Salon Univers d'Enfants 2012

Salon Univers d'Enfants 2012La grande Halle de la Villette accueillait comme chaque année le cinquante et unième Salon du Jeu et du Jouet. Enfin pas vraiment comme chaque année car vous imaginez bien que depuis cinquante et un ans, le salon s’est déroulé dans différents endroits de la capitale.
Avant (avant avant même) cette jolie halle de verre et de métal accueillait des animaux cornus destinés à la vente pour le ventre, comme l’attestait la présence des abattoirs voisins. Quel rapport, allez-vous me demander, entre ce premier usage et celui qui nous intéresse aujourd’hui ? J’ose le dire, je pourrais vous en trouver par l’utilisation d’un bon mot mais je me contenterais de la vérité cruelle : Savez-vous combien il est délicat d’introduire un texte de présentation sur le même événement tous les ans en essayant de se renouveler ? D’autant quand même que cela vous évite mes « meilleurs bœufs », « le jeu qui fait un bœuf », « Bœuf ! Bœuf ! L’année du dragon » et « qui vole un jeu… « ou encore « on ne fait pas de chronique sans casser des jeux »… Oups ! Trop tard !
L’objectif du Salon du Jouet & du Jeu est de réunir la filière jouet et jeu en un même lieu et à la même date. Et qui dit filière dit professionnels, ne comptez pas y voir des tournois et des parties endiablées. Nous sommes ici pour parler boulot.
Réunir la filière jouet et jeu. Cela paraît évident dit comme ça car il apparaît naturel que les deux secteurs partagent leur vocation et leurs intérêts. En réalité, le lien d’évidence qui lie les deux secteurs est bien plus éloigné concrètement.
Un des indices le démontrant est la revue pro « La Revue du Jouet » qui parle de la production ludique selon l’angle des éditeurs, distributeurs et surtout détaillants.
On ne vous parlera que peu des valeurs intrinsèques des jeux ou jouets tel qu’on peut le pratiquer ici mais seront développés les arguments commerciaux expliquant les qualités et potentiels de vente du produit.
Et c’est là que la différence va être la plus notable car le marché du jeu et plus précisément celui du jeu de société ne pèse pas bien lourd dans le secteur. De même, le marché des ultraspés (nom donné aux boutiques que vous devez fréquenter) ne pèse pas grand chose comparés au spés (Toy’s, Jouet club et autres) et aux hypers (Auchan, Carrefour,…)
Aussi, même si le numéro offert aux visiteurs propose un dossier spécial jeux et puzzles, vous y trouverez du baby-foot, des coffrets pour bijoux fantaisies en plastique, du moulage, des crayons de couleurs, …
Si vous pensez que cette noble revue se mélange un peu les pinceaux, n’en croyez rien. Vous venez juste de constater le fossé qui existe entre la perception que nous avons de notre milieu avec celle des pros.
Sachez que les jeux de société entrent dans la catégorie « Jeux et Puzzles » que l’on pourrait grossièrement traduire par « Produits en boîtes pour intellos pas faciles à vendre si ça ne passe pas à la télévision». Parmi les catégories vous trouverez : Licences, Jeux et Jouets de plein air, Fille-Garçon, Premier âges et peluches. Des catégories qui serviront aux analyses et aux placements en rayon.
Où sont donc passées les catégories que nous utilisons ? Pas de wargames, pas de jeux de figurines, de jeux de rôles, de party games, d’ameritrash ?
C’est là le but des classements : servir d’outil a ceux qui les utilisent. Si nous avons besoin de connaître le type d’un jeu de société afin de l’identifier rapidement ainsi que son public potentiel, le vendeur (sauf des ultraspés) aura pour sa part besoin d’une identification de placement rayon et une estimation du potentiel de succès commercial.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nous disposons d’aussi peu de chiffres dans le domaine ludique. Les ultraspés ne représentent pas un poids économique suffisant (par comparaison) et donc ne sont pris en compte que les jeux très grand public, lesquels sont amalgamés avec des produits que nous ne considérerions pas comme du jeu de société de notre point de vue.
Deux mondes qui se côtoient mais ne parlent pas le même langage et ne partagent pas toujours les mêmes intérêts.
Ainsi quand Bruno Bokanowski, directeur de la rédaction de La revue du Jouet donne les chiffres de 2011 en annonçant une croissance de près de 5% du marché, cela ne donne aucune indication sur la part des jeux de société. Voilà pourquoi nous en sommes réduit aux estimations et ces dernières (évaluées à la louche par les retours des boutiques, des éditeurs et des distributeurs) nous laisseraient penser que le marché des jeux en boîtes taquinerait plutôt les 10% voire plus pour les plus optimistes.
Cette année a vu un pic particulièrement important qui a culminé pendant l’été (période habituellement plus calme) qui fut modérée par une période pré Noël beaucoup plus frileuse.
Si ce salon annonce une grande réunion des acteurs petits ou grands, il est à noter qu’il y a beaucoup d’absents. A tel point que l’espace a été diminué par rapport à l’année précédente. Pas d’Hasbro et surtout pas de Jouet Club qui a décidé de faire cavalier seul en organisant son propre événement, pas d’Asmodee non plus. Il existe par ailleurs, un autre événement réservé aux professionnels qui se déroule depuis quelques années dans un hôtel de Deauville et dont l’entrée est soumise à des conditions beaucoup plus sévères sur le statut de « professionnel » des participants.
Du coup, comme tous les ans, la mort annoncé de cet événement revenait dans la bouche des visiteurs. Nous verrons bien. Tout ceci est juste une question de seuil de rentabilité pour les organisateurs.
De fait, pour nous autres journalistes ultraspés, ce salon n’apporte que peu de choses hormis le fait de passer quelques moments avec des acteurs que l’on pourra croiser à d’autres occasions, de découvrir quelques nouveautés (celles qui sont déjà prêtes pour le salon de Nuremberg en février).
En réalité, l’intérêt le plus évident de cet événement est de permettre aux boutiques ultraspés de rencontrer leurs partenaires distributeurs et éditeurs et de même pour les ludothécaires qui ne peuvent pas tous se déplacer en Allemagne.
Parmi les « temps forts » de ce salon pro, on trouve dans le désordre : une conférence de presse orienté commerce et distribution, la remise des diplômes pour les contrats de qualifications professionnel de Vendeur en Magasin Spécialisé Jeux et Jouets, le prix des Visiteurs et le grand prix de la presse (dont je ne suis pas arrivé à trouver les noms du jury dans le dossier… de presse), le prix des ludothécaires de l’ALF.
Sachez que les différents prix attribués lors de ce salon ne concernent que des produits qui y sont présentés.
Sur ces fameux prix de la presse, quatre parcours sont proposés (des axes choisis par les organisateurs) : l’authentique, l’interactif, la tendance et la région.
Tout ceci fleure bon le blabla marketing non ?
Rassurez-vous, quoi qu’il en soit nous continueront de vous tenir informés des nouveautés qui sortent dans l’année avec peut-être quelques impasses sur « Mon labo à gloss », Diabolo Princesse », « splashy » les boules pour bain effervescentes. Salauds que nous sommes.
Encore que méfiez-vous… Nous sommes capables de Toutourista !
Et puis sachez aussi que pour couvrir toujours plus la diversité culturelle du monde ludique nous nouons des relations de partenariat qui risquent de faire de vrais ravages pour certains amateurs.
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Pour Tric Trac,
Docteur Mops, Reporter.
Crédits photos : Docteur Mops, Monsieur Phal