Le zen chez les Protestants
Type de jeu : Où l’on brasse de la bière.
Nombre de parties jouées : 5
Avis compendieux :
N’allez pas me demander de comparer Hamburgum avec Antike et Imperial, mhh ? Ils ont certes des points communs, le système de la roue, la fluidité qui en découle, l’auteur. Mais justement, reconnaissons à l’auteur une grande qualité : il fait des jeux qui ne se ressemblent pas entre eux (un peu comme Wallace mais là n’est pas la question). Hamburgum est un jeu qui séduit d’emblée (enfin en ce qui me concerne en tout cas) par sa fluidité et la grande sérénité qui en découle. Allez savoir pourquoi, construire des églises en brassant de la bière, j’ai trouvé ça serein. Ça peut surprendre mais voilà, j’ai peut-être raté ma vocation d’ailleurs, tiens, enfin las. Jouer à Hamburgum, c’est se livrer à un très intéressant exercice d’optimisation de ses actions : on fait une course permanente, contre le temps, contre les autres joueurs, contre le fait qu’on est toujours là où l’on ne devrait pas être sur la roue. On doit veiller aux choix des emplacements sur lesquels on pose ses citoyens, à la quantité de marchandise que l’on achète d’un coup, à ce que l’on peut vendre. Combien de fois ne sera-t-on pas conduit à regretter de ne pas pouvoir vendre et acheter en même temps (mais c’est ce qui fait l’intérêt du jeu, évidemment) ? Quant à l’interaction, il y en a, grâce au port, à l’achat limité des bâtiments, à la course à la construction aux églises et à la chasse aux faveurs qui y est liée, bref, à part la boîte, pas grand-chose à reprocher à ce jeu, si ce n’est un aspect général de déjà vu (le coup de je vends ceci pour acheter cela et obtenir des points, on nous l’a déjà fait un petit peu souvent même ; mais c’est l’enrobage et la mise en orchestre de tout l’ensemble qui est remarquable). Sans parler des clochettes.
Clarté des règles (5) : Je ne les ai pas lues, si bien que je ne saurai dire si elles sont rédigées clairement ou pas. Mais la vertu du principe de la roue agit ici comme chez les prédécesseurs de ce jeu : l’explicateur des règles n’aura guère qu’à expliquer les différentes actions liées aux positions sur la roue (plus leurs interactions) et les auditeurs auront tôt fait de comprendre. Finalement, la roue est une grande invention pour les gens qui expliquent souvent des règles.
Qualité du matériel (3) : Bon, alors, évidemment, la couverture de la boîte, on ne peut pas lui retirer qu’elle a son charme. Mais on ne peut pas nous empêcher de ne pas le voir de prime abord non plus, soyons franc. Quant à l’intérieur, le plateau aurait pu être plus lisible, il n’est pas toujours évident de raccrocher les couleurs des églises sur le plateau et sur les tuiles, car elles sont assez proches. La lecture du plateau n’est donc pas forcément des plus aisée, les connexions, tout ça, on a vite fait de se faire filouter aux entournures si vous voulez bien me passer l’expression, merci. Enfin, le gros truc, ce sont quand même les petites briquettes, les bouts de bois, les vrais, pour faire les colombages des maisons et les bateaux et, naturellement, les inénarrables cloches. Allez savoir pourquoi, j’aime bien les cloches. Je me sens proche d’elles.
Reflet du thème (4) : Bon, encore une fois, je dois reconnaître que je ne suis guère au fait des mœurs des bons bourgeois des villes de Hambourg et de Londres à l’époque susdite. Mais qu’il y ait pu y avoir des gens qui se sont retrouvés en porte-à-faux entre leur croyance chrétienne (où l’on dit bien que l’argent ne fait pas le bonheur) et leur profession de marchand (où le but du jeu est quand même d’avoir le plus d’argent possible, si, non ?) et qu’ils aient été conduits à s’acheter une bonne conscience en faisant des donations pour ériger des églises, je n’aurai aucune difficulté à l’admettre. Après, l’ensemble des mécanismes de Hamburgum est organisé en un tout très cohérent qui permet de suivre le développement économique de la ville, l’évolution de la vie de son port et l’érection des édifices religieux. Le thème est donc bien là, même si on peut très bien en faire abstraction (pas besoin de jouer avec une grosse fraise autour du cou, laissons cela au monsieur de sur la boîte) et même si des abstractions sont faites, comme le temps par exemple, on ne sait trop quelle durée le jeu est censé couvrir, sans doute quelques décades, les églises ne poussant quand même pas comme des champignons, surtout arrosées par la bière.
Avis comportant ratiocinations et autres superfétations :
Hamburgum est sorti à peu près en même temps que Cuba et Brass. Je suis tombé sous le charme discret du premier, ai eu du mal, sans doute à cause de la comparaison avec les autres, à accrocher à Cuba (mais j’attends de pouvoir y retourner) et ai été fortement marqué par le dernier. C’est stupide, mais la proximité de ces sorties influence ma perception de ces jeux, alors qu’il n’y a pas forcément matière à les comparer (oh, on pourrait toujours, hein, on compare bien, après tout, Antike à Imperial ou bien encore Caylus au Monopoly).
Bref, parlons d’Hamburgum. Alors tout d’abord, je n’aurai pas du tout la prétention d’en être un fin stratège, ouh là non, je laisse ça à d’autres. Mais ce qui est rigolo à ce jeu, c’est de se demander comment commencer.
Quelques temps plus tard. Bon, c’est là que je me rends compte qu’il ne faut jamais remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui. Je voulais approfondir un peu le jeu avant de compléter cette partie et hop, on est passé à autre chose, l’excès de jeux en étant la raison, pas Hamburgum auquel je regoutterai volontiers. Ce que je voulais dire, c’est qu’il y a plusieurs façons de commencer, donc. Mes camarades commençaient souvent par aller allumer un cierge, histoire d’avoir de quoi implanter leurs premiers bâtiments. Personnellement, j’ai souvent commencé en essayant d’accumuler les marchandises de façon à ne pas aller à l’église pour rien, ça m’amusait de construire d’emblée une église toute entière, bam, et avec ça monsieur le pasteur qu’est-ce que ce sera ? Votre église je vous la mets où ? Noon ? Pas quand même ? Ah, bon, vous me fîtes peur (drôle d’humour pour un pasteur protestant quand même). Ca permet d’être assez rapidement bâtisseur d’église et donc de pouvoir faire ses bâtiments partout où l’on veut. Evidemment, pendant qu’on accumule toutes ces marchandises, les autres prennent quelques bâtiments et le fait de faire des églises par gros pâtés (pardon mon Dieu) ne donne pas énormément le choix sur les bâtiments à prendre. Mais c’est très rigolo comme façon de faire et de toutes façons, si ça sent le pâté, on peut toujours aller à l’église avant, histoire de se mettre bien avec la religion parce qu’après tout on est là pour ça, bande d’impies ! Un truc rigolo à faire aussi, c’est de construire un bateau d’entrée de jeu. Ca permet de vendre plus efficacement (deux marchandises en même temps) et ça peut gêner un peu les autres, s’ils comptaient vendre plusieurs marchandises identiques en même temps (même si au début de la partie, ça ne gêne pas trop). Bon, ce n’est pas grand-chose et les spécialistes du jeu (ou même pas spécialistes) trouveront sans doute à redire là-dedans. Mais c’est que j’aimerai bien en refaire, moi, des parties d’Hamburgum, en fait.
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