D'accord: mon jeu de mots est tout pourri. Mais, à tout dire, faire sourire avec Upon a Salty Ocean est une vraie gageure. Tout ici concorde à vous saper le moral: le splendide tableau de Caen sous la pluie qui illustre la boîte, le thème en lui-même: la pêche de la morue et du hareng en mer du Nord au XVIème siècle, jusqu'aux couleurs tristes.Et pourtant... le joueur que je suis, peu enclin à la morosité d'ordinaire, a plutôt adhéré.Vous incarnez un marchand qui dirige une flottille de bateaux de pêche et construit les bâtiments prestigieux de Caen, durant les cinq années qui précéderont la visite de François Ier.Les conditions météorologiques et financières de chacune des années déterminent les joueurs dans leurs choix immédiats et offrent une relative rejouabilité.Comme j'ai pu le constater lors de mes deux parties: ces évènements influencent les actions de chacun et diffèrent considérablement d'une partie à l'autre, laissant une place prépondérante à l'adaptation. (Je préfère ce mot à opportunisme, puisqu'il est quand même possible, moyennant quelques modulations, de s'en tenir à sa stratégie de départ: la pêche intensive, la spéculation du marché, la construction, la flexibilité,...)Le principe des actions est bien pensé, même s'il ne constitue pas une révolution en lui-même: chaque action a un coût de 0 à 10, et chaque fois qu'une d'entre elles est choisie par un joueur, son coût augmente pour le reste de l'année en cours.Classées en quatre familles: construction - navigation/pêche - débarquement/embarquement - achats/ventes sur le marché, elles nécessitent d'être bien pensées, mesurées, calculées, pour une meilleure optimisation.Ainsi, est-il nécessaire de lire le jeu des concurrents pour ne pas se retrouver à programmer des pêches coûteuses qui ne deviendront bientôt plus rentables, ou à vendre ses poissons sur un marché en pleine dépression.L'interaction est le coeur du jeu, vous l'aurez compris, et se retrouve dans tous ses aspects: chaque vente au marché fait chuter les cours, les places dans certains bâtiments sont limitées ou offrent des bonus moindre, les actions sont de plus en plus coûteuses,... les évènements eux-mêmes forment une espèce d'entonnoir dans lequel les joueurs vont se gêner.Je préfère vous mettre en garde: l'interaction atteint son paroxysme dans une configuration à deux joueurs où les actions deviennent bien souvent des "réactions".Le sentiment de liberté offert par les actions multiples et la variété des bâtiments devient dicothomique tant vous êtes contraint: chaque décision, chaque implication, peuvent être estimées au centime près, et déterminées en fonction des choix concurrents.Pour conclure, je dirais que la tension et la pléthore de choix ont une saveur, celle des jeux où vous voudrez être partout, maintenant, et surtout avant les autres.Personnellement, j'apprécie, même si je reconnais que Upon a Salty Ocean est un jeu calculatoire qui ne révolutionne rien.PS: j'ai lu dans un avis précédent que le Gros Horloge était prisé dans leur contrée, dans la mienne, ce serait plutôt le Bureau des Finances, comme quoi, il n'y a pas de vérité absolue ou de martingale.mon ressenti:- matériel: 5/5 (sobre)- config idéale: 4 joueurs (particulier à 2)- règles: 5/5 (courtes et simplissimes)- ambiance: interaction permanente- intérêt: 4/5- envie d'y revenir: j'aurais tendance à dire oui, pour l'instant, ce qui justifie le 4/5 au lieu d'un honnête 3/5.