Le Donjon des Carpathes

8,0

Dungeon Lords, c'est un peu le Caylus des Ténèbres, le le Havre des eaux troubles, l'Agricola du côté obscur de la ferme. Encore un jeu de placement d'ouvrier, certes, mais d'ouvriers aux grandes oreilles, moins préoccupés par le jambon Tarn-et-Garonnais, les ports maritimes ou les porcs ruraux, que par la découpe d'aventuriers en petits cubes de lardon grillé. Cette mécanique prend d'ailleurs ici une allure nouvelle et assez subtile, puisque l'on cherche bien sûr à récupérer des ressources, mais pas trop tôt tout de même, à base de "après vous, je vous en prie - mais non, mais non, je n'en ferai rien". Le système est complété par un phase de résolution très chvatilienne, qui se présente sous la forme d'un casse-tête individuel, afin de procéder au mieux au découpage de lardons susnommé. Quant au matériel, après un dépunchage périlleux, il s'avère foisonnant: une foultitude de plateaux, de cartes, de minions mignons, de dragons dragueurs, et de paladins qui paladinent. Bref, de quoi s'y croire pour de vrai.

Attention toutefois, car derrière son allure bisounoursophobe sympathique, se cache en fait un vrai jeu d'optimisation pour joueurs, aux règles touffues et pleines de subtilités. Si l'humour des règles facilite leur digestion, elles souffrent de pas mal de lourdeurs et d'exceptions, qui peuvent rendre les premières parties péniblement laborieuses, voire presque décourageantes; la première explication de règles, notamment, est presque aussi longue qu'une non-vie de mort-vivant. En résumé il va falloir s'accrocher avant de tataner du mago fingerinzenouze, mais après quelques années (simulées, hein !), la malfaisance attitude n'aura plus de secrets pour vous. Au final Dungeon Lords m'apparait comme un jeu plein de bonnes idées, au chaos savamment distillé, et dont le thème apporte un agréable souffle de méchanceté dans le monde ludique.

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