Mes yeux s’ouvrent, comme d’habitude tout est un peu flou en sortant du caisson, c’est comme se lever d’une soirée bien (trop) arrosée. En effet l’hibernation et le voyage supraluminique créent une amnésie temporaire et il faudra quelques heures pour retrouver toutes nos capacités. Mais les automatismes reprennent, on se lève et on essaye de retrouver nos esprits en partie pour aller préparer le vaisseau à l’approche de la Terre, mais quelque chose cloche … on est accueilli par des lumières clignotantes rouges de partout, il y a un problème … quelques pas en titubant vers un vestiaire où j’aperçois mon nom et je sens une sensation poisseuse sous mes pieds, je regarde mieux et c’est une vision d’horreur qui se trouve devant moi … un coéquipier git au sol la cage thoracique défoncée comme si quelque chose en était sorti … j’ai à peine le temps de me remettre de mes émotions que l’instant d’après j’entends un bruit dans le couloir … oui quelque chose cloche …
Nemesis est un jeu de Adam Kwapiński qui passera, dans un premier temps, par l’intermédiaire d’un financement participatif via l’association de deux éditeurs : Awaken Realms et Rebel. Le jeu sera disponible ensuite en boutique et en Français via Funforge. Le jeu n’est certes pas récent, puisque sorti l’année dernière, mais la première “fournée” est partie plus vite qu’un raid de Kessel. Et c’est donc pour “fêter” le retour de celui-ci, accompagné d’extensions que je vous gratifie de cet article.
Pour ceux qui auraient hiberné pendant tout ce temps, Nemesis est jouable de 1 à 5 et pour la petite histoire, les joueurs se “réveillent” à bord d’un vaisseau à l’arrêt en plein espace. C’est alors que vous trouvez un des membres d’équipage mort, la cage thoracique ouverte et il ne vous faut pas beaucoup de temps pour comprendre qu’il y a des visiteurs indésirables qui se baladent à bord. Il va donc falloir s’organiser pour remettre en état les moteurs, calibrer l’ordinateur pour se diriger vers la Terre et gérer cette menace. Vous l’avez vite compris, on reprend grosso modo ici le scénario d’Alien premier du nom. Alors dit comme ça on dirait un jeu coopératif, oui, mais en fait non, parce que chaque joueur possède un objectif personnel et un objectif de corporation (celui-ci choisira un des deux après sa première “rencontre”).
Et c’est là où le jeu devient intéressant, en effet, si certains objectifs ont des points communs, d’autres sont clairement opposés. Entre celui qui devra ramener le vaisseau sur Terre, l’autre sur Mars, les deux vont devoir de toute façon remettre le vaisseau en état, se pose le problème de la destination. Je ne parle pas du gars qui va devoir carrément faire exploser le vaisseau et s’enfuir seul dans une capsule de sauvetage. Tout comme éliminer la menace ou rapporter des informations sur ces intrus, dans les deux cas, il va falloir en tuer, mais pas pour le même objectif final. Sans parler des objectifs qui demandent d’éliminer un joueur précis, bref l’ambiance va être tendue. Ce ne sont que quelques exemples, les choix sont variés et s’il y a bien une chose dont vous devez être sûr, c'est que la personne à côté de vous va vous trahir, quand et comment sont les bonnes questions à se poser.
Rejouabilité
Lors de la mise en place du plateau on va poser les salles face cachée, il y a 11 salles “1” qui seront toujours présentes, mais dont la position va varier d’une partie à l’autre. Et les salles “2” qui sont au nombre de 9, mais on ne placera que 5 de celles-ci sur le plateau. Sans parler du plateau recto verso qui permet de changer les connexions entre les salles. Idem si vous voulez chercher les faiblesses des intrus, seules 3 cartes sur les 8 seront posées sur le plateau, là encore de quoi varier les parties. Je finis par les personnages qui ont des decks spécifiques et là encore des façons différentes de jouer sans parler de votre objectif qui sera sûrement nouveau à chaque fois. Tout cela permet une bonne rejouabilité et ce juste avec le jeu de base.
Pour commencer les joueurs choisissent un perso parmi les 6 disponibles, celui-ci vient avec son plateau et deck personnels, ainsi que sa figurine. Tout le monde part de la salle de l’hibernatorium et se fait une main de 5 cartes. Le premier joueur commence à faire ses 2 actions et on va tourner comme ça jusqu’à que tout le monde passe, parce qu’il ne peut plus faire ses 2 actions ou ne veut plus.
Même bien armé, le soldat n'est plus très en forme
En ce qui concerne les actions vous n’aurez que l’embarras du choix, à vous de bien choisir suivant la situation ou votre objectif. Vous avez à votre disposition les actions classiques, dont le rappel se trouve sur votre plateau personnel, tel que se déplacer, attaquer, etc. Vous avez ensuite les actions de salles et cela dépend où vous vous trouvez. Par exemple à l'infirmerie, vous pourrez vous soigner, au dépôt récupérer des objets, etc. Et enfin les actions de vos cartes et là, suivant le personnage pris, vous aurez des actions différentes. Ainsi le soldat va être plus dans l’action attaque, le capitaine dans le soutien aux autres, etc.
