Psychanalyse des contes de fées

10,0

Quand France Gall interprète les sucettes de Gainsbourg sans s’aviser du double sens de la chanson c’est un peu ce qui nous arrive lorsque nous jouons à Reine Rainette.
Nous nous laissons abusés par la candeur du propos.
Or, sans être particulièrement entiché d’oedipe et de théorie freudienne, un chacun reconnaîtra bien évidemment dans la thématisation des grenouilles tirant la langue pour baiser la joue de la chaste princesse, la transposition métaphorique de ce que nos analystes appellent dans leur jargon la phase phallique et la mise en jeu du pénis au cœur de l’imaginaire. Pour signifier les choses crûment, et le matériel de Reine Rainette d’ailleurs nous y convie, nos petits batraciens… ont le bâton pour la princesse. Voilà tout.
La moiteur du marigot qui sert de décor, la disposition de la princesse offerte à ce gang-band de grenouilles priapiques, la turgescence du désir et sa matérialisation par l’avancée des bâtonnets, la sanction quand l’affirmation phallique outrepasse la limite permise comme illustration parfaite du complexe de castration … bref les signifiants sont nombreux et confèrent à Reine Rainette la dimension d’un conte de fée initiatique.

Comme de surcroît tout cela sert d’enrobage à un jeu de mains-jeu de vilains (faut-il encore préciser la nécessaire adéquation entre fond et forme) des plus réussis, vous pouvez d’ores et déjà ranger Reine Rainette au rayon des classiques, tout près des œuvres des frères Grimm.

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