Il était une forêt, le carnet d'auteur

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Salut à tous ! Il était une forêt, notre petit jeu, est sorti le 16 octobre dernier. Il s’agit du jeu adapté du film éponyme de Luc Jacquet qui sort au cinéma aujourd’hui ! Je vais essayer de vous raconter là l’histoire de ce jeu. Même les histoires de ce jeu, du point de vue de l’auteur et de l’éditeur, le tout étant très imbriqué et allant ensemble. Et vous en saurez un peu plus, du coup, sur ce film incroyable…

Il était une fois… (février 2013)

Commençons par une parenthèse géographico-ornithologique. Les Jeux Opla, et donc moi aussi, habitent à Lyon. Et entre Lyon et Bourg-En-Bresse se trouve une région appelée La Dombes. Cet endroit a la particularité d’être parcouru de centaines de petits étangs, et représente un paradis pour une faune riche, particulièrement pour les oiseaux, qu’ils soient nicheurs ici ou juste de passage, car on est là sur un important couloir migratoire. Pour la parenthèse, c’est lors d’une randonnée d’observation ornitho dans ce coin que nous avions rencontré Henri Bourgeois-Costa, qui était l’ornithologue avec lequel on a travaillé sur “Migrato” (choix des oiseaux en fonction des paramètres du jeu comme la distance de vol, les vols groupés ou solitaires, diurnes ou nocturnes…), avant d’établir un partenariat solide avec la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Bref… C’est aussi là, à Villars-Les-Dombes, que se trouve le Parc des oiseaux. C’est un très bel endroit où l’on peut observer… des oiseaux !

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En tout début d’année, en février, alors que nous recevons les boites de “Migrato” (qui est sorti à Cannes début mars) et que nous travaillons sérieusement à la réalisation de “Hop la bille” (qui, lui, vient juste de sortir début septembre), j’apprends que le thème du Parc des oiseaux, cette année, sera « Natures tropicales ».

Ce thème a été inspiré par le prochain film de Luc Jacquet, Parrain du Parc des Oiseaux cette année, et à qui l’on doit notamment La Marche de l’Empereur et le Renard et l’Enfant. Je suis très adepte de l’approche de Luc Jacquet et de sa démarche dans ses projets.

Comme moi (docteur en biologie, donc avant tout chercheur…), Il est issu d’une formation scientifique et connaît donc plus que bien ce qu’est une démarche scientifique, comment doit-elle être menée et pourquoi. Sans doute est-ce là une des raisons de l’intelligence, de la justesse et de la pertinence que je retrouve dans son travail de cinéaste.

Il sortira donc en effet en novembre prochain un nouveau long métrage, « Il était une forêt », sur les forêts tropicales primaires. Mmhh… Intéressant… Je me penche sur ça et cherche un peu plus tout ce que je peux trouver comme infos sur le film et là, j’apprends que ce sera un film proposant au spectateur de découvrir les trésors naturels d’une forêt tropicale primaire, garants de la vie sur Terre, de la première pousse de la forêt pionnière au développement des liens entre plantes et animaux…

Mmhh… Ça me titille déjà beaucoup… Et j’apprends que… Le film est une idée originale de Francis Hallé ! Francis Hallé ! En quelques minutes mon titillement se transforme en excitation ! Francis Hallé est un botaniste spécialiste de la forêt tropicale, de son écologie, de l’architecture des arbres. Vous le connaissez forcément, c’est lui qui est à la base de l’expédition du radeau des cimes, dans les années 90, qui avait pour but d’étudier la canopée des forêts tropicales… Alors, comme je l’entends parfois, la canopée c’est le toit de la forêt, la plus haute strate, ce n’est pas l’endroit où vous êtes avachi pour lire ce texte l’ordi sur les genoux…

Donc, dans l’heure qui suit, je continue de me documenter sur le film, surtout grâce au site de l’association de Luc Jacquet, Wild Touch (www.wild-touch.org/), et j’envoie un mail immédiatement à Bonne Pioche (www.bonnepioche.fr/), la société qui produit le film. Et ça m’amuse de parler de jeu à une société qui s’appelle Bonne Pioche ! S’ensuit assez rapidement un échange téléphonique puis une rencontre mi-mars, à Paris, chez Bonne Pioche.

