Warp's Edge. Combattez. Mourez. Recommencez.

Warp’s Edge

Seul face aux envahisseurs de l’espace

Vous n’étiez qu’un pilote débutant quand une armée extra-terrestre redoutable a anéanti les Forces des Bordures Extérieures, et que vous avez préféré fuir plutôt que d’être massacré aussi.

Après un an à errer seul dans l’espace, voilà que vous vous retrouvez pourtant au beau milieu de la flotte ennemie ! Cette fois, vous ferez honneur à votre insigne, cette fois, vous ne fuirez plus, cette fois… vous avez été désintégré.

Mais votre vaisseau est équipé du protocole expérimental SAUVEUR, et à l’instant même où vous deviez être rayé de la carte de la galaxie, un saut temporel (un warp) vous a fait réapparaître quelques secondes plus tôt… toujours au beau milieu de la même flotte ennemie. Le nombre d’utilisations de ces warps est limité, mais peut-être parviendrez-vous à détruire le vaisseau-mère avant d’épuiser vos chances ?

Après tout, avant chaque réinitialisation, vous collectez des informations et améliorez votre vaisseau en fonction. Ainsi êtes-vous loin de repartir à zéro, si vous avez bien su profiter du warp – en collectant les bons jetons pour que, la prochaine fois, votre réserve d’actions vous permette de tenir plus longtemps et de détruire davantage.

Un jeu de société… solo ?

Après Le Défi de la Reine de Kane Klenko (auteur de Flipships, Mission pas Possible, Splaf!, etc.), Warp’s Edge est le deuxième jeu de la « Série Héros Solo », une gamme exclusivement solitaire éditée par Renegade Game Studios, et localisée par Renegade France/Origames.

Un « jeu de société solo » ? À une époque où il est devenu si courant que des jeux de société à pratiquer… en société proposent un « mode solo », Renegade fait en effet le pari qu’il vaut peut-être mieux se lancer directement dans un jeu solitaire, conçu d’emblée et spécifiquement pour être joué seul, plutôt que dans une simple variante 1 joueur plus ou moins convaincante d’un jeu multijoueurs.

Le solo est ainsi perçu comme une liberté, et non comme une restriction ; une autre manière d’apprécier ce qui reste pleinement un « jeu de société », et non un jeu de société limité, amputé de sa tablée de joueurs.

Il n’est d’ailleurs pas aberrant de pratiquer éventuellement Warp’s Edge à plusieurs, réfléchissant ensemble aux meilleures actions pour optimiser chaque warp. Surtout, il « fait jeu de société », en cherchant comme un « vrai » jeu de société à inspirer une satisfaction dans la manipulation d’un matériel complet (plateaux Vaisseau stellaire et Vaisseau mère, cartes Ennemi et Tactique, sac en tissu brodé et casiers de rangement pour accueillir les jetons…), dans des mécaniques accessibles mais exigeant une bonne réflexion, et jusque dans une histoire, particulièrement soignée.

Une grande aventure

Par-delà un pitch assez tendu, Warp’s Edge se dote en effet d’un univers et d’une intrigue grâce au travail de l’autrice Banana Chan, précisément spécialisée dans l’écriture de jeux. Elle a par exemple participé à des projets aussi ambitieux que Sea of Legends et le jeu de rôle Dune, mais avait par ailleurs composé la nouvelle accompagnant le jeu de société Terror Below (de Mike Elliott), racontant comment une équipe de rednecks névadais s’adaptait à l’apparition soudaine d’œufs… et de vers des sables géants sur leurs terres (et accessoirement près de la zone 51). Vous la retrouverez bientôt avec ses titres de livres délirants dans Atheneum La Bibliothèque Merveilleuse (du collectif l'Atelier), à paraître prochainement chez Renegade France/Origames.

Or la boîte de Warp’s Edge contient (comme celle du Défi de la Reine) un livret d’une trentaine de pages où sont détaillés tous les événements précédant la partie… avec, cette fois, quelques choix à la Livre dont vous êtes le héros. Vous pouvez ainsi laisser vos décisions narratives déterminer lequel des quatre vaisseaux stellaires vous allez conduire et lequel des six vaisseaux mères vous allez affronter, pour une mise en place plus immersive que jamais !

