Stick to colours ou la propriété par le renoncement

[Stick to Colours]

Bienvenue à Санкт-Петербу́рг ! Chers amis non russophiles, c’est de Sankt-Peterbourg (ou Saint-Pétersbourg quand on regarde d’ici) dont je souhaitais vous entretenir et pas du tout du célébrissime jeu homonyme de Michael Tummelhofer. La vile du Grand Pierre c’est surtout la deuxième plus grande ville de Russie où se situe les locaux de l’éditeur GagaGames et, comme ces sympathiques jeunes gens nous ont envoyé quelques unes de leur production, c’est avec plaisir que nous allons vous les présenter. Aujourd’hui nous commençons par du simple mais innovant : Sticks to Colours.

Au vu de son aspect sobre et abstrait, la petite boîte pourrait passer pour un jeu japonais mais le cyrillique nous donne quand même un indice fort sur sa provenance.

Dedans, un jeu de cartes épurées dans un carton mat aussi agréable à toucher que malaisé pour les mélanges.

Pour l’instant tout cela est vraiment très zen : sur chaque carte une couleur et un chiffre.

Le but du jeu ne va pas nous surprendre beaucoup puisque nous allons devoir collecter des cartes durant la partie de telle sorte que nous formerons des combinaisons. Ces combinaisons rapporteront plus ou moins de points de victoire suivant leur complexité.

  • Pour 3 points : il nous suffit de posséder 3 cartes de valeur identique MAIS de couleurs différentes. (ex : 4 vert - 4 bleu - 4 rouge)
  • Pour 6 points : c’est la même chose ! Mais ces cartes doivent être des 7, 8 ou 9. Les cartes de ces valeurs sont rares. Toutes les cartes sont en 2 exemplaires sauf celles-ci.
  • Pour X points : Il faut faire une suite de cartes de la même couleur. Il en faut trois minimum. Le nombre de Points de Victoire est égal au nombre de cartes que comprend la suite. (ex : 5-6-7-8-9 rouge rapporte 5 points car il y a cinq cartes qui se suivent)

C’est donc très classique comme objectif mais le petit truc qui va nous faire pétiller les neurones c’est que l’on peut utiliser nos cartes en tableau. Ainsi une carte peut faire partie d’une suite (en ligne) ET d’un brelan (en colonne). Une bonne manière d’optimiser ses points.

Mais comment les obtient t-on ces cartes ?

En début de partie, nous aurons chichement le droit à deux cartes piochées au hasard. On ne va pas aller très loin avec ça !

Mais nous allons créer un Marché.

Un Marché c’est 5 ou 6 cartes (suivant le nombre de participants) que nous allons exposer au milieu de la table.

Et en commençant par le premier jouer nous allons miser.

Encore un jeu d’enchères ? Oui mais, pour ma part, je ne connaissais pas des enchères de cette sorte. Elles sont aussi simples que vicieuses.

Le premier joueur choisit donc une carte qu’il souhaite acquérir.

Et pour « payer » ce choix, il dépose un marqueur à sa couleur sur une autre carte. Ce marqueur signifie « Je ne veux plus jamais de cette carte « .

Nous sommes ici dans une enchère au renoncement !

Le joueur suivant, s’il désire également la même carte doit donc enchérir plus. Il doit obligatoirement poser un jeton Renoncement sur la carte que le joueur précédent a renoncée PUIS un deuxième marqueur sur une autre carte.

Et ainsi de suite…

Bien entendu, nous ne sommes pas obligé d’enchérir. Nous passerons alors et si tout le monde passe, ce Marché est terminé.

Les fruits tombent tout seul dans mon panier

Avec ce système de renoncement, certaines cartes vont donc être refusées par tous les joueurs sauf un. Là c’est banco ! Un carte à laquelle tout le monde a renoncé sauf nous, nous revient de droit. Gratoche ! Autant vous dire qu’il est très intéressant de pousser ses camarades à se battre pour une carte car nous en recevrons les bénéfices en plus du plaisir.

Ce curieux système de mise par renoncement va donc nous donner du fil à retordre. Il faut se battre mais pas trop car un conflit trop long profitera surtout aux autres.

Je vais prendre cette carte et tu vas te taire !

Autre effet amusant de ce curieux système c’est qu’un joueur peut désirer une carte en renonçant à une autre à laquelle nous avons déjà renoncé précédemment. Comme la règle précise que pour miser plus, nous devons commencer par renoncer à la même carte que le joueur précédent, nous devrions donc renoncer une seconde fois à cette carte. Le problème du renoncement c’est que c’est définitif. Ayant déjà dit « non » nous ne pouvons donc pas enchérir plus. Zou ! Nous sommes donc obligé de passer ! Un joueur avisé saura user de cette règle fouinasse avec plaisir.

Dans ce marché il reste un 2 bleu du marché précédant. Le joueur Orange y a déjà renoncé.
La carte verte avec une étoile est un joker vert. Les joker remplace n'importe quel chiffre.

Je me demande pourquoi j’ai acheté cette carte…

Pour obtenir une carte désirée il faut donc renoncer à d’autres présentes dans le Marché. Mais pas seulement. On peut également renoncer à une carte que nous avons déjà en main. Celle-ci sera alors défaussée et compte comme un renoncement. Le joueur qui renonce à une de ses cartes en main ne révèle pas celle-ci aux autres.

Nous avons en effet reçu chacun deux cartes en début de partie que personne d’autre que nous ne connait. Si quelqu’un attend que tombe une carte précise, cela peut permettre de l’induire en erreur. On cache donc les cartes que nous défaussons pour embêter tout le monde.

Quand le marché est terminé… On recommence

Quand un marché est terminé, on recommence en complétant les cartes du Marché à cinq ou six pour un nouveau marché. On fera ainsi afin que toutes les cartes soient passées au Marché.

Le joueur actif désire le rare 9 vert. Visiblement, ce n'est pas le seul et le 3 bleu va terminer dans la défausse...

La fin

Une fois toutes les cartes réparties avec ce curieux procédé, les joueurs vont assembler leurs cartes en lignes et en colonne pour obtenir le plus de points avec les combinaisons les plus rentables.

Et alors ?

Les amateurs de jeux de cartes seront aux anges et sans doute un peu déstabilisés par ce système d’enchères qui, à ma connaissance, n’a pas son équivalent (mais je compte sur vous pour dénoncer les petits camarades que je ne connaitrais pas ;))

Les parties sont assez rapides et les choix sont vraiment tendus. Une seule surenchère et c’est déjà la guerre. Une guerre dont l’enjeu est souvent élevé pour le perdant car il aura favorisé son adversaire ET d’autres spectateurs qui n’en demandaient pas tant.

Si le jeu vous intéresse sachez que le trouver en France ne sera surement pas aisé à moins que nous camarades boutiquiers ne fassent venir les jeux de Russie. Son aspect innovant valait bien la peine qu’on vous le présente. Normalement nous devrions taper le carton lors d’une émission sur Tric Trac Tv très bientôt.

4 « J'aime »

J’ai bien envie de me l’acheter pour jouer en famille cet ete.

Houla, je crois qu’il faut que je teste ce jeu avant de me rendre compte de sa mécanique (et de son coté ludique), car même si j’ai compris dans les grandes lignes, ça reste un peu confus.