La rencontre (mars 2013)

Je passe pas mal de temps à lire des choses sur les forêts tropicales, pour en sortir des caractéristiques majeures qui pourraient être utilisées dans le jeu du film. J’essaye de plus de comprendre ce que sera le film, quelle histoire va être racontée, quel message va être véhiculé. Je comprends que ce sera un film patrimoine qui veut montrer ce qu’est une forêt tropicale primaire avant qu’il n’y en ait plus du tout sur Terre, soit une dizaine d’années encore.

Une forêt primaire ? C’est une forêt qui n’a jamais connu le passage délétère de l’Homme, ou du moins qui ne l’a pas vu depuis suffisamment de temps pour que toute la faune et la flore qui la composent soient de nouveau en parfait équilibre (soit environ 700 ans). Et je saisis que c’est ça que montrera le film, ce sera l’histoire d’une forêt tropicale primaire racontée par Francis Hallé, de la germination des premières graines sur un sol déforesté par l’Homme, jusqu’à son épanouissement sept siècles plus tard.

Oui, sept siècles, c’est le temps qu’il faut pour qu’une forêt soit qualifiable de « primaire », pour que tous éléments, végétaux et animaux, soient à leurs places et interagissent pour l’équilibre de la forêt et son maintien…

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C’est donc ça aussi que le jeu doit permettre. Il faut que le jeu soit avant tout ludique (comme j’avais travaillé à le faire pour “Migrato” et “Pom Pom”), mais véhiculant une information intelligente, juste, imbriquée à celle du film.

Très vite, je trouve pertinent que le joueur soit un architecte devant construire une forêt tropicale grande, belle, avec une faune et une flore en équilibre, et pas dégradée par l’Homme. Outre cet équilibre faune/flore, la notion d’étages me semble très importante. Je souhaite donc qu’apparaissent très nettement les 4 strates d’une forêt tropicale, allant du sol (« avec les racines », me dira plus tard Francis Hallé, « si le sous-sol et les racines, si importantes, peuvent apparaître dans le jeu, ce serait formidable »).

Je griffonne quelques idées en vrac dans ce sens, et imprime un proto sans réelle idée de mécanique de jeu, mais juste avec des cartes représentant les 4 étages de la forêt et contenant des animaux en nombres variables, et parfois des sacs poubelle représentant le passage de l’Homme). Il y avait, cela dit, sans que je le sache encore, sur cette maquette, tous les éléments de ce que sera le jeu final ! Je n’avais néanmoins pas envie de passer du temps à travailler éperdument sur la mécanique d’un jeu que je ne pourrai au final pas faire parce que le partenariat serait impossible. Je m’arrête donc là dans ma réflexion en attendant de rencontrer ces gens du cinéma.

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Je vais donc chez Bonne Pioche où je passe un moment avec Yves Darondeau, le producteur du film (qui a également produit La marche l’empereur et Le renard et l’enfant) et Laurence Picollec, la productrice exécutive du film.

Ils m’expliquent la démarche du film et de ce qu’il y a autour. J’expose ma volonté et ma façon de faire et d’éditer nos jeux, avec comme book seulement “Migrato” et “Pom Pom”.

Ça se passe très bien, car à la fois eux sont séduits par l’idée, et moi par la démarche autour de ce film. On trouve un terrain d’entente sur le fonctionnement du partenariat, l’utilisation de la licence, et… Et ben ok ! Je découvre pour la première ce monde inconnu, celui du cinéma et de la production, que je commence à soupçonner comme tentaculaire, ce que l’avenir me confirmera !

Je sors de ce rendez-vous avec plein de choses en tête : on est mi-mars, le film sort le 13 novembre, je dois faire un jeu qui doit être prêt avant la sortie du film, ce qui signifie que fin août doivent partir les fichiers à l’impression, ce qui veut dire que… Ça veut dire peu de temps pour pondre un jeu, le faire tourner, l’équilibrer, le réaliser, l’illustrer, l’éditer, le, le… Donc d’emblée je me dis que si je n’arrive pas à avoir un jeu qui me plaise à 100%, je laisse tomber le projet. Je me dis aussi que c’est quand même vachement excitant tout ça ! Mais une question majeure m’obsède… A quoi peut ressembler ce film !

