PRAGA CAPUT REGNI : Bâtissez la capitale du royaume !

[Praga Caput Regni][Underwater Cities]

Sélectionné pour le prix expert du Diamant d’or 2021, Praga caput regni a très bien figuré puisqu’il a terminé à la deuxième place, à seulement 2 points du gagnant et près de 60 points devant le troisième, c’est vous dire à quel point le match pour la première place fut serré ! Ce n’était d’ailleurs pas le coup d’essai de son auteur, Vladimír Suchý, déjà récompensé du Diamant d’or en 2019 pour son jeu Underwater cities, également illustré par Milan Vavroñ. Très friande de ce dernier, j’avais hâte de voir arriver la version française de Praga caput regni (merci Atalia !). Dans ce jeu de pose d’ouvriers très tendu, chaque joueur n’aura que 16 tours, soit 16 actions, pour marquer un maximum de points et l’emporter.

Dans Praga caput regni, vous incarnez de riches citoyens de la ville de Prague chargés par le roi Charles IV d’y construire de nouveaux bâtiments afin de la propulser à la hauteur de son nouveau statut de capitale. Chaque joueur dispose d’un plateau personnel lui indiquant combien de mines d’or et de fer il possède (sa capacité de production), combien de ces ressources il lui reste en stock, ainsi que son avancée sur ses pistes de technologie et d’université. Il possède également un plateau d’action représentant les différentes actions possibles que vous pourrez améliorer en cours de partie et autour duquel vous édifierez vos murs. Le plateau de jeu central contient la grue d’action sur laquelle vous choisirez chaque tour l’action que vous ferez, la cathédrale et le mur de la faim sur lesquels vous évoluerez, la route menant au pont Charles, les zones pour construire des bâtiments ainsi que les tuiles améliorations d’actions, murs et bâtiments.

Le très long plateau central

À votre tour, vous choisissez l’une des 6 tuiles actions disponibles sur la grue, éventuellement gagnez des points de victoire ou dépensez de l’or en fonction de la position de la tuile choisie sur la grue, recevez le bonus (ou pouvez construire une tuile spéciale ce tour-ci) puis réalisez l’une des deux actions présentes sur la tuile. Puis, vous pouvez dépenser des fenêtres (1 argent et 1 dorée ou 2 dorées) pour réaliser une action supplémentaire, sans utiliser de tuile action cette fois-ci. Enfin, vous remettez la tuile action tout en haut de la grue et la faites tourner d’un cran. Les tours s’enchaînent jusqu’à ce que chaque joueur en ait eu 8 ; on change alors les tuiles améliorations d’actions, murs et bâtiments pour les remplacer par celles de la seconde époque, puis les tours reprennent jusqu’à la fin du 16ème après lequel la partie se termine.

Les actions possibles sont les suivantes : gagnez une pierre et acquérez une carrière supplémentaire ou produisez de la pierre dans toutes vos carrières ; la même action mais avec les mines d’or ; améliorer une action en prenant gratuitement l’une des tuiles amélioration disponibles et en la plaçant sur l’icône correspondante de son plateau d’action ; construire un mur en payant le coût indiqué sur la tuile et en la plaçant adjacente au plateau d’action ; construire un bâtiment en payant le coût indiqué sur la tuile (et éventuellement sur l’emplacement choisi pour la poser) et en la plaçant dans la ville ; et enfin construire la route royale en déplaçant votre marqueur d’une case sur la route et en gagnant le bonus indiqué (vous avez la possibilité de payer un œuf pour gagner un bonus supplémentaire et êtes obligés de le faire pour avancer sur le pont).

En haut, le plateau de joueur ; en bas, le plateau d'action

Ne disposer que de 16 actions dans toute la partie implique de peser chaque choix et de réfléchir à long terme, car choisir la mauvaise action au mauvais moment pourrait vous coûter la victoire. Cependant la plupart des actions que vous allez réaliser peuvent vous rapporter des bonus. Ainsi, lorsque vous possédez 6 ressources d’or ou de pierre pour la première fois de la partie, vous montez votre marqueur sur la piste technologie ; si vous avez 9 ressources de l’un ou de l’autre, vous gagnez une fenêtre dorée. De même, lorsque vous atteignez un certain nombre de mines, vous gagnez un jeton bonus de production pour produire davantage lors de vos actions de production, puis un sceau pour marquer des points de victoire supplémentaires en fin de partie.

De plus, lorsque vous posez une tuile (amélioration, mur ou bâtiment) et que vous faites correspondre l’un de ses symboles sur ses côtés ou sur ses angles avec un autre (pas forcément de même nature), vous gagnez ce qui est indiqué en plus des éventuelles récompenses de pose de tuile (en vert sur celle-ci). Certains bâtiments vous permettent de gagner les bonus des places une fois que tous les lieux de construction de bâtiments sont pourvus en posant l’un de vos cubes dessus lors de leur construction. Enfin, vous gagnez des capacités permanentes ou ponctuelles lorsque vous passez certains paliers sur la piste de technologies. Si vous ajoutez à cela la possibilité de faire une action supplémentaire en défaussant des fenêtres, vous ferez en réalité beaucoup plus de choses que si vous n’aviez que vos 16 actions.

