Essen 2014, de le Showroom

Le jour d’avant

Le jour d’avant c’est le jour d’avant l’ouverture au public du grand salon des jeux d’Essen en Allemagne. Essen est devenu une institution depuis de nombreuses années qui a largement dépassé le cadre du milieu germanophone. Malgré la présence d’éditeurs, de distributeurs et d’auteurs étrangers disséminés un peu partout dans les pays industrialisés de la planète, les lois de la géographie font que l’allemand y reste la première langue et ceci à tel point que les documents relatifs à la journée d’avant ; celle des professionnels ne sont qu’en langue locale.

Tandis qu’une joyeuse mais laborieuse fourmilière s’agite pour installer les nombreux stands avec son ballet de transporteurs de palettes, les journalistes, chroniqueurs et bloggeurs sont conviés à une conférence qui présentera le nouveau salon de l’année, quelques réflexions sur le marché et quelques jeux emblématiques pour des raisons qui resteront obscures aux non pratiquants de la langue allemande car nous n’aurons droit qu’à celle-ci. Si cela paraissait un peu compliqué mais fort compréhensible dans les années 2000 et auparavant, cette pente bien naturelle devient plus étonnante en ces temps où certains viennent de très loin pour animer et faire vivre ce salon dans un marché de plus en plus mondialisé. Les étrangers incultes de mon genre se réjouiront néanmoins des quelques aimables tartines et soda rendant notre incompréhension plus confortable.

De fait l’on pourrait penser qu’il suffit de passer outre cette cérémonie locale et ils auraient raison si ce n’est que c’est tout à côté du showroom qui ouvre ses portes pendant les discours. Notre manque de communication dans le langage local nous fait donc applaudir consciencieusement quand démarre une salve de claquage de paumes à l’origine inconnue qui donne à ce moment un air de messe en latin que seules quelques vieilles barbes ont sans doute connu.

Ce qui est notable c’est que ce genre de production (raconteurs assis devant un micro narrant leur texte pendant quelques projections) est assez typique de l’endroit. Les auditeurs y sont sages et attentifs. Pour avoir fréquenté même de très aimables conférences ou présentations, il semble que le public francophone le plus ouvert trouve cela rébarbatif tandis que cela attire en général les quolibets ricaneurs d’une grande majorité.

L’ambiance, bien que restant cordiale, change néanmoins de ton quand l’heure de visiter le showroom est venue. Il y a là une grande majorité de jeux, la plupart des nouveautés, qui sont présentés le long de tables comme un buffet froid ludique et ceci dans plusieurs salles dont les moins bien lotis n’auront qu’une lumière sourde de salle de réunion. Un apartheid bien connu des photographes mais dont je n’ai pas pris soin de demander l’origine.

Ici l’on ne joue point, de charmantes personnes sont là pour présenter. Beaucoup de journalistes viennent de la presse généraliste et ne gouteraient pas forcément de devoir s’asseoir à une table pour en tirer quelques images pour un sujet de quelques minutes.

Les présentateurs sont variés, des animateurs pros grimés selon le thème du jeu présenté et pouvant même offrir un petit objet pense-bête, aux auteurs venus eux-mêmes convaincre ces journalistes de l’importance et des qualités de leur dernier né.

Pour nous, c’est le moment de passer à l’action et de prendre en photo les héros du jour qui permettront aux visiteurs francophones de venir mettre quelques commentaires sur les jeux ainsi catalogués. Il faut parfois jouer des coudes, parfois résister à la tentation d’entamer une discussion avec un proche ou un exposant. Des jeux, il y en a beaucoup et cette année je laisserais le soin de la comptabilité à d’autres qui font cela beaucoup mieux que moi.

Un des autres intérêts de cette vitrine hétéroclite est d’avoir une image en tête de l’atmosphère créative de cette nouvelle année. Tout cela en ne faisant que découvrir au débouté certains jeux sur lesquels il y eut peu de communication en amont. De fait, ils sont pour nous de moins en moins nombreux surtout sur les éditeurs de bonne taille ou les jeux un peu cores.

Notre impression suite à ce marathon d’images est une présence moindre du jeu de gestion. Ma première sensation est celle d’une recherche d’innovation. On trouve de plus en plus de créativité et de petites surprises. Plus de libertés sans doute. J’ai toujours pris plaisir à parcourir les espaces des petits éditeurs pour y faire d’adorables rencontres souvent assez éloignées des contraintes de l’économie. Même si leurs auteurs espéraient souvent le contraire. De fait, mon goût pour les chemins de traverse a été, du moins pour les yeux, assez largement porteur d’espoirs. La création indé existe toujours et semble plus que vivante.

Du côté des vedettes, du moins celles que nous pourrons trouver facilement dans les boutiques de par ici, peu de surprises car nous en connaissons déjà la plupart.

On ressort toujours de là en sueur avec des couleurs plein les yeux, un peu comme une visite du Louvres qu’on regrette d’avoir voulue trop remplie et bien que je sois habitué, il y en a toujours un ou une pour me poser la question de ce que j’ai vu de bien. Entendez pas là qu’est-ce que mon instinct de pro à perçu qui va demain créer des mouvement de foule.

Repassant alors en revue ces centaines de boîtes dans un défilé de formes colorées variées et mouvantes, mon cerveau se refuse à extraire de ce kaléidoscope, un ou deux heureux élus tant ici c’est leur proximité et leur variété qui nous rassasie ou nous dégoûte. De fait, comme tous les ans sort alors de ma bouche un borborygme un peu hésitant, un peu offusqué, un peu désolé. Pourtant je le sais que chaque fois je serai questionné. Ce qui est intéressant ? Mais justement c’est tout ça !

Bonjour,

Merci pour ce reportage photo et cette très grande rapidité.

Bien à vous

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Toujours au top le Royal Mops pour peindre une ambiance avec la pallette de ses mots !!!!

Bien haludibaquement,

Rémonster-wäschlee

ouPs : des mots subliminaux se sont glissés dans ma signature malgré moi... :)

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Qu'il y a moins de jeux de gestion est peut être normal, vu l'offre pléthorique et parfois redondante de ces dernières années, le genre s'essouffle peut être.

Si c'est un signe de renouveau et d'idées nouvelles ça me va.

Si vous avez besoin pour l´an prochain, recrutez un traducteur avec vous pour cette journée :) Les Francais germanophones ne manquent pas dans le coin, courant octobre !

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Merci pour ces premières impressions Doc.

Damned, 982 photos ! Déjà rien qu'à les regarder, on peut facilement saturer. Alors j'imagine avec le bruit de la foule et ceux qui poussent du coude ... En même temps, c'est l'occasion de repérer des petits jeux qui semblent prometteurs pour le jour d'après.


Merci docteur pour ce tour de piste !

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