Le travail de création (mi-fin mars 2013)

Suite à ce rendez-vous, j’étais en pleine tournée pour “Migrato” à Paris, Lille et en Belgique. Je travaille donc sur le jeu “Il était une forêt”, et au bout de quelques jours j’arrive à quelque chose qui fonctionne très bien lors des parties simulées (je joue tout seul comme si on était 2, 3 ou 4).

La mécanique semble fonctionner ainsi, avec une grosse dose de filouterie qu’il me tarde d’étrenner avec d’autres joueurs bien humains ! Il est donc temps de faire jouer des vrais gens pour voir ce que ça donne…

Je suis dès le début parti sur 4 types de cartes, correspondant aux 4 étages de la forêt tropicale, si caractéristiques : le sol (avec les racines évidemment), un premier étage où culmine de petites essences, un deuxième étage plafonné par de plus grands arbres et la canopée, si haute, si riche et si belle.

Comme le film raconte l’histoire des 7 siècles nécessaires pour que la forêt naisse, grandisse, évolue et vive avec une faune et une flore en équilibre, afin d’être de nouveau qualifiable de primaire, comme si l’Homme n’était jamais passé par là, je trouve intéressant que le joueur résume ces 7 siècles en 15 minutes et soit l’architecte de sa propre forêt.

Ce sera donc un jeu d’assemblage, de construction. Cette notion d’équilibre entre la forêt végétale et les espèces animales la peuplant si importante me séduit beaucoup et je pense vite pertinent que ce soit elle qui régisse tout l’intérêt du jeu. Il faut donc que l’équilibre soit à la base de jeu. J’utilise cette notion avec celle de la position des animaux. En effet, dans une forêt tropicale, chaque espèce est localisée sur une strate précise.

Enfin non, pas complètement précise, ça dépend évidemment des espèces. Disons que ça reste précis pour les gros animaux, par exemple, qui seront évidemment au sol (un éléphant se promènera rarement sur la canopée), les oiseaux proches du ciel… En tous cas, dans le jeu, ça sera précis ! Il y a 4 étages, donc 4 espèces animales. Ou alors 8 espèces ? 4 ça semble peu, 8 peut donner plus de possibilités. Essayons avec 8 espèces animales, 2 par étage. Sur les cartes figurent donc ou non les animaux, en nombres variables. Et la trace humaine ? Je pose sur quelques cartes des sacs plastiques rouges, ce sera le mal !

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Ha, tiens, en parlant d’humains… Je me rappelle Francis me dire que c’est très bien si les Hommes apparaissent dans le jeu, ceux qui vivent dans la forêt en équilibre avec elle, sans la détruire… Ok, ils apparaissent donc, sur les cartes début de partie. Les 4 cartes « Sol » sur lesquelles ils figurent correspondent donc aux cartes qui permettent de commencer la partie.

Maintenant, comment est-ce que chaque joueur construit sa forêt, et comment compte-t-on les points ?

On pose des cartes dans notre forêt, soit dans un trou pour le combler, soit par-dessus une carte déjà posée pour la recouvrir et donc la remplacer. Essayons ainsi. Est-ce qu’on peut faire plusieurs arbres simultanément ? Mh… A voir en test ! Et finalement on ne pourra commencer un nouvel arbre qu’à partir du moment où le précédent est terminé.

Comment se passe la pioche/défausse ? Et si on ne piochait pas les cartes complètement au hasard, si on rendait le hasard gérable ? Je mets donc sur le verso de chaque carte l’étage de la forêt à laquelle elle correspond.

Et ensuite ? Une pioche par étage ? Mouais, ça laisse vraiment beaucoup de choix… Alors non, mélangeons toutes les cartes de tous les étages et faisons avec tout ça 4 pioches ! Après tests ce sera finalement 5 pioches de 12 cartes chacune. Ainsi, quand on pioche une carte, on sait de quel étage il s’agira, mais on ne connaît pas la carte qu’il y aura en-dessous : ça permet de piocher non seulement pour soi mais en plus d’ôter des pioches des cartes pouvant servir aux joueurs suivants !

