Pas de pitié pour les monstres, le carnet d'auteur(s) !

Pas de pitié pour les monstres,

c’est l’histoire de monstres qui…

sont dans un jeu, qui…

est dans un livre, qui…

est dans une boîte !

Hello :-)

Nous nous présentons, hop là, chapobazécourbettes, Émilie & Jérôme Soleil, les auteurs de "Pas de pitié pour les monstres" édité par Helvetiq. Tout doucement dispo en France depuis fin septembre 2020 et courant octobre plus largement ainsi qu'en Suisse & en Belgique. Une critique du jeu est déjà parue, ici.

Et voici son histoire.

C'est un projet qui a commencé dans le courant de l’hiver, fin 2017.

Émilie, qui aime beaucoup les concepts, un soir de griffonnage inventif sur le canapé, croque croque croque, pense pense pense… et entre deux tasses de tisane d’effervescence crée un livre qui s’ouvre comme une maison. Un vrai livre cartonné, mais dont les pages resteraient ouvertes pour former les murs.

L’envie était, comme avec notre livre en forme de bébé, paru chez Casterman quelques années plus tôt, d’avoir un livre avec une forme qui implique son utilisation :-) Affordance nous voilà !

Avec un livre-maison, notre première idée était de faire un imagier pour les tout petits avec plein d’objets dessinés et nommés, de la cuisine au garage. Des objets à montrer et à chercher pour jouer à apprendre de nouveaux mots. Une maison à découvrir, pour s'amuser aussi.

Le livre « Mon petit bébé » éd. Casterman

Nous avons donc développé l’idée initiale en volume, en créant un design et des illustrations, en vue de tenter notre chance auprès des éditeurs de livres jeunesse. Notre projet prêt, nous avons décidé de l’envoyer à un éditeur de renom (dont nous ne citerons pas le nom), mais dont la production nous plaisait et nous semblait convenir.

La réponse de l’éditrice jeunesse quasi immédiate et très positive ! Elle avait envie d’aller plus loin avec ce projet qui lui semblait prometteur. S’en sont suivis plusieurs échanges mails… bref, c’était un bon début.

Le livre-maison au départ : "Mon imagier de la maison" !

Et puis ? Et puis plus de nouvelles. Nada… Malgré nos relances. Plus rien. Nous n’avons jamais su si l’éditrice avait perdu sa langue, avait changé de travail ou était partie sur la lune !

Nous étions au printemps 2018.

En parallèle, cette année-là, Jérôme se lançait un défi d’illustration. Et était quotidiennement sur Instagram.

Sur ce réseau, découverte & suivi d’artistes et d’éditeurs. Dont Helvetiq. Nous fîmes alors une découverte de taille : cet éditeur, dont Jérôme était très fan de la ligne et la qualité éditoriale, éditait aussi des livres ! Et des livres jeunesse ! Alors, hop un petit message rapide via la plateforme : « Vous cherchez des auteurs ? »

Réponse quasi immédiate « Oui, envoyez-nous vos projets ! »

Re-hop, par mail une vidéo de notre imagier maison ! Et un retour très immédiat de Hadi Barkat, éditeur-directeur : « Un peu de patience, je présente le projet à l’équipe pendant les grandes vacances ».

Nous avons eu un retour dans le courant de l’été 2018. Avec cette demande qui nous coupa les pattes sur le coup : « Ça nous plaît beaucoup, mais nous ne l’éditerons pas comme un livre. Pourriez-vous aller plus loin et développer un jeu ? ». On se sentait tout petits dans nos chaussures. Mais les défis, nous on adore ça !

Après tout, Jérôme planche sur d’autres jeux de société en parallèle, donc… il connaît !

Après tout, Émilie est auteure jeunesse et travaille en crèche donc les enfants… elle connaît !

À tous les deux, il y a moyen d’inventer un jeu pour les enfants. Nous avons dit à Hadi qu’on allait tenter l’aventure.

Bien sûr il fallait que ce soit un jeu simple à comprendre, à transmettre, immersif. Bien sûr il fallait que la maison soit utile au jeu, qu’elle prenne tout son sens. Ajouter du pop-up ? Pourquoi, pourquoi pas ? Un jeu avec des étapes ? Un jeu d’enquête ?…

De fil en aiguille, de pensées, découpages, recoupages, nous avons pensé au chamboule-tout ou jeu de massacre. Ce jeu, vieux comme le monde de foires : on lance un objet pour en faire tomber un autre. Non seulement on exerce sa concentration, mais on joue avec tout son corps : bien regarder, se reculer, retenir son souffle, faire le bon geste…

Cela nous plaisait d’imaginer notre jeu-maison posé sur une table, et plein d’enfants tourner autour comme des abeilles autour d’un pot de miel. Un jeu pour enfants pas sages, qui ont des fourmis dans les pattes !

Mais il fallait une aventure. Il fallait vraiment avoir envie de mettre KO de « vrais » ennemis pour faire vivre notre maison. On a alors pensé à l’univers des monstres !

Les premiers monstres… oui oui avec quelques inspirations.

Pour se débarrasser des monstres, il fallait trouver des armes à hauteur d’enfants, des armes qui n’en sont pas vraiment, entre Guerre des Boutons & Tex Avery : chaussettes, seaux d’eau et ballons ! À lancer par devant, par en haut, par la fenêtre sur le côté… Comme une vraie bataille où les projectiles arrivent de tous les côtés. Pour faire super simple et rester dans le matériau du livre, on dessine tout ça sur des petites tuiles, de petits jetons en cartons (et utiliser un principe de mémory). Les monstres eux sont en papier épais et dressés grâce à des pieds en plastique.

