BONFIRE : Allumez le feu !

Les brasiers des cités de la région s’éteignent les uns après les autres ces derniers mois, et en tant que membre d’une tribu gnome vivant dans la forêt, cela vous inquiète car vous avez besoin de leur lumière. Vous décidez donc de demander leur aide aux gardiennes pour raviver les brasiers ; elles acceptent de vous aider si vous accomplissez des missions pour leur compte. Bonfire est un jeu de Stefan Feld à qui on doit notamment Les Châteaux de Bourgogne (et de Toscane), Bora Bora et Merlin, édité en français par Matagot. Il mêle placement de tuiles, gestion de ressources et accomplissement d’objectifs. Prêts à allumer le feu ?

Installez d’abord le plateau de jeu au centre de la table puis posez les tuiles missions et les gardiennes sur les îles, les 6 cartes sages, les jetons portails, le grand brasier et les tuiles chemin et sablier sur leurs emplacements dédiés. La pile de cartes experts est mélangée et 6 cartes sont posées sur le plateau. Un novice neutre prend place sur chacune des 5 missions du Conseil. Les joueurs placent leurs bateaux au port et leur marqueur de score sur l’emplacement 0 de la piste de score. Les tuiles action et les ressources sont posées à côté du plateau central. Chaque joueur prend un plateau joueur et pose sa gardienne sur sa tuile départ, un novice sur chacune des cases brasiers, divise ses tuiles offrandes en 2 pioches sur sa tuile planification et y encastre 7 tuiles destin, la huitième sera la première à être placée dans sa zone destin (sauf si vous décidez de l'échanger avec votre tuile destin centrale). Les joueurs prennent des tuiles action correspondant à celles présentes sur la tuile destin posée ainsi que 2 tuiles action joker, puis une ressource de chaque type (l'or est un joker). Enfin, chacun prend une tuile extension et celui qui reçoit celle avec un bâtiment dessus devient premier joueur.

Le très élégant plateau central

La partie se déroule de la façon suivante : les joueurs vont enchaîner leurs tours en faisant une action à chaque fois, et ce jusqu’à ce qu’un certain nombre de novices ait été placé dans le Haut conseil (dépendant du nombre de joueurs). Lors de son tour, un joueur a le choix entre 3 actions possibles. La première consiste à prendre l’une de ses tuiles destin et à la placer dans sa zone destin, adjacente à une tuile déjà posée (il faut pour cela posséder au maximum une tuile action). Vous gagnez alors une tuile action correspondant à chaque symbole ainsi qu’une tuile supplémentaire pour chaque symbole identique formant une zone continue, et éventuellement une ressource ou une tuile joker si vous l’avez placée sur ce symbole.

La seconde action disponible permet d’utiliser une ou plusieurs tuiles action, parfois aussi des ressources, puis la résoudre. Vous avez alors la possibilité de construire un chemin (les chemins constituent la piste que suivent vos gardiennes autour de votre plateau individuel), de déplacer votre navire jusqu’à une île, de prendre une mission ou une gardienne sur l’île à laquelle vous avez accosté (les missions sont placées où vous voulez sur un emplacement brasier de votre plateau. Une fois réalisées, elles se transforment en brasiers et vous rapportent des points de victoire. Les gardiennes rejoignent votre piste pour vous rapporter des ressources et des points de victoire), d’effectuer une procession (faire avancer vos gardiennes et récupérer des ressources ou les placer sur des brasiers), de récupérer des bonus au Grand brasier central (2 récompenses au choix parmi une tuile action, une ressource ou un jeton portail, ces derniers doivent être récupérés dans l’ordre inverse des chemins de votre plateau individuel), et enfin prendre une carte gnome en payant son coût (des cartes qui donnent des bonus quand vous effectuez certaines actions ou des points de victoire).

Quelques cartes gnomes

La dernière action que vous pouvez réaliser lors de votre tour consiste à valider l’une de vos missions. Pour cela, vous retournez la mission accomplie et prenez le novice adjacent puis le placez sur un siège du Haut conseil où il n’y a pas encore de novice de votre couleur. Enfin, vous gagnez le bonus correspondant. Il existe également une action bonus disponible à la fin de votre tour : si vous remplissez les conditions d’une mission du Conseil, vous pouvez prendre le novice neutre correspondant et le placer sur un siège du Haut conseil en respectant les mêmes règles qu’expliquées précédemment.

Une fois un certain nombre de novices placés sur le Haut conseil, il reste 5 tours aux joueurs avant que la partie ne se termine. On fait alors le calcul final des points de victoire pour les missions terminées, les gardiennes placées sur des brasiers, les portails reliés à des brasiers, les tuiles chemin de même couleur que le brasier qui leur fait face, les missions du conseil accomplies, les tuiles destin non utilisées et enfin les tuiles action et ressources non utilisées. Le joueur ayant le plus de points l’emporte.