Très bien, mais c’est donc le seul élément permettant de l’interaction et de la fourberie, c’est très maigre, insuffisant et peu stimulant… Idée : à chaque tour de jeu on joue à la fois pour soi et contre qui on veut ! C’est-à-dire qu’on a 3 cartes en mains, on en pose une dans notre forêt, on en donne une au joueur de notre choix qui doit la poser immédiatement dans sa forêt (hé hé, ça fait mal, ça !), et on pioche 2 cartes sur les pioches de nos choix. Ça c’est fun !

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Point important, le comptage des points… C’est là que l’équilibre doit être important. Je souhaite que 3 critères apparaissent : la taille de la forêt (plus la forêt est grande plus on aura de points), l’équilibre entre la faune et la flore, et la détérioration par l’Homme. Donc, dans l’ordre, parce que c’est cette partie qui a été la plus importante à peaufiner :

  • La taille de la forêt. Au début j’étais parti sur un point par carte contenue dans un arbre complet et un point en moins par carte présente dans un éventuel arbre incomplet. Ça marchait, mais ce n’était pas optimal. Au final, ce sera 3 points par arbre complet et 1 point en moins si on a un arbre incomplet.
  • L’équilibre entre la faune et la flore. Ce point de règle, avec le fait de donner une carte qui on veut à notre tour de jeu, sont les deux éléments que j’aime le plus dans ce jeu… Il y a 8 espèces d’animaux dans le jeu, et chacune est située sur une même ligne, donc facilement identifiable. Pour qu’une espèce nous rapporte 1 point à la fin de la partie, il faut… Qu’elle soit représentée par un nombre d’animaux qui est égal au nombre d’arbres complets !
    Ça c’est du vrai équilibre ! On doit donc tout au long de la partie faire coïncider la taille de sa forêt avec la répartition des animaux ! Et ça me satisfait comme système. Par exemple, si ma forêt contient à la fin 3 arbres complets, ils me rapporteront 9 points (3 x 3), mais si dedans je n’ai qu’une espèce représentée 3 fois, je n’aurai qu’un point avec les animaux, soit 10 points en tout ! Alors que si ma forêt ne fait que 2 arbres (donc 6 points) et contient 6 animaux équilibrés (représentés 2 fois), j’aurai en tout 12 points !
  • La détérioration de l’Homme. A la fin, on compte les tronçonneuses présentes dans notre forêt, et on enlève 1 point par tronçonneuse !

C’est parti ! (fin mars 2013)

Deux jours avant le Festival Ludinord, je retrouve Gwenaelle, une copine qui est aussi l’organisatrice de ce Festival, et aussi la Présidente de l’Etoile du Jeu, l’assoce ludique lilloise. On boit un café et elle me fait découvrir les merveilleux, ces gâteaux lillois assez merveilleux (et ça c’est drôlement intéressant, hein). En échange je lui fais découvrir mon prototype du jeu Il était une forêt. Première fois que je le montre à quelqu’un, après 2 semaines de travail dessus. On fait une partie à deux et… Ouais, ça marche carrément bien ! Elle-même a envie d’y revenir et est enthousiasmée ! Je ne acche pas que moi aussi…

La veille de Ludinord, je vais filer un coup de main au Fort de Mons pour installer les tables et les nappes et toutes ces choses. Arrivent dans la soirée Yves Renou et Olivier Theillaumas, de Paille Editions (notre distributeur). Je les fais jouer à Il était une forêt, et ouais, ça fonctionne !

C’est même très sympa. Yves aime beaucoup, et on enchaîne plusieurs parties, et en fin de compte, les deux jours suivants, durant le festival, on fait jouer le public sur mon proto, ce qui était loin d’être prévu, et ce sont les premiers à réellement déflorer le jeu.

