Grandeur et Décadence
Voilà donc venu le dernier né de l'éditeur aux jeux à cubes, celui nous a déjà proposé tant de bons jeux de gestion et/ou majorité, avec de gros morceaux de stratégie dedans. Et c'est peut-être ce qui surprend avec Sylla de prime abord, et qui en fait à mes yeux l'un des Ystari les moins immédiats: cette impression d'avoir affaire à des mécanismes relativement connus, mais qui sont imbriqués de telle sorte que les sensations de jeu et les tournures que peuvent prendre la partie sont nettement plus originales. Car Sylla est un jeu dont les subtiles richesses ne se dévoilent finalement qu'au fil des parties: les interpénétrations entre les phases, les jeux d'alliances opportunistes, qui se défont aussi vite qu'elles se forment, la manière de deviner les intérêts communs qui se dessinent, ou d'orienter le jeu en sa faveur, notamment au travers des évènements et de l'optimisation de ses personnages-surtout vestales et légionnaires, sont autant d'aspects difficiles à appréhender au départ, et qui ne s'apprivoisent qu'avec la pratique. L'ensemble se révèle au final original, offrant des parties et des stratégies variées, basées sur une mécanique très fine. Et ce qui ne gâte rien, le background historique est fort, et les graphismes de toute beauté (c'est je trouve l'un des Ystari les plus réussis esthétiquement). Le seul bémol (si ou la bémol, au choix) à mes yeux vient du mécanisme des enchères à poing fermé pour la construction des grands projets: c'est certes une très belle trouvaille thématique, mais qui peut parfois se révéler impitoyable, dans la mesure où même les perdants doivent payer. Mais bon, c’est la vie, et la vie est injuste, diront certains, surtout au temps des décadents romains. Sylla n'en demeure pas moins un jeu très réussi, immersif, et que j’apprécie de plus en plus au fil des parties.
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