Maîtres Couturiers ou le jeu de bal

[Rokoko]

Chers amis amateurs de jeux de gestion, après avoir exploré les méandres de l’industrie ferroviaire, énergétique, les mines de tout genre, le travail à la ferme, les élevages les plus exotiques et plus récemment l’industrie verrière allemande vont pouvoir tâter du froufrou.

Histoire de nous changer un peu les idées, trois auteurs allemands nous proposent de nous taquiner les neurones sur un sujet plus léger avec ce « Maîtres Couturiers » appelé « Rokoko » dans son pays d’origine ce qui est un petit peu plus sexy mais laissait peut-être suggérer un jeu un peu plus léger qu’il ne l’est réellement.

Le Rococo est plutôt une mode allemande mais elle a touché l’ensemble de l’Europe et la France sous le règne de Louis XV, un homme un peu joyeux et libertin que le sérieux XIVe du nom. Bien que rarement associé aux tenues vestimentaires, le Rococo fut aussi accompagné d’une évolution du vêtement

C’est l’époque des tenues plus proches du corps permettant des danses plus charnelles et surtout l’arrivée de couleurs plus chaudes. De quoi organiser de somptueux bals qui marqueront l’époque.

Vous pensez bien que nous autres, nous ne sommes pas là pour rigoler mais pour profiter de l’affaire en nous concentrant sur les métiers de tailleurs et de couturiers pour devenir comme d’habitude le plus prestigieux d’entre- tous grâce à nos capacités de gestionnaire.

Le grand plateau de jeu principal représente une sorte d’usine à bals avec son entrepôt, ses ateliers et ses diverses salles de balles où les grands de l’époque n’attendent plus que de se faire livrer les merveilleuses et couteuses tenues que nous allons leur concevoir.

À qui ce soulier de vair ?

Le jeu va se dérouler en exactement 7 tours à la fin desquels celle ou celui qui aura cumulé le plus de points de Prestige remportera la victoire.

Chaque tour suivra la même procédure. On commencera par une petite préparation en remplaçant les éléments de jeu disparus lors du tour précédent.

Enfin chaque joueur va se former une main de cartes Commis parmi celles disponibles dans sa pioche. Cette pioche, comme dans un jeu de deckbuilding se verra enrichie par de nouvelles cartes achetées pendant la partie. Les cartes utilisées ne seront pas remises en pioche tout de suite.

Il existe plusieurs sortes de Commis. Les Maîtres qui sont seuls à pouvoir réaliser des tenues haut de gamme et donnent accès aux 6 actions du jeu. Les Compagnons n’en font que 5 car ils ne peuvent pas recruter. Enfin les Apprentis moins chers et plus nombreux ne proposent que 3 actions. De plus, certains commis offrent des bonus spéciaux qui sont utilisables en plus des actions qu’ils permettent de faire.

La vie d’un créateur de mode

Voici succinctement les 6 actions possibles dans un tour.

Revendiquer la faveur de la reine permet de devenir le premier joueur du tour suivant mais également de gagner 5 louis d’or.

Acquérir des ressources permets d’acheter une tuile Ressource sur un des étages de l’Entrepôt. Moins il reste de tuiles sur un étage plus le prix à payer sera moindre.

Ces tuiles sont utilisables de deux façons : dans un sens elles offrent des balles de soie de diverses couleurs et de l’autre, elles peuvent être défaussées pour récolter de la Laine ou de la Dentelle sous forme de Kubenbois (ouaiiiiis !)

On peut également créer une tenue de bal. Pour cela, il faut payer le coût en or et les ressources indiqués sur la tuile présente sur l’Atelier de couture.

Une fois la tenue réalisée, on peut la louer à un des nobles d’un bal, ce qui offrira quelques menues récompenses et du prestige. On peut également la vendre ce qui permet de gagner de l’or.

Il est possible d’engager de nouveaux commis (Cartes) qui viendront rejoindre notre pioche personnelle. Là encore, les prix vont varier en fonction de l’offre. Les premiers servis on plus de choix mais paieront plus cher.