Mais là où on reprend un système bien connu (surtout si vous avez joué à Gear of War), c’est que pour effectuer vos actions il va falloir dépenser vos cartes. Et vu que vous n’en avez que 5 en main en début de tour, il va falloir bien choisir, surtout que plus l’action est complexe, plus vous devrez dépenser de cartes.
Évidemment au fur et à mesure de votre avancée vous allez croiser de curieuses bêtes plus ou moins grosses et donc plus ou moins sympathiques. A chaque entrée dans les salles vous allez faire du bruit ce qui risque de les attirer. A vous de vous en débarrasser ou de vous enfuir le plus vite possible. Un mauvais coup et vous pouvez finir sur le carreau, mais les petites blessures ne sont pas "bénignes" pour autant. Celles-ci peuvent vous "infecter" et ça peut encore mal finir (Vous vous souvenez du sort de Kane ?). Sans compter que tout ça “encombre” votre main de cartes.
À savoir que le premier joueur éliminé finit par jouer les visiteurs indésirables au lieu du système automatique. De quoi se venger de quelques méfaits qui auraient pu avoir lieu en amont de la partie, comme ce gentil joueur qui pour vous aider à éliminer l’alien qui se trouvait dans votre salle a fini par lancer une grenade au lieu d’utiliser son arme. Ou cet autre qui réussit à s’enfuir et ferme les portes derrière lui, vous laissant en tête à tête avec la bête. En même temps, si vous vous mettez dans de telles situations, vous l’avez bien cherché !
A la fin de chaque tour, une fois que les joueurs ont passé, on pioche une carte évènement pour voir si les intrus se déplacent et ce qui se passe à bord du vaisseau. Et on va aussi piocher un jeton dans le sac d’intrus pour déclencher un autre évènement ou modifier le contenu de ce sac.
Vous allez continuer comme ça jusqu’à faire 15 tours, mais cela peut être plus court si l’autodestruction du vaisseau se met en marche ou s’il ne reste plus qu’un joueur en vie. Donc une fois la fin de partie déclenchée on va vérifier si les moteurs sont en état de fonctionner, sinon le vaisseau explose avec tous ses occupants. La destination de celui-ci, peut elle aussi amener à la destruction du vaisseau si ce n’est pas la Terre ou Mars. Et on termine par vérifier si les joueurs sont contaminés ou pas et enfin voir si les objectifs personnels sont réalisés afin de voir si un joueur est déclaré vainqueur.
Quand on fait trop de bruit (et pas de chance aux dés), ça peut devenir très encombré!
Le jeu est clairement stressant à souhait, pour ceux qui aiment bien le côté “chafouin” vous allez être servis, et il n’est pas surprenant d’entendre des noms d’oiseaux autour de la table. Le jeu est cependant très punitif et gagner une partie reste très difficile, mais en définitive le plus important dans ce type de jeu est l’ambiance que l’on peut y trouver et les échanges entre les joueurs. Sous ses airs de jeux “Améritrash”, il n’en reste pas moins que la gestion de sa main est très importante et il va falloir penser à garder quelques cartes pour se sortir de situations délicates qui pourraient survenir. Sans parler de trouver le bon “timing” pour résoudre votre objectif, en sachant qu’il faut tenter de ne pas le dévoiler trop tôt. Et, je le rappelle à toute fin utile, le premier joueur éliminé prend le contrôle des intrus ce qui peut amener à des situations cocasses pour le reste de la partie (certains pourraient être rancuniers).
Le jeu propose aussi un mode Solo, que je conseille fortement pour apprendre le tour de jeu et tous les points de règles avant de s’attaquer à une vraie partie. Tout comme un mode coopératif pour ceux qui voudraient passer une soirée plus “calme” et ne pas se fâcher avec des amis.
A 5 joueurs le jeu peut subir quelques longueurs, mais quand on peut se faire trahir à tout instant, il faut aussi savoir poser un temps de réflexion. De même, il peut être frustrant pour certains joueurs au vu de la difficulté de remporter une partie et de subir le courroux de ses “amis”, cependant sur ce principe, il est clairement le digne descendant de Junta.
Bref, Nemesis reste une réussite en termes de jeu semi-coopératif et un must niveau ambiance où les illustrations contribuent beaucoup. Le matériel n’est pas en reste, entre les figurines et les pions on a vraiment une version “deluxe” et ça fait plaisir à voir sur la table.
Le réassort de la boîte de base est donc accompagné de 5 extensions. On trouve tout d’abord Spacecats qui n’apporte rien au jeu avec dans la boîte 4 figurines de chats et pour la petite histoire, l’un deux était fait pour remplacer le jeton premier joueur lors de la campagne de financement. Ici, c'est exactement la même chose, mais en plus vous aurez le choix du pion.
