Historia : les fables de Vestérie

Un univers baroque, quelque part entre fin de Moyen-Âge et Renaissance, sur un continent imaginaire avec sa propre histoire, mais surtout, sans aucun être humain… Ce ne sont pas des hommes et des femmes qui l’habitent, mais des animaux anthropomorphiques… Bienvenue dans Historia, un jeu de rôles transalpin.

Que l’on soit clair, ce sont les magnifiques illustrations de Marco Failoni (un illustrateur italien qui se fait de plus en plus remarquer dans le domaine ludique et dans celui de la littérature de genre) qui ont d’abord accroché notre regard. Le travail fourni par l’artiste est absolument admirable et le supplément Des Mages et des brigands, des pleutres et des héros, qui est une galerie de personnages, relève presque du artbook et s’apprécie comme tel. Mais revenons à nos moutons.

Historia est un livre univers utilisant les règles de la 5ème édition de D & D (oui je sais, ça en fera râler certains, mais il va falloir s’y faire, pas mal de contextes intéressants sortent en utilisant ce système). Comme d’habitude, vous aurez besoin d’un Manuel du joueur (qui vous servira pour tous vos autres contextes). Ceci étant, il ne vous sera réellement utile que pour les règles de base et le combat. Pour le reste, Historia propose un univers complet et des règles parfaitement en adéquation, réparties sur les dix chapitres et les 324 pages en couleur du livre de base.

Une Vestérie européenne

Le destin des personnages se jouera sur une péninsule s’inspirant fortement de la Renaissance européenne et particulièrement la partie centrale et méridionale. L’ambiance globale se définit comme de la ‘Dark Fantasy’, un terme vague dans lequel vous pouvez presque tout mettre, ce qui est bien pratique.

La Vestérie se divise en quatre nations :

– La confédération, une alliance de riches cités état (façon Italie pré-Garibaldi).

– La Verte Fosse, une région assez sauvage et imperméable aux influences extérieures.

– Le Saint Royaume, une théocratie militaire conservatrice où le Culte des Ossements, la religion dominante, a une colossale influence.

– Les Îles Aviennes, un autre royaume féodal et conservateur, mais doté d’esprits éclairés et sans luttes intestines.

Chaque royaume a ses propres soucis, ses spécificités, ses conflits, ses crises, etc. Les guerres de succession, les complots, les guerres de religion, les luttes d’influence, les conflits frontaliers, les différents commerciaux… la Vestérie n’est pas un long fleuve tranquille.

Des personnages racés

Dans Historia, vous jouez le rôle d’animaux anthropomorphiques intelligents. Ce sont essentiellement les mammifères quadrupèdes et les oiseaux qui habitent cette région, mais cela vous fait tout de même plus de 50 espèces/Sous espèces possibles. C’est l’espèce choisie qui détermine votre aspect bien entendu, mais également l’augmentation de caractéristique, la vitesse, la taille, les capacités spéciales, et l’instinct d’espèce. Dogues, limiers, renards, lynx, chats, castors, gloutons, daims, sangliers, chauve-souris, cygnes, hérons, pics verts, vautours, chouettes, etc. feuilleter ces pages est un véritable délice et le choix est large, fort inspirant et donc difficile.

Les classes de personnage elles-mêmes sont à l’unisson, ce sont plus des occupations conjuguées à une carrière d’aventurier : Alchimiste (modifie les fonctions naturelles du corps), Artificier (spécialiste du combat à distance), Aventurier (rôdeur, chasseur et même ménestrel), Flagellant (un petit côté barbare sadomaso), Gens de guerre (les corps à corps), Lettré (le côté connaissances du barde), Magus (une sorte de mage, mais sans liste de sorts de 3 kilomètres), Malfaiteur (en gros les voleurs), Marchand (d’autres formes de voleurs), et Prêtre (avec liste de sorts réduite).

La classe choisie, sélectionnez votre destinée, la motivation du personnage : Art, Découverte, Dévotion, Fatalité, Héritage, Illumination, Néant, Révolution et Vengeance.

Le pouvoir et la gloire

Le Marc représente la richesse globale des ‘aventuriers’, niveau de vie, possession, etc. il oscille entre 0 (pauvre) et 100 (Roi). Un personnage ne pourra monter au maximum qu’à 80, sauf s’il est au plus haut rang de sa faction.

La gloire est la seconde valeur qui suit la carrière du personnage. Elle permet d’acquérir des rangs dans les factions.

Ces deux valeurs montent au fil de la réussite des scénarios, et par rapport au comportement des héros.

Les factions sont le dernier choix important. Elles donnent de nouveaux éléments de background, des objectifs particuliers et des capacités en fonction du rang atteint dans celle-ci (il y en a 3 à gravir, en partant de 0). Chaque rang réclame des prérequis : points de gloire, contacts, richesse, etc. Pour ceux qui ne seraient pas intéressés par des carrières, souvent liés à des factions politiques, il est possible de choisir une carrière, un objectif professionnel.

Sombre et baroque

Dans les règles additionnelles, on trouve entre autres celles des batailles rangées, épiques au possible et sources de points de gloire… et de mort potentielle.

Reste à passer aux scénarios. Si l’écran est superbe, on regrette qu’il ne soit pas accompagné d’un scénario justement, mais le Livre d’Aventures en propose 9. Très variés et tous aussi intéressants les uns que les autres, ils s’adressent à des groupes de tous niveaux. Autant dire que cette extension est aussi indispensable que le jeu de base.

Pour l’inspiration et l’ambiance, on pourra voir ou revoir quelques bijoux cinématographiques comme La chair et le sang (Paul Verhoeven), la Reine Margot (de Patrice Chéreau), la Princesse de Montpensier (de Bertrand Tavernier) ou le méconnu, mais exceptionnel La vallée perdue (James Clavell). Dès que la thématique d’un livre (Le Chien de Guerre), d’une bédé (Le Scorpion), ou d’un film est un peu noire ou baroque, vous trouverez de quoi écrire des scénarios. Exploration, complots, campagnes militaires, rien ne vous est interdit.

Publié en France par Arkhane Asylum, Historia a été un vrai coup de cœur. Je n’ai pour l’instant lu que les règles, mais il me tarde d’entamer les premiers scénarios ! Il est sorti il y a une petite semaine, et vous le trouvez dans toutes les bonnes pharmacies rôlistes de France.

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Quelle DA, si le fond est du même tonneau, enivrons-nous ludiquement !

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Mon dieu que c’est beau…
Maintenant, dans un JdR, compliqué de rendre les honneurs à une telle DA. Mais, si le fonds du jeu est aussi originale et bien léché que sa proposition graphique, qui sait.

La DA me rappelle beaucoup le jeu vidéo “Banners of ruin” les deux sont-ils liés ?

Belle présentation et ouvrage impressionnant visuellement. Dommage que je fasse un rejet par rapport à l’anthropomorphisme.

Dommage, vous ratez de belles choses en BD, comme De Cape et de Crocs, ou l’excellent Tracnar et Faribol :wink:

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Je ne pense pas. Mais de toute façon, Failoni n’a rien inventé. Disons qu’il perpétue une tradition :wink:

Qu’il est beau ce jeu ! Ça me rappelle une campagne que j’avais menée avec un système maison.

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