Critique de When I dream

J’ai rêvé que je faisais la critique d’un jeu de société, un jeu dans lequel on devait faire deviner des mots grâce aux indices soufflés par d’autres joueurs alors que j’étais dans le noir. C’était un jeu avec des croque-mitaines, des fées et des marchands de sable. Et dans mes souvenirs faire cette critique n’était pas si simple que cela. Mais était-ce vraiment un rêve ?

Avant de rêver, il faut dormir

Imaginez-vous un jeu où il faut faire deviner des mots à partir de cartes aux illustrations plus fantaisistes les unes que les autres. Un mélange entre Dixit et Mystérium. Si je vous parle de ces deux jeux, c’est surtout pour mieux vous situer ce jeu qu’est When i dream. Un joueur, le rêveur, va poser sur ses yeux le masque, tandis que l’on distribue aux autres joueurs, une carte rôle. Parmi ces rôles, qui sont répartis selon le nombre de joueurs, ont retrouvent les fées qui vont devoir faire en sorte que le rêveur trouve les bons mots, les croque-mitaines, qui ont tout intérêt à ce que le joueur se trompe et le marchand de sable qui lui doit faire en sorte que ce soit équilibré. Pourquoi feraient-ils cela me direz-vous ? Tout simplement pour marquer des points en fin de tour. Car une fois le masque posé et le sablier retourné, les joueurs vont devoir faire deviner le terme inscrit sur la carte du dessus, et pour cela ils ne pourront à leur tour dire qu’un seul mot, pas de traduction, de mot de la même famille ou faisant partie du terme à trouver. Et selon leur rôle les joueurs vont alors aider ou embrouiller le rêveur qui pourra dès qu’il le souhaite, proposer un et un seul mot. En fonction de sa réponse et sans le dire au rêveur, l’un des joueurs va alors poser la carte du côté qui correspond à la réussite ou la défaite du rêveur. Puis les joueurs doivent faire deviner le terme suivant. Une fois le sablier écoulé, le rêveur doit alors raconter son rêve en incorporant le maximum de mots qu’ils pensent avoir deviné et dont il se souvient, c’est son seul moyen de marquer des points. Une fois cela fait on procède à la vérification et au comptage des points de chaque joueur selon leur rôle. Et l’on poursuit ainsi le jeu jusqu’à que tous les joueurs aient été le rêveur une fois. Le joueur avec le plus de points en fin de partie remporte la victoire.

Le blanc, une valeur sûre

When i dream, se pare d’une boite immaculée sur laquelle se détache un enfant qui rêve de beaucoup de choses très différentes. À l’intérieur un gros lit blanc en plastique viendra accueillir les cartes, tandis que des jetons viendront marquer les scores, et un masque de nuit qui viendra cacher les yeux du rêveur. Un très beau matériel accompagné d’un plateau qui ceinture le lit. Les illustrations ont été réalisées par les illustrateurs en vogue dans le monde du jeu de société, il y a donc de tous les styles. Mais étant donné le thème du jeu cela ne gêne aucunement, il y a quelques cartes franchement sympathiques. L’édition est vraiment réussie et de qualité, rien à redire sur ce point.

Je vois des personnes qui sont en train de rêver

Après une lecture des règles qui sont assez courtes, le doute risque de vous assaillir. Non pas que celles-ci ne soient pas limpides, c’est juste que le jeu nécessite un vrai tour de jeu pour véritablement être assimilé. On doute alors que le croque-mitaine puisse induire en erreur, que le marchand de sable doive compenser les deux, et surtout que le rêveur aura le temps de deviner plusieurs cartes. Pourtant, toutes ces préoccupations s’envolent dès le premier tour, le joueur met son masque, tous proposent un mot et la première proposition du rêveur arrive, bonne ou incorrecte, qu’importent les règles sont comprises, et chacun attend impatiemment de jouer le rôle du rêveur. C’est sympa, ça reste dans la pure lignée des jeux de devinette mélangée à un univers onirique ou du moins surréaliste. On pensera donc à Mystérium, Dixit, et pourquoi pas à Il était une fois pour son côté narration ou Story Cube. Bref si vous avez déjà joué à ces jeux vous savez de quoi je parle. Du coup un peu comme dans Concept, les points deviendront vite anecdotiques, il faut dire que le système de score, tout comme dans Dixit, n’est pas des plus limpides et ne fait qu’alourdir les tours de jeu, alors que chacun veut simplement passer le masque. On peut très bien prendre son rôle à cœur, sans pour autant se compliquer la vie avec les points. On est là pour rêver pas pour se prendre la tête avec un système de score qui n’est clairement pas au cœur de la mécanique de jeu. Le fait de raconter son rêve va mettre à rude épreuve votre mémoire, et pourra être assez punitif pour le joueur à la mémoire en gruyère. Cette phase sert avant tout à scorer, même si les joueurs les plus inventifs pourront embellir leur rêve d’un peu de folie.