Le jour de la marmotte dans l’espace

L’histoire est d’autant mieux imbriquée avec les mécaniques que le concept des warps est bien sûr au cœur des deux aspects. L’auteur Scott Almes (connu pour la série des Tiny Epic et des Boomerang) s’est inspiré pour l’imaginer des « boucles temporelles », notamment mises en scène dans Un Jour sans fin, les récents Happy Birthdead et Palm Springs, et surtout Edge of Tomorrow, dont le protagoniste revivait également la même journée encore et encore face à une invasion extra-terrestre. Enfermé dans la répétition dont il ne conserve que les souvenirs (et donc la capacité à se préparer à ce qu’il a déjà vu advenir), le héros est mis au défi de comprendre ce qu’il se passe et d’en sortir.

Plus précisément, on pourrait même dire que l’idée au cœur de Warp’s Edge est tirée directement des jeux vidéo de type roguelite, comme le grandiose Hades de Supergiant Games publié l’année dernière. Dans ces titres, la mort du personnage le fait recommencer au tout début du jeu avec un bonus souvent dérisoire, mais ayant le mérite d’exister, et s’associant à l’amélioration naturelle des compétences du joueur pour lui permettre d’aller toujours plus loin.

Si, à la fin d’un warp, tous les ennemis détruits reviennent à la vie et tous les jetons Laser, Manœuvre ou Énergie utilisés reviennent dans notre sac, on y replace également les jetons récupérés entretemps. Chaque victoire contre un ennemi octroie une récompense, différente selon que l’on choisisse de manœuvrer pour le fuir ou de l’attaquer pour le détruire, et quand ces gains sont des jetons, ils sont définitivement ajoutés au sac, ce qui permet de définir notre orientation pour le reste de la partie – tâcher de recueillir autant de jetons Laser supplémentaires que possible implique par exemple que l’on optera pour une stratégie assez agressive.

Pour battre les aliens, mieux vaut vider un sac bien rempli

C’est l’idée du bag-building, notamment popularisée par Orléans (de Reiner Stockhausen), et elle-même influencée par le deck-building, où se sont illustrés des œuvres comme Dominion (de Donald X. Vaccarino) ou Clank! (de Paul Dennen). Dans ce dernier jeu, les aventuriers commençaient avec une même pile de cartes assez basiques, simulant leur faiblesse, mais en acquéraient de nouvelles au cours de la partie, de sorte que la pile de chacun devenait très différente de celles de ses adversaires, reflétant son parcours très personnel dans le donjon.

Le bag-building applique le même principe avec un sac de jetons au lieu d’une pile de cartes : alors que l’on commence la partie en piochant des jetons assez faibles dans son sac, ne permettant donc que des actions assez faibles, ces jetons permettent de gagner de nouveaux jetons, accroissant notre puissance et notre potentiel.

Il sera même possible dans Warp’s Edge de retirer définitivement des jetons du jeu quand notre armure sera attaquée par les ennemis, une punition qui peut être tournée en relatif avantage si l’on en profite pour se débarrasser de jetons assez faibles et ne correspondant plus à ce que l’on voudra faire au cours des prochains warps.

Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, la dimension narrative de Warp’s Edge, son recours aux boucles temporelles et sa « limitation » aux parties solitaires ne sont ainsi pas du tout antonymes de rejouabilité. La pression assez élevée exercée sur le joueur pourra occasionner quelques défaites, qui seront autant d’occasions de revoir sa manière de jouer et de tenter d’autres choses, d’autres combinaisons de jetons dans son sac ; et chaque avatar de vaisseau comme chaque vaisseau mère impliquent un tel renouvellement des règles que deux parties ne se ressembleront jamais. Une possibilité de s’approprier le jeu et une rejouabilité encore accentuées par l’extension Invasion virène !

Sautez dans le warp !

Entre le jeu vidéo Space Invaders et le film/light novel Edge of Tomorrow, Warp’s Edge est ainsi un « jeu de société solitaire » immersif, dynamique, tendu, et proposant au rookie de nombreuses manières de gagner en expérience, en force et en personnalité au cours de ses warps et parties !

Et vous, comment comptez-vous sauver le monde ?

rédaction : SW

photos : danslaboite.be



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je suis intrigué.

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Et c’est pour quand ?

avril 2021

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