Voyage au centre de la terre de Jules Verne est votre roman préféré, mais voilà les bons jeux sur ce thème ne sont pas légion, peut être que Rockwell pourrait faire votre bonheur. Pour peu que la gestion d’une entreprise minière ne vous fasse pas peur. Mettez votre plus beau costume, votre casque de mineur, et préparez-vous à descendre au centre de la terre et cela pour devenir la plus prestigieuse des sociétés.
« Rockwell »
An extension for rockwell mini extension Diamant
Par Bruno Crepeault
Illustré par Yuio
Publié par Sit Down !
2 à 4 joueurs
14 à 99 ans
Langue des règles: France, Allemagne, Royaume-Unis
Durée: 90 minutes
Prix: 45 €
Les règles :
De prime abord, Rockwell semble être un jeu complexe, la masse de matériel dont regorge la boite ne fait qu’accentuer cette impression. Or il n’en est rien ou presque. Même si ne nous sommes pas devant un jeu grand public, Rockwell est plus simple qui n’y parait, et possède des actions logiques, qui facilitent l’apprentissage.
Le but ultime de Rockwell est de réussir à acquérir le maximum de prestige, représenté par des étoiles. Pour cela vous devrez gérer au mieux votre société d’exploitation minière. Une fois le plateau et les différentes pièces misent en place, chaque joueur choisit sa couleur et prend les pions et le plateau qui lui correspondent. Chaque plateau individuel de joueur plus les trois plateaux de phase, possèdent deux côtés distincts selon que vous jouiez à 2 ou 3 joueurs, ou bien à 4. Chaque pièce dispose de ce petit rappel numérique bien utile.
Mon but n’est pas de vous expliquer en long et en large les règles, mais plutôt de vous donner un aperçu général. Si j’omets donc quelques points, je m’en excuse par avance. Chaque tour débute par une enchère, qui va déterminer l’ordre d’action et surtout la position des vices président sur les trois plateaux de phase, les joueurs ne peuvent poser deux fois ses vices président sur le même plateau. Bien entendu chaque plateau propose des fonctions différentes. Le premier, le centre de contrôle, permet de récupérer des tentatives de corruption (envers les autres joueurs) ou bien des sous-traitants pour vous faciliter l’extraction, en vous attribuant de la main d’œuvre supplémentaire.
Le second plateau, la bourse permet de revendre ou d’acheter des ressources (zinc, bronze, argent ou or), chacun ayant une valeur différente selon son degré de rareté. Attention les places à la bourse sont limitées.
Enfin, le dernier plateau, l’atelier, permet de récupérer des livraisons, soit des points de prestige contre des ressources. Il permet surtout d’acquérir des améliorations, que ce soit pour les déplacements de vos équipes de forage, des assurances, des puits de mine ou encore de la puissance pour vos équipes.
Dans la boite vous trouverez également des cartes, qui sont en rapport avec les différentes tuiles du plateau de forage. Le fait de forer vous fait révéler une carte de valeur correspondante, sur celle-ci est indiqué les ressources que vous allez partager (ou non), avec parfois également un danger (qui vous fait perdre des ressources au pro rata des forces engagées, sauf si vous possédez les assurances nécessaires.
Chaque joueur dispose donc de quatre tours où il peut déplacer ses équipes de forages sur les différentes tuiles adjacentes du plateau. Lorsque la valeur des équipes présentes sur la tuile est égale ou supérieure à celle-ci, on procède à l’extraction. Les gains se partageant entre les différents joueurs présents sur la tuile. Selon la position de vos vices président, vous serez peut être en mesure de déplacer l’un des pions adverses ou de faire appel à des sous-traitants pour vous aider à forer.
Une fois les quatre tours de forage effectué (et la récolte des ascenseurs faite), vous passez à la seconde partie, l’achat ou la vente des ressources, car comme nous le savons tous l’argent est le nerf de la guerre. Puis les joueurs passent à la troisième phase : l’amélioration. Dans cette partie vous pourrez améliorer vos équipes, vos assurances, acheter des puits de mine, ou encore bénéficier d’avantage de déplacements. Sans oublier les livraisons qui vous permettent de récupérer des points de prestige contre plusieurs ressources de même nature.
L’autre manière de gagner des points de prestige et de terminer la partie est de récupérer des tuiles Réalisation, qui possèdent des points croissants. Vous les obtenez lorsqu’un objectif est rempli. En finir 6 sur les 9 (dont deux parmi les plus prestigieuses) déclenche la fin de la partie.
Comme je vous l’avais précisé au début je n’entre pas dans les détails, mais l’essentiel est là et permet déjà de se faire une bonne idée, avant d’entamer la suite de ce test.
