Pelican bay et trois lapins dans le soleil couchant

[Pelican Bay]

L’affaire pelican

Pelican bay et trois lapins dans le soleil couchant

Trois lapins dans le soleil couchant ?
Qui donc a pu avoir une idée pareille pour nommer une maison d’édition. Une maison qui publie, de plus, des jeux et des livres. Ou bien des livres et des jeux dirait-on plus couramment.

Si cela vous donne un air de déjà vu ou de pompage sur les Trois Magiciens (Drei Magier en allemand) c’est que les lapins ne sont rien de moins que les anciens magiciens à savoir : Johann Rüttinger, Kathi Kappler et Rolf ARVI Vogt.

Sauf tout le respect que j’ai pour les nombreux éditeurs de jeux, si vous m’aviez demandé mon éditeur préféré il y a quelques années, je vous aurais répondu Drei Magier.

D’abord parce qu’initialement ces magiciens se consacraient exclusivement à un grand monsieur du monde ludique : Alex Randolph.
Puis ils se sont un peu émancipés et nous ont offert des jeux d’autres auteurs. Rolf Vogt a su séduire avec ses bandes de cafards et autres insectes avec son trait nerveux et bienveillant. Cela en a surpris certains, d’autres comme moi sont tombés immédiatement dans la marmite.

Les magiciens avaient toujours un souci de l’objet et du graphisme. Pas celui de plaire au plus grand nombre mais celui, souvent trop rare, de donner une patte, une touche reconnaissable dans la diversité des publications.
Ils furent parmi les premiers à présenter des boîtes de jeux très mates. C’est salissant ? Qu’importe, cela met en valeur les illustrations. Ils travaillaient également les intérieurs de boîtes comme si c’était l’extérieur.
Chaque jeu devait être un objet de plaisir et la poésie, quelle soit sensible ou grotesque, devait se tenir debout bien fière devant le marketing.

Et puis les magiciens s’en sont allés. Drei Magier existe toujours mais désormais c’est Schmidt qui préside à sa destinée. Une destinée qui n’a pas jeté à la poubelle l’esprit des magicien mais…

Johann Rüttinger a été malade et ne pouvait plus continuer mais comme tous les magiciens, il a trouvé un élixir et la santé et plutôt que d’aller pointer au cho-mage, il a remonté une nouvelle maison d’édition sous le doux nom de “Trois lapins au soleil couchant” ou Drei Hasen in der Abendsonne.

Pour sûr qu’on dirait du Drei Magier…

D’ailleurs parmi les très bonnes nouvelles sont annoncées la réédition de “Ciao, Ciao …!” d’Alex Randolph. On ne change pas une équipe qui gagne.

Voyons aujourd’hui le petit dernier “Pelican Bay” signé Jacques Zeimet.

“Pelican Bay” est un Carcassonne-like pourrait-on dire. Bref c’est un jeu de tuiles de construction de paysage ou chacun va s’efforcer de marquer le plus de points.

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Tout commence par trois petites tuiles qui s’assemblent de façon cohérente.
Il existe trois sorte de paysages dans le pays des pélicans : l’eau, le sable et la forêt.

Chaque joueur possède deux tuiles tirées au hasard. Durant leur tour, ils vont compléter le paysage et marquer des points.

La base c’est poser une ou deux tuiles qui agrandissent une zone et marquer 1 point par tuiles composant celui-ci.

Et les pélicans ?

On peut poser un pélican quand on réussit à fermer une zone. C’est là la subtilité du jeu.
Le pélican se prend dans la réserve et quand celle-ci sera vide, on pourra en voler aux autres joueurs. Les pélicans rapportent des points en fin de partie.

Là deux options se présentent :

- soit on pioche et on rejoue et on cumule les points de la zone au pélican ET de la dernière que l’on vient d’agrandir.

- Soit on cumule les points de la zone à pélican et la plus grande zone ouverte à partir des dernières tuiles posées mais on ne rejoue pas.

