Konja : Invokh-Laploui pliv'It KessAh !

[Ancient Terrible Things][Konja][Snowblind - Race for the Pole][Yams / Yahtzee]

L’air est sec. Le sol est sec. Les maïs sont secs. Même l’eau est sèche. Il est plus que temps de parer le ciel de sombres nuages. Et ça tombe bien, vous êtes le meilleur shaman ès danseur de pluie autoproclamé de la région. Exactement comme votre collègue, là, en face. Alors oui, certes, bon, hein, on vous a ramené tous les deux histoire de conjuguer vos forces magiques. Qu’on soit sûr que la pluie tombe. M’enfin, si le monde entier pouvait reconnaître que vous avez mieux fait tomber la pluie que le collègue, là, en face…

Juwéa-Deujwehr

Konja est le nouveau cru ludique du duo McGregor - Van Zyl, le couple un peu fou de Pleasant Company qui aime enfourner des dés dans des mécaniques de gestion. Le binôme auteur-illustrateur, qui nous a auparavant pondu Ancient Terrible Things et Snowblind (on vous parlait récemment de l'extension ici), nous propose cette fois un jeu à deux. Konja transparaît une inspiration Yam's en pas pareil, avec un certain niveau de contrôle de ses dés. Une mécanique qu'il est plutôt rare de croiser pour un jeu exclusivement deux joueurs, plus souvent basé sur des mécaniques d'affrontement direct ou de placement.

Konja garde la même patte graphique que ces prédécesseurs. Le trait charbonneux de Van Zyl se parant cette fois de couleurs plus flash et pulp. Aux masses noires de l'encrage se mêlent des fushias, turquoises et jaunes plus ou moins flashis. Konja plonge dans l'ambiance shaman-consommateur-de-produits-étranges-pour-parler-aux-esprits, où il faudra plaire aux ancêtres et les écouter en lançant d'une main tremblante et d'un regard halluciné une poignée de dés sacrés. Un regard pulp et parodique également appuyé par le titre en petit nègre de la plupart des cartes, tels le fumeur d'Urb, le Marsk qui fait peur, ou le musical Doofdoof.

Plouy dheu dai

Le but à Konja est d'attirer le plus de nuages noirs et humides possible de votre côté de la pyramide. Pour cela, vous allez réveiller les esprits des anciens, lancer vos dés mystiques, tenter de modifier tout ça (parce qu'on ne va quand même pas laisser les dieux tout faire), puis faire quelque chose du résultat obtenu, avant de passer la main à votre adversaire. Le jeu se terminant lorsqu'un shaman obtient 21 points de pluie diluviennes ("luvienne") ou plus, au détail prêt que les deux shamans devront avoir joué le même nombre de tours. Faites donc bien attention au timing, pour ne pas mettre fin prématurément à la partie, et vous faire passer devant au dernier tour.

Mais comment se gigue concrètement la danse de la pluie ? La première phase de votre tour consistera à aller mander quelque savant conseil à l'esprit d'un ancien du village. Celui-ci va vous donner un bonus immédiat rien que pour vous (ressources, améliorations, nuages en plus ou améliorés), puis un bonus pour tous les joueurs, parce que les vieux morts sont un peu gâteux et confondent facilement 1 sesterce et 1 doublon. Les vieux de la vieille morts de la dernière pluie sont néanmoins quelque peu chatouilleux. La faveur accordée, ils se rendorment aussi sec (que l'air ambiant). Après chaque faveur d'ancien, on placera un totem sur sa tuile pour montrer qu'il n'est plus d'utilité (grand-grand-grand-mamie s'en est allé pioncer d'un sommeil sans rêves). Quand tous les vieux se sont fait aplatir par un totem, on a alors le droit de secouer les bandelettes de tout ce petit monde.

maison de retraite à l'ancienne d'autrefois

Lancez ensuite les cubes en os verts et blancs (c'est une image, les dés sont en fait en plastique). A l'aide de cartes sorts (à payer en magie) et de cartes reliques (à payer en pouvoir et/ou en dé blanc), on va pouvoir modifier tout ce bazar pour obtenir des combinaisons plus intéressantes. En dernière phase, avec ses combinaisons, et d'éventuels bonus de dés blancs non-utilisés, il ne vous restera qu'à récupérer quelques ressources tombées du ciel, voir attirer un velu nuage gorgé de mouillé liquide.

Grande Pyramide de la Grandeur

Azh'Arrr

Konja propose deux manières de jouer pour s'habituer à votre niveau de psychorigidité du contrôle/d'enfoirade interactif chaotique. Le mode Oodoo (Hodor pour les intimes) vous propose de jeter, en dehors de votre tour, grâce à des cartes reliques et sorts, 1 ou 2 dés rouges qui vont remplacer les dés verts de votre adversaire et briser ses combos. Mais si vous préférez mieux contrôler vos dés et vos actions, il est possible de jouer en mode Shayka (Shakira pour les intimes). Les dés rouges servent cette fois à améliorer votre propre pool de dés. L'interaction se ressent alors sur l'effet de quelques reliques et sorts, et l'ordre d'activation des ancêtres. Ce que l'on perd en interaction et chaos se gagne alors en contrôle et timing.

fear the red dice

Konja reste pour autant rapide et plaisant, opportuniste bien que permettant quelques stratégies (ressources, combos sorts-reliques, pure contrôle des dés), principalement via la collection de cartes reliques que vous composerez. Quelque soit le niveau de contrôle que l'on y met, rappelons tout de même qu'il s'agit d'un jeu de dés, et si le jeu brise autant que possible le hasard, on reste en présence d'un petit fils de Yam's qui ne réjouira pas tout le monde. Il faut savoir apprécier le hasard tout relatif qu'implique une communication avec les esprits.

Les parties restent néanmoins serrées, et il est parfois possible de finir sur une égalité. De quoi frustrer votre adversaire avec une basse vengeance jouissive de qui ne peut obtenir la victoire. Konja est sorti en français à Essen chez les Pixie Games, qui confirment ainsi leur lien avec Pleasant Company. Le jeu qui fait tomber la pluie (oh, la bonne excuse que voilà pour se réunir autour d'une table et jouer jusqu'à plus soif) réjouira les amateurs de hasard contrôlé, de combos opportunistes, de timing interactif, et de déluge de dés.

Grumble Grumble Grumble

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Une excellente présentation d’un jeu qui l’est tout autant! Certes, c’est un jeu de dés, mais le hasard peut effectivement être contrôlé par le biais des cartes sorts et reliques qui permettent de réaliser des combos particulièrement sympathiques.

Joué sur le stand de Pixiegames, on a beaucoup aimé (au point d’en ramener un exemplaire dans nos bagages !) ; le seul petit reproche que je lui ferais est qu’il n’est que pour 2 joueurs.

Bien sympa effectivement. Bon choix de la part des Pixie boyz !