
Le Roi est bien jeune, et dans votre grande bonté, gratuite bien entendu, vous vous faites fort de le conseiller. Si par la même occasion vous pouvez vous voir octroyer quelques titres, vous n’allez pas rechigner.
Dans Pour le Roi (et moi), chaque joueur va tâcher de choisir les bonnes cartes pour pouvoir en fin de partie abattre son jeu et remporter les ministères les plus prestigieux. Les règles sont très simples et vous pourrez sans souci y jouer avec vos petits renardeaux à partir de 9 ans.
Comment joue-t-on ? En tenant compte du nombre de joueurs on prépare le paquet de cartes, on choisi le côté du plateau et l’on y place quelques hautes fonctions royales, deux par ministères, celle de valeur trois et en dessous celle de valeur une. Nous parlerons alors de fonction principale et de fonction secondaire. Chaque joueur va choisir un portrait le représentant. Petit plus très sympathique, il y a un côté avec un portrait féminin et un côté avec un portrait masculin. C’est aussi le cas de toutes les fonctions, ces petits phylactères avec des titres amusants.
Cinq personnages et six titres pour lesquels vous devrez faire preuve de fourberie.
En commençant par le premier joueur, on commence la phase de don. Chaque joueur est donneur à son tour. À son tour, le joueur va piocher autant de cartes que de joueurs plus une. Mais attention, une par une. Et la placer aux choix dans une des trois zones possibles. Soit devant lui face cachée, indiquant qu’il conserve cette carte pour lui, soit dans la réserve qui servira lors de la phase d’enchères, soit face visible dans la zone où les autres joueurs pourront alors en choisir une à la fin du tour du joueur.
Dans une configuration à quatre joueurs nous aurons une carte dans la main du joueur, trois cartes visibles et une carte dans la réserve (pour les enchères en fin de partie).
Prenons un exemple avec quatre joueurs : c’est au tour de Jean de donner les cartes. Il en retourne une première qui ne l’intéresse pas, et pas très intéressante selon lui, il la place face visible. La seconde carte ne lui plaît pas davantage, mais il ne veut pas qu’un autre joueur puisse la prendre pour le moment, il la met donc dans la réserve. La carte suivante lui plaît, il la garde pour lui. Les deux dernières iront donc face visible à côté de la précédente. C’est au tour des autres joueurs alors de choisir chacun leur tour l’une des cartes faces visibles placées par Jean.
Le paquet passe au joueur suivant qui procède de même. On fait ainsi jusqu’à ce que la pioche soit vide. Rassurez vous c’est assez rapide.
Votre main se constitue donc en partie de façon cachée, à votre tour, mais aussi de façon visible quand vous récupérez les cartes mises à disposition par vos adversaires. Le sel du jeu repose sur l’attention que vous porterez au jeu de vos adversaires.
Les cartes sont de trois types : des cartes de couleurs, correspondants aux ministères que vous briguez, des cartes or, qui serviront pendant la phase d’enchère et enfin des cartes Roi, que vous devez jouer immédiatement quand vous les prenez. Ces cartes vous permettront de baisser ou d’augmenter la valeur des ministères. Si vous modifier par ce moyen la valeur de la fonction principale, la fonction secondaire varie immédiatement aussi. Elle doit toujours être égale à la moitié de la valeur de la fonction principale, arrondie à l’inférieur.
Quand une fonction principale change de valeur, la fonction inférieure doit correspondre à la moitié arrondie à l'inférieur.
Vient enfin la phase d’enchère. Une enchère très classique. Le joueur dont s’est le tour annonce ce qu’il est prêt à dépenser pour la carte présentée, et on enchérie sur cette base. Si tous les joueurs passent, la plus grande enchère l’emporte, et si personne n’a enchéri, la carte part à la défausse.
Cette phase terminée, on révèle nos jeux ! Et là, fous rire garanti, exclamations de dépit et autres manifestations de surprise seront à l’honneur. Comment remporte-t-on un titre ? Tout simplement en ayant la plus grande valeur de cartes de cette couleur. Et oui, vous pensiez décrocher le titre de conseiller du Roy ? Haha, non, vous serez seulement le tourneur de pages royal. Ne vous plaignez pas, vous auriez pu être ordonnateur du poulailler royal.
À défaut d'être Grand Chambellan vous serez au moins Inspecteur des douves. Peut-être même Ordonnateur du poulailler.
On additionne les valeurs des titres, et celui qui a le score le plus élevé gagne.
Les règles s’expliquent en quelques minutes. Et pourtant, le jeu est riche en rebondissements, en choix hasardeux et en déceptions (vous vous vengerez).
Parlons de la direction artistique. C’est très mignon. La qualité des pièces en carton épais est rassurante, les dessins « cartoonesque » servent bien la mécanique. C’est très coloré, et les enfants ont bien ri avec les titres cocasses. Pour le Roi (et Moi) est une réédition du jeu Biblios. Je suis allé voir, n’y ayant jamais joué, je trouve les dessins plus mignons maintenant et plus en adéquation avec le thème.
Nous avons fait plusieurs parties et le jeu révèle tout son sel à au moins quatre joueurs. C’est même encore plus savoureux à cinq, un peu plus chaotique et imprévisible, mais c’est parfait en l’occurrence. À deux et trois, on ne recommande pas ; en tout cas, vous risquez de vous ennuyer à mon avis. Pour les petits renardeaux, c’est compréhensible à partir de neuf ans. Nous y avons joué avec renardeau n° 2 qui a six ans, il a vraiment eu du mal. Notre aînée a compris, mais n’a pas encore le truc pour anticiper la main des adversaires. Mais elle aime bien. Et puis un jeu avec un thème à la cour d’un Roi, ça plaît toujours.
En résumé, ce jeu est parfait entre deux autres jeux plus costauds, ou tout simplement pour un bon jeu de bluff et d’enchères. Nous cherchons le plus souvent des jeux qui marchent aussi bien à deux joueurs, mais bon, ce ne peut être le cas de tous. Et puis Iello fait d’excellents jeux rien que pour deux alors on ne va pas râler.
C'est pas brillant ça. Vous êtes au gouvernement mais il n'y a pas de quoi briller en société.
Bon jeu (et que le plus fourbe l’emporte !).
Pour le Roi (et Moi) est un jeu de Steve Finn, joliment illustré par Anthony Weinstock et édité par Iello.
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