Et les retours sont très bons. Ça ne simplifie pas tous mes questionnements de temps, mais ça soulage quand même ! Bony, qui avait déjà illustré “Migrato”, est là à Ludinord et joue au jeu, qu’il aime. On s’entend bien et j’avais beaucoup aimé taffer avec lui sur “Migrato”.

D’autant qu’on est extrêmement contents du résultat, et les retours sur les visuels de Migrato sont tops. Et puis c’est un copain avec qui je m’entends bien… Je crois qu’il se retrouve un peu dans nos démarches, alors le tout fonctionne assez bien ! Je lui explique tout ce qu’il y a autour de ce jeu, et… « Tu te sentirais d’illustrer le jeu avec toutes les contraintes qui vont avec (temps, respect de la charte graphique du film, cohérence avec le film, respect des essences visibles…) ? ». Réponse excitée : « Oui ». Ok… Bon, alors, heu… Ouais, ok. C’est parti, alors, on lance le truc !

LA rencontre (avril)

Les semaines qui suivent, j’achète des bouquins de Francis Hallé, que je dévore (les livres). Et je travaille beaucoup sur la mécanique du jeu pour parfaitement l’équilibrer. Et je continue à faire tourner le jeu beaucoup, dans des boutiques, des bars à jeux, auprès des testeurs habituels. Les retours sont de mieux en mieux. Avec Bony nous nous nourrissons aussi des vidéos que Wild Touch distille chaque semaine sur son site, et qui sont des moments du tournage.

Puis un moment clé dans la réalisation du jeu. Courant avril je vais à Montpellier rencontrer Francis Hallé, qui était très occupé à la rédaction du livre Il était une forêt à paraître chez Actes Sud.

Il me parle de la forêt, me l’explique, me la dessine, et moi… Moi je suis un ridicule petit scientifique qui éponge tout ce qu’il entend, qui en redemande, qui pose des questions souvent naïves… Je pense à la façon dont tout ça peut figurer dans le jeu, mais je prends aussi tout pour moi, béat et penaud. Je repars avec les croquis que Francis Hallé a tracés rapidement pour illustrer ses verbes, amoureusement récupérés.

J’y voyais maintenant bien plus clair. On allait vraiment pouvoir avancer sur les illustrations, savoir dans quelle direction partir, suite à cet échange avec le grand monsieur. Maintenant que Bony a de la matière quant à l’aspect de notre future forêt ludique, il se met au boulot sérieusement. De mon côté je continue de faire tourner le jeu et je travaille à la rédaction du livret de règles, qui contient, comme toujours chez nous, une dizaine de pages d’informations sur la forêt tropicale primaire. Nous échangeons très régulièrement avec Francis Hallé afin que les illustrations, et le contenu du livret, soient justes et pertinents

On savait quels essences mettre, quels animaux choisir, à quels étages, et on a remplacé le sac poubelle par une tronçonneuse.

Je ne peux que remercier Francis Hallé et lui être reconnaissant de cette aide…

La projection (juin)

Début juin, alors qu’on continue à travailler évidemment, je vais à Paris pour assister à une projection du film destinée uniquement aux partenaires. J’y vais, je dois dire, avec appréhension, car voilà des mois que nous travaillons sur un jeu adapté d’un film que nous n’avons pas vu.

Nous en savions évidemment beaucoup dessus, avions vu toutes les vidéos de Wild Touch, avons travaillé avec Francis Hallé et Bonne Pioche, mais néanmoins nous n’avions pas encore vu le film…

Bony ne peut malheureusement pas venir. Ça m’attriste assez, car il aura été tellement important dans la réalisation de ce jeu… Bref, assez flippant et excitant… Est-ce que je vais être déçu ? Comment peut-on montrer des arbres pendant 2 heures de cinéma ? Et si le jeu tombait complètement à côté du sujet et de l’ambiance ?..

