Quand on est venu toquer à la porte de mon bureau, je n’étais pas du tout en train de roupiller.
Le type disait représenter beaucoup de monde. Selon lui l'attente était réelle et les gens impatients. Au début il était précautionneux et pour tout dire il avait l'attitude contrite de ceux qui ont quelque chose à dire, qui sont venus pour le dire mais n'osent pas lâcher le morceau et regrettent déjà d'avoir fait le déplacement.
Comme je suis quelqu'un de bienveillant j'ai décidé de lui faciliter la tâche : "de toute façon vous êtes viré."
Mon message clairement établi, le sien n'a pas tardé davantage.
Et la teneur en est presque navrante : ça fait des mois que je n'ai pas écrit un article pour le Putsch.
Ah, génération pressée !
Désolation, congédiation.
Puis réflexion.
Aujourd'hui le Putsch, qui sait encore ce dont il s'agit ?
Sur le forum le mot paraît régulièrement, de-ci, de-là, mais la plupart du temps on le confond avec le club verveine et naphtaline.
Et pour cause : c'est bien la seule grande idée du Putsch qui a été mise en oeuvre jusqu'à présent.
Un jour j'avais écrit "J'ai des idées. Plein."
Elles sont toutes restées à l'état de germination.
J'en avais fait mention il me semble dans ce simulacre d'interview, assez brillant par ailleurs, que j'avais fait organiser l'année dernière par la cellule communication du parti.
Tout est là-dedans. Et j'ai déjà une petite idée de par quoi je vais commencer.
- "Jocelyne soyez gentille, faites-moi monter un type de la cellule communication s'il vous plaît !
- Je ne vous entends pas, monsieur. Parlez bien en face du combiné !
- ...
- Le bilboquet, monsieur...
- Là ça va mieux ?
- C'est parfait. Que désirez-vous ?
- Je souhaiterais que vous me retrouviez le type que vous m'aviez envoyé l'année dernière pour l'interview, il était parfait. J'ai de nouveau besoin de lui.
- Hé bien... C'est à dire... vous venez à l'instant de le congédier, monsieur."
(to be continued...)