Autre élément important du jeu : le nombre de joueurs. Il vous faudra être au moins 4 pour y jouer, et autant vous dire qu’à 4 ce n’est pas la folie. Fort heureusement, vous pourrez vous y adonner jusqu’à 10 joueurs, bon y jouer avec autant de joueurs relève alors du bazar généralisé, mais jouer avec beaucoup de joueurs (à partir de 6) permet de ne pas avoir qu’un seul croque-mitaine et donc de rendre le jeu plus intéressant, car ce rôle est très souvent vite découvert par le rêveur. Après, un jeu qui peut se jouer jusqu’à 10 ça ne se refuse pas, mais dans ce cas-là prévoyez de dépasser largement les 30 minutes annoncées sur la boite qui semble plus correctes pour un nombre restreint de joueurs, que pour un attroupement. Quant aux 8 ans annoncés, ils sont corrects même si les enfants auront souvent besoin de pas de mal de temps pour trouver un mot.

J’ai fait un cauchemar cette nuit

When i dream ne m’a pas forcément accroché, peut être suis-je lassé de ce type de jeu qui laisse trop de liberté et qui sont une plaie à expliquer à cause de leur système de points. Je serais de mauvaise foi si je disais que le jeu n’est pas original, et pourtant d’un autre côté je me dis que l’on a déjà vu ce type de mécaniques, ce système de devinette à l’aide d’un mot, d’un jeu asymétrique basé sur des cartes oniriques. Il y a clairement un public pour ce type de jeu, et je le respecte et je le comprends même, ma fille de 8 ans adore ce type de jeu par exemple, mais sur moi la magie n’opère plus comme autrefois, à l’époque où j’ai découvert Dixit. Du coup dois-je mettre en avant mon avis mitigé, car biaisé par de multiples parties sur ce type de jeu, où dois-je essayer de rester sensible à cette expérience ? Difficile de répondre à cette question, car j’entrevois les qualités ludiques du jeu : la parole, aller à l’essentiel, deviner en recoupant des informations. Pour autant je n’ai pas été subjugué par le jeu, par son système de score lourd, alors que le reste est léger puisqu’englobé dans le monde du rêve. Si vous aimez ce type de jeu, foncez, vous ne devriez pas être déçu, si vous avez déjà joué aux nombreux jeux cités dans cet article et que vous recherchez quelque chose de neuf, je ne saurais que trop vous conseiller de le tester avant. Maintenant je vous laisse, car il est temps pour moi d’aller rêver.

4 « J'aime »

Je ne partage pas du tout les reserves:
Je trouve le jeu très facile à expliquer et surtout, je trouve la sensation de jeu très originale quand on est le rêveur. Avoir les yeux bandés en JDS, c’est nouveau pour moi, et ça rend l’exercice, par ailleurs classique, de deviner des mots totalement différent.
Un petit coup de coeur à jouer à nombreux

1 « J'aime »

Merci pour ton avis, c’est ça qui rend l’espace commentaire intéressant, voir l’avis des autres personnes. :slight_smile:

1 « J'aime »

Une partie amusante à essen, à 10 personnes et acheté dans la foulée. Malheureusement une fois rentré, la sauce n’a pas repris, aussi bien en famille qu’entre amis.

Je rejoins Arthelius sur le nombre de joueurs : 4 - 5 joueurs : bof bof.

Le jeu est bien plus sympa avec des joueurs qui sont capables d’être subtils dans le rôle du croque-mitaine qui induit le rêveur en erreur, sans que cela soit trop flagrant. Mais pas évident pour des joueurs occasionnels AMHA.

Pour ma part, When I dream est loin de détrôner un Codenames ou un Time’s up dans le registre des jeux basés sur la communication. (“Oui, mais codenames et Time’s up n’ont rien à voir avec When I dream !” “Teu, teu, teu, je le dis comme je le sens”).

1 « J'aime »

Un système de scoring lourd ?
M’enfin c’est bien plus simple que Dixit par exemple. Et puis… QUI compte les points ? Sur toutes mes parties jouées, on n’a compté les points qu’une seule fois (et encore, une personne sur deux oubliait de les prendre, non pas que ce soit compliqué, juste, on s’en fichait)
Bref, un des meilleurs jeux d’ambiance 2017. Très étonné de cette mauvaise impression quelque peu blasée :frowning:

1 « J'aime »

C’est mon ressenti, après ce ne fut pas forcément celui de tous les joueurs avec qui j’ai joué. Pour ma part je n’ai pas été émerveillé par le jeu, mais on ne peut pas l’être par tous, ou même aimer un jeu que les autres ont aimé. C’est ça qui est bien aussi avec les goûts et les couleurs.
Merci pour ce partage :wink: