Kinapa : un jeu express à découvrir

[Dark Agent][Kinapa]

Imaginez qu’au jeu des 7 familles on introduise du bluff, de la déduction et qu’il n’y ait pas les 7 familles ? Ça n’aurait plus grand-chose à voir effectivement, oubliez ça et parlons plutôt de Kinapa.

Avec ce petit jeu de cartes on est pas dans le narratif, mais je vous raconte le contexte quand même pour démarrer : dans un empire animalier japonisant, c’est la pagaille. On a des chats (« chatponisants » donc*) qui ont perdu leurs panières à chats et des chiens (hmm.. jappeonisants ?) qui ont perdu leurs niches. Tout ce petit monde a aussi perdu l'objet qui lui correspond. Il faut rassembler ces éléments comme il convient pour satisfaire l’empereur, plutôt du genre caprin pour sa part, qui a promis une grosse récompense à celui qui y parviendra. Pour compléter la ménagerie, comme nous le verrons, les joueurs eux-mêmes peuvent se trouver tantôt mouton ou renard…

*À un près, l’auteur de Kinapa n’est en rien responsable des jeux de mots éhontés qui vont probablement parsemer cet article.

Perdu : gros chat roux, tendance sumo, ainsi que son panier et son bol de riz. Contacter l’empereur.

Numéros de chiens et de chats

Malgré cette pagaille ambiante, le fonctionnement de base de Kinapa est assez simple. Parmi les 48 cartes numérotées de 1 à 16, on prépare tout d’abord un nombre d’ensembles chat-chien-objets-panier-niche qui dépend du nombre de participants. Les chats et leurs paniers portent des numéros impairs, les chiens et niches des numéros pairs. Les objets sont eux chacun présents en deux exemplaires, portant à la fois un couple de numéros pair et impair, de manière à correspondre à la fois à un chat et à un chien (et à leur panier ou niche respectifs). Kinapa : un jeu express à découvrir
Par exemple, le chien ninja porte le numéro 8, tandis que son pendant félidé porte le numéro 7. Ils correspondent tous les deux au même objet, numéroté « 7-8 », qui est donc à la fois un chienriken et une étoile de ninchat. Cet objet est présent en 2 exemplaires pour permettre à chaque animal de trouver le sien.

Les objets sont placés face cachée au centre de la table et les autres cartes, chiens, chats, niches et paniers mêlés, sont distribuées. Le but du jeu est de rassembler dans sa main des paires animal-habitat pour les poser sur l’objet qui leur correspond sur la table. Par exemple, si j’ai dans ma main la geichat (n°13) et que j’obtiens son panier (n°13 aussi), je peux retourner l’une des cartes sur la table et avec un peu de chance (ou de mémoire) trouver l’un des deux éventails numérotés « 13-14 » pour poser ma paire de 13 dessus. Tric Trac

Comme on a 4 cartes en main, il faut parvenir à faire cela 2 fois pour poser toutes ses cartes et remporter la victoire.

Tric Trac

le musichien joueur de koto

Recherche panier neuf, même d'occasion

Pour les rassembler c’est encore plus simple. Lorsqu’un joueur a la carte empereur devant lui, il est appelé le bienheureux et c’est à lui de demander une carte. S’il a, par exemple, le chatmouraï (n°9), il demande « Qui n’a pas* le 9 ? ». Théoriquement tous les joueurs lèvent la main sauf un, celui qui a le panier 9. Ce joueur n’a alors pas d’autre choix que de le donner. En échange il reçoit une autre carte de la part du bienheureux. Celui-ci passe ensuite l’empereur à l’un de ceux qui ont levé la main et prend à la place un mouton, ce qui l’empêche de recevoir à nouveau la visite de l’empereur avant les autres, pour que ça tourne un peu.

*Qui n’a pas encore compris d’où vient le nom du jeu ?

Puisque personne ne saura...

Voilà pour le fonctionnement de base et effectivement, c’est bien trop simple pour les plus de 6 ans. Ce qui vient corser le jeu, c’est que personne n’est obligé de répondre honnêtement à la question posée. Vous pouvez très bien faire la sourde oreille et garder la main baissée quand vous devriez la lever, ou la lever alors que vous avez le nombre demandé. Si plusieurs joueurs ont gardé la main baissée, au lieu de récupérer assurément la carte recherchée, le bienheureux pioche au hasard dans la main de l’un de ces joueurs (toujours en lui rendant une autre carte). L’intérêt est de ne pas lui donner ce qu’il veut bien sûr, mais aussi d’augmenter ses chances de rassembler une paire au hasard des échanges. Par contre si on a soi-même une paire, on prend le risque de la perdre. À l'inverse, lever la main alors qu’on a la carte demandée, en plus d’empêcher le bienheureux de progresser, augmente ses chances d’être le prochain bienheureux (la règle du mouton, en fait optionnelle, réduit l’intérêt de faire cela).

...tant qu'on ne se fait pas prendre.

Toutefois, si un seul joueur garde la main baissée et que ce n’est pas le bon, ou si tous ont levé la main, le bienheureux, qui n'a alors personne a qui prendre une carte, est en droit d’exiger que le menteur se dénonce. Il récupère alors la carte demandée et le joueur qui l'avait reçoit les 2 cartes renard : pendant 2 tours, il ne peut plus devenir bienheureux, ni lever la main.

Entre potentiels menteurs on se regarde, on se demande ce qui est le plus intéressant en fonction de l’état de la partie, mais quand on aura fini de compter jusqu’à 3, il faudra bien avoir la main soit baissée, soit levée !

Kinapa, envie d'essayer ?

Kinapa est très rapide, les parties se règlent en quelques minutes lorsqu’on joue à 5, ce qui est la configuration la plus recommandée. À 8 joueurs, la dynamique est différente, il est moins fréquent d’avoir des paires via le hasard des échanges ou de la distribution. Des règles permettent de jouer à 2 et même à 16, elles sont disponibles sur le site du jeu. À voir ce site et les jolies cartes, on ne dirait pas qu’il s’agit d’une toute petite production comptant seulement 300 exemplaires pour le moment. C’est le résultat du travail de quelques passionnés qui sont prêts à perdre un peu d’argent pour voir leur jeu sur des tables. L’auteur, un ancien de chez Atari, prépare actuellement son prochain jeu nommé pour le moment Dark Agent. Très différent tant par son système que par son contexte d'opérations secrètes internationales, il est déjà jouable via BGA.

Tric Trac

Kinapa

Un jeu de Rudolf Feller

illustré par Delphine Delmas

pour 4 à 8 joueurs d'au moins 7 ans

10 min

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ça donne envie tellement c’est bô !

KInenveu ?

Si on regarde attentivement, on peut lire un article entre les jeux de mot !

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