ZOMBICIDE 2ème ÉDITION : Évolution ou révolution ?

[Massive Darkness][Zombicide 2ème édition - Fort Hendrix][Zombicide 2ème édition - Washington Z.C.][Zombicide - saison 1 (2ème édition)][Zombicide : Toxic City Mall]

Aaaaaaah un zombie ! Ces effrayantes créatures qui nous viennent de la tradition vaudou sont devenues très populaires dans la culture pop, poussées notamment par les films de Romero, les jeux vidéo Resident evil et plus récemment la série à succès The Walking Dead. Dans le domaine des jeux de société, si de très nombreux titres ont décliné ce thème, il en est un qui de par sa longévité, ses diverses itérations et son succès sort selon moi du lot ; il s’agit vous l’aurez compris de Zombicide ! Le jeu de Nicolas Raoult, Jean-Baptiste Lullien et Raphaël Guiton publié par Guillotine Games et CoolMiniOrNot (CMON) a marqué l’histoire du jeu de plateau à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il s’agit d’un des premiers à être issu d’un financement participatif sur la plateforme Kickstarter, en 2012 ; de plus, il s’est décliné en 3 saisons pour la période moderne, et 3 univers alternatifs (médiéval fantasy, science-fiction et western, ce dernier étant à venir) qui ont chaque fois drainé des millions de dollars ; enfin, si le matériel est assez impressionnant avec de nombreuses figurines, les règles ne sont pas très compliquées et de nombreux « joueurs du dimanche » le connaissent et apprécient d’y jouer.

Neuf ans plus tard, en 2021, CMON propose une « V2 » de la première saison du jeu par laquelle tout a commencé. Le pitch du jeu ? Les joueurs incarnent des survivants qui résidaient dans les grandes villes lorsque l’apocalypse zombie est survenue et qui cherchent à… eh bien à survivre dans un premier temps, mais qui doivent également accomplir des missions dans une zone urbaine dévastée et désormais peuplée de morts-vivants. Par groupe de 6 survivants (chaque joueur peut en incarner plusieurs si vous n’êtes pas 6 autour de la table) vous devrez fouiller les bâtiments, trouver des provisions ou vous échapper, mais surtout vous devrez mettre un terme aux souffrances des zombies avant qu’ils ne vous tuent !

Si vous avez déjà joué à la première saison de Zombicide, ou à toute autre version contemporaine, la mise en place n’a pas beaucoup varié : on choisit une mission, des survivants, on place les tuiles représentant la ville selon le schéma indiqué ainsi que les zones d’apparition des zombies, les objectifs et éventuelles voitures. Les principales différences sont les portes qui ne sont désormais placées sur le plateau que lorsqu’elles ont été ouvertes, et des jetons « caisses d’armes » qui se trouvent dans certains endroits, principalement les bâtiments, et vous permettent de récupérer des armes améliorées que l’on prenait auparavant exclusivement dans les voitures de police. Les armes de départ à répartir entre les survivants sont également légèrement différentes : adieu les poêles à frire et bonjour les pistolets ! Côté decks à installer, on trouve en plus des classiques decks de fouille et d’apparition des zombies un deck d’abominations pour savoir laquelle des 4 comprises dans la boîte va apparaître (chacune apporte une manière de jouer différente) et un deck pour les caisses d’armes. Comme pour les autres versions, une fois la mission choisie et la mise en place réalisée, vous pouvez lire le briefing et vous lancer ! La mise en place est un peu plus rapide que précédemment puisque l’on n’installe pas tout de suite les portes et que les emplacements des objectifs et caisses d’armes sont directement imprimés sur les tuiles.

Rush dans le bâtiment pour se débarrasser de la bande de zombies

La manière de jouer est la même que pour toutes les autres versions de Zombicide : il y a d’abord la phase des joueurs, puis celle des zombies. Chaque survivant peut faire 3 actions pendant son tour (voire plus en fonction de ses capacités, notamment lorsqu’il monte de niveau) parmi lesquelles se déplacer, ouvrir une porte (avec une arme le permettant, révélant ainsi tous les zombies cachés dans les zones sombres du bâtiment s’il n’a pas déjà été ouvert), fouiller (une fois par tour et surtout dans les bâtiments), échanger de l’équipement (avec un autre survivant dans la même zone), prendre un objectif ou une caisse d’armes, faire du bruit ou combattre les zombies.