Il est possible de déléguer un commis. Cela revient à se débarrasser définitivement de la carte et de recevoir de l’or en fonction de son rang. À moins d’être déjà complètement ruiné, on ne se débarrassera jamais de ses Maîtres du fait de leurs pouvoirs.

Enfin que serait un bal sans les décorations ? On peut donc contribuer à décorer les lieux.

Pognon !

Une fois les actions des cartes Commis effectuées alternativement, on peut désormais toucher les revenus du tour.

5 Louis pour tout le monde quoiqu’il arrive. Il est possible d’augmenter cette somme en ayant participé à l’embellissement de la fontaine du bal.

Je serais la plus belle pour aller danser

En fin de partie, il est temps de passer aux comptes.

L’Or conservé rapporte 1 point par 10 Louis.
Certains Commis offrent des points de Prestige.

On marque également des points par majorité dans une salle de bal.

Idem pour le feu d’artifice sur la terrasse.
Les embellissements de statues offrent également des points et enfin ;

Les points de possessions habilement placés sur le plateau.

Nous retrouvons ici un jeu de gestion assez typique avec des sources très variées de points de victoire. Le projet initial du jeu était d’être un deckbuilding à la « Dominion » avec des endroits de jeu fixés. On retrouve cette composante dans le jeu bien que n’étant qu’un mécanisme parmi d’autres.

Matthias Cramer s’est fait connaître pour des jeux pointus dont le célèbre « Glen More ». Il a collaboré avec les Malz, père et fils qui nous avaient donné le malicieux « Edo ». Après diverses thématiques, le jeu devait initialement se situer dans un univers de croque-morts fabricants de cercueils mais l’éditeur allemand a trouvé la chose assez morbide et a décidé de se replier sur un artisanat plus commercialement présentable. Cela nous permet de retrouver des illustrations bien neuneus mais techniquement irréprochables de l’ami Menzel façon « Martine à la cours du roi ». Du coup, on regrette vraiment les fossoyeurs…


« Maîtres Couturiers »
Un jeu de Matthias Cramer, Louis Malz et Stefan Malz
Illustré par Michael Menzel
Publié chez EggertSpiele
Francisé par Filosofia
Distribution : Asmodee (France)
Pour 2 à 5 couturiers dès 12 ans
Public : Connaisseurs - kubipousseurs
Durée : 90 min environ
Prix : environ 45€
Disponibilité : 25 octobre 2013
Langue : Français


4 « J'aime »

Le thème croque-mort pouvait être marrant, mais rien que pour avoir des cubes de dentelle, cette version vaut le coup!

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Argh !! J'aurais adoré le thème "croque-morts fabricants de cercueils" !!! Tant pis :(.

2 « J'aime »

Et bien moi, c'est tout l'inverse! je trouve les illustrations magnifiques et pas spécialement "neuneuses"! ;)

Le thème des croque-morts m'aurait freiné dans l'achat du jeu car, effectivement, j'aurai du mal à trouver de joueurs pour y jouer (hormis l'ami duinhir évidement! ;) ;) ;)). Bel article en tout cas! :)

D'après la présentation du Dr Mops, le thème est encore un thème plaqué, comme presque toujours chez les auteurs allemands.

Dommage qu'un thème un peu plus original que d'habitude et potentiellement plaisant ne soit une fois de plus qu'un placage éhonté.

Pour mon cas personnel, le gros avantage de ce thème moins glauque, c 'est que je pourrait plus facilement y faire jouer ma meilleur moitié, donc un super wouéééééééé. Quand aux illustrations rococo de sir Menzel pour le coup elles collent parfaitement au thème :-)

Très bon jeu de gestion et même si le thème est plaqué on arrive assez bien à s immerger dans l achat de tissu pour la fabrication de robe mais pas dans le placement des robes dans la salle reste.

Seul petit reproche, la couleur des tissus est des pions joueurs sont les même et cela nuit un peu a la lisibilité de la salle de bal.