Tric Trac à supinfoGame, les futurs stars du jeu arrivent !

SupinfoGame est une des prestigieuses écoles françaises qui forment les futures générations de créateurs de jeux vidéos. Qu’ils exercent dans le domaine graphique ou dans le domaine du Game Design, c’est de là que sortiront sans doute les jeux de l’avenir. Mais pourquoi donc est-ce que je vous parle (encore) de jeux vidéos sur un site spécialisé dans les jeux de société ?

D’abord parce que je le peux. Ok, la réponse est un peu courte. Vous qui aimez le jeu, vous le savez déjà, il existe de nombreuses passerelles entre les jeux vidéos et les jeux de société que l’on qualifie un peu rapidement de traditionnels. Les frontières sont poreuses et les spécialistes de l’un ou l’autre domaine communiquent activement depuis déjà de nombreuses années. Seuls quelques journalistes myopes se risquent encore aujourd’hui à opposer deux secteurs qui s’examinent attentivement l’un l’autre.

S’il fallait encore vous convaincre de cette complémentarité, sachez que la plupart des écoles sérieuses proposent à leur étudiants de s’initier au Game Design en travaillant préalablement sur le jeu de société avant de se mettre à taper du code ou dessiner des sprites (oui je sais je date un peu).

C’est ainsi qu’au département Games de Supinfo à Valenciennes, les premières années développent pendant plusieurs mois un projet de jeu de société dont le prototype finalisé sera présenté à un jury en fin d’année.

Cette année, l’équipe pédagogique et la direction m’ont fait l’honneur de présider la session 2014.

Les étudiants sont, dans un premier temps, appareillés par équipe de quatre par un tirage au sort et de telle sorte qu’il existe dans chaque équipe deux Graphic Designers et deux Game Designers. Un des challenges sera donc d’appréhender le travail en équipe. Pilotés par Pascal Bernard (cliquez sur son nom pour découvrir ses jeux édités), les groupes vont ensuite se voir attribuer un thème de travail. La première étape est d’aller chercher ce qui c’est déjà fait dans le genre puis voir quels sortes de mécanismes pourront être mis en œuvre en fonction du thème donné.

Petit jeu de cartes ? Gros jeu de plateau ? Party Game ? Jeu pour HardCore Gamers ? De ce côté les propositions sont libres. Au final, les équipes doivent présenter un jeu qui fonctionne, pertinent en terme de mécanismes, respectueux du thème, éditable et graphiquement attirant et cohérent.

De fait, tous les étudiants en débutant ne possèdent pas encore une culture énorme en jeu de société. C’est par là qu’ils commenceront en examinant ce qui ce fait, ce qui est dans l’air du temps et ce qui a été un succès public et/ou commercial. Aidé par Pascal Bernard, ils joueront et découvriront des jeux dont ils pourront s’inspirer. Ensuite, tout comme des auteurs pros, ils proposeront des prototypes qui seront corrigés, affinés voire parfois révolutionnés d’un bout à l’autre.

J’arriverais donc après la bataille, dans une école en effervescence avec des étudiants un peu à cran mais terriblement accueillants. Le jury est constitué de Laure Casalini, la directrice et ancienne d’Ubisoft, Franck Letiec, responsable pédagogique qui vient, entre autre de chez Cryo, Erwan Defachelles, l’autre responsable pédagogique et spécialiste de l’Interactive Storytelling dans le Jeu Vidéo, de Pascal Bernard, auteur, journaliste et autre, et enfin de votre serviteur qui gagne sa vie en écrivant sur le travail des autres.

Une journée sera consacrée à la pratique des dix jeux proposés. C’est un peu court donc c’est une grosse journée. La suivante verra les groupes faire leur show pour présenter leur projet, ses qualités, son historique, ses références, …

La première surprise, et elle est de taille, c’est la haute qualité des projets proposés. Pour voir un grand nombre de prototypes de jeux chaque année, ceux présentés ici sont largement dans le haut de la crème du panier. C’est d’ailleurs l’un des pièges que j’ai découvert lors de ce jury : toujours avoir en tête que je ne suis pas devant des projets pros mais seulement ceux d’étudiants en première année. Croyez-moi, on l’oublie très vite !

Globalement, on peut dire que l’originalité ne sera pas la qualité mise en avant. On retrouve ici (comme dans le marché pro) des bases mécaniques déjà éprouvées et à moins d’être un petit génie, ce n’est pas l’innovation qui sera ici récompensée. Ce qui est incroyable c’est comment en très peu de temps, les étudiants ont su digérer l’essentiel pour en retirer les informations principales et produire de jeux qui à la fois fonctionnent, sont équilibrés et … ludiques. Nous sommes très loin des projets hurluberlus de celles et ceux qui pensent révolutionner le milieu ludique avec une énième adaptation des Échecs ou du Monopoly.

Bref, il a vraiment fallu se réfréner dans nos parties d’évaluations car nous étions déjà embarqués pour essayer d’atteindre la victoire. Un signe qui ne trompe pas.

De fait, plusieurs des projets pourraient être édités quasi en l’état. Les vieux auteurs de jeux ont du souci à se faire. Messieurs, la jeune génération arrive et ça va pousser très fort !

La journée de présentation était l’autre face du travail. Faire un bon produit est une chose mais savoir le présenter et convaincre ses interlocuteurs en est une autre. La encore, nous avons pu apprécier l’aisance de communication de ces jeunes personnes avec quelques shows façon Steve Jobs (encore que personne n’a présenté son jeu comme une révolution ce qui m’aurait fait bien rire). Ici on ne cache pas ses influences, au contraire, on les met en avant en expliquant ce qu’on y a trouvé et comment on a intégré ces éléments au service d’un nouveau projet. Et faire ça devant un jury n’est pas toujours aisé.

Vous trouverez ici quelques photographies non exhaustives de ces journées. Tric Trac remercie SupinfoGame de la confiance qu’ils nous ont accordé et nous ne saurions trop conseiller aux sniffeurs des maisons d’édition d’aller mettre leurs nez du côté de cette école. J’en glisserais quelques mots aux plus enrhumés d’entre eux…

Le site de SupinfoGame : cliquez ici

Photographies by Wisp & Mops

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Ici Pauline, membre du groupe "Hellevation", je me joins à tout mes camarades pour vous remercier de votre venue au sein de l'école et aussi pour cet article qui nous donne courage et motivation pour faire encore mieux pour le futur. Merci de croire en nous !

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Bravo D. Mops pour ce bel article!

Une preuve supplémentaire que le jeu vidéo et jeu de société sont des cousins proches: la Global Game Jam (événement mondial ouvert à tous qui rassemble des créateurs de jeu, jeu vidéo le plus souvent, le temps d'un week-end) qui a accueilli cette année M. Bruno Cathala:

http://globalgamejam.org/2014/games/junk-asylum

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Whaaa, c'est classe ça on peut reserver une place pour son gamin dans disons 18 ans? :)

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Les photos donnent envie d'en savoir plus.

Presque même déjà de jouer à ces jeux.

Franchement, chapeau les jeunes !

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j'aime beaucoup cet article, merci pour ce partage d'événement très agréable.

Super article qui donne envie d'en savoir plus. Les jeux ont l'air très attirants. Bravos aux élèves !

Bon, ça sort quand tout ça? (c'est fou ce que de simples photos donnent envie d'en savoir plus sur ces différents projets)