Le Parrain : New-York n'a qu'à bien se tenir

[Fief 2][Le Parrain : l’empire de Corleone]

J’ai toujours refusé d’être un pantin qui danse sur un fil tiré par de gros bonnets… Je voudrais que quand mon heure viendra, ce soit toi qui tires les ficelles. Ainsi parla Don Vito Corleone à son fils Michael. L’ennui, c’est que les familles à la solde du Don ne l’entendaient pas tout à fait de cette oreille…

"Prends les cannolis"

Voilà une licence qui, à première vue, ne semble pas aussi sexy et adaptable qu'un Star Wars ou Song of Ice and Fire. Il faut dire qu'a priori, les intrigues familiales et les luttes de pouvoir de la trilogie Coppolienne n'invitent pas vraiment aux voyages épiques et héroïques. Et pourtant, Don Eric Lang a su, avec l'argent sale de la Cosa Nostra le soutien de Cool Mini Or Not, relever le défi haut les mains ! Tirant à bout portant sur la corde des jeux de placements, manipulations, et coups d'enfoirés digne de la férocité ludique d'un Fief, Le Parrain tire indubitablement sa cartouche du jeu, en ne touchant pas l'épique d'une licence, mais plutôt sa splendide âme magouilleuse, fourbe, et noire comme un café serré (italien bien entendu).

Francisé par Edge, Le Parrain se présente comme une adaptation du premier film de la trilogie. On y incarne une famille à la solde du Don, cherchant à étendre sa domination pour préparer la sortie de route pressentie du Grand Corleone. Pour cela, l'on va lui graisser la patte (et lui beurrer les pâtes), s'accaparer discrètement les quartiers du New York, ou détourner une partie des fonds à son propre profit. Il y a de la majorité, de la ressource et des contrats à remplir, de la fourberie de placement d'ouvriers, et pourtant le jeu est simple, fluide, et rapide à prendre en main, tout en conservant une vraie profondeur de stratégie. Si l'on rentre facilement dans la famiglia, l'on a grand intérêt et plaisir à creuser son trou (ainsi que celui où giseront les adversaires).

En terme d'immersion, si l'on ne suit que de loin la trame du film, on plonge néanmoins à plein pieds (enduits de béton) dans l'univers du Parrain. Point besoin de connaître le film pour en apprécier les saveurs, qu'elles soient mécaniques ou matérielles, bien que la connaissance de l'œuvre cinématographique donnera un petit plus à l'appréciation des illustrations de Karl Kopinski. Sublimant le livret de règles, très aéré, les dessins tracés d'après le film retransmettent avec beauté toute la force de la lumière des plans de Francis Ford Coppola. Les figurines, quoique pas vraiment nécessaires, appuient tout de même l'immersion déjà induite par l'ambiance illustrative et mécanique du jeu de mafieux. On appréciera également les pions compte-tours voiture de police et Vito Corleone (si l'on avait dit à Marlon Brando qu'il deviendrait, un jour, un pion !), ainsi que le pion premier joueur reprenant la célèbre tête de cheval coupée. Les valises en métal sont également un élément ludique très appréciable à tripoter.

Bien sûr, tout ce matériel de folie rehausse le prix du jeu. On atteint tout de même du 80 à 90€ en fonction de votre receleur ludique (mais que voulez-vous, il faut bien payer le racket de protection instauré par le capo du quartier). Le jeu n'en est pas moins excellent dans son genre, et c'est un investissement qui, si la mécanique fait écho en votre cœur de fourbasse ludique, ne se regrette pas.

"Mon père lui a fait une offre qu'il ne pouvait pas refuser"

Niveau règles, le jeu se découpe en 4 manches (figurant les 4 actes du film, et la perte de pouvoir progressive de Corleone), chacune divisées en 5 phases.

À la phase d'Ouverture d'une Nouvelle Affaire, on ajoute une nouvelle affaire (et oui !) au plateau. C'est un nouvel emplacement d'ouvrier d'homme de main, que l'on pourra racketter, en cours de partie, afin de profiter de nouvelles possibilités de jeu.