Concernant cette dernière action, vous pouvez attaquer des zombies dans la même zone que vous avec une arme de mêlée ou certaines armes à distance, ou dans une zone voisine sur laquelle votre survivant dispose d’une ligne de vue avec des armes à distance. Vous pouvez choisir votre cible si vous attaquez en mêlée, mais suivez un ordre de priorité à distance, et risquez même de toucher l’un de vos coéquipiers si vous obtenez un résultat de « 1 » sur vos dés. Les zombies « walkers » et « runners » sont tués avec un dégât mais les « fatties » nécessitent des armes faisant deux dégâts ; quant aux abominations, elles ne peuvent être tuées qu’à l’aide d’un cocktail molotov que vous pourrez trouver en fouillant. Chaque zombie tué rapporte 1 point d’expérience, sauf l’abomination qui en vaut 5.

Puis, lorsque tous les joueurs ont fini leur tour, c’est aux zombies de jouer ! Tous ceux présents sur le plateau s’activent et attaquent les survivants présents dans la même zone qu’eux, leur infligeant 1 dégât, ou se déplacent vers ceux qu’ils voient ou qui ont fait le plus de bruit s’il n’y a pas de survivant dans leur zone. Enfin, de nouveaux zombies arrivent des zones d’apparition : on tire une carte d’apparition par zone et on y ajoute les zombies correspondants. Les tours s’enchaînent ainsi jusqu’à ce que les survivants aient accompli leur mission ou qu’ils aient échoué (généralement, si tous les survivants sont tués). Le jeu est totalement coopératif, tous les joueurs gagnent ou perdent ensemble.

Figurine représentant la reine Élisabeth II peinte par le talentueux Johan Muzo (exclusive au Kickstarter)

Au final, cette nouvelle version du pionnier Zombicide entérine des améliorations qui avaient déjà été apportées dans ses versions précédentes : le tir ami limité aux résultats « 1 » et pas sur un survivant en priorité (initié dans la version médiévale fantastique) et le mode ultra rouge qui permet de continuer à engranger de l’expérience même après avoir atteint le niveau rouge par exemple. Côté matériel, il y a clairement une amélioration par rapport à la première boîte : les plateaux de joueurs en plastique et plus en carton fin, un plus grand nombre de survivants et d’abominations disponibles, et surtout les figurines de zombies qui sont désormais beaucoup plus détaillées. Enfin, le livret de règles propose désormais 25 missions : les 10 de la première boîte plus 15 nouvelles.

L’un des arguments de la campagne de financement participatif était la mise en place facilitée par la suppression des portes fermées à poser dès le début et l’indication sur chaque tuile des jetons objectifs et caisses d’armes à y placer. Au final, nous n’avons pas trouvé qu’il y ait un réel gain de temps à la mise en place. Par contre, la lisibilité du plateau en est grandement facilitée. De même, l’apparition des zombies uniquement dans les zones sombres des bâtiments et dans un ordre donné dans le scénario pour leurs zones d’entrée simplifie leur gestion.

Côté mécanique de jeu, il est très agréable de ne plus subir systématiquement de tir ami. Avoir plus de choix en termes d’équipement avec les armes améliorées des caisses d’armes est appréciable. Concernant les survivants, on retrouve 6 adultes comme dans la première version du jeu, accompagnés cette fois de 6 enfants qui ont la faculté de pouvoir s’échapper plus facilement d’une zone contenant des zombies (ils ont cependant moins de points de vie que les adultes). Les différentes abominations qui changent légèrement les règles chacune apportent du renouvellement au jeu. Le fait de récupérer aussi directement des cocktails molotov dans la pioche sans avoir à assembler des objets comme c’était le cas avant rend le jeu moins frustrant comme ce pouvait être le cas lorsque les cartes ne sont pas avec vous (encore faut-il piocher un molotov au bon moment).

Ces hommes vont faire un malheur au corps à corps !

La possibilité d’ajouter des modes de jeu supplémentaires, comme le fait d’avoir plusieurs abominations sur le plateau en même temps, les actions de voitures, les compagnons, les règles de combat à distance modifiées si l’on tire vers une case de bâtiment sombre, le mode ultra rouge ou encore l’ajustement de la difficulté avec les cartes d’apparition de zombies permettent d’approfondir l’expérience ou bien de l’alléger en fonction de vos joueurs et de vos envies. De nouvelles compétences ont également fait leur apparition, et la plupart sont désormais expliquées rapidement au verso des cartes survivants (elles sont également détaillées dans le livret de règles. Finalement, la seule mécanique postérieure à la première boîte et qui n’a pas été ajoutée à la seconde version du jeu est celle des zombivants, initiée par l’extension Toxic city mall si ma mémoire est bonne.

