Saint Herblain, le prix du public

Saint Herblain, le prix du public
Le 19e festival de Saint-Herblain, dans le 44 de la Bretagne, vient de fermer ses portes et pour la septième année consécutive vient d’être décerner le «Prix du public», une récompense ludique qui commence à trouver sa place et qui, vue de l’intérieur puisque cette année votre serviteur -au physique fin et subtil- était président du jury, le mérite tellement la chose est faite avec intelligence, volonté, chaleur et tout ce genre de choses. Et je ne dis pas ça parce que j’ai été accueilli comme quelqu’un d’important, parce que oui Madame, oui Monsieur j’ai pu mesurer mon importance dans le milieu, et vous savez à quoi cela se mesure ? À la quantité en stock de votre boisson préférée que les organisateurs ont prévue. Oui, il y avait de cette boisson gazeuse à base de cola. Oui. Plein. Alors. Hein… Ha! ha!.
Bon, le lecteur assidu avide d’informations pour ne pas louper les bons jeux attend une chose, le résultat. Eh bien cette année, le prix du public est allé à…“Dice Town” de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc édité par Matagot. Un jeu qui a toutes les qualités requises pour plaire au plus grand nombre, surtout lors de ce genre de manifestation où familles et amateurs de passage viennent s’adonner à la chose ludique sans autre motivation que de passer un bon moment autour d’un jeu puisqu’on nous le propose.
La bataille a été à la fois évidente, mais pas vraiment. J’explique. Le prix se passe en deux temps. D’une part le public a accès aux six sélectionnés, dans un espace extrêmement bien aménagé. Les joueurs potentiels sont seuls face aux règles du jeu qu’ils doivent lire, tout en ayant la possibilité de faire appel aux volontaires bénévoles présents en cas de doute. Pour mémoire, il y avait en compétition “Mixmo” de Julien Faubet et Sylvain Hatesse chez Asmodee, “Dicetown” de Ludovic Maublanc et Bruno Cathala chez Matagot, “Surprises” de Jean-Marc Courtil chez Coktail games, “Les 3 Mousquetaires” de Pascal Bernard chez Sirius, “Pocket rockets” de Antoine Bauza chez Hazgaard, “Lutinfernal” de Jérome Mercadal chez Pygmoo. Bien que tous les visiteurs décidant de jouer le jeu du prix soient très impliqués et sérieux dans la démarche (c’est d’ailleurs très impressionnant à voir), il est clair qu’un jeu simple, évident, au visuel attirant, à l’ambiance forte attirera plus qu’un jeu aux règles complexes ou à l’ambiance concentrée d’introvertie. Ce n’est pas mal, c’est juste que lorsque l’on vient en famille, que l’on voit un “Mixmo” sur une table, un jeu avec des lettres dans une boîte bien pèchue et aux parties qui durent 10 minutes, ou un jeu comme “Dicetown” avec des gobelets qui font du bruit et des joueurs qui se bourre le mou lorsqu’il s’agit de faire voler des cartes dans la main de « l’aut là, il a la main pleine et il va gagner regarde », ça attire plus qu’un “Lutinfernal” qui demande de la concentration. C’est sûr.
Du coup, les jeux les plus vus sur les tables ont surement été “Mixmo” et “Dicetown”. Normal du coup qu’ils se retrouvent avec plein de bulletins de vote, et plutôt bons puisque dans leur catégorie ce sont deux bons jeux. D’ailleurs, dans le groupe jury, celui constitué par des joueurs volontaires et un peu plus impliqués puisqu’eux devaient avoir pratiqué tous les jeux de la liste afin de pouvoir comparer et argumenter, nous avions fait cette analyse. Et dans ce groupe, après analyses et discussions pour fixer des critères et autres joyeusetés, “Mixmo” et “Dicetown” occupaient aussi le groupe de tête, preuve que dans l’absolu ce sont de bons jeux. Mais, car il y a toujours un mais, quand même, en tant que jury impliqué, et ils m’ont impressionné par cette volonté de vision placée au-delà du simple fait de jouer, ils avaient bien cerné la difficulté d’un jeu à l’allure plus rude de se faire remarquer. Et ils avaient à cœur de mettre en avant le travail qu’ils avaient effectué et ce constat. Un jeu leur semblait la future victime d’une injustice. Du coup, hop de ni une ni deux, je leur ai proposé un prix spécial du jury. C’est ainsi que “Les 3 Mousquetaires” de Pascal Bernard édité par Sirius se trouve récompensé. Parce qu’il est apparu à ceux qui ont fait plusieurs parties qu’une fois la difficulté passée de la règle, le jeu devient fluide, plus évident… Bref, que parfois pour apprécier un jeu il faut peut-être aller au-delà d’une partie et qu’il ne faut pas se laisser avoir par l’aspect rugueux que peuvent avoir une boîte et une règle. Et donner un prix spécial était l’occasion de faire remarquer ce fait au micro au moment de la remise du prix. Ce qui fut fait.
Donc, si on récapitule, “Dicetown” est Prix du public et “Les 3 Mousquetaires” prix spécial du jury. Voilà qui devrait faire plaisir aux auteurs et éditeurs de ces deux jeux. Pour sûr. Pascal Bernard ne devait pas s’attendre à la chose et le sourire de bonheur qu’il a eu au moment de l’annonce était beau à voir. Oui, je suis sensible comme garçon en fait, on ne dirait pas.
J’en profite pour remercier l’organisation pour l’accueil et les membres du jury pour les échanges et les discussions toujours très instructives.
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Pour Tric Trac,
Monsieur Phal, Reporter.
Crédits photos : Monsieur Phal & Monsieur Hervé.