Ninja Taisen, Pierre, papier, ciseaux chez les ninjas

Ninja Taisen, Pierre, papier, ciseaux chez les ninjas

Ce texte fait partie d’une suite d’articles dans lesquels je vais présenter les jeux Japon Brand qui seront présents lors du salon d’Essen 2014.

S’il y a bien un jeu qui fait le buzz (un micro buzz mais quand même) dans la sélection faite par Japon Brand pour cette nouvelle édition du salon d’Essen, c’est bien Ninja Taisen, un jeu de Katsumasa Tomioka. Les règles ont déjà fait le tour du net, en anglais comme en français. Mandy, une habituée de BGG, elle aussi d’ailleurs auteure d’un jeu récemment présenté par le Docteur Mops (Alley Thieves), en a même parlé sur Youtube.

D’ailleurs, pour ceux qui ont vu, ou verront cette vidéo (attention à l’erreur de mise en place au début), vous remarquerez que Mandy joue avec la version “internationale” du jeu. Quelles différences y a-t-il ? Et bien, les chiffres ne sont plus en langue japonaise, tout comme les noms des personnages. Il n’y a pas non plus d’aides de jeu dans ma version japonaise.

Bon, pour ceux qui auraient raté ces articles, reviews vidéo et autres moyens de communiquer dans notre merveilleuse ère 2.0, voici comment ça fonctionne. Et puis, bon, vu qu’avec mon épouse on n’arrête pas d’y jouer depuis quelques jours, autant vous donner mon opinion quant au jeu… Ninja Taisen est un jeu prévu pour deux joueurs, pour des parties d’environ 20 mn à partir de 8 ans.

La boîte japonaise du jeu.

Ninja Vs Ninja

Une vengeance de chefs, des villages cachés, deux camps de ninjas, le tout saupoudré d’une mécanique “pierre, papier, ciseaux” et d’illustrations joliment dessinées, voilà donc le secret de ce petit bijou ludique qui va très certainement beaucoup faire parler de lui à Essen. Au début de la partie, on compose les équipes de ninjas que les deux joueurs vont utiliser pour envahir le village ennemi. Il y a en tout 20 cartes personnages ainsi déclinées : 6 cartes rouges (pierre), 6 cartes vertes (ciseaux), 6 cartes bleues (papier) et 2 cartes “tricolores” (ces deux personnages s’adaptent au symbole de leur adversaire).

Chaque ensemble de cartes est composé de 2 cartes de chacune des trois valeurs de force suivantes : 1, 2 ou 3. Les joueurs vont donc recevoir 10 ninjas pour constituer leur équipe : 3 cartes de chaque couleur, une de chaque valeur (pour expliciter : 3 cartes rouges, dont 1 de force 1, 1 de force 2 et une de force 3… et ainsi de suite) ainsi qu’un chef ninja.

La distribution des cartes est facile à réaliser : un symbole en bas à droite des cartes vous indique quelles cartes correspondent à quel clan. Sur les photos que j’utilise dans cet article, nous avons raté ce détail. Ça ne change rien à l’équilibre du jeu, mais ça affaiblit du coup l’intérêt thématique. Nous avons survécu. Tom Vasel aurait sans doute fait un malaise.

Cette opération de préparation réalisée, on pose les deux cartes “village caché” entre lesquelles on va ensuite disposer les 9 cartes “chemin”. Les joueurs mélangent leur deck de cartes en prenant bien soin d’en retirer le chef ninja, qui sera disposé sur sa carte village. Les joueurs disposent ensuite les ninjas l’un après l’autre en respectant le schéma indiqué dans la règle. Dans la partie que nous avons jouée hier, de mon côté, cela donnait à peu près ceci :

Mise en place au début de la partie.

Les deux camps sont établis, vous êtes enfin prêt à envoyer vos ninjas étancher votre soif de vengeance. Leur sacrifice ne sera pas en vain (enfin si, mais c’est toujours comme ça dans les histoires de vengeance bien égoïstes des familles… le sacrifice des autres pour le soulagement d’un seul. Suffirait pourtant de prendre un Lexom*l ou de se péter la tête à coup de vodka pour oublier tout ça. Euh… attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. La cigarette aussi, d’ailleurs. Tout comme le VTT sur les pics himalayens, mais ça, y a personne pour en parler !).

Leur sacrifice ne sera pas en vain, donc. En plus des cartes, dans la boîte, il y a aussi trois dés, colorés selon les trois classes de ninjas représentés dans le jeu. Le joueur actif va lancer les dés au début de son tour. Le résultat, de 1 à 3, indique de combien de cartes vos ninjas pourront se déplacer mais surtout quelle couleur de ninja vous pourrez sélectionner. Vous l’aurez déjà saisi : le dé vert… les ninjas verts et ainsi de suite.

Gu, choki, pa!

Pour vous rendre dans le village adverse, vous devrez donc parcourir les 9 cartes de “chemin” qui vous en sépare. Evidemment, vous vous doutez bien qu’à un moment ou à un autre, les ninjas de votre ennemi viendront tâter du katana avec vous.