Le financement participatif sur Kickstarter proposait également 2 extensions à cette nouvelle version du jeu : Fort Hendrix et Washington Z.C. Elles ont la particularité que leurs scénarios peuvent être joués séparément ou en campagne, introduisant ainsi des feuilles d’évolution des personnages, des cartes objectifs à placer sur le plateau et qui vous mettront face à des choix, de nouvelles cartes équipement et équipement de base, caisse d’armes et équipement militaire ou service secret (en fonction de l’extension à laquelle vous jouez), en plus de tout ce que l’on trouve habituellement dans une extension pour Zombicide (nouvelles tuiles et nouveaux survivants). Ces extensions introduisent de nouvelles mécaniques au jeu : la possibilité de lancer plus de dés pour utiliser les armes au risque de les casser (et donc de les rendre inutilisables), de sauver un équipier tombé à 0 points de vie, et l’alternance du jour et de la nuit rendant le combat à distance plus difficile sans lampe torche.

Dans Fort Hendrix, vous incarnez des militaires et des survivalistes qui rejoignent une base militaire dans laquelle des expérimentations ont eu lieu sur des zombies, emmenés par une jeune femme, Penny, dont la mère est le médecin de la base. Les zombies que vous y trouverez sont parfois d’anciens soldats, ils ont donc encore leurs armes sur eux et peuvent les utiliser ! Le bon côté des choses, c’est que vous pourrez trouver un équipement de style militaire très performant lors de vos actions de fouille. Dans Washington Z.C., vous êtes des citoyens ordinaires de la capitale qui essaient de survivre dans cet environnement où des chars et une sécurité renforcée étaient déployés pour protéger la Maison blanche. Vous pourrez trouver des sacs de sable derrière lesquels vous retrancher pour aligner les zombies tout en étant protégés, des tanks sur lesquels grimper pour avoir une meilleure ligne de vue et des équipements très cools des services secrets.

Une fois votre mission accomplie, vous pouvez gagner des réalisations à noter sur votre fiche de personnage en fonction de la manière dont vous avez géré les objectifs. De plus, si votre survivant a atteint le niveau orange et/ou rouge d’expérience durant la mission, il coche une à deux cases d’expérience de campagne, lui permettant de débloquer de nouvelles compétences ou actions bonus lorsqu’il atteindra certains paliers. Enfin, certains objets récupérés disposent d’une valeur de conservation indiquée dans un petit cadenas sur leur carte ; elle correspond au nombre de dés à lancer pour savoir si le survivant parvient à le conserver pour la mission suivante. Si un ou plusieurs « 1 » sont obtenus, l’objet est perdu.

Machete armé de ses deux machettes, ça envoie du lourd !

Pour moi, au-delà de la mise à jour des règles du jeu et de l’ajout de belles petites surprises par-ci par-là, le gros plus de cette nouvelle version de Zombicide ce sont les extensions qui permettent d’y jouer en campagne. C’est un élément qui nous a longtemps fait préférer Massive Darkness à Zombicide, car le fait de pouvoir faire évoluer nos personnages, vivre une aventure sur plusieurs sessions, est quelque chose qui nous plaît particulièrement. L’alternance des cycles jour/nuit qui modifie les règles de combat et les cartes objectifs qui nous obligent à effectuer des choix ayant potentiellement des répercussions sur la suite de la mission sont fort agréables. Et les deux extensions vont proposer des sensations légèrement différentes, vous pouvez donc choisir l’univers qui vous parle le plus !

Enfin, la dernière grosse nouveauté introduite par cette campagne de financement participatif est l’arrivée du jeu de rôle Chroniques de Zombicide qui a la particularité de vous permettre de réutiliser le matériel du jeu dans un cadre beaucoup plus libre. Les règles se rapprochent de celles de Zombicide avec quelques modifications. Vous alternez les phases d’abri, durant lesquelles vous pouvez vous reposer et préparer l’avenir, et les phases de mission qui vous permettent de récupérer de la nourriture, d’explorer, bref, d’interagir avec votre environnement.

Pour conclure, cette seconde édition de la toute première boîte de Zombicide est un retour nostalgique à nos premières émotions dans l’univers, avec des améliorations de règles et des mécaniques plus poussées pour un plaisir toujours renouvelé ! Une belle réussite pour moi.

