FIN AUJOURD’HUI (2 mai)
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edit 24/04: adieu kubenboa, Bullfrogs se jouera avec de superbes grenouyenboa!
Parmi les innombrables projets qui fleurissent sur Kickstarter, les plus intéressants, pour moi, sont toujours ceux créés par des auteurs indépendants. Sous le tapage des pré-lancements à grands kilos de figurines en plastoc entraînant des délais qui peuvent se compter en années, pas facile de trouver ces petits bijoux que des joueurs lambda ont portés seul à bout de bras, peaufinés et testés des mois, avant de les lancer dans le grand bain du financement participatif… où ils disparaissent souvent faute de moyens pour les faire émerger.
Bullfrogs est de ces jeux. Et Il est exemplaire de ce que les « amateurs » peuvent faire. Et faire bien!
Bullfrogs est un petit jeu. Une cinquantaine de carte, à peu près autant de jetons. Et des règles qui tiennent en quelques lignes. Pas de plateau, on se sert des cartes pour en créer un qui va donc évoluer au fur et à mesure, selon ce qui arrange le mieux notre plan pour remporter la guerre territoriale que livrent nos Grenouilles pour un « champ » de nénuphars.
Mais c’est aussi un jeu avec une grande profondeur. Un de ces rares jeux « plus grands à l’intérieur qu’à l’extérieur » 
Des grenouilles bien léchées
Premier projet d’un auteur totalement inconnu, Keith Matejka, Bullfrogs est finalisé et prêt à partir en production. Le gars a soigné son bébé avec amour et passion et est encore plus impatient que les souscripteurs de le voir exister.
Bullfrogs est peut-être un premier projet mais c’est un beau jeu. Keith n’a pas fait les choses à moitié et s’est offert les services d’une pointure en recrutant John Arisosa, illustrateur du sublime Mice & Mystics. La mise en page n’a rien non plus d’amateur : tout est très clair, très lisible.
Au passage, aucun texte sur les éléments de jeu et une iconographie minimale (un seul picto, le nénuphar). De plus, le jeu est adapté à ceux qui ont un souci de vision des couleurs.
Le matériel est donc limité mais élégant et efficace: 5 cartes communes de départ, une aide de jeu et 10 cartes par joueur avec 16 « pions » chacun (14 Grenouilles et 2 Grenouilles-Taureaux. La boîte prévoit de quoi jouer jusqu’à 4 (soit 64 meeples originaux!); plus stratégique à 2, plus tactique à 4.
Les règles sont très simples (et disponibles en Français, en pdf) et s’apprennent/s’expliquent en quelques minutes. Jouer va par contre vous faire réfléchir. Je fais tourner la version Print’n Play depuis dix jours et je découvre sans cesse de nouvelles possibilités.
Pour amoureux de belles mécaniques
Le principe de base : à son tour, on pose une carte Nénuphar qui va décider de combien d’actions on dispose pour le tour et de quelle façon on pourra déployer nos troupes ou saboter les déploiements adverses.
Chaque nénuphar est unique (chaque joueur possède le même groupe de 10 au départ).
Les ronds au centre indiquent combien d’unités il peut accueillir avant de couler sous le poids des Grenouilles (ex, première carte en main : 5). Les icônes Nénuphars de combien d’actions (placer une de ses grenouilles ou déplacer une ennemie) on disposera ce tour (2). Le chiffre en bas indique combien de PV rapporte cette carte quand on la « gagne » (5).
Première idée de génie de ce jeu : on ne place pas ses Grenouilles sur la carte qu’on vient de poser mais sur la colonne ou la ligne qui contient la carte posée (pour reprendre l’exemple de Targui : c’est en gros exactement l’inverse^^). De même, on ne peut déplacer les Grenouilles adverses que si elles sont sur cette colonne ou ligne.
Autant dire qu’il va falloir anticiper un max et bien placer ses cartes. Car s’il faut optimiser son tour, il faut surtout voir plus loin et empêcher les adversaires de marquer gros ensuite : le plus souvent, la carte que vous posez sera en effet prise par vos adversaires (eh oui! vous ne pouvez pas poser de Grenouilles dessus pour la défendre).
Un nénuphar peut en cacher un (ou deux ou trois…) autre(s)
Si la guerre est le prétexte du jeu, elle n’en est pas le moteur. Bullfrogs utilise un classique système de majorité : dès qu’une carte Nénuphar est totalement occupée (plus d’espace libre), on fait le compte des grenouilles présentes. Une Grenouille vaut 1, une Grenouille-Taureau 2, et celui qui a le plus de points remporte la carte. Simplissime.
L’après-combat est nettement plus original: la bataille pour le Nénuphar terminée, celui-ci coule sous le poids et les grenouilles… se sauvent. Le joueur actif décide qui se sauve, et où, en commençant par le(s) joueur(s) perdants(s) ! On ne peut sauter que sur une carte adjacente (gauche droite haut et bas) et seulement une grenouille par carte. Les surplus (donc, en général, des Grenouilles du vainqueur) sont éliminés.
Il va donc falloir décider de ses batailles au plus juste faute de quoi… on risque de se retrouver un peu à poil pour les Nénuphars suivants !
Surtout que cette fuite de grenouilles peut entraîner le remplissage d’une ou plusieurs nouvelles cartes Nénuphar… créant de bien jolis effets en boule de neige (un peu comme dans Tongiaki mais sans hasard) que les plus stratèges auront planifiés et les autres… découvrent avec surprise (et geignements eh eh eh).
Quand tous les combats sont réglés, les nénuphars qui se retrouvent détachés du groupe principal dérivent pour le rejoindre (là encore au bon vouloir du joueur actif). Une bonne façon de finir son tour en se préparant le prochain…
Et vous savez maintenant quasiment tout sur ce petit jeu qui a tout d’un grand. Simple et rapide (20-30mn par partie). Mais avec des mécaniques originales et bien huilées qui s’associent parfaitement l’une à l’autre pour offrir à chaque joueur une multitude de choix et des parties toujours différentes.
Il est rare de trouver autant de profondeur dans un petit jeu. Le tout dans un rythme rapide, des parties courtes, avec beaucoup d’interaction entre joueurs, de retournements de situation…
La campagne Kickstarter se termine le 2 mai et peine à trouver son financement (edit: peinait!). Vu les qualités (mécaniques, graphisme) du jeu, ça me semble très injuste. D’autant que le prix rend vraiment le jeu très accessible : 25€ port compris (et 20€ en se regroupant à 6).
A vous de jouer
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(images Keith Matejka/kickstarter, Jonathan H. Liu/GeekDad, nonsensicalgamers)