Le jeu est coopératif, les monstres lancent des sorts (des contraintes pour le joueur qui lance l'objet : fermer un oeil, pousser un cri, lever un pied…), les tuiles (les objets) sont posées faces cachés, la plupart sont des chaussettes, reproduites également sur les pages du livre, si l'on s'en rend compte on peut alors relancer la chaussette ! Et il y a aussi parmi ces tuiles des images de monstres qui vont nous obliger à relever les monstres qu'on aura dégommés…

Durant cette période, on a perfectionné notre invention, afin de faire rentrer un « vrai » livre cartonné (et sa structure bien particulière) dans une boîte en carton. En ouvrant les pages on bloque les « murs » gauche & droit de la maison(NB : dans la version éditée, il y a un ajout de petites pattes qui viennent bloquer les pages ouvertes). D’essai en essai, de test en test, durant l’automne/hiver 2018, avec de nouvelles illustrations pour les démos, passant de l’imagier au jeu… le livre fit son retour chez Helvetiq.

Réponse très rapide… Ça leur plaisait ! Ensuite de longs mois se sont écoulés. Le « Oui » final nous fût donné par Hadi le 19 juin 2019 ! Avec le mail suivant : « La montagne a réussi aux monstres (ils revenaient de leur séminaire d’équipe annuel). De retour de la mise au vert, nous avons le plaisir de vous confirmer notre intérêt à publier le jeu. Bravo pour le travail accompli depuis le premier projet d’imagier. »

Le jeu était OK. Notre bébé était chez eux prêt à être testé & vérifié. Le contrat arriva peu de temps après.

Des échanges durant l’automne, avec celle qui nous accompagna jusqu’à la fin du projet, Marta ;-) La boîte contenant le livre prit de l’épaisseur pour accueillir les éléments du jeu. Et en début 2020 tout s’accéléra.

L’illustratrice choisie : Kasia Fryza. No comment… Ouvrez le jeu, tournez les pages et vous comprendrez comme son univers est délicieusement riche, optimiste, décalé.

Les monstres de Kasia Fryza !

Nous avons eu le plaisir de découvrir que les illustrations initiales que Jérôme avait réalisées durant la conception lui avaient servi de fil conducteur, un goût de direction artistique, quelle agréable surprise. L’univers incroyable, la patte de Kasia & de l’équipe ont fait le reste !

Du projet à la réalité !

Puis, la présentation à Nuremberg… et… le confinement arriva.

La vie nous offrait une occasion de prendre le temps.

C’est durant cette période qu’avec Marta nous avons eu beaucoup d’échanges.

On continua à développer et à finaliser le jeu, avec 3 niveaux (sans les sorts, avec, puis un dernier avec des objets décoratifs à ajouter et à éviter de faire tomber…).

Émilie retravailla le pitch, et sur les conseils de Marta on a écrit des « cartes d’identité » pour chaque monstre. On reçut une des dernières maquettes en blanc (maquette blanche au format réel avec les papiers finaux), l’épaisseur du carton, les beaux dés en bois… le projet devenait enfin un OBJET fini !

Quand on a découvert la couverture qui ressemble plus à celle d’un livre que celle d’un jeu, on a compris qu’Helvetiq avait parfaitement réussi l’amalgame, un jeu/livre jeunesse.

On espère que la maison de la famille Papillon aura une belle vie. On espère que chaque enfant qui ouvrira la boîte pour la première fois, aura des petits frissons de plaisir : « Chouette, une maison qui se construit comme par magie, des pièces qui défilent au fil des pages, des objets rigolos à lancer, des monstres qui avancent sur le chemin, et dont il va falloir coûte que coûte se débarrasser ! »

On est prêts à parier que les parents s’amuseront autant que les enfants, et surtout que la maison servira à bien d’autres aventures !

Pas de pitié pour les monstres, le carnet d'auteur(s) !

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Quel plaisir de lire ce carnet chers Jérôme et Emilie ! Une belle manière de parcourir à nouveau le chemin créatif…

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quand j’ai lu le titre, je m’suis dit “et allez, encore une niaiserie qui sort, une connerie pour les grands mômes…” avec le smiley qui roule des yeux d’un air saoulé
et puis j’ai été scotché par la 1ere image … d’une naiveté fascinante, avec sa baraque mal dessinée, mais bien quand même, les monstres aussi menaçant qu’une veilleuse qui s’eteint la nuit quand t’es tout p’tit.
et pis l’aut’ là carrement perché sur le toit d’la maison ! cette magnifique maison… quel mechant celui là ! y respecte rien alors ? c’est un vrai monstre celui là !
bon sang, quel coup d’coeur ! a peine remis du choc, je prends en pleine poire ce qui devrait devenir le cri de guerre à la place du bon vieux “à l’assaut” lors des conflits de ce monde : " à vos chaussettes, pret, lancez" … ça ça m’a achevé. le beau existe dans ce monde, il remue l’enfant qui sejourne dans cette carcasse de vieux con que je me trimbale.

la suite de l’article est à l’avenant :

  • une baraque qui se construit pour devenir un formidable lieu d’aventure monstrueuse (bordel, vous pouviez pas sortir ça y’a 50 ans ?!!)
  • des illustrations qui sont des dessins aux perspectives niquées qui me font fondre
  • des monstres absolument touchant :'-) avec leur carte d’identité de joli pas beau

merci à vous pour cette TRES belle initiative

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Hello Tomfuel, ah, ouais, je suis scotché par ton super commentaire ! Carrément super ému car assez vieux con parfois aussi :slight_smile:
J’aurais bien aimé avoir cette mini-baraque qui se construit d’un bouquin pour y amener mes playmobils… et la voici 35/40 ans + tard, elle devait être coincée dans nos imaginaires !
Et surtout bravo Helvetiq pour le boulot d’édition & Marta, illustratrice polonaise, fantastique.

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