Le matériel :
La boite regorge de matériel, le dépunchage va vous prendre un certain, mais est ce que cela ne fait pas parti du plaisir d’acquérir un nouveau jeu ? Si cela peut impressionner de prime abord, cela se justifie amplement, en plus d’être fort agréable à manipuler. Avant de faire des louanges, je vais parler des choses qui fâchent ainsi on sera débarrassé. Mon premier chipotage, car ce n’est pas grand-chose d’autre, ira au manque de moyen pour compter ses points de prestige en fin de partie. Ce n’est pas grand-chose, mais ça manque. Mon second point noir est plus embêtant, car il concerne le plateau principal, ce n’est pas un reproche, mais plus une crainte, les petites attaches qui soutiennent le cadre circulaire me semble fragiles, il faudra donc les manier avec précaution et prendre quelques minutes pour bien les disposer lors de la première partie pour ne plus les bouger ensuite. Des petits sachets sont fournis avec le jeu, mais un thermoformage plus spécifique aurait peut-être un plus. En tout cas, il n’y a rien qui se balade dans la boite et c’est déjà ça.
Voilà j’arrête d’être méchant, et j’enchaine avec le reste. Le matériel est de très bonne qualité, résistant, bien pensé (pas de billets, mais des tuiles argent), et surtout très fonctionnel grâce à ces nombreuses icônes et rappels. En terme de graphisme, je trouve que le parti pris est un excellent choix, ni trop séreux, ni trop caricatural, tout en étant très lisible, c’est donc pour moi un très bon point pour Rockwell. Il suffit de voir une partie en cours, ou l’ouverture d’une boite pour être conquis. Certes le thème ne plaira pas forcément à tout le monde, pourtant passer à côté serait une grande erreur, tant le travail fait sur ce point du jeu est remarquable, et nous plonge littéralement dans l’ambiance. On se croirait vraiment en train de gérer une compagnie minière. Pour moi la bonne retranscription d’un thème comme Rockwell, qui peut sembler austère de prime abord, est essentielle, cela participe grandement à l’immersion et à l’intérêt que l’on peut porter au jeu, et le moins que l’on puise dire c’est qu’ici c’est réussi.
Le ressenti durant les parties :
La mise en place et l’apprentissage des règles vous demandera un petit effort, que je vous suggère vivement de faire tant la suite s’avère passionnante. Le premier tour peut-être un peu complexe, mais les suivants s’enchaineront sans problème, c’est fluide, on se prend vite au jeu, et les décisions à prendre sont assez diverses pour ne pas avoir l’impression d’être bloqué. Si jamais vous ne pouvez pas faire quelque chose, pas de problème vous aurez bien d’autres choix, et cela ne vous empêchera pas de récupérer des ressources. De même pour le placement, étant donné que les extractions permettent à toutes les équipes présentes de bénéficier de celle-ci.
Rockwell a dû nécessiter de nombreuses heures d’équilibrage, et cela se ressent, car chaque action est logique, il est rare d’être coincé. La tension monte progressivement jusqu’à l’arrivée au centre de la terre, chaque étape compte et tout s’enchaine très vite, il n’y a aucun temps mort.
La plus grosse difficulté sera de faire les bons choix pour les améliorations, afin de pouvoir bénéficier des bonus en temps voulu et ainsi gagner du temps pour remplir ses objectifs au plus vite. La partie dure entre 90 et 120 minutes, le temps d’attente entre deux tours peut sembler parfois long à 4, mais cela permet également de voir les prochaines actions à faire, surtout que les équipes sur le plateau terrestre ne chôment pas ! À deux, il faut ajouter un joueur neutre (nommé AI), même si je ne suis pas fan de ce système, cela se passe très bien et ne casse pas la fluidité du jeu, et le jeu me semble même plus facile dans cette configuration, par contre la moindre erreur ne pardonne pas.
Pour moi la meilleure configuration reste à quatre joueurs, où l’ambiance est à son comble, et où les nombreuses options offrent leurs pleins potentiels. Pour résumer le ressenti est excellent grâce à un thème très bien retranscrit, sans être froid, ce qui fait de Rockwell une excellente surprise à deux, à tris, ou à quatre joueurs.
La durée de vie :
Les parties sont toutes différentes grâce aux nombreuses stratégies qui existent. Bien entendu avec ses 90 minutes minimum, Rockwell n’est pas le jeu que l’on sort pour un entre-deux, mais plutôt pour une partie entre amis ou en famille (si l’on est une famille de joueurs). Pour peu que tous les joueurs entrent à fond dans le jeu, Rockwell saura vous récompenser, et n’aura aucun mal à se placer aux côtés des jeux exigeants qui ont su faire leur trou au fil des années. Je pense que l’on continuera à entendre parler de lui encore pendant longtemps.
Mon avis :
Lorsque j’ai découvert Rockwell c’est son plateau qui m’a attiré, puis après avoir lu un aperçu des règles j’étais fortement intrigué, je l’attendais donc avec impatience. Et cette impatience fut récompensée lorsqu’après plusieurs parties celui-ci s’est avéré être une excellente surprise, loin des clichés ennuyeux que je lui prêtais ou de son exigence. Sans être léger, ni volage Rockwell offre une très bonne expérience, son ambiance et la maitrise de son thème ne sont pas à démontrer, entrainant les joueurs au centre de la Terre, tel des Jules Verne en herbe, et cela pour leur gloire. Un jeu sur lequel je reviendrais volontiers à de nombreuses reprises, et que j’aurais plaisir de faire découvrir autour de moi. Bravo M. Crépeault, votre Rockwell m’a transporté.
Mes autres tests sont lisibles sur Les 1D Ludiques.