Je suis donc dans cette salle avec tous les autres partenaires qui gravitent autour du film, la lumière s’éteint et… Dès les premières dizaines de seconde, j’en prends plein les yeux. C’est visuellement magnifique. Le film débute sur un très long plan-séquence qui parcourt le sol pour courir le long d’un arbre géant de 70 mètres de haut et terminer en vue globale sur une forêt à perte de vue…

L’histoire s’écoute, se regarde. Je vois les animaux et les arbres de notre jeu, au cinéma. Je vois… Je vois le Moabi. Ce fameux Moabi dont on nous a parlé. Ce Moabi qui est l’arbre vedette du film, et également du jeu. Cet arbre merveilleux ! Je ressors de la salle émerveillé. Laurence me l’avait dit, on ne peut plus voir les arbres de la même façon après avoir vu ce film. En effet, c’est beau, poétique, intelligent, pertinent. Et notre petit jeu colle parfaitement au film, que ce soit le fond ou la forme !

Cette projection a également été l’occasion d’un premier contact avec les gens d’Actes Sud, la célèbre société d’édition qui va publier cinq ouvrages sur le film : un beau livre et quatre livres jeunesse. Après s’être présentés, on commence à évoquer un cross média qui pourrait bénéficier aux deux.

Bref, projection fructueuse en termes d’ondes positives, et en sortant j’appelle Bony, parce que quand même, ça m’a fait mal qu’il ne voit pas ça…

La réalisation (juin à septembre)

On travaille donc sur le jeu et la com’. Il y aura au final un dépliant de quatre pages en plus dans le jeu qui présentera le film, Wild Touch et les produits dérivés (les livres d’Actes Sud, la bande originale et les baskets de Veja (www.veja-store.com/). Dans le même sens, on trouvera sur le bandeau des livres une com’ pour le jeu. Et une aussi à l’intérieur du beau livre.

Bony termine les illustrations. Le plus dur, après avoir réalisé une belle forêt, a été pour lui la cohérence des quatre côtés des cartes. Il fallait en effet que chaque côté coïncide avec celui de la carte qu’on allait poser à côté, mais en même temps le contenu des cartes est différent. Ainsi, à la fin, chaque joueur a devant lui une forêt qui n’est pas homogène. Je me rappelle un des retours de Francis Hallé après que je lui ai envoyé une version de la forêt de Bony, ça donnait quelque chose comme « c’est très beau, mais très homogène, le toit de votre forêt ressemble à un gazon bien net ! Il doit y avoir des arbres morts dans la forêt »…

On attend impatiemment l’affiche, qui tarde à venir. On est impatients car ce sera aussi la couverture du jeu ! Et tant qu’on ne l’a pas, on ne peut pas communiquer sur le jeu…

Je me rends en juillet accompagné d’Yves Renou à une réunion à Paris avec Bonne Pioche (qui produit), Disney (qui distribue) et tous les partenaires, dont Actes Sud. On en apprend plus sur le fonctionnement global et tentaculaire de ce film et de tout ce qu’il y a autour. Mes impressions quelques mois plus tôt se sont bien vérifiées, ce monde est pieuvrique, même si le mot n’existe pas.

L’affiche arrive, magnifique. Notre jeu aura donc une jolie couverture ! Bony fait immédiatement un rendu 3D et… Whouah ! Ce sera même très classe !

En août tous les fichiers partent aux différents prestataires : les cartes chez France Cartes à St-Max, les livrets chez Pure Impression à Montpellier et les boites chez RCI dans la Drôme, qui assemble et conditionne le tout. Comme toujours, ces fournisseurs sont choisis car ils fabriquent intégralement en France et en éco-conception.

Fin août, le site du film est en ligne.

Il y a un onglet rien que pour le jeu, cool : http://www.kpsule.me/iletaituneforet/

On reçoit la bande annonce le 29 août, et, ho… A la fin, il y a un carton « poursuivez l’aventure chez vous » avec les visuels du jeu ! D’ailleurs, en ce moment, des copains me disent qu’ils ont vu au ciné la bande-annonce avec le Jeu Opla à la fin ! On trouve ça génial !

Pour la voir : http://www.youtube.com/watch?v=9F35_biuX1o

Et puis parallèlement à tout ça on est très pris par le lancement de “Hop la bille”, qui est sorti le 9 septembre.

