Silent running

8,0
Non, je ne vais pas vous parler de la genèse de Black Angel : D'abord parce que j'y étais pas et puis surtout il y a des articles de qualité dans Plato n°121 de novembre 2019 qui abordent le sujet, avec notamment des entretiens auprès des membres du trio troyen "Dujardin, Georges et Orban".

Non, je ne vais pas non plus vous parler de conseils stratégico-tactiques : il y en a déjà sur le site, clairement exposés par des joueurs bien plus compétents que le modeste "blackangeliste" (j'ai hésité avec "angeloblackiste") que je suis. Mes résultats ne sont pas mauvais, mais les Tsoths, Méluriens et autres Xhavits ne sont pas encore devenus des potes loin de là et je vous parle même pas des ravageurs avec qui j'ai régulièrement quelques comptes à régler.

Non... en fait, en écrivant ce petit avis, j'avais surtout envie de rêvasser un peu et peut-être de vous donner envie d'embarquer (ou ré-embarquer) prochainement à bord du Black Angel, à 2, 3, 4 joueurs... ou en solo. Etant une IA sensible, je commence par programmer en fond sonor les BO d'Interstellar, de Passengers, Blade runner, "Echos" des Floyd.... voilà, c'est fait, je suis dans le bon trip.

Maintenant, je place devant moi la boite de Black d'Angel, illustrée avec inspiration par Ian O'toole. Oui, je sais, j'avais dit dans un premier temps que les formes de ce vaisseau me faisaient un peu penser au sceptre d'Ottokar, mais c'était une boutade, un clin d’œil adressé à nos amis belges. Je trouve quand même qu'elle un vague petit coté "golgoth" cette gigantesque caravelle et d'ailleurs au début, j'avais tendance à la placer debout plutôt que couchée sur son socle transparent ; mais en réalité je suis assez épaté par le travail de l'illustrateur qui a osé des couleurs assez inhabituelles dans les jeux de SF : de l'orange vif, des nuances de rose, du bleu cobalt... je dois avouer avoir été envieux d'une grande toile aperçue dans un festival qui reprenait cette belle l'illustration et si j'avais eu les talents d'un ninja, je me serais volonté introduit la nuit dans les locaux pour m'en emparer (houps! Je devrais pas le dire ça hein ?). Maintenant, je me contenterais bien d'un simple poster (et là, discrètement, je lance une petite balise dans le cosmos ludique... on verra bien).

En y regardant de plus près, l'intérieur cylindrique du Black Angel m'a rappelé vaguement mais agréablement une illustration de Rama, ce gigantesque et mystérieux vaisseau visiteur imaginé par Arthur C. Clark. Le plateau progression est vraiment du plus bel effet : On voit le sombre de l'espace, traversé par des jets de lumières engendrés par le Black Angel, des fulgurances, peut-être à l'image de ces "rayons fabuleux qui brillent dans l’ombre de la porte de Tannhäuser" (merci Roy pour tes souvenirs). En revanche, je suis un peu moins séduit par les illustrations des extra-terrestres qui font un brin BD jeunesse je trouve mais peu importe, l'ensemble met bien dans l'ambiance.

... Car il y a une ambiance. En tout cas je la ressens. La situation, originale, est clairement expliquée et les mécanismes du jeu s'inscrivent plutôt bien dans le thème. Techniquement, on retrouve une utilisation des dés qui avait rencontré un beau succès avec Troyes. J'ai été surpris d'apprendre que Solénia, bien que sorti avant, avait été conçu plus tard, si bien que cet ingénieux balais de tuiles pour marquer la progression du vaisseau fut d'abord conçu pour le Black Angel. L'idée des Ravageurs est excellente et place les joueurs dans le genre de dilemme que j'apprécie : certes, nous sommes des IA concurrentes, mais la mission (amener ce qui reste de l'Humanité sur Spes) prime sur tout le reste : il est donc préférable de lutter contre ces pénibles Ravageurs. Heureusement, nous avons aussi des alliés, certes pas très chaleureux (nous ne sommes que des IA après tout), mais qui donnent de sérieux coups de main... quand on sait s'y prendre évidemment. Il y a plein de petites idées intéressantes (le plateau individuel et l'usage des tuiles technologies, le jeu de certaines cartes qui rappelle un peu Bruxelles pour les points de victoire... pardon, de Validation) qui, mises bout à bout, proposent aux joueurs diverses options et des choix redoutables vous attendent.

Attention toutefois de pas trop vous perdre dans les étoiles ! Black Angel a un aspect poétique mais c'est d'abord un jeu exigeant : il y a de la gestion de ressources, de dés d'action, de robots, de cartes, de placements et déplacements, il faut savoir anticiper, saisir des opportunités et il y a des petites fourberies a réaliser pour se faire des amis. Black Angel est un Pearl Games dans la lignée d'un Troyes, d'un Bruxelles, mais avec un charme particulier, quelque chose qui m'a semblé évident, presque familier et ce, dés la première partie. Depuis, j'en ai disputé d'autres et je trouve à présent que la recherche de Spes est ludiquement une bien belle quête.

PS : Le titre ? Un film de SF sorti en 1972, réalisé par Douglas Trumbull, avec un thème plutôt en avance sur son temps. La fin du film m'avait laissé bien songeur et Black Angel m'y a fait repenser... et puis dans l'espace, on entend pas les moteurs bourdonner :-)

Commentaires (2)

morlockbob
morlockbob
c est amusant j avais mis la même reférence pour magic maze on mars, elle est plus en rapport ici. bon choix
Le Zeptien
Le Zeptien
Ah mince ! Oui, j'avais pas vu..! Bon, ben je connais pas Magic maze on mars, mais rien que pour la référence, j'ai mis un "j'aime" sur ton avis concernant ce jeu... :-))
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