Panda Head, la chasse au petit concombre masqué et autres égarements

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Dans la série « j’avais promis d’en causer », je vous ressors Panda Head de mes piles de dossiers X. Panda Head est un jeu de messieurs Aaron Weissblum et Norman Woods qui, vous allez le voir, va nous entraîner sur des chemins de réflexions ludiques assez inattendues, surtout quand on voit la tête du petit panda hilare de la couverture.

Messieurs Weissblum et Woods sont des gens tout à fait honorables et leur seule présence pourrait justifier l’intérêt de l’amateur de petits jeux de cartes mais… Ne possédant moi-même que la traduction des règles, je n’y trouve nulle trace de paternité antérieure alors que… Panda Head est l’adaptation très fidèle de Agurk. Agurk ? Oui mais aussi de Gurka mais aussi de Ogorek, de Kurkku, de Mätäpesä, de Rassi et sans doute d’autres.
Non ! Je n’ai pas suivi de cours de Klingon récemment, je vous parle ici de jeux de cartes traditionnels du nord de l’Europe. À force de voir des jeux commerciaux à longueur de temps, nous en oublierions presque les jeux traditionnels.

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Entendons-nous bien, un jeu traditionnel est un jeu qui se transmet en général par oral (oui je vous vois venir avec vos blagues idiotes !), se joue avec un matériel facilement disponible et dont tout le monde ou presque ignore le nom de (ou des auteurs). Cela se traduit en général par des variantes diverses et variées dont certaines sont tellement variées qu’elles donnent naissance à un nouveau jeu.

« Traditionnels » laisserait entendre que ce sont des jeux qui nous viennent de la nuit des temps parce que c’est plus romantique comme histoire. Alors que la plupart sont juste des jeux immémoriaux. « Immémorial », c’est le mot qui qualifie quelque chose dont on ne se souvient plus de sa création. On peut donc avoir des jeux immémoriaux d’avant-hier si nous avons mauvaise mémoire. Jusqu’au moment ou un historien arrivera à nous désimmémorialiser le truc si c’est possible. Là, par exemple, nous sommes visiblement dans un jeu de plis assez moderne. Genre XIX ou XXe siècle probablement. Et il faut que vous sachiez amateur de KS, qu’un ou deux siècles c’est assez jeune pour un jeu. Encore qu'avec le système participatif il faudrait plutôt inventer un terme qui signifierait "qui ne se souvient plus pour quand c'était prévu".

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Jungle Speed s'inspirant du jeu du Briquet doit avoir été créé après l'invention du feu

Et comme à l’ère moderne du jeu de société ou une idée chasse l’autre rapidement, un certain nombre de jeux commerciaux plus ou moins inspirés de jeux immémoriaux ont connu un grand succès, pourquoi ne pas tenter sa chance en mettant son nom sur un qui ne serait connu que dans une zone géographique restreinte ou une génération particulière ? Un Loup-Garou de Thiercelieux ou un Jungle Speed ça donne envie quand même ! À la fois pour la notoriété et le pognon. Pour les filles c’est à voir mais j’ai l’impression que faire Georges Clooney ou Kendji Girac est plus rentable mais je ne suis pas spécialiste. Seulement voilà, l’adaptation plus ou moins fidèle d’un jeu peu médiatisé ne suffit pas, il semble manquer des ingrédients car le succès n’est visiblement pas automatique. Du coup… peut-être que le physique joue aussi… Ah non en fait. Autant Monsieur Vuarchex peut avec des côté séduisants mais… Mais je m’égare.

Panda Head est donc une adaptation assez fidèle de cette famille de jeux que je vous cite ci-dessus et qui, en plus, a déjà connu au moins une version commerciale puisque c’est aussi la même chose ou peu s’en faut que 5 Cornichons paru en France chez Edge. Autant le glissement du concombre (oui beaucoup de ces noms signifient Concombre) vers le cornichon est assez cohérent autant l’adaptation pandesque semble plus tenir de la drague choupinokittesque. Personnellement j’ai un faible pour les holothuries qui sont à mes yeux un summum de la vie. Imaginez donc un tube avec un trou d’un côté et un autre de l’autre. La nourriture entre d’un côté et… Mais je m’égare !
Nous savons donc que pour déclencher un acte de vente, il faut séduire ou provoquer un minimum et que le panda serait un peu la face mielleuse du concombre tandis que le cornichon s’oriente plus vers une erreur de traduction que la classification botanique peut rendre excusable.