À la phase d'Affaire de Famille, le cœur du jeu, les joueurs vont pouvoir effectuer une action chacun leur tour, jusqu'à ce que tous aient passé. Pour effectuer une action, une seule règle : posséder encore devant soi au moins une figurine. On va pouvoir, alors, soit accomplir un boulot commandé par le Don (en payant les ressources indiquées, pour prendre en main les cartes argent en rémunération et activer un petit effet bien violent), soit jouer l'effet d'une carte Allié (gagnée en cours de partie), soit placer une figurine Homme de Main (socle carré sur un emplacement carré) ou Membre de la Famille (socle rond sur emplacement rond) pour en obtenir les bénéfices.Vient la phase de Guerre de Territoire, où les joueurs instaurent leur domination en apposant leurs marqueurs de contrôle sur les quartiers où leurs figurines sont en majorité. Ces territoires apporteront des bonus en cours de partie, ainsi que des points bonus lors du décompte final.Suit une phase de Corruption, où les joueurs misent l'argent caché dans leur valise en métal pour empocher un nouvel Allié. Il y a autant d'Alliés que de joueurs-1 disponibles chaque tour, aussi mieux vaut bien calculer la valeur du pot-de-vin versé si l'on souhaite emporter l'aide précieuse de ces personnages !

Et l'on finit par une phase de Tribut au Don, consistant à la récupération de ses figurines, et, surtout, à la défausse des cartes en excédent de sa main (le nombre maximum de cartes en main variant à chaque tour). On touche là un point essentiel du jeu : il va falloir dépenser des actions pour gagner des cartes dollars, et d'autres pour les planquer à l'abri dans sa valise. En effet, seul le contenu de la valise (dollars + boulots effectués) rapportera des points (en plus des contrôles des quartiers).

Nous n'avons fait là que survoler certains points, notamment le système d'actions, afin de vous donner une idée du jeu. Tout cela est bien plus développé dans les TTTV que nous avons tournées du Parrain, aussi je vous invite à visionner les explications pour vous faire une idée plus précise de la chose :

"Ce n'est pas personnel, c'est uniquement les affaires"

Outre la mécanique d'argent à faire tourner entre sa main et sa valise, propice à de nombreuses stratégies, le sel du jeu tient principalement dans les interactions provoquées lors de la phase d'Affaire de Famille. Basiquement, on retrouve les sensations d'un jeu de placement : lorsqu'une figurine est positionnée quelque part pour en bénéficier des effets, ainsi que pour la course aux majorités, rien (ou presque) ne peut l'en déloger. Il y a donc une course aux emplacements les plus juteux, qui évoluent en cours de partie en fonction des actions des joueurs. De quoi déjà offrir de bonnes sensations de couinage et de maîtrise d'un certain tempo.Tric TracMais nous sommes dans la famiglia, et la vie, dans ces cas-là, ne tient parfois qu'à un fil. Remplir des boulots pour le Don (autre espace de course possible, par ailleurs, dans le jeu) peut parfois permettre de déplacer voire liquider les figurines des adversaires, et voler leur place. En plus du couinage et de la fourberie, Le Parrain invite, de fait, à la discussion, aux magouilles, et aux alliances entre les joueurs. Tout un pan de stratégies à base d'influences, de menaces et de parlottes, qui donne toute sa force au jeu, le tout en conservant, encore une fois, des mécaniques très fluides.

Clairement, ce sont les joueurs, et leur capacité de nuire, rapiner et trahir, qui font la force du jeu, et font plonger, un peu plus profondément, dans la délicieuse mascarade des diaboliques jeux de pouvoirs mafieux. En prime, Le Parrain est aussi agréable à deux qu'à cinq joueurs (bien que dans ce dernier cas, il y aura tant de cadavres dans l'Hudson que la navigation sera peu praticable). Nous avons même la TTTV d'une partie complète pour le prouver m'sieur le juge :

Le Parrain, un vrai coup de cœur à la rédaction, réjouira les amateurs de fourberie new-yorkaise, de macaronis bien placées, de stratégies de l'argent et/ou de la majorité, de négociation définitive, et de couinage italien digne des grands matchs.

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j’adore ce jeu, de plus voila un theme bien adulte avec une reference que tout le monde connait qui demontrera a bon nombre de non-joueurs que le JDS moderne ne fait pas que faire jouer les enfants ; et que 3 pourris (jusqu’a 5) peuvent s’assoir autour d’une table pour passer de sacrés moments.
petite precision notable : toutes les figurines sont uniques ! aucune n’est identique

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Une partie…achat immédiat. Le thème mafieux, majorité, figurines à peindre, fourberies et bien sûr Eric Lang au commande ( Rising Sun ou blood rage).
Configuration idéal 3 ou 4 . A 2 pas assez d’intraction et a 5 trop chaotique .
Ludiquement
Laurent

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Le jeu est très bon, mais …
Quelques fautes dans la traduction des cartes et surtout une carte dont j’ai pas le nom sous le coude mais qui permet de tuer le premier joueur (au niveau de l’argent et donc des points de victoire) (en gros du king killing).
déçu par l’erreur de traduction et cette carte.

je ne comprends pas cette histoire de cartes qui permet de tuer le 1er joueur au niveau argent, vu que l’argent est caché dans ce jeu ?
de quelle carte parles-tu ?
perso j’aime beaucoup le jeu, très interactif et plein de rebondissement avec quelques bons moments cérébraux sur les prises de majo…

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Un excellent jeu. Beau matos (les figurines sont très sympas et les illustrations assez chouettes), règles simples, fumisteries, et d’une profondeur que l’on ne soupçonne pas au premier abord…un jeu pour ordures finies. Bref, j’aime beaucoup.