Et notamment l’organisation de la fête organisée le 8 septembre autour du jeu : http://www.jeux-opla.fr/archives/1047

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Et maintenant…

Maintenant le jeu est disponible depuis le 16 octobre en boutiques et les premiers retours sont très chouettes.

Le film sort le 13 novembre… On essaye de programmer des animations avec des projections dans des cinémas, comme c’est le cas à Ussel, en Corrèze, jour de sortie nationale.

Et en ce moment on voit des affiches du film partout en France, on en entend parler partout, c’set assez étrange mais génial à la fois.

C’aura été une expérience incroyable, des rencontres géniales avec des univers très éloignés du notre, pour un travail commun intelligent.

Je ne peux que remercier très vivement les gens de Bonne Pioche et Disney. Mais aussi Wild Touch, Rhône-Alpes Cinéma… Et surtout, oui, surtout, Francis Hallé, qui a modifié ma vision du végétal.

Bien entendu Luc Jacquet d’avoir mené un tel projet, et qu’il soit abouti avec tant de réussite. Après l’impact que ce travail a eu sur moi, je ne peux que me douter de l’état d’esprit dans lequel sont revenues de tournage les équipes sur le terrain avec Francis Hallé et Luc Jacquet

En tous cas, je suis très content de notre petit jeu, très heureux que ce se soit fait ainsi, très heureux que ce film – nécessaire – existe, alors je ne peux qu’espérer que le public partagera cet enthousiasme et se retrouvera dans ces démarches, car c’est avant tout pour lui qu’on s’échine à ce point…

Et bien entendu, je conseille à tout le monde d’essayer notre jeu, mais aussi d’aller voir ce film incroyable, pour lequel je suis heureux d’avoir été un petit satellite via notre petit jeu…

Pour en savoir plus sur le jeu et sur nos jeux en général :

www.jeux-opla.fr.

Et pour en savoir plus sur le film et tout ce qui tourne autour :

La bande-annonce : http://www.kpsule.me/iletaituneforet/

et http://www.youtube.com/watch?v=9F35_biuX1o

Découvrez la Kpsule IL ÉTAIT UNE FORÊT sur le mini site dédié

8 « J'aime »

Ca fait rêver :)

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Ma-gni-fi-que!
Merci pour ce récit détaillé extrêmement intéressant! Je pense que je vais l'imprimer et le faire lire à mes élèves avec qui j'ai vu le film et joué au jeu.

3 « J'aime »

Super Florent, c'est vraiment une belle histoire et félicitations pour le jeu aussi. ;)

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Un grand bravo Florent.

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je confirme que francis Hallé est quelqu'un d'exceptionnel

ces livres sont des petits bijoux d'explications pédagogues de grandes qualités, ce sont en outre des livres MODERNES avec force petits dessins et digressions tous plus logiques et instructifs

c'est un homme animé par son métier de chercheur en botanique forestière

je l'ai côtoyé une fois lors d'un passage en Indonésie chez mon frère (qui fut l'un de ses étudiants et devenu lui même un spécialiste des forêts indonésiennes) ; il est très intéressant et a bcp d'humour (nous étions arrivés à 3 etudiants pour étudier la faune sauvage), il y avait un bruit bizarre autour de la maison, Francis Hallé nous a dit que c'était un gros escargot qui faisait ce bruit et on a été tous les 3 comme trois cons chercher sous les feuilles ces fameux escargots géants avant de comprendre qu'on se moquait de nous :)

très bonne idée donc d'avoir été chercher des conseils à cette source là / je souhaite bcp de réussite à ce jeu / je possède un autre jeu sur la forêt tropicale fait justement par le CIRAD (Montpellier), mais il y avait un petit côté "monopoly" à ce jeu qui le desservait...

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Bravo et merci Florent. Je ne peux qu'inciter le plus de monde possible à aller voir le film. Petits et grands. Et à acheter le jeu. Mais ça, c'est une évidence.

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Super récit !

Et le jeu a l'air bien aussi ...

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Superbe histoire en effet que celle de la naissance de ce jeu qui aura on espère le succès qu'il mérite, en tout cas bravo Florent de poursuivre de cette façon ludique la sensibilisation à la nature et à ses enjeux !

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