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Panda Head étant sorti en anglais et à Essen dernier, nous avons donc un peu de recul pour en apprécier le succès ainsi que celui de 5 Cornichons ce qui me conduit au final à vous expliquer comment y jouer avec un jeu de 52 ou 54 cartes. Les amateurs de pickles et/ou d’ursidés prendront les mesures qui s’imposent.

Recette du concombre facile

Prenez donc un jeu de cartes à jouer de 52 cartes ou de 54 dont vous retirerez les jokers.

Touillez et distribuez 7 cartes au participants qui peuvent être de 2 à 7.

L’ordre des cartes croissant est du 2 jusqu’à l’As.

À chaque tour nous allons jouer une carte, le plus fort remporte le pli.

On se moque de tous les plis sauf le dernier ! La ou le joueur qui « mange » le dernier pli se prend des vilains points.

On recommence et quand un joueur atteint 21 mauvais points, il est éliminé.

On recommence et quand il ne reste plus qu’une ou un joueur, elle ou il fait la danse de la victoire sous les commentaires de ceusses qui ont été éliminés et qui trouvent que c’est vraiment un jeu de moule. Alors que c’est un jeu concombre ce qui démontre la mauvaise foi des perdants.

La ou le premier à jouer est celle ou celui qui se demande où est le totem.

La ou le premier joue ce qu’il veut comme carte.

Les suivants par contre pas. Ils ont deux possibilités :

  • jouer une carte de même valeur ou plus forte
  • jouer leur plus faible carte

Un joueur qui ne peut pas égaler ou monter sur le précédent DOIT jouer sa plus petite carte.

La tactique du jeu est donc d’essayer de conserver ses plus petites cartes pour le dernier pli de la mort qui tue. On retrouve une tactique assez similaire aux Tarots pendant la chasse au Petit.

Celle ou celui qui « mange « le dernier pli se prend autant de vilains points que la valeur de la carte la plus forte de ce pli (qui est la sienne si vous avez tout suivi). Chaque carte vaut sa valeur, le valet 11, la dame 12, le roi 13 et l’as 14.

Ces vilains points sont conservés d’un tour sur l’autre et additionné et le tilt est donc à 21.

le premier joueur du tour suivant est celui qui a remporté le pli précédent.

En cas d’égalité c’est le dernier à jouer qui remporte le pli.

Et vous savez jouer !

En bonus, nous vous donnons quelques variantes :

Sauce finlandaise :

Dans cette version vous devez égaler la carte du joueur précédent pas celle du premier joueur.

On ne peut jouer sa plus petite carte QUE si la condition si dessus n’est pas possible. On doit toujours monter sur le précédent quand on peut.

Exception : Quand le joueur précédent a joué un As, on DOIT jouer sa plus petite carte même si on possède un As soi même.

Sauce finnoise :

Cette fois on distribue le plus de cartes possibles à chaque joueur à la place des 7 de départ.

Vous trouverez d’autres variantes sur le très bon article (english only) de John MacLeod (un spécialiste des jeux où il ne peut en rester qu’un, ça ne s’invente pas) pour ma part je prépare un KS sur le principe à base de chatons qui explosent et de filles nues avec des straichegaules à base de personnages secrets et de totems mais je vais prendre un pseudo quand même.


► Traduction en français des règles de Panda Head par Sathimon inc. : clic !

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Toujours un vrai plaisir de vous lire doc et surtout un vrai plaisir d’apprendre plein de choses !! :slight_smile: Merci à vous.

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Merci Docteur, vivement votre prochaine prescription :wink:

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Non, rien.

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Me vient en tête l’idée d’une variante à partir du jeu de cartes traditionnel qui se nomme “soixante-six”, dans laquelle, cette fois-ci, le nombre de points à atteindre serait soixante-neuf…
Sachant que le même jeu, ou peu s’en faut, se fait appeler “schnapsen” dans les pays de l’est - “biberonner” en français, d’après gogol-traduktor - il me semble qu’il y a de quoi faire au niveau sémantico-fantasmatico-torticolico-tsoin-tsoin, me trompe-je ?..
Mais allons encore plus loin et imaginons le goodies trictrac avec les “membres” de notre équipe adorée en lieu et place des figures habituelles - rois, reines, valets et femmes de chambre - et là… stick

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