Peut-être que les Chevaliers du Zodiaque ne parlent pas à tous... cet anime basé sur le manga de Masami Kurumada est très lié, par chez nous, à sa diffusion lors du "Club Dorothée" et parle donc plutôt à la tranche 30/40 qu'aux plus jeunes. À moins bien sûr que ces derniers, grands lecteurs de manga, aient dévoré les "Saint Seya" et leurs Cloths mythiques autour d'ordres chevaleresques décrits dans les 28 volumes vendus à plus de 34 millions d'exemplaires, sans oublier les 6 films d'animation, séries et autres produits dérivées comme ces armures qui continuent de me faire baver, entre jouets et figurines de collection... Et puis les autres pourront toujours se rattraper avec la série annoncée sur Netflix, finalement...
Bref ! Quand on est fan, ou même, lorsque cette série fleure bon la madeleine proustienne aux odeurs de pain/chocolat du mercredi après-midi juste avant de filer au club de judo, l'idéalisation de ces souvenirs fait automatiquement sur-réagir à la simple idée de pouvoir poser nos mains de joueurs sur une boite dans cet univers... Idéalisation parce qu'après, il faut bien avouer, le syndrome du "je me fais rouster version "plus aucun de mes os n'est entier et j'ai perdu 6 litres de sang, mais je me relève quand même de plus en plus fort" frappe quand même bien fort dans l'anime, sans compter les lenteurs de la narration et les scènes qui passent et repassent pour faire durer le plaisir !)
Aussi quelle n'a pas été l'excitation lorsque nous avons, lors du dernier papotache avec Nicolas Badoux, poser les yeux sur les planches du prochain Saint Seiya - les Chevaliers du Zodiaques - DeckBuilding. S'il existait déjà deux jeux de société basés sur cette licence, aucun n'a vraiment jusqu'ici réussit à franchir les barrières du sanctuaire. Combien plus encore est monté la pression lorsque Yoka by Tsume a fait parvenir une boite à l'officine pour pouvoir y jouer... Alors laissons éclater notre Cosmo-énergie, Par la colère du dragon, je fais remonter la Rozan's chute d'eau en une pluie rafraîchissante... restons zen, enfilons notre armure en plein air et en plein saut, et partons à l'assaut du grand Pope !
Par l'ouverture de la boite !
Rhôôô, forcément, retrouver la boîte avec tous les chevaliers d'or (et se remémorer le petit nom de chacun... oui, parce que les héros, c'est facile)... ça fait son p'tit effet ! Mais lorsqu'en plus, à l'intérieur, on retrouve :
- l'horloge du sanctuaire avec ses 12 stressantes flammes bleues qui tiennent toutes seules par le truchement d'une surface aimantée... que l'on imagine d'emblée avoir entendu siffler la flèche d'or envoyée par Ptolemy dans le coeur de Saori, ne laissant plus que 12 heures avant qu'elle n'atteigne le coeur mortellement ! Allez, quoi, vite, on n'a plus l'temps, faut passer à la bastonnnnn !
- un tapis de jeu néoprène (non ce n'est pas le nom d'un chevalier) agréablement illustré et permettant de bien faire glisser les cartes sans les user outre mesure, même lorsqu'elles ne sont pas "sleevées" (protégées) ;
- 200 cartes, toutes "foil" (brillante) qui claquent bien, avec une grande illustration et reprenant l'ensemble des protagonistes du dessin animé, allant du tournoi pour l'armure d'or du sagittaire à la bataille du sanctuaire, y compris les armures d'acier que Bandaï avait fait ajouter au dessin animé pour vendre des figurines type "robot".
En terme de matériel, quantité et qualité... rien à dire, ça en jette !
8 pour combattre Aiolia par la Force, 6 pour l'acquérir avec du Cosmos...Puis 2 en combat et 2 en Cosmos... y'a pas, il est bien ce Chevalier du Lion !
Sur ces cartes, horizontales pour les armures et verticales pour les chevaliers, se trouvent l'ensemble des informations : coût d'acquisition en Force ; en Cosmos ; Valeurs et Effets (chiffrés et textuels) ; Points de victoire et Rang (couleur du pourtour). Ici, petit bémol, certains textes de capacité, importants en terme de gameplay, sont petits. Si l'on comprend l'envie de garder une grande illustration, ils se font parfois oubliés alors qu'ils sont "impactants" pour la partie. Ainsi, ils auraient mérités une icône de rappel, plus visuelle, sur la carte. Notons malgré tout la recherche d'une différenciation des effets "terrain" : "texte blanc sur fond sombre" et des effets "en main" : "texte noir sur fond clair". Et c'est vrai qu'une fois que c'est intégré, il est plus facile de s'y retrouver.
Reste à citer les jetons Blessure et les marqueurs Héros. Allez, fight !
Fais flamboyer ton cosmos !
Puisqu'il y a des points de victoire sur les cartes que vous allez acquérir, l'objectif est vite compris : Il vous faut acquérir un max de cartes pour que votre deck valent plus que celui des autres joueurs en fin de partie... Fin de partie qui arrive lorsque la dernière flamme quitte l'horloge... Et pour finir, une flamme est enlevée dés qu'un Chevalier d'Or quitte la rivière, que ce soit par combat (acquisition) ou par défausse.
Eh oui, vous allez être en compétition contre les autres héros de la série incarnés par vos adversaires face aux les Chevaliers d'Or (et tous les autres) ! Un choix étonnant lorsqu'on connaît la fraternité des chevaliers de bronze développée dans le dessin animé... d'autant qu'ici, pour gagner, il est même possible de se faire des coups d'Aldebaran au féminin !
