Bonsoir à tous
Je ne sais pas trop si je dois faire dans l’ironie mais je crois que je vais m’abstenir au vu de la passion qui anime certains et la qualité des messages de ce fil.
Alors Asmodée par ci ou par là, grand méchant ou gentil défenseur de l’opprimé, qu’en est-il vraiment ?
Déjà, et c’est facile à vérifier, vous avez un bon historique de la société sur Wikipédia.
Ce n’est pas d’hier que date les rachats de maisons d’éditions de par le monde et jusqu’à présent, ça n’avait pas l’air d’émouvoir grand monde.
La boîte pèse quand même dans les 150 millions d’euro, on est loin d’une start-up ou d’une entreprise familiale.
Enfin, pour finir, elle appartient à un fond d’investissements, PAI partners, dont le siège est au Luxembourg, endroit bien connu pour son profond attachement aux valeurs sociales des banquiers.
Et alors ?
Qu’un fonds d’investissement s’intéresse au milieu du jeu (de société) est une marque de l’importance que ce loisir peut prendre en Europe en termes de marché et en particulier au nombre d’acheteurs potentiels, surtout s’ils ont un bon budget à mettre dedans, au potentiel d’accroissement du nombre d’acheteurs et bien sur aux retombées financières possibles et donc aux profits.
Donc, le jeu de société est un marché qui marche. Mais qui en doute ?
Le problème crucial pour ceux qui veulent en vivre, et pas seulement les auteurs et les illustrateurs, c’est, comme certains l’ont très justement signalé, la taille des structures existantes qui implique des frais fixes importants, des capacités de négociations, d’investissements, de logistique… limitées.
Donc, en termes économiques, le choix est plutôt limité :
Soit on continue à vivoter chacun dans son coin à faire des productions merveilleuses mais qui ne vont finalement pas nourrir grand monde.
Soit on change de dimension pour réduire les frais, on définit une politique d’investissement dans des structures pérennes, on embauche ce qu’il faut (souvent le minimum) pour faire tourner le tout et tout le monde est payé régulièrement.
Je ne discute pas de la pertinence du type de société proposé : une coopérative aurait pu suivre aussi cette voie. Si vous lisez un peu des revues comme Alternatives Economiques, vous savez quelles orientations originales mais sérieuses sont possibles. Le véritable frein, c’est la qualité de l’écoute des banques quand il faut prêter et nous savons à quel point leur surdité est mal corrigée.
En ce qui concerne la qualité des jeux : Il serait étonnant que le fonds d’investissement tue la poule aux oeufs d’or (ou la chouette) car il lui faut observer en premier ce drôle de marché qu’elle ne connait pas vraiment. On peut lui faire confiance, il y aura moult analyses, y compris psychologiques qui permettront de décider de la politique à suivre pour qu’une majorité de la clientèle potentielle soit satisfaite.
Donc, pour nous, consommateurs lambda, qu’est ce que ça va changer ?
A priori, rien de bien visible dans un premier temps. Mais il y aura forcément une guerre silencieuse
qui fera des victimes chez les meeples.
Ensuite, mais c’est un peu comme tout, ce sera aux consommateurs de décider par leurs achats vers quel modèle économique ils souhaitent se diriger.
Mais pour ça, je n’ai aucun doute au vu de la qualité de l’information et de la curiosité de la plus grande partie d’entre nous, le modèle Asmodée aura un grand succès: c’est intelligent, c’est bien pensé. Je trouve personnellement qu’ils ne leur manquent qu’une structure de crowfunding pour boucler leur projet.
Donc en résumé :
Un marché stabilisé qui permettra aux auteurs, illustrateurs de soumettre leurs réalisations auprès d’un groupe qui pourra engager un investissement, payer une avance, établir un contrat et se charger de la logistique.
Un catalogue important de jeux calibrés pour satisfaire les goûts des consommateurs, voire même des jeux de niche à fort potentiel et certainement quelques olni (objets ludiques non identifiés).
Une gamme de prix qui ira du politiquement correct à certaines audaces pour les grands malades atteints de collectionnite aigüe.
Une concurrence qui devra s’adapter, réagir ou proposer une autre orientation, qu’elle soit ludique, écologique, sociale ou autre.
Un système de vente par correspondance bien calibré avec certainement un excellent service après vente qui écrasera toute concurrence par sa politique tarifaire, la vente de produits exclusifs…
Un système de boutiques physiques, sans doute franchisées, judicieusement réparties à travers le pays.
Un service de jeux virtuels qui servira aussi de laboratoire pour tester et analyser nos interractions et nous proposer les produits adéquats à nos envies du moment.
Et si je pousse un peu plus loin :
Un site communautaire multipolaire mêlant une partie informative complète, un système de discussion plus ou moins policé, des compétitions sur les jeux les plus en vue et sans doute aussi les plus rentables.
Et c’est là que je doute de l’avenir d’un Tric Trac solitaire. Je vois davantage une unification avec BGA, simplement pour que le public dispose d’un site général pour s’informer et jouer. A la limite, une passerelle entre les 2 entités pour commencer.
Enfin, et quand les clubs pourront rouvrir en présentiel, un partenariat sous une forme ou une autre avec les plus importantes associations ludiques, celles qui par exemple organisent des conventions ou des salons.
Allons, nous ne sommes plus en 1985…
Merci pour votre attention