Fan & Mallet,entre le marteau et la thune

[Fan & Mallet]

Dans ce jeu pour deux joueurs venu du Japon, l’un de nous sera le Dieu de la Richesse et l’autre celui de la Pauvreté. Et voilà donc qu’ils ont l’un et l’autre décidé d’investir un petit village. Très joueurs, les deux dieux ont tout de suite l’oeil qui frise en se demandant qui sera au final celui qui sera le plus révéré des deux.

Il m’a fallu un certain temps avant de comprendre le titre du jeu : Fan & Mallet. « Adorateur » me semblait évident sauf que ce n'était pas un "fan" mais un éventail" et, que venait faire ici ce maillet (que l’on peut voir dans la main du dieu de la Richesse sur la couverture) ? En fait c’est qu’il s’agit de Daikoku, une des sept divinité du bonheur qui évolue entre shinto et bouddhisme. On le représente souvent sous la forme d’un homme gras entouré de sacs de riz et un uchide no kozuchi ou maillet en bois qui représente le travail qui permettra l’abondance. Son rival ici est certainement un binbôgami (Kami de la pauvreté) qui préserve les braises avec son éventail.

Tout commence par l’installation du Village. 12 cartes Maison seront installées en ovale au centre de la table. Chaque Maison porte un nom mais surtout un petit penchant initial pour la richesse ou la pauvreté. Dans le jeu, cela permettra de résoudre les égalités; l’une ou l’autre maison se rangeant irrémédiablement à son penchant initial si les deux dieux ont ici une influence équivalente.

Nous allons placer notre figurine nous représentant chacun à un bout du village.

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Le Village en cours de partie

Chaque joueur possède un set de cartes identiques. Nous possédons une main de départ de 6 cartes, les autres formeront notre pioche que nous plaçons au centre du Village.

Ces cartes représentent un membre d’une maison qui devient un de nos Fidèles. Les Fidèles sont plus ou mois influents : leur valeur va de 1 à 4.

Parmi les fidèles valant 1 se trouve des Enfants Fantômes. Ces fidèles spéciaux ne sont pas donc pas très influents mais leur statut de fantômes leur accorde un pouvoir spécial qui va venir changer les règles de la maison dans laquelle ils seront joués. Bref des cartes spéciales.

Exemples de Domination une fois 5 cartes posées


Le tour d’un joueur est simple. On commence par choisir une carte de sa main que l’on pose dans (sur) une Maison puis l’on déplace son pion sur la Maison qui vient recevoir ce nouveau Fidèle.

Par contre il existe une règle de pose qui va donner tout son sel au jeu.

Chaque carte est aussi identifiée par une couleur. On doit poser la carte (le Fidèle) dans la maison la plus proche de notre pion (on tourne dans le sens des aiguilles d’une montre) qui ne contient pas déjà cette couleur de carte.

Si la Maison la plus proche contient déjà une carte de cette couleur, on doit choisir la suivante et ainsi de suite.

Cela a pour incidence qu’en début de partie nous allons de Maison voisine en Maison voisine mais qu’au fur et à mesure que les cartes sont déposées nos choix vont se restreindre et nos mouvements s’amplifier dans un saute-maison de plus en plus rapide.

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une partie avec du matos bien rangé

Une Maison ne peut abriter que 5 Fidèles (cartes). Quand on pose le cinquième Fidèle d’une maison, il est temps de savoir quel Dieu préside à la destinée de cette Maison. De base, il suffit de compter les points pour chaque joueur et le plus grand score peut placer un jeton Domination sur la Maison.

Chaque joueur possède 7 pions Domination. Le joueur qui le premier pose son 7e pion Domination gagne la partie. Nous sommes donc dans une course.

Les cartes sont moins bien rangées quand nous jouons chez Tric Trac ...

Adoptez un enfant mort !

Chaque joueur possède les mêmes cartes spéciales (Les Enfants Fantômes). Ces cartes ne valent qu’un seul point mais ont des effets intéressants.

  • Rouge additionne la valeur de la carte posée avant lui
  • Bleu additionne sa valeur à la carte de la valeur la plus forte qui n’a pas été joué sur la maison. (S’il n’y a pas de 4 posé, alors elle vaut 4+1)
  • Vert additionne le nombre de cartes posées avant ou après et qui ne sont pas d’autres Enfants Fantômes.


Si le début de partie est assez libre, les possibilités de pause s’amenuisent en cours de jeu. Globalement les joueurs vont poser leurs faibles cartes en premier dans le but de pouvoir renverser une situation au dernier moment.

De plus, quand on voit que notre adversaire à déjà bien investi une Maison, on évitera de perdre des cartes en jouant dessus pour le forcer à utiliser ses propres cartes pour scorer la Maison (autant garder ses cartes là où l'on peut encore vaincre). Ces conditions de pose qui interdisent qu’une couleur apparaisse plusieurs fois dans une même maison sont très plaisantes. Si cela permet quelques coups stratégiques, on s’aperçoit néanmoins que cela reste en grande partie assez chaotique. Même avec 6 cartes en mains, on se retrouve dès le milieu de partie avec des coups quasi obligatoires, les autres étant désormais interdits.

Une partie étant très courte, cette part d’aléa reste distrayante malgré une petite frustration qui fait que la conception du jeu est plus maligne que le gameplay lui-même.

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Ce jeu me fait de l’oeil depuis bien longtemps =D

Et je crois que “Fan” fait plutôt référence à l’éventail que tient le kami de gauche.

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Ouep, sans le moindre doute. Je me demandais d’ailleurs le rapport avec le dieu de la pauvreté mais, après recherches, il s’avère que c’était l’un de ses attributs, utilisé pour entretenir les braises du feu. Du coup, on se retrouve avec un “éventail et maillet” du plus bel effet, mais pas encore disponible chez Leroy-Merlin et Bricomarché… ceci dit, faut pas désespérer ! :smiley:

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Moi ce qui m’a plu le plus, c’est l’explication du titre. Merci pour ce petit moment de culture très sympathique.

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