Vous démarrez la partie avec un des cinq héros de la série... à poil... enfin, quand je dis "à poil", c'est sans armure ! 9 cartes basiques qui n'attendent que l'armure idoine (également dans le deck de départ) pour "transformer" deux cartes de base en une carte Chevalier de Bronze. Un moyen agréable de booster son deck dés le départ tout en l'épurant avec un effet, une mécanique qui colle bien au thème. D'autant que chaque chevalier en armure a son petit pouvoir qui donne une orientation particulière, bien que légère, à votre jeu. Bienvenue pour la rejouabilité !
Lors de votre tour de jeu, à l'instar d'autres jeux de construction de paquet (le "deckbuilding"), vous jouez vos cartes pour en acheter d'autres parmi les 6 proposées sur la rivière, en sachant que la dernière bénéficie d'une réduction de 1. Si vous achetez vos cartes pour leur valeur de Force, la carte achetée va dans votre défausse, comme les cartes utilisées. Si vous utilisez vos cartes pour leur valeur de Cosmos, la carte achetée va dans votre main et peut être jouée directement. Un aspect plaisant pour orienter votre stratégie et la façon dont vos cartes fonctionneront en synergie, les célèbres "combos". Bien sûr, certaines cartes n'ont pas de Cosmos (les méchants dans le dessin animée) et/où n'offrent pas de cosmos par la suite. Comme certains effets blessent vos chevaliers au moyen d'un jeton, il est également possible d'utiliser une troisième monnaie, le soin (coeur vert) pour éviter qu'un chevalier trop puissant ne reste en dehors de votre paquet trop longtemps.
Le tour se termine par la défausse de l'éventuelle carte sur le sixième emplacement du tapis de jeu (ce qui peut expulser un Chevalier d'Or, trop fort pour être combattu, et ainsi avancer inexorablement vers la fin de partie), puis décaler toutes les cartes encore présentes et compléter la rivière pour passer la main au joueur suivant.
Le Chevalier d'Or Elsan !
Simple... et presque basique ! Presque, mais pas vraiment !... Explication : Le fait même d'avoir une certaine attente et une attente certaine autour de cette licence, autour de ce jeu, n'a pas été sans déconvenue autour des premières parties : Ce n'était pas un coopératif où nous pouvions traverser le Sanctuaire ensemble, combattant au milieu des maisons des Chevaliers d'Or ; L'aspect baston était réduit à son plus simple appareil et la progression de nos personnages n'étaient pas à proprement parlé visible. Mais où sont donc les différentes attaques de nos héros favoris et de leurs adversaires ? Où est le 7ème sens, le flamboiement du cosmos, les mises à terre sanglante suivie d'un retour sur pied en force ? Pourquoi "s'affronter" en une course aux PVs en se mettant quelques taquets étonnants entre héros ? À quoi rattacher, thématiquement, ce deck constitué de tas de chevaliers mélangés en fin de partie ? L'expérience des combats livrés qui nous a rendu plus fort ? Les chevaliers battus qui se sont ralliés à notre bannière ? Bref, le fan-joueur un peu exigeant qui avait projeté, non pas sa cosmo-énergie mais ses envies ludiques, se retrouvait un peu dépourvu lorsque le 8ème Sens fût venu !
ben mince, les gars... tout ça pour ça ? Vous n'allez pas renoncer ?... pas vous !?!
Cependant, plusieurs constatations venaient en contrepoids : Retrouver tous les personnages du dessins animés étaient tellement plaisant ; De plus, et bien que ce soit finalement anecdotique, les cartes dans leur version brillante, ça le fait aussi... à la fois parce que nous sommes certainement habitués à lier cet aspect "foil" à une rareté dans les JCC (jeux de cartes à collectionner) mais aussi parce que ça renforce le côté Cosmos et brillant des armures tant appréciées ; Le fait de, mécaniquement et thématiquement, voir son héros revêtir son armure procure un véritable sentiment en lien avec la puissance du héros et les images du dessin animé... enfin, jouer de sa Force ou de sa Cosmos amènent deux façons bien différentes d'envisager le jeu, twist mécanique plaisant également pour la constitution de son deck, sans compter l'ensemble des petits effets textuels.
De fait et au final, il y a un vrai plaisir à jouer et affronter des chevaliers du zodiaque, vaincre des chevaliers d'or et récupérer des armures d'or, comme on collectionne des trophées... ou des cartes !
Lors de nos parties avec Monsieur Winzenschtark, qui ne connaissait pas particulièrement l'univers du dessin animé, nous avons pu sentir et convenir qu'il y avait, dans ce choix éditorial, à la fois une recherche réelle d'une simplicité, d'une accessibilité dans les règles afin de toucher un public pas ou peu habitué aux jeux de société moderne, deckbuilding et consorts, tout en ne laissant pas complètement sur leur faim des joueurs fan de la série. De fait, si ce Saint Seiya - Les Chevalier du Zodiaque - DeckBuilding de Yoka n'est pas encore le Cosmos Ultime Ludique (jeu d'affrontement en Chevalier Vs Chevalier comme dans les jeux vidéos de la licence, ou en coopératif avec les techniques de combat, de l'expérience, la gestion de sa cosmoénergie et tout et tout), force est de constater qu'il a de plaisants atours et qu'on enchaîne les parties à la fois pour l'attente et le plaisir de récupérer telle ou telle armure d'or et vaincre tel ou tel Chevalier d'Or mais aussi pour à la fin, faire le compte de tous ses chevaliers et voir qui l'a emporté !
Pour le reste, nous attendons avec impatience les autres arcs narratifs, à la fois extensions et petits ajouts ludiques... preuve que ça fonctionne bien, finalement !