Critique d’Okavango

[OKAVANGO]


L’Okavango est un grand delta au nord du Botswana, auprès duquel de nombreux animaux viennent s’abreuver. Il faut dire que les plaines verdoyantes qui le bordent sont propices à une faune riche. Mais aujourd’hui ce n’est pas ce lieu qui nous intéresse, mais le jeu de Kramer et Kiesling, édité chez Jumbo (connu pour Stratego) dont nous allons parler.


Trous d’eau et delta


Bon, je vais essayer de ne pas m’embrouiller, car les actions sont simples, mais les contraintes sont plus complexes à retenir, surtout lors de la première partie. En début de partie, vous allez placer sur la table, les 8 trous d’eau, avec dessus un animal tiré au sort, de même pour les 3 deltas, enfin vous remplirez l’Okavango de jetons. Chaque joueur reçoit ensuite 13 tuiles qu’il place derrière son paravent.


A votre tour vous pourrez passer votre tour, et piocher une tuile sur l’Okavango, ou jouer. L’étape 1 sera de prendre tous les animaux d’un trou d’eau, et de mettre à leur place un nouveau troupeau de sa réserve. La condition étant qu’il faudra mettre plus de tuiles, soit que les animaux soient de rang supérieur (gardez en tête qu’il faut une plus-value.). Dès que vous avez rempli toutes les cases blanches, vous remportez les points indiqués sur ce trou d’eau, et il sera encore possible de scorer par la suite. Si vous jouez avec l’un des deltas, vous prendrez la ou les tuiles présentes, que vous remplacerez en posant dessus plus d’animaux et tous différents. Lorsqu’un delta est plein, celui est retourné et devient inaccessible pour le reste de la partie. Ici, vous scorez pour la dernière case blanche que votre tuile recouvre. On passe à l’étape suivante, récupérer des tuiles sur l’Okavango. Si vous avez placé des animaux sur un trou d’eau, vous pouvez prendre que des animaux de la même espèce, en même quantité que ceux posés, mais avec un rang plus bas, ou d’un rang plus élevé en prenant en moindre quantité. Si c’est sur le delta que vous avez posé vos animaux dans ce cas vous pourrez prendre moins de tuiles que poser. Enfin on repioche des animaux afin de compléter l’Okavango. La partie prenant fin lorsque toutes les cases blanches du jeu sont recouvertes, le joueur avec le plus de points remporte la partie.


Carton mon ami


Je vais percer l’abcès de suite : la direction artistique d’Okavango est n’est vraiment pas son point fort. Le jeu possède un matériel épais, même les paravents sont en carton, mais voilà l’ensemble est assez terne, les tuiles sont vertes et marrons foncés, quant aux animaux, ils sont dessinés dans un style très réaliste qui fait plus imagier que jeu. Si je prends un autre exemple avec le même thème, Kiwara (Oz editions) est bien plus accrocheur. Le tout fait un peu vieillot, et surtout est assez austère. J’aurais vu quelque chose de plus lumineux, de moins réaliste pour le coup. Après la qualité est au rendez-vous, les tuiles sont épaisses, lisibles, mais ça reste sombre. Un autre point qui chagrine, le manque d’aide de jeu pour bien se rappeler des tours de jeu et des contraintes de chaque « lieux ». Si je devais résumer, je dirais que c’est édition qui ne vous empêchera pas de jouer au jeu, mais elle ne vous vendra pas du rêve pour autant.


Un jeu avec des animaux, mais pour adultes


Je ne vais pas vous le cacher les premiers tours furent un peu rudes pour bien se souvenir de quoi prendre en fonction d’où avait été posé nos animaux, mais une fois cet aspect maîtrisé, on ne pense plus qu’à scorer et à la tactique à employer pour parvenir à ses fins. Et à ce titre, il est assez facile d’enchaîner les points, en passant d’un trou d’eau à un autre. Bien entendu, les autres joueurs ne vous laisseront pas faire, mais ici après quelques tours scorer n’est pas très compliqué. La tension monte assez bien et la fin de partie intervient assez vite. Par contre le jeu propose des tours assez similaires entre eux, même s’il faudra réfléchir à chaque fois pour maximiser ses poses et bien anticiper les prochains tours en prenant les bons animaux. Il y a de la tactique, de la réflexion, mais il y a aussi une certaine part de redondance.


À 2 le jeu sera plus simple qu’à 3 ou 4, où les places seront plus chères et où scorer sera plus difficile. À partir de 10 ans (mais plus au-delà de 99 ans), pour des parties de 45 minutes. Par contre, je vous le conseillerais plus pour un public adulte et ayant une petite expérience dans le jeu de société, sous peine de vous arracher les cheveux pour expliquer les règles sans aides de jeu. Le thème est assez bien rendu si on oublie l’austérité du matériel, quant à la durée de vie avec la pioche et les choix des joueurs elle sera très bonne.


Belote et rebelote


Kramer et Kiesling, sont deux créateurs que j’aime vraiment (enfin leurs jeux), mais là pour Okavango je suis un peu resté sur ma faim. Certes, le jeu propose des choix, sans jamais nous bloquer, il est tactique, mais il reste dans le fond assez froid aussi bien dans les tours de jeu que dans les mécaniques. Et malheureusement, ce n’est pas le matériel qui offre un peu de légèreté, le jeu souffrant d’un aspect vieillot sur son ensemble. Un jeu intéressant, c’est indéniable, mais à proposer avant tout à des amateurs du duo ou à des personnes qui n’auront pas peur de se creuser les méninges, dans ce cas Okavango aura beaucoup de choses à leur proposer.
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