test trains

[Trains]

Tchou Tchou ! Comment ça je me suis trompé de registre ? C’est effectivement possible. Je reprends. Les trains sont une source de passion dévorante auprès des Japonais, il existe de nombreux jeux sur les trains, et au pays du soleil levant les trains sont rois. Il faut dire qu’il s’agit là d’un moyen de transport fort pratique pour relier les différents milieux ruraux. Les jeux de trains sont monnaie courante dans le milieu ludique, on ne compte plus les jeux exploitant ce thème. Et souvent avec succès. Pour autant ma curiosité n’est jamais refrénée devant un jeu ferroviaire, et Trains a su attiser ma curiosité, cela depuis le début. Je serais donc, si vous le voulez bien, votre chef de gare pour ce voyage ludique au pays du soleil levant, à bord de Trains.

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Trains
Un jeu de Hisashi Hayashi
Illustré par
Publié par Filosofia
2 à 4 joueurs
A partir de 14 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 45 minutes
Prix: 44,95 €


Préambule

Je ne vais pas lésiner pour ce préambule. Le jeu Trains est sorti une première fois en 2012 au Japon. Alors édité par Okazu Brand, le jeu n’avait pas le visuel dont il dispose aujourd’hui pour la boîte, ainsi que les cartes (qui pour beaucoup disposaient de photos à la place des illustrations), mais le reste était assez similaire. En 2013 c’est AEG qui édite le jeu sur le sol américain, tandis qu’il est présenté à Essen. Enfin en 2014, il arrive chez nous par le biais de Filosofia. Quant à son auteur, Hisashi Hayashi, il avait déjà tenté l’aventure ferroviaire avec String Railway, un jeu où les lignes de train étaient représentées par des ficelles de couleurs. Il a aussi créé un jeu sur les trains, Trick of the Rails, qui est cette fois-ci un jeu de plis. Fraîchement sorti chez Iello, il a également créé En Route vers les Indes, un jeu minimaliste. On lui doit également d’autres jeux minimalistes comme Edo Ysashiki.

Il faut savoir qu’en 2014 est sorti chez AEG un jeu se nommant Planes dont le visuel fait grandement penser à Trains. Pourtant le monsieur doit être allergique aux avions car ce n’est pas Hisashi Hayashi qui est aux manettes mais David Short pour un jeu différent au niveau des mécaniques.

Règles

Dans Trains vous allez devoir gérer aussi bien votre main que votre présence sur le plateau, les deux étant intimement liés. Pour remporter la partie, vous allez devoir accumuler les points de victoire présents sur les cartes à bords dorés ainsi qu’en relayant les villes les plus éloignées sur le plateau, tout en vous positionnant le plus possible sur les villes disposant de gares. La construction des lignes et des gares se faisant à l’aide des cartes.

Vous débuterez la partie avec un deck de 10 cartes (2 “pose de rails”, 1 “gare” et 7 “trains omnibus”), tous les joueurs auront le même. Sur les cartes vous trouverez plusieurs informations :

  • Le nom de la carte
  • Son coût d’achat dans une pastille rouge
  • Sa valeur monétaire dans une pastille dorée
  • Et au centre l’action (s’il y en a) et son ou ses effets

À votre tour de jeu, vous pourrez jouer autant de cartes que vous désirez dans la limite de celles présentes dans votre main. Vous pourrez les jouer en tant que carte action ou bien en utilisant leur valeur monétaire pour acheter d’autres cartes présentes sur la table. Vous ne pourrez pas utiliser les 2 fonctions, il faudra donc choisir judicieusement. Les cartes achetées iront dans votre défausse, ainsi que celles de votre main non utilisées et celles que vous avez jouées.

Pour construire de nouvelles voies, il faudra tenir compte de la nature du sol, mais aussi du nombre de cubes déjà présents sur la case, faisant monter la valeur de la voie exponentiellement. Pour les gares vous serez limités aux nombres de bâtiments dessinés sur la case. A la fin la valeur des cubes présents augmentera en fonction du nombre de gares, ce qui n’est pas à négliger.

Petit point très important, pour chaque construction essentielle comme les voies ou les gares vous devrez récupérer dans votre défausse une carte ferraille, qui ne sert à rien d’autre qu’à alourdir inutilement votre deck. Vous récupérerez également une carte ferraille par carte bâtiment (carte dorée) que vous construirez. Le seul moyen de vous débarrasser de ces cartes sera de passer votre tour pour défausser toutes les cartes ferrailles présentes dans votre main.

Il reste encore quelques points de règle, mais l’essentiel est là et la règle ne sera pas compliquée à apprendre, ni à lire.

Matériel

Vous aimez les cartes ? Et bien vous allez être servis, car la boîte regorge de plus de 500 cartes, un chiffre colossal ! Fort heureusement, des cales en mousse ont été prévues ainsi que des intercalaires afin de pouvoir ranger tout ceci, sans avoir à s’arracher les cheveux à chaque partie. Vous retrouverez aussi de très nombreux cubes en bois pour représenter les lignes et les gares, ainsi qu’un plateau de jeu réversible avec d’un côté Tokyo et de l’autre Osaka. Une grosse boîte qui contient un matériel impressionnant.

Le matériel est de très bonne qualité, le plateau est épais et solide, et les cartes de bonne facture. Pour autant celles-ci restent assez froides au niveau de leurs illustrations qui parviennent à imager le nom des cartes sans pour autant éveiller un quelconque sentiment à leur propos. Un peu comme le visuel de la boîte, qui en laissera sûrement plus d’un de marbre. Il n’y a aucun grain de folie, et le jeu reste visuellement très conventionnel. Cela ne doit pas empêcher de saluer la qualité de son édition. Les règles sont bien illustrées et bien mises en page, cependant lisez-les entièrement avant d’entreprendre une partie, sous peine de passer à côté de certains points très importants. À la dernière page, vous retrouverez un résumé de partie et de tour, bien utile.

Je suis juste déçu qu’il n’y ai pas de petites gares et de rails. Mais cela est parfaitement compréhensible, car il aurait été très compliqué de les faire se juxtaposer ou chevaucher sur le plateau. Mais que voulez-vous, c’est mon amour des jeux ferroviaires qui remonte à la surface!

Une édition de qualité, mais malheureusement un peu plombée par un aspect trop froid.

Ressenti durant les parties

Trains n’est pas complexe à prendre en main, et le fait de jouer aussi bien avec un plateau que des cartes pour un jeu de deckbuilding surprend la première fois, mais devient presque naturel au fil des tours.

La plus grande difficulté proviendra du fait de ne pas confondre la valeur des cartes avec leur prix. On aura facilement tendance à chercher à faire plus compliqué qu’il n’est. On pioche 5 cartes, on les joue en temps qu’action ou monnaie pour acheter des cartes. Si l’on construit une gare ou une voie, on utilise les cubes appropriés que l’on pose sur le plateau. C’est tout, il n’y a pas à chercher plus compliqué. Cette manière simple de jouer permet de se concentrer essentiellement sur le jeu et celui des autres, tout en prévoyant ses prochains coups, car mine de rien Trains est un jeu pointilleux. Très plaisant à prendre en main, mais plus complexe à maîtriser.

Il ne s’agit pas d’un jeu d’ambiance, vous ne rigolerez pas entre chaque tour, mais pour autant le jeu n’est pas forcément statique, et la recrudescence des cartes ferrailles pour la plupart des actions vous fera râler à coup sûr, sous les sourires amusés de vos adversaires. Qui riront moins en découvrant dans leur main 3 cartes du même type.

Les parties sont fluides, les tours ne sont pas trop longs entre chaque joueur, car le choix reste assez limité par les cartes présentes dans sa main. Et même à 4 joueurs le jeu reste assez fluide, pour autant j’ai trouvé les parties un peu longues : il faut le temps de mettre son réseau en place et d’en tirer le meilleur profit. Les joueurs ne sont pas forcément pressés de mettre fin à la partie, préférant amasser des points supplémentaires. C’est à mes yeux l’un des seuls défauts de Trains, et le ressenti général pour chaque partie que j’ai pu faire. Mais cela n’a en rien entaché le plaisir que j’ai eu à y jouer.

Durée de vie

Trains dispose d’une excellente durée de vie grâce à la présence de nombreuses cartes de préparation. Parmi celles-ci seules 8 cartes seront prises à chaque partie, donnant un ton unique à chaque fois. Une très belle manière de donner une excellente durée de vie au jeu.

Bien entendu Trains ne sera pas forcément accessible à tous. Pour autant les enfants déjà habitués aux jeux pourront y jouer et y prendre du plaisir. Sans être un jeu familial facile, Trains saura se mettre à portée pour peu qu’on le laisse se présenter et s’apprivoiser. Encore une fois le seul frein pourra être la durée de ses parties, variant entre 1h30 et 2h. Même s’il s’agit d’un jeu de deckbuilding, les combos ne sont pas omniprésents, tout comme les textes parfois un peu alambiqués que l’on trouve dans d’autres jeux. Tout est logique et s’imbrique parfaitement pour offrir une expérience de jeu complète mais abordable et pas encéphalophage (je suis fier de mon invention, là).

Il y a énormément de stratégies à tester et à appliquer, vous aurez donc l’occasion d’y revenir à plusieurs reprises.


Avis

Il fallait oser le faire de mélanger deckbuilding et jeu de plateau, et pourtant cela fonctionne à merveille. Trains est un excellent jeu, fluide, logique, mais non dénué de stratégie et de tactique. Il est très plaisant à jouer et offre de nombreuses perspectives de jeu. Intéressant à tout âge, seuls ses graphismes un peu froids (mais parfaitement fonctionnels) et la légère longueur des parties pourront entacher le tableau. Pour autant il ne faudrait pas vous arrêter à cela, car le jeu est très bon et devrait plaire à tous les fans de deckbuilding qui cherchent un jeu original et novateur.

Merci à Quilicus pour sa correction.

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