Il faudra compter et savoir si le risque de rejouer est valable.

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Deux des joueurs autour de la table auront également un bonus. Celui-ci permet de poser un pélican sur une zone ouverte et :

- soit piocher et rejouer et comptabiliser la dernière zone ouverte

- soit comptabiliser la zone avec le pélican et celle de la dernière ouverte.

Quand on a utilisé un pélican il vient se poser devant son nouveau propriétaire.

On marque donc les points à chaque coup et ceux-ci sont notés sur un bloc de score.

La parte prend fin quand on entame les 16 dernières tuiles du jeu.

Le challenge est d’essayer de fermer des zones mais est-ce que cela arrivera jusqu’à votre tour. En général, on essaye de ne pas aider le joueur suivant.

Le jeu peut aussi se pratiquer seul comme un puzzle. Il faut alors tenter de former la plus grande plage ou la plus grande lagune ou la plus grande forêt.

“Pelican Bay” propose des règles en français qu’il faudra relire un peu avant de se lancer à moins d’avoir lu Tric Trac avant bien entendu puisque maintenant vous savez tout ou presque…

Et amis distributeurs sachez que Johann Rüttinger recherchait dernièrement une distribution en France. À bon entendeur !

:arrow_forward: Le site de Drei Hasen in der Abendsonne (allemand) : clique ! (vous noterez l’adresse amusante : http://www.hasehasehase.de)

“Pelican Bay”
Un jeu de Jacques Zeimet
Illustré par Rolf Vogt
Publié chez Drei Hasen
Pour 2 à 4 joueurs dès 10 ans (1 en puzzle)
Public : Occasionnels et plus si affinités
Durée : 30 à 40 min
Disponible dans certaines boutiques dans les 23€

1 « J'aime »

Cher Docteur je ne peux qu'abonder, je trouve ce que fait cet editeur très beau. Et quel nom poétique pour trois "anciens" qui se remettent à l'édition. Ils ont également réédité Xe Queo! sous le nom de Der Isses! Du Randolph encore...

Je croise les doigts pour que Gigamic nous sorte une version française de ces jeux !

si les règles sont en français il suffit de les distribuer, effectivement ça pourrait convenir à Gigamic...

Les 3 lapins cow-boys de l'espace ?

Gigamic ne distribue que les jeux qu'il crée ou traduit lui-même, à ma connaissance.

Tout donne envie dans ce jeu !

Un jeu de tuiles, vous dites?
Avec de la couleur bleue un peu partout que ça fait très joli?
J'achète !

J'ai acheté ce jeu suite à cette petite news, le jeu est magnifique (on a envie d'y être) et se joue bien, pas trop compliqué avec quelques petites tensions. Merci Dr Mops pour avoir pointé ce jeu du doigt !

Maurice Carême : "Trois lapins dans le crépuscule", je suppose que le nom Allemand de la société vient d'une traduction du poème.

Le voici :

Trois lapins, dans le crépuscule,
Tenaient un long conciliabule.
Le premier montrait une étoile
Qui montait sur un champ d'avoine.
Les autres, pattes sur les yeux,
La regardaient d'un air curieux.
Puis tous trois, tête contre tête,
Se parlaient d'une voix inquiète.
Se posaient-ils, tout comme nous,
Les mêmes questions sans réponse :
D'où venons-nous ? où allons nous ?
Que sommes-nous ? pourquoi ces ronces ?
Pourquoi dansons-nous, le matin,
Parmi la rosée et le thym ?
Pourquoi avons-nous le cul blanc,
Longues oreilles, longues dents ?
Pourquoi notre nez, tout le temps,
Tremble-t-il comme feuille au vent ?
Pourquoi l'ombre d'un laboureur
Nous fait-elle toujours si peur ?
Trois lapins, dans le crépuscule,
Tenaient un long conciliabule.
Et il aurait duré longtemps
Encore si une grenouille
N'avait plongé soudainement
Dans l'eau de lune de l'étang.