[Ancient Terrible Things][Snowblind - Race for the Pole]
Quel thème ! Quelle époque ! Plonger, après une partie de jeu, dans l’Histoire relatée par le jeu, est un plaisir de découvertes, d’émotions diverses et d’étonnements, une ouverture sur ces aventures réelles et ces hommes au destin étonnant qui les ont faites. Après Escape from Colditz, nous voici transportés quelques années plus tôt, entre 1910 et 1912, alors que la course au Pôle Nord se solde par une dispute entre Cook et Peary pour savoir qui, des deux, est arrivé le premier. Pour les grands explorateurs avides de courses et de records, reste alors une destination : Le pôle Sud, ce qu’entreprend secrètement Amundsen sur le Fram, tentant de damer le pion à l’expédition britannique mené par Scott sur le Terra Nova. Sachant que le destin sera, d’une certaine façon, cruel avec l’un, réussissant ce défi mais se faisant éclipser par le trépas de l’autre dans sa tentative, les conditions (climatiques) semblent réunies pour installer une atmosphère toute particulière autour de :
Pleasant Compagny Games nous en proposait, en début d'année 2016, un financement participatif. Après avoir fait leurs preuves autour de leur premier projet, fort sympathique, "Ancient Terrible Things", le moral était au beau fixe. Nous retrouvons Snowblind en ce début du mois de Novembre dans nos boutiques grâce au traineau tiré par les pixies de l'équipe Pixie Games. Si 2 à 4 expéditions se monteront à chacune de vos parties, il reste possible de partir solo. Les parties durent une trentaine de minute dans une ambiance... glacée !
ça pèle... à neige
Votre expédition démarrera avec un certain nombre de caisses et de tonneaux (équivalent à trois caisses, mais intransportables) prêt de votre bateau. Elles contiennent ce qu'il faut pour résister aux températures extrêmes et aux tribulations que vous rencontrerez. Des marins et des scientifiques, prêts à oeuvrer et monter des campements, accompagnent votre capitaine, pièce maitresse qui déplace le drapeau. Votre objectif ? il est simple, atteindre le pôle à la dernière case du plateau... et peut-être même en revenir. Sur le deuxième plateau, des dés à 6 ou 8 faces, de différentes couleurs, ainsi que la description de leurs effets. Enfin, un paquet de 6 cartes Météo piochées parmi douze où se cache dans les trois dernières la carte Pack Ice, celle qui mettra fin à la partie après un dernier tour.
Chaque manche se découpe en plusieurs tours et au cours de chaque tour, vous aurez le loisir de passer ou de choisir un des dés restant sur le plateau pour réaliser l'action qui s'y rapportent. Passer met fin à votre tour et lorsque tous les joueurs ont passés, vous retournerez la prochaine carte Météo et en subirez les conséquences.
Les actions permises par les dés sont généralement de déplacer un de vos meeples, avec ou sans caisses. Les marins peuvent en plus tirer deux cubes roses (la nourriture depuis Caylus, si ce n'est pas plus ancien) d'une caisse et les scientifiques peuvent récupérer des jetons de recherches qui valent un point de victoire en fin de partie... mais pour se faire, vous récupèrerez un dé à 8 faces, bien plus risqué que ceux à 6 faces. Les dés noirs à 8 faces permettent également de monter un campement.
Quand t'es dans le désert... blanc !
Seulement, après chaque action, vous lancerez tous les dés déjà acquis, ce qui représentera les aléas de votre expédition. Sur un résultat de 1 à 3, RAS, tout va bien, l'expédition progresse dans de bonnes conditions. Sur un 4, il ne fait pas bon être seul. Sur un 5, il vaut mieux être dans un campement et sur un 6 ou plus, rien ne vous sauvera d'une exposition dangereuse... et ce, sur chacun des dés lancés. Pour éviter tous désagréments, un cube (nourriture ou caisse) devra être défaussé sous peine de coucher un meeple, exténué et désormais inutile... à moins de lui ramener un cube pour se requinquer. S'il n'y a que des meeples couchés... alors c'est le drame et l'un d'entre eux trépassent.
La carte Météo, portant une indication chiffrée, portera un coup du destin supplémentaire sur la zone la plus proche du pôle occupée par chaque joueur.
En fin de partie, si votre capitaine ne meurt pas, vous disqualifiant ainsi pour la victoire, les points seront décomptés pour déterminer le vainqueur : Jetons de recherches, drapeau planté au plus près du pôle, participants revenus au bateau, campements construits et caisses restantes, tout peut rapporter quelques points déterminant qui vous permettront de passer à la postérité.
Un p'tit dé pour moi, une grande tempête pour l'humanité
Snowblind, par son thème et son traitement graphique, déconcerte de prime abord. Et puis un jeu où tout se résout à grand coup de dés et de cartes tirées aléatoirement... pardon, hein, mais bon... En plus, les erreurs de traductions (identifiées et réparées depuis, fort heureusement) semblent être une congère de plus... Et puis... les p'tits meeples à bosses bizarres... Et soudain...
Soudain, les joueurs se transportent et se mettent à se pencher en avant pour lutter contre le blizzard, pestant contre les éléments qui semblent vous faire échouer tout le plan mis patiemment sur pied. On tempère (c'est le cas de le dire) ou l'on vitupère , pesant chacune de ses décisions soigneusement quant aux conséquences qu'elles peuvent avoir...
Snowblind est de ces petits jeux très malins qui installent une ambiance très particulière en deux temps, trois mouvements. Les mécanismes et la thématique condensent une histoire haletante qui se déroule devant nos yeux où la sensation que le moindre choix erroné ou le coup de "pas d'chance" se payera cash. Comme dans les récits des vraies expéditions en antarctique, tout peut se passer : expédition solitaire très risqué, préparation à l'avance avec acheminement méthodique des ressources et établissements de campement en vue d'un retour compliqué, expédition de sauvetage pour récupérer une équipe perdue dans la tempête, chasse pour récupérer de la nourriture qui finit par coûter plus cher que son bénéfice... Tout se cristallise autour de ce qui se passe sur le plateau... et autour !
Vous allez ainsi gérer les risques pris, parfois en en prenant plus que prévu pour ne pas que la course vous échappe, parfois en montrant une prudence qui finit par payer... Tout se gère entre le plateau, aussi bien sur votre expédition que sur ce qui se passe chez les autres, et les lancements de dés. D'autant que les dés, en dehors des noirs à 8 saletés de faces, ne sont qu'en exemplaire unique et que le choix de l'un, pour soi ou pour en priver un adversaire, est également lourd de conséquences, et d'interaction. Alors les allergiques aux hasards crieront à l'impossible maîtrise bien sûr, mais tous les autres vivront des aventures passionnantes autour d'une trentaine de minutes, quelques caisses en bois salvatrices et ces derniers chiens de traineaux survivants qui vous ramènent, plus mort que vif, à votre bateau. Une très bonne surprise qui n'attend plus que sa TTTV pour vous faire vivre cette aventure.
