18 dés, des centaines de possibilités
Des auteurs/éditeurs sympathiques, une nouvelle maison d'édition prometteuse, un graphisme austère mais qui se démarque de la production actuelle, un réel travail de développement, une bonne ergonomie, une originalité des mécanismes remarquable, une utilisation des cartes assurant à chaque partie d'être différente… Ce jeu, sur le papier, a tout pour plaire.
Troyes, c'est un peu Caylus à l'envers : les ouvriers, d'efficacité variable à chaque tour via le tirage de dés, forment une sorte de « pool commun » dans lequel chaque joueur va piocher des combinaisons pour effectuer les actions dont il a besoin. Bien que les dés appartiennent aux joueurs, il m'a semblé plus simple de considérer ses dés comme des dés exceptionnellement « gratuits » face aux dés normalement « payants » des adversaires. Du coup, on ne peut pas vraiment dire que Troyes soit « hasardeux » au sens où un joueur serait grossièrement avantagé par son tirage (quoique il est quand même avantageux de faire de gros tirages, et que certains évènements imprévisibles, comme l'apparition de pions neutres, puissent faire mal, tout est prévu pour qu'on puisse s'en sortir malgré tout).
Malheureusement, comme Caylus et Agricola avant lui, Troyes offre trop d'options à chaque tour pour que mon plaisir ludique reste intact : des dizaines de combinaisons possibles à chaque tour pour naviguer entre PV, argent, points d'influence et présence de meeples sur le plateau… Noyé au milieu de tout ça, difficile d'échapper à la tentation d'analyser exhaustivement chaque option de manière opportuniste : après avoir tiré les dés, au début de chaque tour, on peut commencer à envisager son plan. La stratégie à long terme est rendue possible par le placement de 5 ou 6 meeples, soit pour permettre certaines « véritables » actions, soit pour s'approprier des dés pour le tour suivant (au détriment des adversaires). Il m'a quand même semblé qu'un placement subtil des meeples était loin de suffire à avoir un bon score, et qu'il était plus qu'important de passer du temps à analyser finement les meilleures combinaisons de dés au début de chaque tour.
Évidemment, si ce côté calculatoire ne vous dérange pas, voire si c'est votre trip, nul doute que Troyes et fait pour vous.
Commentaires