Critique d’Ilos

[Ilôs]

Ça va faire très fan service de vendu, mais ça me fait vraiment très plaisir de revoir Frédéric Guerard aux commandes d’un jeu, lui que l’on n’avait pas vu depuis Titanium Wars (et Clash of Rage si vous avez joué au proto). Mais trêves de bavardages ludiques et plongeons à corps perdu dans Ilos, un jeu d’exploration, d’exploitation minière et de commerce aux couleurs chatoyantes.

C’est presque un archipel

Chaque joueur se saisit d’un paravent, d’un plateau et des pions de la même couleur, ainsi que de 5 cartes Action. Ensuite on construit la zone de jeu à l’aide des tuiles, dont le nombre disponible varie en fonction du nombre de joueurs. Sur ces dernières vous trouverez des iles où vos bateaux accosteront, ainsi que de manière aléatoire des mines, des plantations, des ruines, des chantiers ou des repaires de pirates. À votre tour de jeu, vous pourrez jouer autant de cartes Action que vous le voulez, en sachant que pour les jouer vous devrez défausser un certain nombre de cartes. Celles-ci vous permettront de jouer vos navires, de faire des plantations, d’exploiter des mines, de construire des bâtiments, d’explorer des ruines ou enfin d’augmenter la valeur d’une marchandise sur le marché. Une fois vos cartes jouées, vous passerez à la phase de production, où vous récupèrerez autant de jetons Ressource que ce que vous indique votre plateau de Production, qui s’agrémentera au fil des tours grâce aux plantations et mines. Ces ressources gagnées resteront cachées derrière le paravent. Enfin, vous piochez des cartes, 3 de base plus 1 par navire en jeu et tuile Fort en jouée. Puis c’est au tour du joueur suivant de jouer.

La partie prend fin lorsqu’un des joueurs jouer son dixième pionnier. On compte alors les ressources dont dispose chaque joueur derrière son paravent (et pas celle du plateau de Production), que l’on multiplie par la valeur de chacune sur le marché. Le joueur le plus riche remporte la partie.

Les sachets sont maitres

Après avoir découvert le jeu, et son matériel prolifique à base de grosses tuiles, de jetons épais, de cartes, de paravents, de plateaux et de jolis bateaux et personnages en bois, je fus assez surpris de voir que tout ceci était simplement rangé dans des sachets et non dans un thermoformage. Mais cela aurait fait gonfler le prix d’un jeu tenant dans une boite assez modeste en termes de taille. Peut-être que le jeu aurait mérité une plus grosse boite, car en matière de pièces de jeu il n’est pas radin, quitte à augmenter son prix. Ce n’est pas un défaut en soi, loin de là, je pense juste qu’Ilos aurait mérité une édition moins modeste. Sinon pour arrêter de chipoter, visuellement le jeu est très joli et coloré, tout se lit très bien, si ce n’est les couleurs sur les plateaux de production, mais c’est un détail. Les paravents se tiennent bien, aucun souci et les petits pions en bois sont fort sympathiques. Par contre, pourquoi ne pas avoir mis un carnet pour les scores, car à la fin le décompte est assez costaud à se souvenir. Mais nous sommes devant une très jolie édition.

Un ilot, des Ilos ?

La prise en main est quasi immédiate. Une fois les pouvoirs de chaque carte bien assimilés, ça roule comme sur des roulettes. On réfléchit à la manière de s’étendre et d’exploiter au mieux les différentes iles. Très vite vous comprendrez alors que l’or est dans ce jeu (et comme dans beaucoup d’autres) la ressource primordiale sur laquelle il faudra miser, même si son exploitation revient plus cher. On pourra s’inquiéter de cette mainmise métallurgique, mais les joueurs malins pourront très bien s’en sortir avec les autres ressources en augmentant leurs valeurs rapidement sur le marché, surtout que les jetons sont limités sur ce plateau. Il faudra donc jouer entre le fait d’exploiter vite et bien les iles, et sur le fait de bloquer les autres à l’aide des pirates. Le hasard de la pioche pourra entacher la main de certains joueurs il faut bien l’avouer, surtout à 2 joueurs, mais ça reste léger. Le jeu reste très fluide tout au long de la partie, même si certains joueurs pourront prendre pas mal de minutes à optimiser leur tour. Il faut dire qu’à leur décharge en fin de partie si vous avez bien mené votre barque et garder sous le coude quelques cartes, vous pourrez avoir en main un peu moins d’une petite vingtaine de ces dernières. Difficile alors de bien réfléchir et d’aller vite. C’est pour cela que je ne saurais que trop vous conseiller d’y jouer à 3 et 4 joueurs, où les exploitations sont bien réparties, plutôt qu’à 5 où la partie pourra trainer en longueur, dépassant les 45 minutes annoncées sur la boite. À 2 ça se joue très bien, mais l’exploitation des mines devient alors primordiale. Je pense également que les 10 ans annoncés sur la boite sont justifiés pour jouer correctement au jeu en établissant une stratégie intéressante sans se sentir largué.

Je n’ai pu m’empêcher de penser à la colonisation en jouant au jeu, ce qui n’est pas forcément glamour je vous l’accorde et pas très vendeur. Peut-être que le jeu aurait pu transmettre un message anti-colonial au lieu de ce personnage jovial sur la boite. Mais là j’entre dans un autre débat, et je comprends parfaitement que pour vendre le jeu il vaut mieux le rendre joyeux que moribond avec un thème sensible qui transparaitrait tout au long de la partie, en apposant un certain malaise. Tout ceci pour dire que le thème est assez présent, et se mêle bien au jeu, assez pour y penser en y jouant et lier le thème aux règles du jeu.

Ce n’est pas de la colonisation

Ilos est un bon petit jeu, qui à aucun moment ne frustre le joueur, car celui-ci offre beaucoup de possibilités, qui s’agrandissent au fil des tours, donnant ainsi accès aux cartes les plus chères. Mais en contrepartie, vers la fin, il devient plus difficile de gérer sa main devenue trop abondante, rallongeant le temps de jeu surtout avec beaucoup de joueurs. Pourtant, Ilos reste agréable de bout en bout, chaque tour est tendu, on cherche la meilleure place, le meilleur coup à faire et comment exploiter au mieux toutes ces iles, où la profusion de ressources n’a d’égal que votre enrichissement personnel. Un jeu d’exploitation sympathique, mais qui cache quelques défauts, qui ne gâche pas le plaisir de jeu, mais dont il vaut mieux être au courant avant d’y jouer. Pour ma part j’y rejouerais avec plaisir, mais pas avec n’importe qui.

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