Critique d'Haleakala

Encore une île paradisiaque en proie avec un volcan pressé de jeter sur ce carré de verdure sa lave furieuse. Et vous en bon constructeur fanatique, vous n’avez pas trouvé mieux que de construire de jolies statues pour enjoliver le paysage à cet endroit précis. Et le pire c’est que vous êtes bien au courant que vous et vos créations allez y passer, mais qu’importe. Si vous aussi vous êtes pris de ce grain de folie de construire des édifices en bois sur une île volcanique, nul doute qu’Haleakala risque de vous plaire.

C’est la faute à Maui

Dès la première page de la règle, les auteurs sont clairs là-dessus, Maui le héros des temps anciens, à quelque chose à voir dans cette histoire. Mais qu’importe, car aujourd’hui c’est à vous de jouer. Votre but sera alors d’ériger le maximum de statues et sur les meilleurs emplacements. En récoltant au passage les richesses de l’île, tout ceci pour obtenir le meilleur score en fin de partie. Un peu à la manière de Koh-Lanta ce sera les jaunes contre les rouges. Mais promis je ne ferais plus jamais allusion à cette émission. Une fois le matériel mis en place, chaque joueur va disposer de 5 jetons ayant une valeur allant de 1 à 5. À leur tour de jeu, les joueurs pourront en poser un sur une plage, afin de faire avancer son shaman jusqu’à 2 cases, ou en retirer un pour effectuer la même action. Ils pourront aussi le poser sur la partie du plateau où se trouve le bateau, afin de faire avancer celui-ci d’autant de cases que le chiffre indiqué dessus, afin de récolter l’une des cartes présentes sur la plage d’accostage. Si le joueur ne dispose plus d'aucuns pion, il peut avancer le bateau d’un emplacement dans le sens horaire, toujours.

Ce sont avec ces fameuses cartes que vous allez pouvoir ériger vos statues, mais également récupérer des bonus et surtout des coquillages pour acheter des cartes qui vous permettront en fin de manche d’augmenter votre score. Mais c’est également par le biais de ces cartes que le volcan entrera en éruption. Chaque pion dispose d’une valeur qui permet de départager les égalités et de faire avancer le bateau, tandis que les shamans se déplaceront autour de l’île sur trois niveaux différents (plaine, forêt, montagne). Le jeu se joue en 2 manches, déterminés par la fin de la pioche des cartes où un décompte a lieu à chaque fois. En fin de partie le joueur avec le plus de points remporte la victoire.

J’ai bien sûr réduit mes explications des règles, afin de vous donner un aperçu sans mal de tête.

Des coquillages comme monnaie

Pour un jeu à 2 joueurs, Haleakala n’est pas radin au niveau du matériel. Un plateau pour disposer vos pions en bois et vos jetons, des cartes, un petit plateau pour le score et les bonus, sans oublier le bateau en bois. De quoi mettre dans l’ambiance, il est juste dommage que le plateau est une fâcheuse tendance à se relever, mais ce n’est qu’un détail. Pour ce qui est du style graphique, nous sommes clairement sur un jeu illustré à l’allemande. Si vous connaissez ou aimez Hawaï, Cacao, Descendance et tous ces jeux de Kubenbois, vous ne serez pas dépaysés. Ce n’est pas laid, mais juste classique. Après cela n’enlève en rien la qualité dont fait preuve l’édition d’Haleakala, qui fait d’ailleurs bien plaisir pour un jeu à 2 joueurs.

C’est chaud la lave

Lors des premiers tours de jeu on tâtonne un peu, ne sachant pas réellement comment se placer pour tirer les meilleurs avantages, ni sur quelle ressource jouer pour scorer à la fin. Puis petit à petit, le jeu se délie, on commence à mieux prévoir les déplacements du bateau et à placer ses plus gros jetons sur les meilleurs emplacements. Chaque choix est important. Tout est assez tendu, et vous aurez à peine assez de jetons pour faire face. Car il faudra partager vos coups et ne pas négliger les valeurs posées pour ne rater aucun accostage. Puis les cartes lave feront leurs apparitions, remettant en cause vos projets de construction et vos vues sur les cartes bonus. Fort heureusement, la carte prêtresse pourra être salutaire, mais encore faut-il parvenir à en obtenir une. De même pour les cartes bonus pour le score, elles seront durement acquises, mais pourront vous donner un sérieux avantage, elles ne sont réellement pas à négliger.

Les parties sont rapides, chaque action compte et il faudra vraiment se projeter dans les tours suivants pour scorer au mieux, car les places sont chères, mais aussi bien gardées par la lave. Tout est millimètre dans Haleakala, que ce soit les règles et les actions comme vos choix. Le jeu est donc parfaitement équilibré, mais également assez exigeant, la moindre erreur peut s’avérer fatale.

Pour les plus courageux et aguerris, le jeu propose une variante tactique dans laquelle la lave sera mieux contrôlée et moins aléatoire. A découvrir après avoir joué quelques parties découvertes, surtout qu’avec les règles de base, le jeu est déjà très plaisant et se suffit à lui-même. De plus, Halekala par le hasard de pose des cartes propose une durée de vie intéressante, et saura offrir aux joueurs tacticiens de très bonnes parties bien calculatoires.

Un voyage en terre inconnue

Haleakala propose une expérience intéressante ainsi que des mécaniques de jeu parfaitement huilées. Des règles simples pour des choix importants et des manières de scorer bien différentes. Aucune partie n’est gagnée d'avance, mais le moindre faux-pas peut être fatal. Avec son matériel classique, mais de qualité, nous sommes directement plongés dans le thème. Bien entendu le jeu ne s’adresse pas forcément aux novices, surtout que le format 2 joueurs propose souvent des jeux faciles d’accès. Mais pour les connaisseurs il s’agira là d’une véritable confiserie ludique, se dégustant en même temps que l’on découvre son potentiel au gré des parties qui seront bien différentes. Un très bon jeu pour 2 joueurs à offrir ou à s’offrir, car idéal pour égayer vos soirées en couple ou avec un ami.

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