pour habitude de rédiger un paragraphe 'Designer notes' en fin de livret de règles.

Il n’y a pas de Designer Notes dans les règles de Brass (2007 : oui, ce jeu à 13 ans).

Cependant, il y en a dans celles de Age of Industry (2010) :
 

I have to admit that I have been surprised by the popularity of Brass, as have some of my regular play testers. Given that success I thought it might be a good idea to come up with a version that allowed the game to be played on different maps.

Brass was more complex than I would have liked due to the special circumstances surrounding the industrial revolution in Lancashire. There had to be canals and there had to be Birkenhead. The canal/ railway era split could only work if iron moved in a different way to coal. By moving the game to other countries the canals have been removed (although other countries did build canals I don’t think they did so on the scale that occurred in Britain). With just a railway era lots of wrinkles in the original system have now been smoothed out.

During the development process I also came up with ways to simplify other elements of the game, such as the loans system and the use of cards. I have no idea why I did not come up with these ideas when I was working on Brass, otherwise I would have included them in the original game.

Age of Industry is also the first game to be published by Treefrog Games (not to be confused with the Treefrog Line). As such it marks a change in direction from limited print runs to unlimited ones. If the demand is there then we will reprint the game.

 

De mémoire, dans Lancashire, il était expliqué que la vente du Cotton ‘retourner une usine et eventuellement un port’, représentait un contrat de livraison récurrente de cotton. L’usine etait donc occupée a fournir son client, en utilisant les capacité d’un port (au bénéfice mutuel des 2 parties), et en générant du revenu (et non pas un capital).

Ce mécanisme s’applique aussi aux ressources charbon et fer en représentant l’utilisation continue d’une fraction de la production de chaque mines aux fonctionnements des batiments ou des transports férroviaires.

La notion de “vente” était une simplification , puisque dans cette simulation les contrats n’étaient pas renégociables durant la partie.

La contrainte particuliere pour le charbon s"expliquant par la nécéssité de déplacer d’importante quantité de minerais, alors que les besoins en fer pouvaient utiliser des moyens de locomotions plus disponible et non gérés dans ce jeu.

Effectivemment j’ai toujours considéré Brass comme un jeu très thématique plutot qu’abstrait, ce qui explique le besoin de justification de réalisme. Je suis très curieux de savoir si Martin Wallace a construit ce jeu à partir d’éléments historiques ou si au contraire, il a justifier après coup les mécanismes utilisés.

Brass reste, et probablement restera, pour moi l’un de mes jeux préférés. La forme assez unique d’interraction concurrentielle autant que coopérative, la notion de timing, d’opportunisme, de choix et de contraintes en faisant un véritable chef d’oeuvre.

Je précise d’ailleurs que malgrè le grand nombre de partie que j’ai a mon actif, mes résultats sont minables, ce qui ne retire rien à l’interet que je lui porte.

Michelseen dit :
Bon aller, tout ça n'a pas beaucoup d'importance du moment que le jeu et bon.
 

Et bien voilà. En fait, il faut voir que dans Brass, (le L comme le B), comme dans beaucoup de jeux du genre d'ailleurs, les mécanismes font plus dans la symbolisation de certains aspects du développement industriel en Angleterre plutôt que dans la recherche de simulation. D'ailleurs, pardon de te le dire, mais  tu es un peu en retard à propos du fer qui vole... Dés 2007, certains posaient déjà la question. 


Thématiquement, on peut s'interroger sur certains aspects du jeu mais c'est un peu à l'imagination de chacun de trouver des réponses. Maintenant, il y a dans les jeux de Wallace toujours plus de présences thématiques que dans plupart des jeux d'auteurs stars appréciés ici comme Kramer, Knizia ou Feld : ça n'empêche pas ces braves gens d'avoir réalisé des jeux absolument remarquables, mais il faut pas trop regarder la cohérence des mécanismes avec la réalité. Pour qu'un jeu reste un jeu et soit agréable à jouer, il faut savoir élaguer et simplifier des fois et même placer un truc complètement artificiel, surtout si on s'inspire directement du réel. 

Comme dit plus haut, Martin Wallace a eu le soucis de justifier tel ou tel choix de mécanisme par rapport à la réalité. Pour moi, le meilleur exemple est un jeu un peu oublié maintenant, Tinners' trail, dans lequel il a même expliquer pourquoi on peut récupérer un peu d'argent en vendant des pâtés à la viande ! Mais ce que je trouve remarquable avec cet auteur, c'est surtout sa capacité à recréer l'atmosphère et les problématiques d'une situation historique comme dans Brass. Si un jour tu as l'occasion de jouer à Liberté! (sur la révolution française) ou Byzantium (la fin de l'empire byzantin et les débuts des conquêtes arabes) tu verras que pour le premier, c'est avant tout un jeu de majorité, un peu plus complexe que El Grande, mais c'est de la majorité, et le second un jeu de gestion de cubes avec des combats aux dés, aux règles touffues, mais rien de révolutionnaire non plus. Dans les deux cas, thématiquement à chaque partie, j'ai vécu un truc. 

