Aubépine : magie en montagne

A la cime du monde, on trouve de géants massifs rocailleux, d’imposantes forêts de pins, et des clairières florissantes en été. Mais à qui sait bien regarder, et c’est particulièrement vrai quand on a 9 ans, saura aussi croiser la route de génie des alpages, de gentils monstres qui sentent fort, d’oiseaux géants, et d’esprits saisonniers.

Fleur qu'épique

En cette rentrée scolaire 2018 sort le second tome d'Aubépine, titré Le Renard Furax, un petit album format réduit (j'hésite à dire poche, parce qu'il faut quand même de sacrées poches pour ranger ça, mais disons du moins format roman) faisant suite au premier tome paru en Avril 2018 dernier. Sortie aux éditions Dupuis, et issue de l'imaginaire de Karensac et Thom Pico, Aubépine confirme par cette parution son succès, et se lance sur la pente douce (de montagne) des séries jeunesse. Un succès confirmé pour cette bulle d'aventure poétique par les doux retours des lecteurs et libraires, un premier tome en rupture qu'il va falloir réapprovisionner, et deux suites annoncées en fin d'albums.

Alors de quoi ça parle ? Aubépine raconte les mésaventures d'Aubépine (incroyable), une gamine d'une dizaine d'années à fort caractère, propulsée lors d'un déménagement, de la ville où elle a tout ses amis, à la montagne paumée où il n'y a pas grand-rien sinon de la nature, de la nature, et de la nature. Mais quelle Nature ! Le récit explore habilement son ambiance fantasque de réalité poétique, où à notre vie quotidienne de tous les jours se mêle sans dommages l'existence d'oiseaux géants destructeurs et de cheptels de chiens laineux. Malgré cette fantaisie assumée, l'univers parvient à conserver stupeur et émerveillement tout enfantin, dans la rencontre de monstres, génies, et créatures magiques, qui sont sensés n'être que légendes, quoiqu'au fond, à la vérité, on y croyait quand même un peu.

La Montagne, ça vous gagne

Le trait rond et doux de Karensac invite à l'aventure, la douceur, et la permissivité d'imaginaire de cet univers pour enfant. Mais ne vous y méprenez pas ! Si la série se veut ouvertement à visée d'un public jeunesse, la structure des récits, des mystères, du ton, et la qualité d'écriture, l'ouvre sans soucis au public adulte. La toute mignonne Aubépine sait parler aux petits comme aux grands enfants, et sans prendre ni l'un ni l'autre des publics pour des quiches. La liberté de ton (le premier tome se nomme tout de même Le Génie Saligaud), les rapports entre les personnages bien campés, les situations parfois terribles et lourdes de conséquences, se donnent gentiment le droit de ne pas être niais, bien au contraire.

Aubépine, c'est un petit bonbon prenant et sympathique, à l'échelle d'aventures pour enfants, comme un Goonies moderne de papier. C'est l'épique au bout du chemin, l'aventure au détour du bois, l'enfance comme on la vit et l'imagine à la fois. Et puis c'est aussi une super galerie de personnages, dont beaucoup de figures féminines, sans basculer dans le propos féministe appuyé de manière bancale (ce qui est malheureusement parfois un peu trop le cas en BD). Non, juste de super personnalités, auxquelles on s'accroche avec plaisir, qui donnent une belle modernité à l'œuvre, et cela fait bien plaisir dans ce genre de série jeunesse.

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Aubépine réjouira les amateurs de gamins dans la Nature, de magie cachée mais pas tant que ça, de légendes alpestres, de liens familiaux bien écrits, et de chevaliers châtaignes.

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Merci pour cet article. Très drôle de voir que TT s’immisce de plus en plus dans la BD. D’abord les striptrac, on a maintenant droit à des critiques de bouquins. Je ne m’en plaindrais pas. Et un jour, les éditeurs de jeu n’hésiteront plus à aller puiser dans l’immense variété des styles d’auteurs jeunesses littéraire, pour sortir des styles bien lissés… C’est encore mou, mais ça vient. Le graphisme du jeu Root est déjà un pas. On dirait du Trondheim.

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