La ronde des gardiennes autour des brasiers

Stefan Feld est l’un de mes auteurs préférés. Parmi mes jeux favoris figurent Merlin, Les Châteaux de Bourgogne et l’excellent mais austère Carpe Diem, et force est de constater que Bonfire vient de les rejoindre. Si l’on regarde ses précédents jeux dans leur globalité, il y avait une chose qui pour moi était dommage et récurrente : le manque d’attention porté aux illustrations. Attention, ce point n’enlève en rien la qualité des mécaniques du jeu, mais il est difficile de trouver un jeu plus laid que Carpe Diem à mon sens (et que dire de ces dos de tuiles vert clair et vert foncé, difficiles à différencier, pour la première édition) alors qu’il est sorti en 2018 ! Ce point a selon moi été corrigé pour Bonfire, avec un univers féérique, onirique et cohérent, de belles illustrations et des meeples aux formes variées et aux couleurs éclatantes. Seul petit bémol pour moi, mais peut-être est-ce valable uniquement pour mon exemplaire du jeu, les plateaux de joueurs sont fins et je les ai reçus légèrement incurvés en leur centre, ce qu’il fait qu’ils bougent souvent lors des manipulations de ressources, entraînant avec eux les portails placés et compliquant la bonne lecture du jeu. Et vous, comment trouvez-vous l’univers ? Avez-vous le même souci avec vos plateaux de joueurs ?

Le volume de règles est conséquent sans être trop complexe ; leur explication aux joueurs néophytes est un peu longue, mais une fois ce moment passé, les tours s’enchaînent extrêmement rapidement pour un jeu de ce gabarit, et ce quel que soit le nombre de joueurs. Ce qui facilite cette immersion rapide dans les règles, c’est le rappel sur le plateau principal, sur les plateaux individuels et sur les tuiles planification de la plupart d’entre elles, avec une iconographie claire et précise.

Focus sur les îles

Finalement, le plus difficile dans Bonfire n’est pas d’assimiler les règles ou de les appliquer, c’est plutôt de comprendre comment fonctionne le système de marquage de points et de réussir à bâtir une stratégie permettant d’en accumuler un maximum. En effet, la manière de marquer des points est ce qui a le plus dérouté mes joueurs lors de nos premières parties ; assez peu de points marqués immédiatement durant la partie, la plupart le sont à la fin et les façons d’en faire dépendent les unes des autres. En effet, il faut des chemins pour conduire les gardiennes aux brasiers, et des portails pour connecter les deux éléments (tout en sachant que ces éléments sont placés sur votre plateau de joueur en ordre inverse), mais également accomplir les missions afin de les transformer en brasiers en réalisant une variété de choses. Et selon moi, il vaut mieux ne pas non plus négliger les cartes gnomes qui vous donneront de précieux bonus tout au long de la partie et pourront appuyer votre stratégie. En clair, Bonfire va mettre votre cerveau en bouillie en raison des nombreuses possibilités de stratégies qu’il propose et il vous faudra plusieurs parties pour y devenir meilleur !

Pour résumer, Bonfire est fait pour vous si vous êtes comme moi un amateur des jeux de Stefan Feld et que vous avez envie de vous cramer les neurones à la recherche de l’optimisation parfaite vous menant à la victoire. Et si vous avez loupé l’information, le jeu a terminé troisième du prestigieux prix du Diamant d’or 2021 qui récompense les meilleurs jeux à l’allemande sortis dans l’année (voir le podium ici), une raison supplémentaire d’y jeter un œil, ou les deux.

Fiche technique

Éditeur : H@ll Games

Éditeur français : Matagot

Auteur : Stefan Feld

Illustrateur : Dennis Lohausen

Nombre de joueurs : 1-4 joueurs

Âge : 14+

Durée : 90 minutes

Et pour rester dans l’ambiance : on écoute The ring of fire (la version de Home Free) et on lit Le feu de la sor’cière, le premier tome de la série Les bannis et les proscrits, l’histoire d’une petite fille ayant hérité d’un pouvoir perdu depuis des siècles et tentant d’échapper aux sbires d’un seigneur noir aidée par une bande de parias, écrite par le génial James Clemens (que vous connaissez peut-être sous le pseudonyme de James Rollins si vous êtes fan de thrillers, et notamment de sa série Sigma Force).



