Cmon aussi...

[Hate]

CoolMiniOrNot, CMON pour les intimes, a bougé les lignes du secteur ludique en définissant les formats optimaux des campagnes de financement via Kickstarter. L’éditeur a compris rapidement comment optimiser cet outil, a compris rapidement comment le monde et son intermédiation fonctionnaient. Ils sont quelques-uns à avoir réfléchi à tout ce que cela allait devenir. Comme souvent, les premiers à verbaliser un changement, à expliquer comment une norme allait tomber, ont été montrés du doigt. Ce sont fait qualifier d’oiseau de mauvais augure voulant la disparition de telle ou telle corporation. Ce sont fait critiqués, raillés. Et pourtant… Ce que vient d’annoncer CMON pour son prochain KS est peut-être un jalon de plus vers cet avenir qui leur donnera raison.

Hate.

Le nom du prochain jeu signé CoolMiniOrNot est « Hate ». Un jeu tiré de la BD d’Adrian Smith. Un jeu résolument adulte. Tellement que CMON vient d’indiquer qu’il sera KS exclusif. Oui. Vous avez bien lu. Le jeu ne sera pas disponible en distribution classique. Les boutiques qui le voudront devront passer par la campagne participative et leur système interne de « CMON play retail members ». En gros, les boutiques qui ne sont pas dans leur système, qui ne participent pas au KS ne l’auront pas. Parce que le jeu est trop « adulte », qu’il est très « spécifique » et qu’il serait dommage de dénaturer l’œuvre originale en le rendant plus « compatible » avec le commerce traditionnel. Donc, pour l’avoir, tout se passera sur Kickstarter. Point barre.

Redéfinition.

Le secteur ludique est décidément en pleine mutation. Après l’expérience Monolith et les analyses de Frédérick Henry qui s’égosille depuis 3 ans à expliquer à qui veut l’entendre que les choses vont changer, après le carton « 7th continent » qui a fait l’impasse sur la distribution classique, voici ici une nouvelle étape franchit par l’un des plus connus, des plus gros éditeurs du moment. Un éditeur coté en bourse ! C’est dire.

Si l’on se réfère aux chiffres de ventes relevés par Monsieur ReiXou il y a peu dans le forum de Tric Trac, chiffres qui montraient que « Blanc Manger Coco » était en tête des ventes des boutiques spécialisées, le secteur semble en train, doucement, de se découper en deux.

  1. Il y a de plus en plus de jeux qui sortent chaque année.
  2. Il y a de plus en plus de joueurs « core ».
  3. Mais il y a encore plus de joueurs « mainstream ».
  4. Les joueurs « mainstreams » vont maintenant dans les boutiques spé.
  5. Les boutiques spé ne peuvent plus avoir tout ce qui sort sur leurs étagères.
  6. Les boutiques spé vont faire de la place aux jeux "mainstream" puisque la clientèle les réclame, c'est leur boulot.
  7. Les joueurs « core » vont donc aller de plus en plus sur internet pour trouver l'infos et acheter pleins de jeux de façon la "plus rentable", c'est leur passion.
  8. Les éditeurs « core » vont donc aller de plus en plus vers la solution vente en direct (via KS ou autre), là où sont leurs clients.
  9. Il restera toujours des boutiques ultracore tenues pas des ultrapassionnés, mais elles seront rares... parce qu'il y aura toujours des lieux undergrounds hors normes. Et c'est cool.

Le secteur est obligé de s’adapter. Qu’on le veuille ou non. Les choses se mettent en place, doucement. Inexorablement. Et ceux que l’on prend pour de méchants hurluberlus depuis 3 ans parce qu’ils verbalisent ce futur se révèlent finalement plus visionnaires qu’idiots du village. Comme souvent. Le secteur est en pleine mutation, celui qui dit le contraire est juste aveugle. Ce changement n’est pas négatif, bien au contraire. En tout cas pour ceux qui le comprennent et qui vont s’adapter. Le secteur ludique a une chance incroyable par rapport à d’autres secteurs, c’est qu’il s’est développé en même temps qu’internet et que ceux qui en dessine les lignes sont nés avec lui et donc savent l’appréhender !

► Le sujet sur le jeu et le KS dans le forum de Tric Trac, cliquez ici !

41 « J'aime »

J’ai réécouté le podcast de la radio des jeux, et c’est vrai que c’est l’analyse qui se dégage (même si Reixou indique bien que c’est sur une poignée de boutiques). Néanmoins il est vrai que KS bouleverse le marché du jeu. Il ne faudrait pas toutefois que la césure entre joueurs occasionnels et joueurs assidus, les deux mondes devant se parler, les premiers étant appelés à devenir les seconds

2 « J'aime »

Excellente analyse ! Surtout ça appuis la vérité dite par Fred Henry qui en a pris et qui continue à en prendre pleins les dents alors qu’il ne fait que dire ce qui est vrai. Le secteur évolue, les choses changent du coup soit on s’adapte, soit on s’éteint. Ca n’est pas négatif ou méchant mais on ne peut pas aller contre cela.

3 « J'aime »

sinon le jeu on en parle ? :stuck_out_tongue:
on retrouve un peu d’univers à la KDM dedans, batailles entre colonies, campagne et mode affrontement, super figs.
on a Hâte de Hate :wink:

d’accord avec ce qui est dit, ks permet des projet difficilement réalisables en boutique.
la marge est pour le moment plus importante = on peut payer les illustrateurs, sculpteurs sans gaver un distributeur sans plus value mais à marge conséquente, pareil pour la boutique.
l’étape d’après, ses propres moyens de ventes hors KS et des marges qui baisseront plus ça va se professionnaliser.

au final c’est juste un cycle, on a décentralisé à en perdre la main et la marge, on repart sur de la vente en directe mais qui atteindra à nouveau un problème de distribution globale, et on recommence. comme tout marché en fait.

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Une histoire de flux et reflux, tout ça quoi !

Très belle plume et sujet interessant, cool

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Et comment positionnez-vous Games Workshop dans cette analyse ?

A mon sens GW, c’est très particulier : ils ont été rachetés par BP assez récemment, ça redevient donc une boite british et plus un truc sou la houlette d’un fonds de pension juste pour se gaver. Mais il leur faut remonter la pente.
D’ailleurs à Essen, ça recrutait chez GW : ils avaient un lounge pour rencontrer les personnes cherchant un taf de commercial, boutique, etc. Je pense qu’ils essaient de reconstruire ce qui a fait le succès de la marque.
Ils passeront peut-être au financement par la foule si ça peut améliorer leur rentabilité et leur offre.

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