Critique d’Imaginarium

[Imaginarium]

Aujourd’hui c’est un gros morceau ludique que je vous propose de décortiquer. Il serait inutile et faux de dire le contraire, car Imaginarium propose un matériel à profusion ainsi qu’un univers assez unique. Mais voilà un jeu ce n’est pas qu’un thème ou un plateau, mais aussi des mécaniques et d’autres subtilités. Autant de points à étudier pour vous donner mon ressenti sur le jeu.

Un monde imaginaire

Je vais essayer de faire court, mais gardez à l’esprit que mes écrits n’évoqueront que quelques aspects des règles du jeu, qui sont parsemés de détails mécaniques. Chaque joueur va incarner un inventeur qui va devoir créer des machines afin de remporter des points de victoire et les faire fusionner pour les rendre plus efficaces. Chaque joueur va sélectionner à l’aide de sa figurine la carte qui l’intéresse sur le tapis roulant, en fonction de leurs coûts d’achat ou se rendre sur la production de charbonium. Puis à son tour, le joueur actif va pouvoir bénéficier de ses machines déjà construites, récupérer sa machine ou du charbonium (monnaie du jeu) puis effectuer deux actions intimement liées entre elles par un cadran à double aiguille. Ainsi, il pourra réparer une machine acquise (car celles-ci ne sont pas directement en état de marche), la démonter pour gagner des ressources ou des points de victoire (si celle-ci a été réparée), réorganiser son atelier en combinant des machines, effectuer des transactions commerciales ou enfin recruter un assistant. Une fois que chaque joueur a fait ses actions, on procède à la réinitialisation du plateau. Dès qu’un joueur atteint les 20 points, la partie prend fin. Les joueurs révèlent ce qu’ils possèdent derrière leur paravent pour procéder aux majorités et ainsi gagner des points. Le joueur avec le plus de points remporte la partie. À deux joueurs les règles sont un peu différentes. J’ai essayé de retranscrire au mieux l’idée de base du jeu et ses règles dans les grandes lignes.

Steampunk et animaux étranges

La boite donne le ton, Imaginarium est un jeu étrange, aussi bien dans son thème que ses illustrations qui mélangent art du collage et composition numérique. C’est étrange, ça interpelle, bref ça ne laisse pas indifférent. Et si souvent on peut reprocher au monde des jeux de société de ne pas sortir des sentiers battus, de rester dans sa zone de confort, en ce qui concerne les illustrations, ici c’est un véritable parti pris qui a été mis en œuvre pour illustrer le jeu. Animaux et pièces mécaniques se mélangent pour former des machines improbables. Cartes, cubes de différentes matières, paravents, et grand plateau seront les éléments principaux que vous trouverez dans la boite, qui comporte notamment une boite interne pour ranger les cubes. De gros bustes en plastique serviront à représenter vos personnages, très fin au niveau du détail, leur taille imposante sera très vite remarquée sur le plateau. Pour ma part nous sommes devant une édition qui prend des risques, mais qui n’oublie pas d’être qualitative et c’est bien là le principal, même s’il faudra je pense se renseigner visuellement sur le jeu avant de se le procurer, mais surtout avant de l’offrir sous peine de voir quelques personnes écarquillés les yeux !

Fusion !

Imaginarium est un gros jeu, aussi bien dans ses parties de 90 minutes (et plus pour les premières parties ou à 5), que dans ses mécaniques. Je pose les bases d’entrée de jeu. Et à ce titre, c’est un jeu exigeant, minutieux, d’opportunité et assez punitif dans le fond. Il est exigeant, car il va vous demander de vraiment tout prévoir au mieux sur plusieurs tours, mais aussi d’avoir un certain sens de l’adaptation face aux diverses situations que vous allez rencontrer : joueur qui joue avant vous, ou qui vous vole vos ressources, pouvoir puissant ou retournement de situation. Il est minutieux, car il faudra compter ses ressources et les prévoir pour ainsi capitaliser sur les fusions de machines qui boosteront sans mal votre petite usine de production à point de victoire. Il faudra être opportuniste, car le nombre de cartes est limité dans chaque catégorie, et la pioche pourra sévèrement vous pénaliser si vous n’avez pas réussi à obtenir les bonnes machines au bon moment. Les machines d’attaque sont d’ailleurs redoutables, et pourront grandement handicaper les joueurs n’ayant pas des cartes pour contrecarrer leurs effets, les freinant sur plusieurs tours, ce qui apporte de l’interaction, mais aussi pas mal de frustration, et un côté punitif envers les joueurs moins taquins ou opportunistes. Voici en gros le ressenti que j’ai eu en jouant au jeu. La mécanique est en parfaite corrélation avec le thème atypique, même si on aurait pu proposer un autre thème sans que cela ne gêne vraiment je pense, mais celui lui permet de se démarquer ce qui est une très bonne chose. La présence de la double aiguille est une bonne idée, de même pour le fait de pouvoir fusionner les machines. Un concept qui ne sera pas simple à expliquer, et encore moins aux novices, mais il faut dire que le jeu ne s’adresse pas vraiment à eux, mais plus aux joueurs aguerris et amateurs de jeux pointus et de parties un peu longues. D'ailleurs, je ne saurais que trop vous conseiller de jouer à Imaginarium à 3 ou 4, et moins à 5 où les tours deviennent plus longs, même si les choix et le chaos sont alors plus nombreux. À 2 ça tourne, mais c’est bien plus mécanique et le jeu perd en interaction, mais il n’est pas inintéressant pour autant. J’ai déjà évoqué ces 90 minutes de parties, qui pourront se rallonger en fonction du nombre de joueurs, enfin les 14 ans annoncés me semblent justes même si des enfants très joueurs pourront y jouer sans être trop perdu. Enfin, la durée de vie est assez bonne, car le hasard des pioches apporte un certain renouveau, même si l’on aura tendance à vouloir acquérir les mêmes cartes et à privilégier certaines actions préférées. C’est calibré, bien huilé et offre une expérience de jeu assez nouvelle.

Les rouages du cerveau

Je ne pense pas me tromper en disant qu’Imaginarium n’est pas un jeu pour tous, ces spécificités mécaniques et visuelles, ne permettant pas vraiment de le mettre entre toutes les mains. Il faut dire que nous sommes devant un jeu exigeant qui saura aussi démontrer tout son potentiel aux joueurs plus expérimentés et plus taquins, mais aussi son aspect punitif envers les joueurs moins revanchards ou plus tranquilles. Imaginarium est un jeu complet et original qui ravira les amateurs de jeux plutôt conséquents tout en restant aux yeux des autres un orignal sorti tout droit d’un cabinet de curiosité ludique.

9 « J'aime »

Une critique assez honnête de ce jeu que j’aime beaucoup. Merci