Ah une dernière petit chose : Je crois sentir comme une légère petite pointe d'ironie lorsque tu places "must have" entre guillemets... si c'est le cas, et bien tu aurais bien raison car les jeux "must have" ça n'existe pas...



 

Dantrac dit :
Il m'est souvent arrivé de regretter que les auteurs ne fassent pas de "notes de conception" pour expliquer leurs régles, dans les vieux wargames notamment où j'aurais bien voulu connaitre le pourquoi du comment de certains points.

 

Ce qu'il te faut, c'est un jeu de Phil Eklund, tu seras servi ! (High Frontier 4all, Pax Renaissance et Pax Viking font l'objet d'un KS en ce moment).

Ara Qui Rit dit :
Dantrac dit :
Il m'est souvent arrivé de regretter que les auteurs ne fassent pas de "notes de conception" pour expliquer leurs régles, dans les vieux wargames notamment où j'aurais bien voulu connaitre le pourquoi du comment de certains points.

 

Ce qu'il te faut, c'est un jeu de Phil Eklund, tu seras servi ! (High Frontier 4all, Pax Renaissance et Pax Viking font l'objet d'un KS en ce moment).

Tout à fait, et bien servi même...

Messieurs,

je me permets une intervention légèrement hors sujet : je lis beaucoup sur le forum (de plus en plus c est certain) et vos échanges sont parmi les plus constructifs que j ai vu. Merci c’est un réel plaisir de vous lire. Initialement attiré par le sujet autour de Brass qui ne cesse de me narguer un peu plus à chaque lecture mon seul frein reste lequel (L : l original si je ne le trompe ou B). !! Mais la n est pas la question, ce sujet étant de toute façon traité sur un autre sujet du forum. 

merci, et damned vous en seriez presque à me faire regretter le reprint de Pax Pamir récemment ! :face_with_monocle:

Ara Qui Rit dit :
Dantrac dit :
Il m'est souvent arrivé de regretter que les auteurs ne fassent pas de "notes de conception" pour expliquer leurs régles, dans les vieux wargames notamment où j'aurais bien voulu connaitre le pourquoi du comment de certains points.

 

Ce qu'il te faut, c'est un jeu de Phil Eklund, tu seras servi ! (High Frontier 4all, Pax Renaissance et Pax Viking font l'objet d'un KS en ce moment).

Merci pour l'info!
Je ne connaissais pas trop même si j'avais j'avais déjà entendu parler de Bios : origins,etc. 

 

Bonjour,
En ce qui concerne la toute première action de la partie, est-il possible de poser un canal ?
Il me semble avoir lu quelque part que cela n’était pas possible.
Merci pour d’éventuels retours.

Yep, c’est possible, c’est un des points particuliers qui est explicité dans la règle page 9 “Building if you have no tiles on the board” (j’ai la VO).

TaiGooBe dit :Bonjour,
En ce qui concerne la toute première action de la partie, est-il possible de poser un canal ?
Il me semble avoir lu quelque part que cela n'était pas possible.
Merci pour d'éventuels retours.
 

Aucune contre indication. N'ayant aucune tuile sur le plateau (et donc pas encore de réseau), on peut placer un canal n'importe où (et c'est aussi valable à l'air du rail modulo l'accès au charbon... même si à priori ce n'est pas très bon signe )

Merci a vous deux pour vos réponses.
Tant que je vous êtes là, lors du décompte final, compte t-on les points des tuiles éventuellement recouvertes ou non ?
Merci

Hum… quelles tuiles recouvertes ?
On ne compte que les PV de nos tuiles retournées sur le plateau central + chacun de nos rails

A priori, il ne doit pas y avoir de tuiles recouvertes. C’est comme à Great Western Trail, lorsque tu construis par dessus une tuile, elle est définitivement écartée du jeu (elle ne revient pas sur ton plateau personnel - ou sur le plateau de ton adversaire dans les circonstances particulières où c’est autorisé).

Merci bien, c’est plus clair pour moi.
Je pensais, je ne sais pas pourquoi qu’on laissait la tuile recouverte sous la nouvelle…en faît, on la remplace, évidemment.
Désolé pour cette question quelque peu niaise.