[Medina]
C’est pendant le premier trimestre 2015 que paraitra la nouvelle édition de Medina, le jeu de monsieur Stefan Dorra, sous les bons auspices de Gigamic via les hollandais de White Goblins.
Medina fut publié la première fois en 2001 et l’on peut dire qu’il appartenait aux premières salves reçues en France des jeux dits à l’Allemande. De jolies claques ludiques nous arrivant d’outre-Rhin et que le public français découvrait avec l’aide de quelques explorateurs comme la boutique Oya de Paris.
Ce fut également le premier Tric Trac d’Or cette même année 2001 et donc vous imaginez bien comment cette perle allemande d’orient est restée chère à notre cœur de Pouic.
Retrouver ce jeu iconique est donc chouette d’autant que cette version reprend des règles retravaillées et quelques ajouts. En 2001 nous n’avions le droit qu’à des traductions pas forcément bien déchiffrables et qui donnèrent lieu à la variante dite « à la française », une version plus difficile du jeu provenant d’une mauvaise lecture de règle et qui fut pourtant adoptée par le milieu ludique d’ici.
Ses palais ; c’est même très beau !
Medina est un jeu de majorité où les joueurs vont reconstruire cette ville ancienne avec ses nombreux palais.
Le principe du jeu est fluide comme l’eau d’une oasis et pourtant sans aucun grain de sable. Pendant notre tour nous allons placer un nouvel élément en jeu. En général il s’agira d’une pièce d’un Palais mais cela peut-être également un autre élément qui en augmentera le prestige (et donc les points de victoire) comme une route de Marchands, une Muraille protectrice…
Medina métisse d’Ibissa à ses toits touts pointus
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer quand on ne connaît pas le jeu, les joueurs ne vont pas construire leur propre Palais dans leur coin. Si les éléments de Palais ont bien des couleurs différentes, tous les joueurs possèdent un peu de tout au départ. Les couleurs ne sont là que pour indiquer quelle construction est en court. C’est une des règles de base, en jouant une couleur on ne peut poser cette pièce que pour agrandir le Palais de même couleur déjà en construction.
Toit toit mon toit !
C’est là le grand chalenge de Medina. Tant qu’un Palais est en construction, il n’est à personne. C’est là qu’interviennent les Toits. Parce que les Toits sont à notre couleur à nous qu’on a ! C’est en posant un toit sur un Palais en construction que l’on devient le propriétaire de celui-ci.
Seulement voilà… Devenir proprio très tôt c’est l’assurance d’avoir un palais mais un tout petit. Attendre trop longtemps c’est l’assurance de se le faire piquer sous le nez !
J’y vais ? J’y vais pas ? Ce sera la question le plus souvent posée dans le jeu.
Surtout que la ville n’est pas si grande ! Si un joueur ne peut posséder qu’un Palais de chaque couleur, suivant les parties, il ne reste parfois plus beaucoup de place à la fin. On peut alors être très tranquille en passant en dernier mais très serré aussi !
Parmi les améliorations, les Étables nous seront très utiles car elles viendront améliorer n’importe quel Palais même après la fin de la construction quand un joueur a posé son Toit. Là encore ça peut être une question de timing car il va falloir les placer ses pièces ! Et si aucun ne nos Palais ne peut plus recevoir d’Étables pour des raisons de place, nous serons forcé de les poser dans des Palais adverses et ça fait mal au cœur, oui oui oui !
Les Marchands n’appartiennent à personne. Ils se rajoutent les uns derrière ou devant les autres, formant au fur et à mesure une chenille qui sera donc la route des Marchands. Un bon bonus pour les Palais adjacents.
Autour de la Ville des Murailles devront être élevées. Elles rejoindront les Tours situées aux quatre coins de la médina en apportant elles aussi leurs bonus à leurs voisins.
Les nouveautés
Qui dit réédition dit souvent nouveautés et c’est le cas ici. La première est l’apparition d’un Puits au milieu de la ville. Le Puits est un nouveau bonus accordant +4 aux palais voisins orthogonalement.
Les tuiles de Thé sont également une nouveauté. Nous en gagnerons en construisant un Palais violet. À l’heure du thé, on ne bosse pas ! Au lieu d’ajouter une pièce en jeu nous pouvons dépenser une tuile Thé. Pour qui a déjà joué à Medina, il n’est rien de plus frustrant que de devoir jouer une pièce sachant qu’elle aidera forcément un autre joueur. Avec un pause Thé, on passe son tour en regardant les autres bosser. Je vous mets un sucre ?
Enfin et ce n’est pas rien, le jeu est désormais jouable à deux. À cet effet le plateau de jeu est devenu recto/verso avec un plan de jeu adapté suivant le nombre de joueurs.
Pour le reste les changements ne sont qu’esthétiques avec de nouvelles illustrations et de nouveaux pions en bois. Pions qui participent au plaisir de ce jeu aussi agréable pour les neurones que pour les doigts et les yeux.
Nous sommes ici dans un jeu d’opportunité, les stratèges à long terme risquent d’être perturbés, ici il faut avancer dans le flou, essayer de savoir quand ça passe ou ça casse, tout en ayant une vision un peu globale du déroulement de partie pour savoir quand agir au mieux.
Les débutants se laisseront aller à découvrir les stratégies au cours d’une première partie de découverte. Ne laissez pas les joueurs expérimentés cherchant la gagne à tout prix vous gâcher vos premières impressions. Un joueur expérimenté aura une vision du jeu qu’un débutant n’a forcément pas. Normalement le fairplay des joueurs fait que si l’on joue avec des néophytes ; on expliquera ses propres actions, mais j’ai remarqué que certains sont à la fois sans pitié et préfèrent pourrir les débutants quitte à leur laisser une désagréable impression. Je rappelle donc aux vieux briscards que nous sommes là pour transmettre aussi notre plaisir et notre culture. On ne dégoutte pas des débutants juste pour se la péter dans son coin. On explique, on donne des informations sur les points importants, on commente ses propres choix. Tout cela pour que lors de la prochaine partie nous puissions être à armes égales. Et là ! Plus de pitié !
Il y a des victoires flamboyantes mais il existe aussi des victoires pitoyables. Seuls les touts petits joueurs ne prennent en compte que le résultat !
Conclusion : Medina est un jeu incontournable, une pièce de ludothèque idéale. Et nous ne disons pas ça pour avoir raison mais juste parce que c’est vrai !
Monsieur Phal vous explique le premier Medina avant que ça change
Medina
Un jeu de Stefan Dorra - Illustré par Hans-Georg Schneider, Eduardo Bera
Publié par Gigamic, White Goblin Games
2 à 4 joueurs - A partir de 10 ans
Langue de la règle: Française
Durée: 60 minutes
Prix: 45,00 €
Disponible premier trimestre 2015