[[Bonfire](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/bonfire-1)][[Bora Bora](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/bora-bora)][[Carpe Diem](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/carpe-diem-1)][[Les Châteaux de Bourgogne](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/les-chateaux-de-bourgogne)][[Les Chateaux de Toscane](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/les-chateaux-de-toscane)][[Merlin](https://www.trictrac.net/jeu-de-societe/merlin-3)]
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L’article donne bien envie, je vais peut être finir par me laisser tenter :slight_smile: Aucun Feld ne m’a fait vibrer jusque là !
Il y a un truc que je retrouve souvent dans les articles sur les jeux et que j’ai du mal à comprendre, c’est de donner le détail de la mise en place, personnellement ça me fait décrocher de la lecture. Qu’est ce qui motive de faire cet exercice ?

J’aime beaucoup “l’ouverture culturelle” que vous faites toujours en fin d’article, très bonne idée !

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Merci pour votre retour ! Pour moi, l’objectif de la mise en place est de faire comprendre au lecteur avec quels éléments on commence le jeu, parce que sans cela j’ai parfois l’impression que l’on perd en compréhension de la manière dont fonctionne le jeu, tout particulièrement pour les jeux les plus complexes. Mais je vous avoue que ce n’est clairement pas l’exercice que je préfère. Il m’est arrivé d’écrire un premier jet d’article sans cet élément et j’avais vraiment le sentiment d’une rédaction bancale, dans laquelle je sautais du coq à l’âne et manquant d’une information cruciale. Bref, je n’ai toujours pas réussi à trouver une solution qui me satisfasse pleinement, à savoir donner au lecteur tous les éléments pour qu’il se fasse une idée tout en le présentant d’une manière moins roborative…

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Bonjour et merci pour cet article intéressant. J’ai une question (plutôt deux en fait). Le jeu est-il intéressant en solo et quels sont ses modes de fonctionnement dans cette configuration ? Merci.

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Bonjour Logan, merci pour ton retour ! Concernant l’intérêt du mode solo, je n’y ai pas joué, n’étant pas très amatrice de jeu solo, par contre, je peux t’expliquer comment il fonctionne. Tu joues contre un automa qui dispose d’un paquet de cartes représentant chacune une action que tu lui feras faire une fois ton tour terminé (prendre des cartes, des tuiles chemin, des missions qu’il place immédiatement sur leur face brasier, des gardiennes et faire tourner le Grand Brasier). Il peut donc prétendre à remplir des missions du Haut conseil. Lorsque 7 novices ont été placés au conseil ou que sa pioche de cartes a été vidée 4 fois, la partie se termine (il n’y a 5 derniers tours que si la fin de partie n’est pas déclenchée par sa pioche vide). Et tu gagnes si tu fais plus de points que l’automa ! J’espère que cela t’aura éclairé :wink:

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Oui, merci beaucoup !.. Les solos avec automas sont généralement les meilleurs solos… Et souvent bien meilleurs que ceux basés sur uniquement battre un score, qui ressemblent plus à des simples réussites. Donc c’est un argument positif pour le solo, reste maintenant à savoir si l’automa est bien équilibré. Je suppose qu’il y a plusieurs niveaux de difficultés ?

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Il y a une possibilité d’augmenter la difficulté en s’ajoutant un handicap qui se traduit par des points de victoire de départ supplémentaires pour l’automa, et d’accroître son avance au fur et à mesure des parties pour corser le challenge de plus en plus.

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Ok merci beaucoup pour toutes ces précisions !

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L’univers de Bonfire a fait l’objet d’un développement très complet par l’illustrateur Dennis Lohausen avec l’éditeur/développeur Ralph Bruhn. Un livret de 16 pages qui détaille toute l’histoire d’Asperia, des Gardiennes et des Gnomes a même été réalisé. Dans un entretien avec Brunh et Lohausen que j’ai fait pour un autre média, le premier m’a dit que ce livret était destiné à être offert sous forme imprimée en “goodies” lors d’Essen 2020… Mais la pandémie en a décidé autrement. Le livret en anglais est téléchargeable gratuitement ici (version allemande également disponible sur le site de Pegasus) : https://pegasus.de/media/pdf/03/21/41/The-World-of-Bonfire_ENG.pdf

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Ouah merci pour toutes ces informations, je vais immédiatement regarde ce lien, merci beaucoup ! Cela confirme bien mon sentiment qu’un gros travail graphique avait été réalisé, et très bien réalisé !

Le mode solo est très sympa, tu trouveras des challenges supplémentaires ici : https://boardgamegeek.com/filepage/219982/bonfire-challenges-supplementaires

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J’ai fait une aide de jeu pour que chaque joueur ait les infos sous la main : https://boardgamegeek.com/filepage/223404/bonfire-aide-de-jeu-missions-gnomes-actions-bonus

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