Sincèrement, je n'y croyais pas, et pourtant, me voilà, seul, à arpenter les couloirs obscurs de ce qu'un faux ami anglais fait appeler Donjon... Bon, un élémentaire de feu dés la première salle, c'était peut-être un peu trop brave mais bon... J'ai appris, du coup !... Dans la douleur, mais j'ai appris ! Alors bien sûr, au bout d'un moment, les p'tits pièges à ours et autres gobelins, un éclair de feu magique ou une botte secrète à l'épée et paf, ça passe tout seul, seulement le temps passe et presse... et je vais finir par être un peu court pour l'affrontement ultime avec le gros monstre Endofthelevel ! En fait, aventurier solo, c'est pas toujours une sinécure... ceci étant, même en groupe, ça ne l'a jamais été... mais c'est ça qui est drôle aussi finalement... Allez, que la Divinité Alea Iactaest soit avec moi !
Les jeux solo et avec mode solo se répandent et se réclament à un tel point qu'il est possible et légitime de se poser la question : "à quoi bon continuer de parler de "société" dans "jeu de société" ?"... Mais enfin, peut-on répondre de prime abord, lorsqu'on aime se raconter une histoire, gérer des p'tits cubes en bois ou se confronter à des défis de toutes sortes, et qu'il n'y a pas de partenaires de jeux dans un environnement proche, un jeu qui peut aussi (ou uniquement) se jouer en solo est parfait, non ? N'est-ce pas mieux que la solution à personnalités multiples dite des "chaises tournantes" ? Et la dernière localisation chez Nuts Publishing est idoine pour ça. Avec le One Deck Dungeon et ses multiples possibilités, le jeu de Chris Cieslik est maintenant disponible dans la langue de Croc, Julien Blondel, Pierre Rosenthal et Olivier Caïra !
Si vous m'dites qu'j'n'ai pas d'torche, c'est décidé, j'me barre... moi-même tout seul !
Après avoir choisi votre personnage, découvrez ses capacités dans les trois domaines, c'est à dire le nombre de dés de chacune des trois couleurs Force (jaune), Agilité (rose) et Magie (bleu) que vous lancerez pour faire face aux épreuves. À ceci s'ajoute une capacité spéciale sur parchemin à fond bleu et une compétence de base sur le parchemin à fond jaune. Enfin, le nombre de coeur représente votre force vitale qui, espérons-le, n'arrivera pas à 0 sous peine de fin de partie nécrologique.
Enfin choisissez votre donjon-gardien. Sur cette carte recto-verso sont indiqués d'un côté les conditions et épreuves particulières et cumulatives à chacun des trois niveaux qui vous conduiront au boss, ses capacités et autres attaques spéciales. Une petite potion de santé et le "one deck donjon" est placé sur l'escalier. Ce paquet de cartes contenant tout autant des pièges que des monstres sera à la fois les péripéties rencontrées mais aussi le sablier inexorable qui nous pousse vers la fin de partie puisqu'à chaque début de tour, vous commencerez par défausser deux cartes du paquet.
Vous aurez ensuite la possibilité entre explorer (piocher des cartes du deck jusqu'à en avoir 4 devant soi) ou entrer dans une pièce (retourner une des cartes exposées devant soi via l'action précédente) pour effectuer la rencontre (piège ou combat) ou fuir. Et c'est reparti pour un tour ! Avec le temps qui passe et qui épuisera le paquet, vous arriverez aux escaliers vous conduisant au deuxième étage (la défausse redevient un paquet)... jusqu'au troisième étage (et re-un paquet) avant d'arriver au boss si vous n'avez pas rejoint les trépassés avant.
Les rencontres se résolvent en lançant les dés pour remplir les multiples conditions indiquées sur la carte, avec un ou plusieurs dés, avec telle valeur ou telle couleur, et parfois avec des priorités, par les cases avec bouclier, sans oublier les cases particulières du donjon. Et puis il y les dés héroïques, des dés jokers obtenus en défaussant deux dés pour en faire un héroïque à la plus petite valeur des deux défaussés. Il y a aussi les compétences... et en gérant tout ça, le héros essaye de moduler sa chance et maximiser les cases recouvertes pour ne pas trop se prendre un trop gros choc en retour.
Là, le 3 et 4, à l'épée, ça lui fait deux coups pour passer sa défense... mais impossible d'obtenir le dernier bouclier... et sans ça, impossible de répartir le reste... ça sent les trois blessures et trois cartes défaussées dans le deck... pas cool, cette araignée géante...
Ensuite, et quoiqu'il en soit, la carte devient butin :objet pour améliorer ses caractéristiques, compétence nouvelle voir nouveau type de potion... et bien sûr, la célèbre expérience, l'XP, pour monter de niveau et gagner de nouvelles potions, des dés héroïques, plus de "slot" objets ou compétences.
Viendra inévitablement le dernier affrontement et il y a plutôt intérêt à y arriver préparé pour espérer l'emporter contre le big Monster Boss.
Google map ? Non, les cartes One Deck !
One Deck Dungeon a plusieurs atouts dans sa manche en plus de son deck unique. De base, la version solo permet de passer de bons moments pour les amateurs de gestions de dés, d'aventures, de "stuffages", rien que pour voir si vous pouvez affronter tous les boss et avec tous les héros. Oh bien sûr, il ne faut pas être complètement fermé à la présence de hasard, même si ici, c'est surtout de gestion de hasard dont il s'agit. Il n'empêche qu'un échec critique est toujours possible... Pourtant, ce n'est pas non plus une fin de non-recevoir puisque quoi qu'il en soit, vous repartez plus fort, en ayant, thématiquement, appris de vos échecs. Le tout est de savoir si vous arriverez jusqu'au bout ! L'autre écueil pourrait être de ressentir la répétitivité du jeu : je retourne une carte, je lance les dés, je maximise leur utilisation et je recommence... C'est là où ceux qui se "voient" plus face à des murs invisibles et des meutes de rats qu'à des statistiques à combler vivront avec davantage de plaisir les parties deOne Deck Dungeon.
"10 en rose et 12 en bleu" : c'est naze...
"il faut un peu de temps et d'agilité pour passer par dessus ou une bonne maîtrise magique pour le dissiper"... ça, c'est mieux !
Ensuite, ajoutez-y le mode en campagne avec un héros qui évolue au grès des aventures, en choisissant vous-même sur la feuille de note, quasiment une feuille de personnage, quelles capacités vous développer au fur et à mesure de vos réussites... ou vos échecs. Réussir un étage, monter de niveau pendant l'aventure et vaincre un gardien vous assurerons des cases à cocher, fonction de la difficulté du donjon choisi, ce qui vous donnera de nouvelles capacités pour continuer et aller de plus en plus loin. C'est excellent et ça pousse à jouer, jouer et enchaîner les parties
Et terminons pas la possibilité d'y jouer à deux joueurs avec une boite... et même jusqu'à quatre joueurs avec deux boites... qu'elles soient identiques puisqu'il y a cinq héros différents (et un supplémentaire en goodies) ou avec l'extension qui, espérons-le, sera traduite également "Forest of Shadow"
Vraiment, ce One Deck Dungeon, il a tout pour plaire, et il plait ! Et puis, le choix de ne mettre que des héroïnes, avoir une bande son pour accompagner vos parties (trouvable ici sur le site de Nuts Publishing), ça l'fait aussi... Vivement l'extension pour varier les plaisirs dans la constitution du deckdungeon !
► L'explipartie à deux dans la TTTV (pour l'instant réservé aux abonnés)