Le principe de résolution des combats est, attention pirouette sémantique, résolument japonisant. On me rétorquera sans doute que le jeu “pierre, papier, ciseaux” n’est pas propre aux Japonais. C’est pas faux. Mais en même temps, pour quiconque a passé plus d’une semaine sur l’archipel, il est impossible de nier l’importance que revêt ce jeu dans la prise de décision au quotidien. Rassurez-vous, les ingénieurs de chez Toyota ou les employés de Tepco n’y font pas appel dans leur vie professionnelle (quoique je ne sois pas allé vérifier), mais au quotidien, dès qu’il s’agit de choisir qui fera quoi, où manger, à quel jeu jouer, etc., les Japonais disent en chœur : じゃんけんやろう!Aussi connu sous le nom : グー・チョキ・パー, Gu, Choki, Pa !

Tout ceci pour dire que les Japonais n’ont aucun souci à envisager les combats en utilisant ce principe… Les cartes sont toutes arborées d’un symbole qui les représente plus ou moins :

Les trois symboles dans le jeu.

Lorsque vous déplacez vos ninjas, si vous vous arrêtez sur une carte “chemin” où des ninjas ennemis sont présents, un combat a lieu. Les combats sont résolus comme suit :

Humm, ça sent le roussi.

Dans l’illustration ci-dessus (pas de commentaire, je sais que j’ai perdu !), un de mes ninjas rouges tombe face à un ninja “éclaireur” bleu… Le bleu, le papier, couvrant le rouge, la pierre, mon ninja est vaincu. Le champs est désormais libre pour ce ninja adverse qui n’a plus que deux cartes à parcourir pour occuper mon village.

La partie la plus amusante du jeu, c’est lors des combats de groupe. On résout un combat à la fois. Dès qu’un ninja est vaincu, soit parce que son adversaire à un symbole qui le bat, soit parce que son adversaire de même couleur est plus fort, il est défaussé. Vous pouvez d’ailleurs voir sur la photo ci-dessus la pile de victimes causée par cette guerre fratricide.

Le seul personnage un poil plus compliqué à manipuler, c’est le chef. Il a 4 points de vie et peut affronter n’importe quel autre ninja, peu importe le symbole qu’arbore ce dernier. Le seul véritable moyen de terrasser un chef est de le forcer à affronter un groupe de ninjas. En effet, ses points de vie ne se régénère que si le chef survit après la résolution de tous les combats dans lesquels il est engagé pendant le tour… Autant vous dire qu’il fera bonne mine pendant deux ou trois combats mais généralement, votre adversaire sera assez malin pour organiser ses troupes les plus puissantes avant de s’opposer à lui.

Vu que les deux joueurs commencent avec les mêmes cartes (seules les illustrations diffèrent), il arrive assez souvent qu’un combat se termine par un match nul, les deux adversaires étant de même classe et de même force. Dans ce cas, les deux combattants reculent d’une carte… histoire de reprendre leur souffle. Le premier des deux joueurs à être parvenu à occuper le village de l’autre, ou à éliminer tous les ninjas de l’adversaire, remporte la partie.

De l’élégance de la simplicité

Comme le dit Mandy dans sa critique vidéo, le jeu est très thématique. Le travail de traduction des règles réalisé par Sathimon est d’ailleurs à honorer puisque les personnages sont présentés avec leur parcours et replacés dans le contexte historique du jeu. Il est intéressant de noter que dans ma version japonaise, il n’y a aucune référence faite au sujet des personnages qui habitent le jeu. Aucun document n’accompagne les règles. De là à dire que la thématisation des jeux n’est pas une priorité au Japon, ce serait y aller un peu fort.

La qualité des illustrations est aussi à souligner. Même si le style “historique” pourrait paraître ennuyeux, une fois encore, il permet aux joueurs de plonger un peu profondément dans l’univers du jeu. Je les trouve d’ailleurs très joliment réalisées.

Les plus sceptiques diront que Ninja Taisen est un jeu abstrait. Et c’est tout à fait acceptable comme commentaire. Pour ma part, je perçois clairement un thème dans ce jeu tout en me rendant compte que la mécanique de “pierre, papier, ciseaux” ainsi que les restrictions de déplacement peuvent gêner pour une immersion complète.

Les parties sont annoncées pour une durée de 20 mn. La plupart de nos parties ont été plus proches des 15 mn (hors mise en place) mais il est aussi tout à fait probable que certaines confrontations dépasseront la demi-heure. Dès que les joueurs essaient de prendre en compte tous les paramètres, imaginant toutes les combinaisons de mouvements possibles, le jeu peut provoquer une belle P.A.

L’élégance des illustrations et du contexte de jeu, associée à la simplicité d’un système de résolution basé sur le chifoumi, voilà une recette qui risque de faire bouillonner le cœur des amateurs de jeux japonais.

Izobretenik

6 « J'aime »

hâte de le récupérer et de connaitre les sensations de jeu

fan des illus également

Bonjour Izobretenik,

Merci pour la découverte de ce jeu qui me donne bien envie. Est-il possible de se le procurer ailleurs qu'à Essen ? En ligne par exemple ?

Merci d'avance pour ton retour.

C'est MA-GNI-FIQUE.

Rien qu'à voir les cartes, cela donne envie d'acheter le jeu - sympa -

NEED !