La Guerre des Boutons : les dés culottés

[La guerre des boutons]

Ah! Prussiens! ah! salauds! - triples cochons! - andouilles de merde! - bâtards de curés! - enfants de putains! - charognards! - pourriture! - civilités! - crevures! - calotins! - sectaires! - chats crevés! - galeux! - mélinards! - combisses! - pouilleux! telles furent quelques-unes des expressions qui s’entrecroisèrent avant l’abordage. Non, on peut le dire, les langues ne chômaient pas!

Attaque au tire-laine

Saviez-vous que les tchèco-roumano-teutons de chez Blackfire étaient amateurs de Lettres Classiques francophones ? Non ? On vous avouera à mots couverts tapés à l'encre indélébile informatique que nous non plus, nous ne le savions pas, en fait (hé !). Mais nous l'avons découvert avec un plaisir de fibulanomiste non-feint en recevant une boîte de La Guerre des Boutons à l'officine (boîte ludique qu'il vous a d'ailleurs probablement été possible de croiser ça et là depuis Cannes, et qui est sorti en boutique entre-temps on ne sait trop via qui ou comment).

La Guerre des Boutons version Andreas Sterling n'est pas une adaptation du roman éponyme à proprement parler. Pas de retraçage de la trame narrative, pas de déambulations dans les sabots de personnages célèbres, pas de combats à mains nues et coutelas tirés contre vos adversaires. Du roman, toutefois, l'on retrouvera une essence, un esprit de campagne, de bande de garçons sauvages, et une action de "tapage" l'un sur l'autre dans des lieux emblématiques. En gros, ce Der Krieg der Knöpfe (oui, en VO, ça fait flipper, surtout crié à travers une pièce fenêtre ouverte sur cour aux environs de 3h47 du matin, parce que parfois, il nous prend des envies, comme ça, qui ne sauraient s'expliquer) adapte l'univers mais pas le roman ni la narration.Le tout est servi par un joli matos (petit plus esthétique agréable pour les boutons en simili-bois, la monnaie du jeu agréable à tripoter), et illustré par un Harald Lieske qui nous déploie de sympathiques paysages, dans un esprit rappelant des illustrations de livres pour enfants. Si l'art du bonhomme ne plait pas toujours, il nous transporte ici délectablement dans l'univers champêtre du jeu. Mais tranchons maintenant dans le vif de la laine du sujet...

Affrontement vestimentaire

Dans les (mé)faits ludiques, La Guerre des Boutons vous propose d'incarner un groupe de vilains garçons cherchant à remplir un des deux objectifs de victoire : construire votre cabane avec 6 planches de bois habilement posées, ou fayoter et briller aux yeux des grands en collectant 6 étoiles. Votre bande de sales garnements est représentée par un set de 8 dés à votre couleur. En début de chaque manche, tout le monde lance ses dés (enfin, ceux qui ne sont pas coincés en retenue) et l'on va ensuite pouvoir les poser ici et là, chacun son tour, sur le plateau pour effectuer toutes sortes d'actions.

Vous l'aurez compris si vous êtes habitués à la chose, nous sommes dans un jeu de gestion à l'allemande à base d'ouvriers-dés. Ceux-ci peuvent être disposés sur le plateau pour gagner des cartes bonus, libérer vos garçons en retenue et enfermer ceux des autres, récupérer des jokers (les Grands Frères), faire la bagarre dans la carrière, les bois, ou le pré à coup de majorités, gagner des boutons, ou échanger ces derniers contre de précieuses étoiles ou morceaux de cabane.La Guerre des Boutons n'est ni très compliqué ni novateur, mais son plaisir de gestion "familial plus" se prend facilement en main et se joue délicieusement. C'est au détour de quelques actions qu'on aura une légère sensation de la thématique, comme les bagarres où il faudra être plus fort que ses prédécesseurs (en posant plus de dés, ou des dés de valeurs supérieures), ou en rapportant à la maîtresse un vilain adversaire (si vous posez un "2" au rapporteur, cela signifie que vous pointez du doigt le joueur qui a mis le plus de 2 en jeu, et il sera puni). On notera tout de même quelques menus défauts de traduction (de l'allemand à l'anglais, et de fait répétées de l'anglais au français), et quelques icônos n'étant pas des plus claires, mais l'on parvient tout de même à s'en sortir après lecture attentive du court livret de règles.Rien de neuf sous le soleil donc, mais la sensation, tout de même, de parties plaisantes. La Guerre des Boutons réjouira les amateurs de jeux de gestion faciles à se mettre en doigts, de petits twists boutonniers, de matos en bois et carton plaisant, et de couinage de cour de récré.

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arf … en voyant 5 couleurs de dés, j’esperais 5 joueurs … mais non
joli article ceci dit
moi ça me fait envie
pas besoin d’etre d’une mecanique novatrice pour etre plaisant à jouer

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Gestion de dés limpide et profonde, dans l’univers du roman de Louis Pergaud, “dé licieux” !

Dans le livret de règles en VF page 10 (en haut à droite) :
Remplacer : “Ces cartes sont défaussées par le proprietaire…”
Par : “Ces cartes sont placées devant le propriétaire…”.

C’est un jeu très léger mais comme dit dans l’article assez plaisant. Et puis c’est assez agréable de pouvoir pourrir quelqu’un ou se faire des petits croche-pattes grâce aux majorités. :slight_smile:

C’est un jeu déroutant quand on aime le travail d’Andréas Steding mais dans lequel on passera un bon moment.

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