Le jeu s'expose à Paris

Une petite visite à "Jeux de princes, jeux de vilains"

Le jeu s'expose à Paris

A Paris, pour encore quelques semaines, se tient une exposition consacrée au jeu de société. A travers les jeux les plus en vogue à ces époques, de magnifiques objets souvent issus de collections princières, elle présente l'histoire du jeu de société, du moyen-âge aux abords du XIXe siècle.

Tric Trac est allé y faire un tour la semaine passée et vous invite à profiter de quelques instants de calme et de volupté au milieu des tables de tric trac, bien entendu.


> Le reportage sur "Jeux de princes, jeux de vilains"

> L'exposition virtuelle de la BNF

> La bibliothèque de l'Arsenal

Le drame en France, c'est que la Culture n'est ciblée que sur les "distractions" de nos Princes et de nos Rois. D'ailleurs, remarquons que le terme "vilain" désignait autrefois un paysan ou un "pauvre" souvent la même chose à l'époque ! Effectivement, une exposition sur les jeux de société, tradition et culture populaire cela n'a pas la "gueule" d'une piste de jeu en marqueterie !

Je connais une grande collection française de jeux de société qui commence à en avoir vraiment marre du réel snobisme culturel des divers responsables de ce pays. Je pense qu'elle finira par demander "l'asile culturel" dans un pays où l'on essaye de péter un peu moins haut et où l'on connait vraiment le sens de l'Histoire. C'est-à-dire, celui des peuples et, souvent hélas, celui de ses différents tyrans...

Je crois que c'est surtout parce qu'il nous reste plus d'objets des princes que des paysans.

Ah ? Ils jouaient, les paysans ?

effectivement (et c'est l'historien-joueur qui parle) le problème est d'abord celui des sources : les objets des nobles sont davantage parvenus jusqu'à nous parce qu'ils étaient souvent précieux, et ont donc été conservés au fil des siècles pour leur valeur et non pour leur "jouabilité" ; la culture "populaire" des siècles passés est bien plus immatérielle et donc plus difficilement perceptible, mais elle est néanmoins étudiée (lire par exemple à ce sujet le dernier ouvrage de l'un de mes maîtres : R. Fossier "Ces gens du Moyen Age") et j'en termine là avec la minute de l'historien pour retourner à mes boites, à mes pions et aux runes de Rök ;)

Qu'est-ce qu'un historien-joueur ?

La traversée historique des jeux "nobles" car en matières plus précieuses, c'est une évidence mais le sujet n'est pas là ! La culture populaire des jeux passe par de nombreux autres domaines, encore semble-t-il oubliés : les jeux régionaux, locaux, paysans, de métiers, de corporations, de soldats, etc... Enfin, puisque l'Histoire ne s'arrête pas au Moyen Age ou aux divers régimes monarchiques, il ne faut pas oublier, entre autres, la vaste distibution des jeux dits de "société" à travers l'explosion de la consommation du XXe siècle... Pour finir, il est curieux que l'on puisse écrire que la culture populaire ( et dans n'importe quel autre domaine ) soit immatérielle et donc plus difficilement perceptible...

immatérielle = sans matériau : l'historien travaille forcément sur de la "matière" historique c'est-à-dire un support (quel qu'il soit) ; si celle-ci manque, qu'elle ait été détruite (par les hommes ou par les ans) ou non conservée (chants devinettes charades non retranscrites), l'historien ne pourra que tenter de deviner (si possible pas imaginer) les pratiques du temps...

Imaginez un historien du jeu du XXXe s. se penchant sur nos pratiques actuelles : point de jeux vidéos (faute de lecteurs pour les monceaux de DVD survivants), aucune trace des MMORPG, nos pions et boites en carton auront sans doute disparu depuis belle lurette, seules subsisteront les dés et figurines en plastique ou en métal : alors les joueurs de la fin du XXe s. passaient-ils tout leur temps à des jeux de guerre autour d'hôtels de Monopoly (TM) ??

Mon Dieu, ce n'est plus un historien-joueur, c'est un archéologue ! Merci de l'info pour la disparition du carton des boites de jeu du XXe siècle au XXXe siècle. Il va nous falloir prendre des dispositions avec plus de 6000 boites. Outre le fait de ne pas répondre aux questions qui gênent, je sais maintenant qu'un historien-joueur a d'abord la culture du dernier mot, alors modestement, j'en resterai là...

(dsl pour le doublon)

ps : un historien-joueur est un historien qui joue, voire qui crée des jeux (cf. ce "bon docteur" B. Faidutti)

ps : un historien-joueur est un historien qui joue, voire qui crée des jeux (cf. ce "bon docteur" B. Faidutti)

Je ne vous connais ni l'un ni l'autre, mais sans vouloir verser de l'huile sur le feu je pense que M. fuindin a raison ! L'historien comme l'archéologue ou le géologue travaillent sur des sources incomplètes i.e. celles qui ont, pour une raison ou une autre, pu traverser le temps jusqu'à eux. Toutes la difficulté consistant à restituer les choses du passé avec le moins de déformations possibles.

Si les sources existent et qu'on ne cherche même pas à les exploiter, il est bien plus facile d'inventer une "Histoire" pour préserver un emploi ( en opposition avec un travail, c'est-à-dire une vraie recherche ). Beaucoup de personnes s'expriment ou "s'auto-proclament" archéologues, historiens, etc... Très Français, cette suffisance, cette arrogance, ces présomptions, en fait, on attend toujours des actes, une réelle recherche car pour les mots sans suite, on est toujours très bien servi.