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Bon jeu mais typiquement un jeu à 40€ auquel on ajoute des figurines/meeple pour le vendre le double… Comme souvent dans ses jeux, dommage d’avoir un thème fort, une bonne mécanique avec du beau matos mais d’être trop simpliste (par exemple, quel intéret de faire des figurines de famille différentes si il n’y a pas un pouvoir asymétrique à chaque personnage de ces familles?)

à ma connaissance, une seule carte est mal traduite : celle de la voiture piégée : vous eliminer tous les adversaires de la zone et pas uniquement 1 adversaire

idem, deja intrigué par le theme, une partie a suffit a me decider a l’acheter de suite !

tu oublies les hommes de main , qui eux sont identiques :wink:

Il y a aussi le capitaine de police de l’acte III, qui a le même effet que la voiture piégée.
Edge propose sur son site des PDF des cartes modifiées suite à ces soucis de trad

Je rajoute que la carte qui “pille” l’argent dans la valise, il y en a 3 dans le jeu, et qu’on l’a voit généralement venir comme elle est coûteuse. De plus il faut intégrer dans ce jeu que blanchir de petits billets permet de se protéger de cette dite carte.

Il mériterait une nouvelle Tric Trac Tv avec au moins trois familles. Il faut envoyer une tête de cheval à qui pour que ce soit possible ?

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C’est bien ça, Voiture piege et le flic qui sont mal traduit (mais bon, ca c’est chiant mais passable) et la carte qui pille l’argent.
Celle ci tapé deux fois sur le même joueur à deux défauts.
a) si c’est le joueur en tête il descent une premiere fois et … une seconde sans doute avec des ressource de plus que 1$
b)Le second a tapper dessus est quasiment sûr d’avoir des billets de plus de 1$, ce qui … en un sens, est souvent plus intelligent que de tapper sur un autres joueurs.

Pour moi cette carte est pas une bonne carte dans le jeu, mais je déteste aussi faire des regles maison donc… Je suis assez déçu du jeu.

Je parle d’extorsion.
Ajouté à votre main 3 cartes argent de la valise d’un autre joueur (il choisi)

joué une fois elle est pas très grave et permet de gagné quelques dollar (en general 3$) mais si elle est a nouveau joué par un autres joueurs sur la même victime…
Le second joueur gagnera sans doute plus que 3$ et handicapera fortement le joueur victime.
Et soyons honnete il est plus intelligent en de le faire sur le même joueur (sauf si on est sûr qu’un autre est en tête).
Il aura sans doute videz la plus part de ces 1$ (donc à nous les billets de 2 et 5) et on est sur de le sortir de la course.

Voilà pour la carte qui me pose problème.

Je suis aussi assez d’accord sur ton point de vue.
C’est un jeu qui aurait peu être beaucoup moins cher (et moins beau) mais tout aussi immersif.
Je l’ai acheté directement sous le conseil de mon vendeur, mais je l’ai regreté un peu après chaque partie.

Le jeu n’est pas mauvais (loin de là d’ailleurs) mais il est très cher
a quelques erreur de traduction (et c’est lourd à 80euros)
et une carte que je déteste (extorsion qui ne semble pas assez play tester ou alors à l’interet de la rendre ultra forte)
Pas d’asymetrie alors que cela aurait peu être un vrai +)

C’est vrai qu’à cinq, c’est un peu bordélique…

dans un genre proche, un jeu passé sous le radar mérite qu’on s’y intéresse : Sons of Anarchy. D’autant que justement, on reste sous une barre de prix raisonnable car le matériel, loin d’être honteux, reste raisonnable (figurines assez simples, mais jetons de ressources 3D tout de même). gameplay agressif avec baston, négociation, bluff… vraiment fun.

Juste une petite remarque cinématographique : la phrase n’est pas “Prends les cannelonis” mais “Prends les cannolis” qui sont des petits desserts siciliens (http://cuisinemicheline.com/cannoli-sicilien-recette-authentique/)
La scène : https://www.youtube.com/watch?v=yHzh0PvMWTI
Belle journée à vous.

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Corrigé ! Merci, mes doigts et ma mémoire ont fourché !