Vient ensuite Terrain Extension, qui n’apporte rien non plus en termes de gameplay mais juste du confort visuel. En effet, avec celle-ci vous allez pouvoir remplacer vos jetons œufs et cadavres par de superbes pions plastiques. Et comme si ça ne suffisait pas, on y trouve aussi 12 portes détaillées pour remplacer celles en carton, mais aussi 4 nacelles de sauvetage recto verso pour indiquer si elles sont accessibles ou pas. Je dois avouer qu’une fois sur le plateau, visuellement ce n’est que du bonheur.
Je continue par une grosse extension : “Semeurs du Vide”. Celle-ci vous propose tout simplement de remplacer les intrus de la boîte de base par de nouvelles bêtes aux capacités “hallucinatoires.”
On retrouve dans la boîte de nouvelles figurines, un plateau et tout un tas de cartes et de pions qui remplacent ceux du jeu d’origine. La grosse nouveauté, c'est que chaque joueur se retrouve maintenant avec une piste de folie qui va déterminer quelle rencontre il effectue. Au fur et à mesure de la partie sa folie va augmenter et les rencontres vont être plus imposantes. Seule une action de repos / douche / cantine, qui amène un peu de réconfort, va permettre de faire baisser cet état. Elle provoque aussi des moments de panique en piochant une carte idoine et là votre personnage fait un peu n’importe quoi comme par exemple détruire les objets de la salle, y mettre le feu et à haut niveau, vous mourrez d’une crise cardiaque.
L’autre nouveauté est la présence d’Antres qui sont la cause des hallucinations et en lien direct avec la Chimère (l’équivalent de la Reine). Celles-ci sont placées au hasard dans les salles via un jeton exploration. L’astuce de cette mécanique est que si on peut détruire les antres de manière conventionnelle, ce n’est pas le cas de la chimère. En effet, cette dernière ne peut pas être blessée par nos armes et pour en arriver à bout, il va falloir trouver et détruire les 3 antres.
Et comme si ça ne suffisait pas, les semeurs de vide ne “meurent” pas, une fois éliminé, on retire la figurine, mais on ajoute un autre pion au hasard dans le sac. Bref on n’en voit pas la fin.
Si vous trouviez le jeu de base trop facile, cette extension est faite pour vous, sans parler du côté chaotique de la folie qui peut perturber votre plan ou le fait que la chimère ne soit pas “tuable” directement et qu’on parte à la chasse à l’antre pour résoudre son objectif. Cela reste une très bonne alternative et permet de nouveau de varier le jeu et les parties. Pour ceux qui pensent que ça fait “trop”, elle fonctionne parfaitement en mode coopératif et un conseil, évitez de vous retrouver ensemble quand vous paniquez.
Je continue par la seconde grosse extension : les Carnomorphes. Là encore le but du jeu est de remplacer les intrus de la boîte de base par de nouveaux types : Faucheur, Ecorcheur, Abomination et Boucher. Sous ces sympathiques dénominations, vous trouverez des intrus bien plus coriaces et surtout, qui peuvent évoluer. Dans les nouveautés, sur le plateau des carnomorphes, au lieu de trouver des points faibles pour vous aider à tuer ces satanées bestioles, on a des cartes d’adaptation qui renforcent un type de figurine, les rendant plus résistantes ou plus violentes entre autre. De plus, quand ils “s’ennuient”, ils mangent ce qui leur passe sous la main, même leurs congénères plus faibles ce qui permet de les faire évoluer et de passer au stade supérieur.
Concernant nos valeureux survivants, ils vont bien sûr être infectés, ça ne change pas, mais en plus ils vont finir par muter. Dans certains cas cela peut s’avérer utile pour s’en sortir plus facilement, votre organisme s’adaptant lui aussi à son environnement à ce stade. Mais attention, à force de mutation toute humanité de votre personnage fini par succomber et c’est un écorcheur qui apparaît.
Les Carnomorphes sont clairement les bestioles les plus difficiles du jeu. Du fait que ceux-ci n’ont aucune faiblesse et peuvent évoluer très vite, les joueurs vont devoir apprendre à coopérer plus que de raison. Et si les mutations aident bien vos personnages, cela ne dure qu’un temps. Cette extension augmente donc la rejouabilité du jeu, mais apporte surtout un véritable challenge aux joueurs.
Et je termine par le pack des Kings. Là encore il n’apporte rien en termes de gameplay mais vous permet de remplacer les figurines des big boss par leur version masculine. Juste de quoi changer le look de vos parties ou se faire plaisir niveau peinture.
Outre les trois extensions Spacecats, Kings et Terrain Extension qui sont plus visuelles et esthétiques, les Semeurs du Vide et les Carnomorphes apportent leur lot de nouveautés en termes de jeu. De quoi tenter de nouveaux challenges pour ceux qui ont déjà “épuisé” leur boîte de base. A vous de voir si vous cherchez un défi digne de ce nom avec les Carnomorphes ou juste rajouter un peu de chaos avec la folie de vos personnages dans Semeurs du Vide.
RAF Park