Fiche technique

Éditeur : CMON

Auteur : Raphaël Guiton, Jean-Baptiste Lullien et Nicolas Raoult

Illustrateur : Édouard Guiton (avec Éric Nouhaut pour les extensions)

Nombre de joueurs : 1-6 joueurs

Âge : 14+

Durée : 60 minutes

Et pour rester dans l’ambiance : si vous trouvez The Walking Dead trop sérieux à votre goût, essayez Z Nation, une série plutôt marrante dans laquelle les zombies ne se contentent pas de se traîner aux trousses des humains mais leur courent après, entre autres choses. Côté littérature, je vous recommande la trilogie Zombie story de David Wellington, racontant l’histoire d’un groupe paramilitaire féminin somalien avec à sa tête un ancien inspecteur des Nations Unies partant pour les États-Unis afin de trouver un remède à la pandémie, et qui a pour moi l’avantage de proposer deux points de vue : celui des humains et celui des zombies. Et si vous êtes nostalgique des contes de votre enfance, jetez un œil à Chroniques de Zombieland de Gena Showalter qui propose une relecture du conte d’Alice au pays des merveilles à la sauce zombie !

9 « J'aime »

le livre “World War Z” est egalement un must pour moi, avec differents points de vues absolument captivants

4 « J'aime »

Je n’ai vu que le film, mais j’ai beaucoup aimé ! Le livre est sur ma liste d’envies, à choper à l’occasion !

Punaise, c’est un des rares jeux où je ne peux pas dire…“Et sinon, c’est quand qu’on tue des zombies ?” Oui, cette seconde édition, c’est du réchauffé, mais je ne m’en lasse pas et les modifications sont valables.

2 « J'aime »

Très las des zombicides, je m’amuse beaucoup sur cette nouvelle version. Les changements sont peu nombreux mais je trouve le jeu bien plus fun qu’avant.

2 « J'aime »

Il est beaucoup moins accessible c’est vrai, mais je préfère The Walking Dead: All Out War à Zombicide.

1 « J'aime »

Zombis et humour Juif ! Un must read ! Avec son 1er volume : Guide de survie en territoire zombie ! ^^

1 « J'aime »

oui, notre groupe de “vétérans” a été conquis par les modifications ! As-tu essayé la campagne ?

Pareil ici, on a eu l’impression que le jeu était plus dynamique, moins frustrant. Et ceux qui le découvraient l’ont trouvé très fun !

1 « J'aime »

Je n’y ai pas joué, quelles sont les principales différences qui te le font préférer ? ça m’intéresse !

Bel article, merci. Moi, je passe mon tour possédant déjà la première version. La V2 semble riche d’atouts. Mais, maintenant que la vague Walking dead est passée, je ne suis pas certain que les ventes soient aussi prometteuses.

1 « J'aime »

L’ambiance est plus sobre: pas d’ado en rollers qui dégomme du zombie à la tronçonneuse, je préfère - modes solo/coop/compète/campagne avec gestion de camp nickels - les déplacements, les tirs et les zones de contrôle sont mesurés, pas de cases, c’est un jeu de baston avec figurines mais sur un espace réduit (et clostro!) qui correspond à peu près à celui d’un jeu de plateau et qui assure la tension; mais c’est modulable à l’envie - on peut se servir des hordes de zombies pour emmerder l’adversaire - j’aime bien bricoler mes propres décors - un nombre de personnages et de factions pléthorique - et d’autres mini-trucs… En gros c’est plus d’investissement en oseille (si on s’engage dans le truc avec vigueur) et en temps (installation, modélisme & peinture), mais je trouve ce titre beaucoup plus riche.

2 « J'aime »

Merci beaucoup ! Je suis d’accord avec vous, l’engouement autour de The Walking Dead a sans doute contribué au succès du jeu. Je pense que ceux qui s’y intéresseront seront satisfaits des modifications apportées aux règles, et donc au plaisir renouvelé d’y jouer, au-delà du thème.

1 « J'aime »

On est plus dans du jeu de figurines à affrontement donc ? J’avoue que Zombicide présente pour moi un bon compromis entre jeu de plateau et jeu de figurines, ce dernier n’étant pas trop ma came, mais je crois que mon mari sera très intéressé par votre présentation de ce jeu, merci beaucoup !

1 « J'aime »

En passant, je suis satisfait de Zombicide Night of the living dead : ambiance film garantie et aspect assiégé/lieu clos à défendre qui renouvelle ( en partie) le jeu

2 « J'aime »

J’en ai entendu beaucoup de bien et l’article de Raf Park m’a donné envie, j’espère réussir à mettre la main dessus cet été !

Je suis d’accord sur ce compromis - je précise que TWD est également assortis de multiples scénarios qui suivent la chronologie du comic, et qu’il est donc, à sa manière, aussi une sorte de compromis à l’envers ^^. Autre aspect à prendre en compte: la disponibilité - pas du tout introuvable mais sans rapport avec l’exposition d’un Zombicide.

1 « J'aime »