La cathédrale et le mur de la faim

Une fois que tous les joueurs ont joué leur 16ème et dernier tour, la partie se termine et on compte les points. Aux points obtenus durant la partie, on ajoute ceux des places qui n’ont pas été complètement entourées de bâtiments en cours de partie (chaque joueur reçoit la récompense inférieure), des points pour vos universitaires qui correspondent à votre avancée sur la piste de technologie multipliée par les points de la piste d’université, vous marquez des points pour la rangée que vous avez atteinte sur le mur de la faim et la cathédrale, puis vous multipliez le nombre de jetons rouges que vous avez obtenus par la colonne que vous avez atteinte sur la cathédrale, et procédez de même avec les jetons bleus et le mur de la faim. Vous gagnez également des points en fonction du nombre de murs que vous avez construits, les sceaux et tuiles ponts que vous avez réclamés ainsi que pour vos œufs restants. Le joueur ayant le plus de points l’emporte !

On retrouve ici la combinaison qui a fait le succès de Vladimír Suchý : des règles fournies mais une mécanique bien huilée qui font que l’on a compris comment jouer dès les premiers tours, des choix cornéliens et une compétition tendue sur les actions, l’obligation de mettre en place une stratégie dès le début pour gagner et une grande diversité de manières de marquer des points (construction de bâtiments en cours de partie, pistes de technologies et d’université, acquisition de jetons rouges et bleus combinée à l’avancée sur le mur de la faim et la cathédrale, sceaux, places, murs construits et tuiles pont et technologie obtenues). Les illustrations de Milan Vavroñ sont sobres mais mettent en valeur l’iconographie, et les éléments en 3 dimensions (pont, mur de la faim, cathédrale) facilitent l’immersion dans le thème, on a vraiment l’impression d’évoluer au cours de la partie.

La grue d'actions

Si comme moi vous aimez les jeux dans lesquels vous devez optimiser au maximum vos actions, choisir un axe de développement et vous y tenir pour espérer l’emporter, Praga caput regni est fait pour vous ! Avec seulement 16 tours à jouer pour toute la partie, chaque action compte et peut vous faire perdre ou gagner la partie. La rejouabilité est garantie par la grande variété des tuiles améliorations, bâtiments et murs, et par les tuiles alternatives pour la route royale, le pont, la cathédrale et le mur de la faim. De plus, les tuiles action sont recto/verso pour apporter de l’asymétrie à vos parties. Nous avons été conquis par le jeu, Vladimír Suchý signe ici une réalisation à la hauteur d’Underwater cities (avec un matériel de meilleure qualité), et j’espère que Praga caput regni bénéficiera comme ce dernier d’une extension pour encore plus de plaisir !

Fiche technique

Éditeur : Delicious Games

Distributeur : Atalia

Auteur : Vladimír Suchý

Illustrateur : Milan Vavroñ

Nombre de joueurs : 1-4 joueurs

Âge : 12+

Durée : 45-150 minutes

Et pour rester dans l’ambiance : pourquoi ne pas découvrir un roman de Milan Kundera, sans doute l’écrivain tchèque le plus connu, comme par exemple L’insoutenable légèreté de l’être ? Allez, moi aussi je m’y mets !

13 « J'aime »

J’aime beaucoup ce jeu. Je le trouve très riche et clairement destiné aux joueurs “experts”. Les stratégies sont multiples même si elles peuvent faire des gros écarts en terme de points. En bref, la marge de progrès est importante. J’apprécie beaucoup Vladimir Suchy. De cet auteur, outre l’excellent Underwater City, je possède également Last Will et Prodigal Club. Ils sont un peu plus légers mais très originaux au niveau du thème… Auteur à suivre !

2 « J'aime »

Oui vraiment il est “hard to master” comme on dit, c’est très plaisant. De mon côté, j’aime aussi énormément Underwater cities, et on possède aussi Pulsar 2849 à la maison qui est assez austère mais très agréable (et difficile à maîtriser également).

1 « J'aime »

ça à l’air velu mimiche ! De belles heures de jeux en perspectives et plus de mal au crâne qu’avec le rhum qui les accompagnera.

1 « J'aime »

pour rester dans le thème, il faudrait trouver une bonne eau de vie tchèque ^^

ça pète trop le casque l’absinthe :wink:

1 « J'aime »

Une version solo est-elle prévue dans les règles et tiendrait-elle ses promesses ?

1 « J'aime »

Il existe effectivement un mode solo dans lequel la mise en place est celle d’une partie à 2 joueurs, et l’automa prend la tuile action la plus avancée à son tour, il est donc assez prévisible et sans doute pas très challenging (je précise que je n’ai pas joué en solo). Par contre, vous pouvez apparemment trouver un véritable automa avec une simulation d’adversaire plus détaillée sur le site internet de l’éditeur (deliciousgames.org).

Plusieurs parties avec la version solo. Le fonctionnement de base est effectivement assez sommaire. La version sur le site de l’éditeur c’est en fait juste 6 cartes à imprimer (petite taille) pour un automate un peu plus évolué façon Maracaibo (on révèle une carte qui dit ce que fait l’automate). Avantage notamment par rapport à l’automate de base : il agit sur la ville et participe à sa co-construction. Le solo marche très bien ( je dirais comme beaucoup de jeux où l’interaction n’est pas centrale :wink: ) , j’en ai enchainé pas mal de parties avec plaisir :slight_smile:

1 « J'aime »

@ocelau merci pour ton retour détaillé !

Merci à tout les deux (P.S. pour la rédaction : ne pas oublier à chaque fois qu’un jeu est présenté de dire quelques sur sa version solo qui intéresse toujours une frange de la communauté des joueurs). Non seulement en toucher deux mots, mais surtout dire si elle est bien.

@Nissa la Bella je suis malheureusement allergique aux jeux solo, donc je ne pourrai malheureusement pas faire de retour dessus, mais je suis sûre que le forum ou des groupes spécialisés peuvent le détailler mieux que moi ^^